Expertises psy dans les affaires de pédocriminalité : pourquoi un tel mépris de la parole des enfants ?
J'ai récemment entendu parler d'une expertise douteuse comme nous en connaissons beaucoup dans les affaires de pédocriminalité: non seulement le psychologue qui se dit expert n’est pas sur la liste des experts de la cour d’appel au Pau, mais le document qui a été remis est aussi manifestement de parti pris. Cela interroge sur l’objectif réel poursuivi par ces expertises: faire taire les enfants et les parents protecteurs ou apporter aux juges des éléments neutres de compréhension des dossiers?
Cette affaire aurait pu se dérouler à peu près partout en France où on constate les mêmes dérives, mais il faut relever qu’à Bayonne et dans la région, les expertises “à charge” contre les parents protecteurs ne sont pas rares. Dans l’affaire “Vincent” qui remonte au milieu des années 2000, l’expert G. est déjà apparu à deux reprises, d’abord pour confirmer que l’enfant éloigné de son père allait mieux, puis trois ans plus tard en 2007 pour dire que sa mère disait n’importe quoi et l’enfant avec, et qu’il allait très bien. Le site Politique de Vie relate cet épisode pièces à l’appui.
D'étranges expertises du côté de Bayonne
Pourtant lors de la première expertise, l’expert G. avait conclu que l’enfant de 5 ans et demi avait probablement subi des traumatismes sexuels. Mais quand il a revu son père 3 ans plus tard, qu’un médecin a constaté des traces et qu’un psychologue a fait signalement, là tout a changé: l’enfant allait très bien, plus rien à signaler, comme le raconte le site de Jean-Claude Ponson. La suite de l’affaire a consisté à imposer à l’enfant de revoir son père malgré les viols qui continuaient selon lui.
A cette époque, dans le même secteur, un autre expert, Claude A. bien connu dans nos dossiers, est intervenu dans une autre affaire de pédocriminalité en réseau pour nier la parole de l’enfant. Cet expert est même capable de réaliser une expertise psychologique post-mortem, “expertise” d’un homme de 33 ans mort dans un commissariat avec la rate éclatée probablement suite à des violences. Cette "expertise" a été fort critiquée par la justice qui l’a qualfiée d’atteinte à la vie privée.
Claude A. avait aussi rendu une expertise particluièrement à charge contre Dany Leprince, condamné pour avoir tué son frère, ses nièces et sa belle-soeur. Aujourd'hui libre, il espère un procès en révision car la plupart des éléments à charge ne tiennent pas la route. Claude A. l’avait décrit comme le parfait meurtrier, doté d’“une personnalité structurée sur un mode prépsychotique, avec des mécanismes de défense rigides, de type psychotique, tels que le déni, le déplacement et la projection”. Leprince avait avoué avant de se retracter mais pour Claude A. “Le fait qu'il ne reconnaisse plus être l'auteur des actes en question, pourrait bien fonctionner comme un déni de la réalité, celle-ci apparaissant alors trop insupportable à sa conscience”.
Ce faux expert G revient régulièrement dans d'autres affaires de violences sexuelles incestueuses pour nier la parole de l'enfant. Dans les années 2000 il était peut-être inscrit sur la liste des experts, mais ce n'est plus le cas. Le comportement de ce psychologue est surprenant et allait à l’encontre des recommandations de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) dont les avis n’ont hélas rien d’obligatoire:
“Assurer la réalisation des expertises psychologiques et pédopsychiatriques par des praticiens formés et spécialisés”.
La Ciivise créée par la micronie en 2021 après la suppression du Conseil de protection de l’enfance dont les avis ne plaisaient pas à ce gouvernement qui penche tellement du côté du lobby pédocriminel, et après que Guigou ait dû jeter l’éponge de sa commission inceste en raison de sa proximité avec Olivier Duhamel, explique que “Ces expertises ont une très grande influence sur les décisions judiciaires (établissement des faits, mesures de protection, droits de visite et d’hébergement dans les cas d’inceste)”. Elle relève aussi un manque d’experts, que ces expertises sont trop souvent confiées à des gens qui ne sont pas spécialisés “dans la clinique des enfants et des violences, notamment sexuelles”, et que l’obscur concept d’”aliénation parentale” est encore utilisé.
Le problème des expertises à l’emporte-pièce
Pour examiner les enfants d’Outreau, les experts tant décriés par les avocats des accusés ont vu plusieurs fois les enfants. Quand Paul benussan, expert notamment à la cour de la cassation et à la cour européenne de justice, est venu à la demande des avocats des accusés défendre ces adultes accusés par les enfants de viols en réunion, d’actes de torture et d’exploitation sexuelle, dire que les enfants mentaient, il n’en a pas vu un seul. Car il faut savoir que, comme Richard Gardner l’inventeur du concept d’aliénation parentale, Paul Bensussan gagne aussi sa vie en intervenant à la demande des accusés et de leurs avocats lors des procès, comme il l’a fait à Outreau : mais pour la justice cela n’est pas une preuve de partialité, puisqu’il est toujours appelé pour des “expertises”.
Il a d’ailleurs essuyé récemment des plaintes de quatre associations1 ainsi que d’une maman qui ne voit plus ses enfants après avoir déposé plainte, pour avoir rendu des “expertises”, cette fois à la demande de juges, en voyant les enfants une seule fois quelques minutes, ou même sans les voir, et pour manquements à la déontologie.
Pas besoin: Bensussan calque ses théories, principalement celles des faux souvenirs et de l’aliénation parentale dont nous avons déjà vu qu’elles ont été inventées par des défenseurs patentés des pédocriminels banalisant la pédocriminalitré, et qu’elles n’ont aucun fondement scientifique.
Pour avoir une idée du type d’expertise rendu par Paul Bensussan, il y a cette page Facebook sur laquelle une maman présente son parcours judiciaire depuis une dizaine d’années: elle a été séparée de sa fille après porté plainte pour des violences sexuelles et maltraitances. Dans cette affaire aussi, les expertises ont servi à nier la parole de l’enfant et à décrédibiliser sa mère.
Bensussan est encore intervenu dans l’affaire de cette adolescente violée par plusieurs pompiers pendant plusieurs mois alors qu’elle n’avait que 13 et 14 ans et se trouvait dans une situation de grand evulnérabilité physique et psychologique, et encore une fois il a décrédibilisé la victime. Une affaire dans laquelle le mépris de la justice a été impressionnant puisque personne ne sera jugé, ni pour viol ni pour corruption de mineur ou même “atteinte sexuelle” comme si l’adolescente avait été consentante! Cette affaire dont nous avions parlé en 2018 est encore une honte mais tellement digne de la réputation de Pédoland qui colle à ce pays.
Les associations soulignaient dans leur plainte contre Paul Bensussan “l’absence de neutralité et d’indépendance attendues d’un expert judiciaire et d’un médecin” et dénonçaient le fait que ses expertises concluent “invariablement que les dénonciations de l’enfant sont peu fiables et voit dans tous les dossiers qui lui sont soumis des manifestations du syndrome d’aliénation parentale (SAP) ou des influences ou manipulations maternelles”.
Et d'ajouter : “De même, les actions militantes du Dr Bensussan afin que le syndrome d’aliénation parentale soit intégré au DSM V [manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ndlr] remettent en cause son indépendance et son impartialité dans les expertises dont il a la charge “.
Trop souvent nous avons l’impression, en lisant ces documents qualifiés d’ “expertises”, qu’elles ont comme seul objectif de dédouaner l’accusé, de le présenter sous son meilleur jour. Est-ce par idéologie? Parce que la culture judiciaire est encore patriarcale? Par ignorance de l’ampleur de la pédocriminalité dans ce pays où d’après les derniers chiffres disponibles, ceux de 2020, seuls 353 individus ont été condamnés pour viol sur mineur – des chiffres à peine plus bas que d’habitude ? Est-ce par copinage fraternel ?
Le phénomène est en tout cas trop systématique pour ne pas révéler un processus sous-jacent.
Dans un autre genre, à Saint-Jean-de-Luz (3 km de Bayonne), tout récemment, un “expert” mandaté par la justice a considéré que l’adolescent, premier de classe qui ne débordait jamais, mais qui venait de poignarder sa professeure d’espagnol en plein cours, était apte à une sanction pénale. Cela bien qu’il était sous antidépresseurs suite à une tentative de suicide et avait déclaré entendre une voix qui lui disait de tuer.
Ce jeune de 17 ans a failli atterrir en détention provisoire (une seconde expertise l'a envoyé en soins psychiatriques). “L’avocat de l’accusé, Me Sagardoytho, ne comprend pas cette décision. Cette expertise “fait totalement l’impasse sur la tentative de suicide”de l’adolescent en octobre 2022, évoquée par le procureur, “et les prescriptions médicales dont il était l’objet” indique t’il. “Ce n’est pas une expertise digne de ce nom, c’est un avis”, a ajouté l’avocat” relatait le média Actu Pays Basque.
Dénoncer une expertise psychologique ou psychiatrique au pénal Il est possible de refuser une expertise psychologique si on soupçonne que l’expert, de par ses positions antérieures, sera partial. Il est aussi possible de dénoncer une expertise pour manque d’impartialité (par exemple s’il y a absence de contradictoire, ce qui est courant dans ces affaires où la parole de l’accusé est souvent prise pour argent comptant par l’ “expert” qui ne présente même pas cette version au parent protecteur) ou de porter plainte pour faux en écriture publique (art 441-4 code de procédure pénale). Il est aussi possible de saisir le conseil de l’ordre pour manquement à la déontologie. Il est possible de demander une contre-expertise dans les 15 jours après avoir reçu les conclusions, mais pour les expertises psychiatriques seul l’avocat a la totalité du document (art 167 code de procédure pénale) bien qu’en vertu du principe de contradictoire ce soit illégal. Si vous n'obtenez pas satisfaction de la part du juge d'instruction suite à votre demande de contre-expertise, vous pouvez saisir la chambre de l'instruction via un avocat. Cependant, ces procédures ont rarement du succès. En cas de mauvaise expertise, il est possible d’en faire réaliser une autre à ses frais et de la verser au dossier, mais en général les juges refusent d’en tenir compte. Elle existe cependant et en cassation peut avoir un poids.
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Sur la région Bayonne – Pau
On m’a déjà parlé il y a quelques années d’un réseau pédocriminel actif à Pau et dans les alentours dans les années 90 – 2000, et il n’y a aucune raison que ce réseau ait cessé même si certains protagonistes sont morts.
Ce réseau comprenait apparemment des établissements de santé, des professionnels de santé, des politiques, des francs-maçons, qui s’organisaient pour s’arranger, par exemple en “plaçant” des enfants dans des foyers, des établissements de soins où travaillent des pédocriminels amis. J'espère y revenir plus en détails.
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Ce qu'il se passe à Bayonne et Pau n'est pas une exception mais il y a là une sorte de microcosme étrange qui ne sert pas du tout la parole des enfants. Ces expertises servent-elles à enterrer les affaires de pédocriminalité ? Doit-on soupçonner des copinages en loges?
En 2023, pourquoi donc la justice continue-elle à demander des expertises psychiatriques ou psychologiques faites n'importe comment, par des individus qui n'ont pas les qualifications? Imaginerait-on cela dans le cadre d'expertises en matière d'aviation par exemple? Et surtout, pourquoi ces documents, même totalement partiaux et de partis pris manifeste sont-ils pris en compte par les juges?
Nous reviendrons probablement sur le tribunal de Bayonne prochainement.
1 En 2022, quatre associations (CDP-Enfance, Innocence en danger, CFCV et Reppea) ont saisi le Conseil national de l’ordre des médecins et le parquet général de Versailles pour des expertises rendues aussi bien à la demande de la justice qu’à la demande des accusés.
L'OTAN veut redéfinir la propagande pour mieux intoxiquer les populations civiles européennes
Un point sur les dernières évolutions en matière de guerre psychologique du côté de l’OTAN, puisque STRATCOM, le département propagande de l’OTAN basé en Estonie, vient de publier dans sa revue Defense and strategic communications une série d’articles qui enfoncent enfin la porte déjà grande ouverte depuis le covid et la guerre en Ukraine : l’intoxication des populations civiles européennes par la propagande de l'OTAN.
Nous avons déjà vu que pour l’OTAN un des axes principaux de la guerre est la guerre cognitive, mais jusqu’à présent la définition du concept ne ciblait que les populations de pays avec lesquels l’OTAN est en conflit, principalement les Russes et les Chinois, et restait extrêmement vague concernant l’emploi de ces pratiques sur les populations civiles européennes.
Les choses se précisent, avec un article dans le n°11 de la revue Defense and Strategic Communications de l’OTAN[1], expliquant, en gros, qu’il faut se décomplexer avec la propagande à destination des populations civiles, et d’ailleurs que les critiques à son encontre sont "déplacées".
Depuis l'affaire du covid, l'OMS puis l'OTAN ont publié plusieurs rapports autour de ce qu'ils appellent là-haut les "fake news" et l'OTAN se targue de mener des opérations de propagande contre la population civile européenne pour qu'elle adhère à son agenda. Un retour aux grandes années du stay-behind, mais cette fois de manière affichée.
http://dondevamos.canalblog.com
Le sujet de la propagande est devenu crucial en Europe, à l’OMS, à l’ONU, à l’OTAN. En 2019 le Parlement européen pondait un rapport[2], justifié par l’accusation jamais prouvée d’ingérence russe dans les élections en Europe, préconisant de censurer de différentes manières les contenus d’influence étrangers pour ne pas "diviser" l’Europe.
L’OTAN prépare le terrain pour la propagande de masse contre les populations européennes
Dans ce n°11 de l’automne 2022, on avait une compilation d’articles sur la notion "otanesque" de la désinformation, sujet qui a entraîné une grande agitation –et de nombreux rapports- de l’OTAN et de l’OMS depuis 3 ans.
Depuis 2020 en effet, la "désinformation", qui n’est jamais vraiment définie car les définitions relèvent plus du procès d’intention que deu contenu des messages, fait l’objet d’une nouvelle "science" inventée par l’OMS, appelée l’ "infodémiologie" [3], première brique d’une construction dont je pense qu’elle est destinée à normaliser la surveillance de masse, la propagande assumée par les Etats et la censure de toute information qui ne correspond pas aux objectifs militaires et stratégiques de l’OTAN. Près d’une vingtaine de rapports d’études ont été produits par STRATCOM sur ce sujet en 2 ans.
Les étapes suivantes seront certainement destinées à justifier la destruction ou a minima la mise au ban des esprits critiques.
Pour l’instant, nous en sommes à la deuxième brique, qui consiste à expliquer le plus calmement du monde que la propagande contre les populations civiles est parfaitement légitime et que toute critique, en revanche, est illégitime. Et cela passe par la redéfinition des termes, ce qui est l'objet de l'article dont on va parler aujourd'hui.
Attention toutefois l’OTAN parle rarement de "propagande" et préfère le terme de communication stratégique.
Dans cette revue, on a donc des articles intitulés :
- La guerre en Ukraine, l’Italie et les défis de communication stratégique de l’OTAN où on nous explique qu’il y a quand-même trop de contestation du bienfondé de cette guerre en Italie.
- Endiguer le flux narratif : les fondements juridiques et psychologiques de l'interdiction par l'Union européenne des médias parrainés par l'État russe, où on justifie cette décision illégale de von der Leyen de supprimer les médias russes du paysage européen. Comme si nous étions trop stupides pour évaluer les informations qui nous parviennent, et comme si la propagande de l’OTAN était trop fragile.
- Mesurer l'efficacité de l'activisme des célébrités : Défenseur d'une célébrité contre partisan d'une célébrité, sur quel type de stars il faut utiliser pour véhiculer la propagande.
- Guider le bouche-à-oreille à travers les médias sociaux organiques pour une communication stratégique efficace : une revue de la littérature, sur l’intérêt d’utiliser les réseaux sociaux pour diffuser la propagande via des leaders d’opinion "neutres" et ainsi mieux "guider les communications de bouche-à-oreille" entre les gens (car en effet in fine les gens font davantage confiance à leur entourage qu’à la propagande médiatique, surtout quand ils identifient la communication comme étant un message commercial ou politique). On comprend aussi que beaucoup d’études sont menées actuellement sur comment influencer l’opinion publique par le canal des réseaux sociaux.
- Désinformation et communications savantes, au sujet de l’impact de la "désinformation" sur les publications scientifiques. Evidemment les auteurs, qui se basent sur l’épisode covid en dénonçant une "désinformation d’extrême-droite", ne font eux-mêmes que se baser sur de la désinformation, celle-ci bénéficiant du tampon "officiel donc vrai". Tous les fondements de l’argumentaire OMS s’étant écroulés depuis belle lurette, on se demande comment un tel article a pu être publié à l’automne 2022 et être considéré comme pertinent.
- Démocratie, pouvoir et défaillance de l'imagination
- La Russie contre le monde (lol) : était-ce inévitable ?
- Home before Dark : l'approche de la Chine face à la guerre russe en Ukraine
Bien qu’ils soient tous inquiétants, celui sur lequel on va s’arrêter s’intitule "Persuasion et non propagande : Surmonter les controverses sur l'influence intérieure dans les communications militaires stratégiques de l'OTAN". Tout un programme. L’auteure Elizabeth Fry, employée de l’OTAN, est spécialiste de la "communication stratégique". Elle veut poser le cadre pour revoir la définition de la propagande par l'OTAN dans l'objectif de la normaliser et de permettre à l'OTAN de viser les populations civiles européennes. Ce long article est un raisonnement très tendancieux, typique des procédés de manipulation des politiques par des études aussi biaisées que péremptoires.
Liz Fry a un problème : les 30 pays membres de l’OTAN "ont des opinions très divergentes quant à la place qu’occupe l’influence dans les communications stratégiques militaires". Et on va voir qu’il ne s’agit pas d’opinions mais de valeurs éthiques, un mot étrangement absent de cet article (il n'est pas écrit une seule fois, ce concept est totalement absent de la réflexion).
L’enjeu est donc d’harmoniser la définition de cette "communication stratégique" pour y intégrer évidemment l’ "influence" vers les populations civiles et briser ainsi toute résistance aux manipulations de l’OTAN sur les citoyens. Dans cette définition, la propagande devient un "processus stratégique de tromperie coproduit" ce qui permettrait aux pays de l’OTAN de dépasser les "sensibilités" et de faire admettre aux populations que l'OTAN peut les viser. En fait il s'agit d'un changement de paradigme dans la doctrine, une étape-clé dans le redéploiement des activités de l'OTAN vers la manipulation des populations locales.
Liz plante le décor : "Les débats sur les limites de la persuasion et la pertinence des campagnes visant à modifier les attitudes, les perceptions, les croyances et les comportements sont courants. Ces débats portent sur ce qu'est ou n'est pas la communication stratégique, sur les activités qui y contribuent et sur les limites à ne pas franchir. Dans le cadre de ces discussions, l'un des débats les plus polarisés porte sur la question de savoir s'il est approprié que la communication stratégique militaire vise à influencer un public national".
A cela n’importe quel citoyen digne de ce nom répond non car les citoyens doivent faire des choix éclairés à partir d’informations officielles censées ne pas les tromper et fin de la discussion. Mais on va voir que Liz ne voit pas du tout les choses comme cela.
Son argumentaire qui relève du syllogisme est le suivant :
- Toute information militaire vise à influencer ("nous essayons toujours de persuader le public de voir le monde comme nous le faisons")
- La propagande est mal comprise sur le plan juridique puisque le droit cherchait à protéger les citoyens de la propagande et que le droit a été fait en fonction.
- L’OTAN ne fait pas de la propagande mais des opérations psychologiques, et il faut expliquer quelles sont ces opérations "de manière transparente". Comme si l’OTAN allait nous expliquer l’ensemble des moyens qu’elle utilise pour nous soumettre : on sait qu’elle nie encore l’existence des réseaux stay-behind alors ne rêvons pas.
- Les "sensibilités nationales sont mal placées et contiennent des contradictions inhérentes", il faut "les surmonter".
La propagande, un "processus coproduit"
La nouvelle définition de la propagande version OTAN doit donc mettre tout le monde d’accord et permettre à l’OTAN de nous "influencer".
"Parmi les nombreuses définitions de la propagande, cet article suggère qu'une formulation s'inspirant de la définition de Jowett et O'Donnell et intégrant l'argument selon lequel la propagande est un processus stratégique de tromperie coproduit, servirait au mieux les intérêts de l'OTAN. La nouvelle définition différencie la propagande des activités d'influence rhétorique de l'OTAN, ce qui devrait aider les pays de l'OTAN à dépasser les sensibilités et à adopter une approche commune des opérations d'influence en matière de communication", écrit Elizabeth Fry. On se doute que ce funambulisme rhétorique et intellectuel va servir à légitimer dans les textes juridiques des Etats des aspects plus agressifs dans la propagande militaire de l’OTAN que ce qu’on a connu jusque-là puisque c’est considéré comme non légitime par l’opinion publique.
Et c’est bien ce frein qu’il s’agit de dépasser.
La définition de la propagande de Jowett et O’Donnell[4] est "la tentative délibérée et systématique de façonner les perceptions, de manipuler les cognitions et d'orienter le comportement afin d'obtenir une réponse qui favorise l'intention souhaitée par le propagandiste" : l’objectif est d’agir sur les intentions des gens, pour mieux agir sur leurs actes. Liz va la compléter.
Si on reprend l’ouvrage de Jowett et O’Donnell, ils différencient la propagande de la persuasion parce que contrairement à la première, la seconde "est interactive et cherche à satisfaire les besoins de celui qui persuade comme de celui qui est persuadé". Cela plaît beaucoup à Liz;
Aux Etats-Unis, les lois empêchent que les citoyens soient la cible de communication militaire (c’est la théorie, mais c’est quand-même un frein) et "la culture des affaires publiques veut que la mission soit d’informer et non d’influencer", observe Liz avec regret, "Parmi les "capacités d'information", aucune ne semble permettre à l'armée américaine d'influencer délibérément son public national dans le sens d'un changement cognitif ou comportemental". Cela a influencé l’OATN qui n’envisage officiellement que la propagande contre des "adversaires potentiels".
Liz considérerait-elle les citoyens européens comme des "adversaires potentiels", pour vouloir à ce point les inclure dans la propagande militaire de l’OTAN ?
Elle nous explique que depuis 2014 et les émeutes en Ukraine, la Russie ferait de la propagande contre les populations de l’OTAN. "Face à cette menace, l'OTAN a reconnu qu'une approche passive consistant à simplement "informer" de ses activités pourrait ne pas suffire pour combattre dans ce nouveau type de guerre : elle doit être plus compétitive dans la sphère de l'information nationale. La politique militaire la plus récente de l'OTAN en matière de communication stratégique, MC 0628, parle donc des "effets" souhaités de la politique StratCom parmi les publics amis et de la nécessité pour un commandant " d'informer et d'influencer les publics par ses actions et ses paroles ". L'organisation a donc commencé à définir la StratCom militaire comme un processus visant à façonner l'espace de l'information".
Derrière ces cogitations intensives, l’objectif est aussi d’adapter les formations dispensées par STRATCOM aux officiers et sous-officiers détachés auprès de l’OTAN, car Liz craint qu’il n’y ait quelques frictions entre ce que leur demandera l’OTAN et ce que tolèrent certains Etats. Elle explique : "si les officiers et sous-officiers militaires sont généralement détachés auprès de l'OTAN pour deux ou trois ans, ils n'en demeurent pas moins responsables devant leurs chaînes de commandement nationales. Il en résultera inévitablement une certaine confusion, voire des frictions. Il serait plus simple, plus clair et, en fin de compte, plus propice à la réussite de la mission si les pays de l'OTAN, individuellement et collectivement, commençaient à aborder les communications stratégiques de manière comparable".
Selon Liz, la propagande est un processus coproduit par l’émetteur et le destinataire qui serait volontairement "complice" de sa production… Ah bon ? En effet, selon Liz, "La propagande est souvent basée sur la peur, étayant les préjugés existants des gens et faisant appel au besoin de l'individu dans la société moderne de s'identifier et de s'auto-valider". En effet, le scandale du covid l’a parfaitement montré : la peur, même totalement irrationnelle et fondée à 100% sur des mensonges, est un puissant moteur de manipulation des masses.
Elle ajoute : "La propagande répond donc aux besoins du consommateur et du producteur - le consommateur pour faire valider son identité et sa "vision du monde" ; le producteur pour consolider son pouvoir par la communication". A quoi a-t-on fait appel dans l’inconscient de la population pour la placer en rétention à domicile et lui injecter les dernières merdes de Big pharma, tout en réduisant à néant les démocraties ?
- La peur de la mort, tout simplement.
- La peur d’être rejeté du groupe. Je n’ai plus la source mais différentes études ont montré que ce qui fait le plus peur à 80% des gens est d’être exclu du groupe : il a donc suffi de faire croire à un faux consensus en censurant toute interrogation, toute critique, toute information contradictoire avec le narratif, et d’attaquer en permanence les esprits non intoxiqués pour que la plupart des gens pensent être du "bon" côté.
Fort heureusement les ficelles étaient tellement grosses dès le départ que beaucoup de gens n’ont pas suivi ce délire collectif mortifère. Mais ils ont recommencé avec l’Ukraine, puis le climat sujet où on observe une accélération de la coordination et de la réglementation internationales, et ce n’est certainement pas fini.
"Informer, ne pas influencer", une logique erronée selon Liz Fly
Contrairement aux Américains, les Anglais assument de viser la population avec la propagande. L’OTAN s’est inspirée de la méthode de campagne de propagande gouvernementale OASIS :
- Objectifs
- Public / pertinence
- Stratégie /Idées
- Mise en œuvre
- Suivi /Evaluation
Selon Elizabeth Fry, "La communication stratégique est au premier plan de la guerre de l’information", et pour agir de manière optimale les agents de l’OTAN doivent savoir jusqu’où ils peuvent aller, dans quel cadre ils peuvent agir. Parce qu’ils seront amenés à agir en intoxiquant les populations civiles européennes ? Ou le font-ils déjà mais hors de tout cadre ?
Fry revient sur son idée selon laquelle l’information et l’influence, c’est forcément la même chose, en citant cette fois un chercheur en sciences sociales de la Rand Corporation, entreprise contractante de et partenaire de l’armée et des services de sécurité US[5], Christopher Paul qui a déclaré devant la chambre des Représentants US que "Il est impossible d'informer sans influencer : il n'existe pas d'information sans valeur. Chaque information transmet les attitudes et les croyances de l'orateur ou de l'auteur, et cherche à influencer les autres".
Il serait intéressant d’en débattre, car une information peut être donnée sans attendre aucun changement de comportement de son interlocuteur, notamment quand elle est proposée et que c’est la personne qui vient la chercher si cela l’intéresse ou quand elle relate des faits de manière objective (un cas rares il est vrai). La communication vise à influencer mais ce n’est pas de "l’information" à proprement parler puisqu’elle cherche à entraîner un changement de comportement : un vote, un achat, l’adhésion à un virus, à une guerre, à des mesuresliberticides…
Liz Fry assume : "Les informations que l'OTAN utilise pour informer et éduquer soutiennent inévitablement le message de l'OTAN et ses objectifs généraux de communication", d’ailleurs c’est pour cela que le point de vue de la Russie n’est jamais répercuté par l’OTAN et de toute manière selon Fry ce n’est pas ce qu’"on" attend d’elle. Qui est "on"?
Fry considère que "Soutenir, comme de nombreux pays de l'OTAN le font encore sur le plan doctrinal, que les communications en matière d'affaires publiques doivent simplement "éduquer" un public en vue d'un "choix éclairé", c'est nier l'existence d'une orientation et d'un objectif clairs pour ce type d'éducation". Donc l’OTAN a intrinsèquement pour objectif de manipuler les populations civiles - c’est ce qu’elle appelle de l’ "éducation", la micronie parlerait de "pédagogie"- et pas du tout en vue d’un choix éclairé, en conscience, mais d’un choix télécommandé par les falsifications de la propagande officielle.
Cette "éducation" des masses qui, alors que l’école et l’enseignement supérieur se délitent, bénéficie des moyens gouvernementaux et des médias de masse pour faire passer ses messages d’intox tout en s’arrangeant pour censurer les informations contradictoires, systématiquement qualifiées de "désinformation".
Par ailleurs, tout au long de l’article elle mélange les termes "propagande", "information stratégique", "éducation", qui pour elle semblent similaires.
Fry affirme que comme dans les entreprises la "communication stratégique"est utilisée pour donner une bonne image et influencer les consommateurs et que les gouvernements le font pour empêcher les gens de fumer, ce qui serait "souvent considéré dans la société occidentale comme un moyen efficace de promouvoir le bien public", alors l’armée peut très bien faire la même chose. Sauf que :
- Les entreprises défendent des intérêts privés et tout le monde le sait parfaitement, ce qui n’est pas le cas de gouvernements censés d’après les cours d’éducation civique donnés au collège défendre l’intérêt général.
- La propagande des gouvernements occidentaux avec ses messages pseudo sanitaires est d’une rare hypocrisie dans un contexte où les hôpitaux et le système de santé sont ravagés, où on laisse les sols, l’air et l’eau polluer par les produits chimiques, où on laisse vendre de la nourriture toxique dans les supermarchés et les fast-foods, où on laisse le management d’entreprise détruire les gens et j’en passe. Ces messages ont à mon avis d’autres objectifs que la santé publique, tels que laisser croire aux masses que le gouvernement se soucie de leur santé, justifier des taxes et enrichir l’industrie pharmaceutique.
- Les gouvernements ne sont pas élus pour nous mentir. Même si on sait que c’est le cas, ça l’a toujours été dans le système de castes et ça le restera toujours, on imagine mal un politicien assumer pendant la campagne électorale qu’il va nous mentir, nous manipuler, nous intoxiquer pour arriver à ses fins.
- L’armée n’a pas non plus à intoxiquer les populations civiles même si évidemment elle ne fait que ça, en particulier en temps de guerre comme le rappelle l’historienne belge Anne Morelli dans "Principes élémentaires de propagande de guerre : Utilisables en cas de guerre, chaude ou tiède..." [6]. Et l’OTAN encore moins puisqu’elle n’a aucun lien avec les populations civiles européennes qui n’y élisent personne et ne décident jamais de ses orientations. Orientations qui dans les faits ne sont même pas décidées en Europe.
Fry déplore que Donald Rumsfeld, ce fanatique de la guerre du gouvernement Bush Junior, ait été vertement critiqué en 2002 quand il a réuni le département de la communication publique et celui des Opérations Psychologiques (des actions de guerre) dans un même "Office of Strategic Influence" parce que la communication publique ne devait pas mener de propagande vers la population.
Quelle stratégie pour normaliser la propagande contre les populations ?
Fry veut mettre à bas une législation américaine de 1948 qui empêche la propagande de l’armée contre la population au motif que cette loi ne concernerait pas l’armée américaine ni les campagnes de propagande militaire à destination de la population américaine. Et le troisième argument est mon préféré : "internet permet au public national d'accéder librement à des documents qui ne lui sont pas destinés".
Comme je l’ai dit dans le podcast sur la liberté d’expression, leur vrai problème, celui qui a entraîné la construction du concept de "désinformation", "fake news", "complotistes" etc. c’est l’accès de la population à des informations que la caste dirigeante voudrait garder éloigner de l’opinion publique, des électeurs, des contribuables, des citoyens, des classes laborieuses. Quelles sont ces informations ? Le champ est vaste : ce sont toutes les informations qui ne vont pas dans le sens de la propagande, et qui in fine sont considérées comme subversives car elles détournent les citoyens du narratif officiel. Et dès le début des années 2000 Donald Rumsfeld s’inquiétait du fait que les citoyens américains cherchaient de plus en plus d’informations de l’étranger.
Où en est la liberté d'expression aujourd'hui et quelles sont les perspectives dans un contexte de guerre de l'information, et même de "guerre cognitive"? Une réflexion sur le discours anti "fake news", la désinformation, la liberté d'expression et le journalisme.
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Fry considère qu’il faut changer la définition de la propagande de l’OTAN (qui est juste mais ne lui permet pas de la pratiquer ouvertement), c'est-à-dire : "Des informations, en particulier de nature partiale ou trompeuse, utilisées pour promouvoir une cause ou un point de vue politique". Comme l’explique Liz, "si la définition de la propagande de l'OTAN n'est pas nécessairement erronée, elle exacerbe les sensibilités nationales en exposant l'OTAN à des accusations de propagande" car "toute information utilisée pour promouvoir une cause ou un point de vue politique, trompeuse ou non, est logiquement couverte par la définition de l'OTAN", observe-t-elle.
Même si dans l’absolu la propagande n’implique pas forcément de la tromperie, elle est perçue comme de la manipulation par les destinataires et cela doit être effacé.
Liz n’essaie pas d’argumenter sur le fond : elle n’explique pas pourquoi la population européenne devrait être intoxiquée, à quelles fins, dans quel cadre exact ? Elle ne s’embarrasse ni de questions d’éthique ni de questions de légitimité. Elle ne se demande pas si en 2023 les mêmes techniques de gouvernement qu’à l’âge de Bronze doivent être utilisées, ni si l’OTAN a une mission auprès des populations civiles en matière d’ "éducation". Pas besoin : il suffit de changer la définition de l’OTAN "pour la rendre utilisable par l'organisation", tout comme l’OMS avait pris soin de redéfinir la "pandémie" juste avant le H1N1 en enlevant la notion de morbidité pour pouvoir l'utiliser et tenter d'effrayer les populations. Seulement à ce moment la censure n'était pas aussi puissante et une once de débat public a eu lieu.
Selon Liz, il suffirait d’enlever l’élement de tromperie de la définition de la propagande, pour que ça passe : "Une nouvelle définition distinguant la propagande des activités d'influence de l'OTAN auprès de ses publics aiderait les pays de l'OTAN à faire avancer le débat sur l'information et l'influence. Lors de l'élaboration d'une telle définition, il serait souhaitable d'intégrer des arguments académiques qui réfutent l'interprétation familière de la propagande (et la manière dont l'OTAN elle-même utilise le terme en public) impliquant l'intention de tromper". Il faudrait donc séparer la propagande des opérations psychologiques qui sont une forme de la "communication stratégique" destinée à influencer les perceptions de populations étrangères, dans le jargon des renseignements (alors que la méthode et les objectifs de la propagande et de la guerre psychologique se recoupent).
Liz nous explique que l’OTAN ne fait que des Opérations Psychologiques dont la source –l’OTAN ou un partenaire- est identifiable. C’est faux : le cirque du stay-behind prouve le contraire.
Selon elle, ces opérations somme toute banales et consensuelles ne devraient pas susciter de polémique dans les Etats de l'OTAN. Sauf que Liz veut mettre en œuvre ces opérations contre les populations civiles européennes censées être "protégées" par l’OTAN, ce qui est inédit du moins officiellement parlant. Depuis 2010, les Etats-Unis ont plusieurs fois redéfini le terme de Psy Ops (les opérations psychologiques) pour essayer d’en atténuer les connotations négatives auprès de l’opinion publique ainsi que des autorités politiques, ce qui a rajouté de la confusion.
Liz poursuit son raisonnement, considérant que "les activités d'influence nationales doivent toujours être véridiques et transparentes", tandis que "L'essence de la propagande n'est pas de dire un seul mensonge, mais un réseau embelli de vérités et de mensonges visant à construire une nouvelle "vérité alternative"".
Elle explique plus loin que "dans une société démocratique, les activités de communication stratégique cinétique [qui ne passent pas par les armes et la violence] ou coercitive sont intrinsèquement considérées comme visant un adversaire. Les activités d'influence militaire rhétorique, en revanche, sont menées à la fois contre des adversaires (sur les théâtres de guerre, c'est-à-dire les PsyOps) et sur le territoire national".
Mais alors l’influence est de la tromperie ? Non, explique Liz, poursuivant le fil de son raisonnement scabreux, "Bien que seules les activités déployées contre des adversaires (et lorsqu'elles sont entreprises par des nations) impliquent la tromperie, ces deux méthodes distinctes d'influence rhétorique nichées dans la même nomenclature suscitent un certain malaise". Donc pas d’influence trompeuse sur les populations civiles locales ? En tout cas pas les mêmes que sur un public étranger et c’est ce qu’il faut expliquer aux opinions publiques, selon Elizabeth Fry.
Bref, arrivée à la fin de son article, Liz affirme que "les activités de communication de l'OTAN conçues pour éduquer, persuader ou influencer ne constituent pas de la propagande. En effet, la propagande est l'antithèse de la persuasion rationnelle". Mais… l’OTAN ne fait pas de la persuasion rationnelle : elle présente la réalité sous son prisme, en fonction des intérêts obscurs qu’elle défend. Elle n’argumente pas, elle affirme et qualifie de pro-Russe ou désinformateurs tous ceux qui véhiculent une autre vision de la réalité. Pire, l’OTAN véhicule des fake news pour renforcer son narratif : on en a tous les jours sur la guerre en Ukraine (par exemple quand on nous a dit que la guerre serait pliée en deux semaines, que l’armée Russe était terrassée, qu’elle a commis des crimes de guerre…).
L’OTAN ne tord même pas la réalité : elle construit une réalité alternative tellement foireuse que sans une stricte censure de toute information divergente accompagnée d’une intoxication massive par les médias cette réalité alternative s’écroule.
"Les communications stratégiques militaires occidentales visent, et devraient viser, à influencer les publics nationaux", assène Liz Fry en conclusion, "le fait d'éviter de parler d'activités d'influence légitimes exacerbe le problème au lieu de l'éviter". Parce que soudain ces activités de manipulation de l’opinion publique européenne par une espèce d’armée à la solde des Etats-Unis serait légitime ? Et par quel miracle ? Pour cela il eut fallu que nous débattissions de manière transparente. Certainement pas en réécrivant les définitions tous les 4 matins dans les couloirs de l’OTAN.
L’auteure propose donc de définir la propagande comme "un processus stratégique de tromperie délibéré, systématique et coproduit pour façonner les perceptions, manipuler les cognitions et diriger le comportement, dans le but d'obtenir une réponse qui favorise l'intention du propagandiste", ce qui la séparerait des "activités d’influence légitimes".
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Dans cette réflexion, Elizabeth Fry fait comme si l’OTAN était une entité autonome dont les intérêts prévalent sur ceux des Etats. Comme si les citoyens et éventuellement leurs représentants élus n’avaient pas à donner leur avis sur le bienfondé des intentions de l’OTAN et les moyens qu’elle met en œuvre pour atteindre ses objectifs.
C’est pour cela qu’il n’est pas question d’éthique ni de débat public dans cet article, ni dans les intenses cogitations de l'OTAN.
Pourtant c’est un sujet qui concerne tout le monde directement et ces tergiversations rhétoriques ne présagent rien de bon pour la qualité des informations qui nous seront envoyées. D'autant que pour l'OTAN, comme nous l'avons déjà vu, il faut idéalement que la population n'ai accès qu'à deux choses: la propagande et le divertissement.
[1] Revue éditée et pilotée par le Centre d’excellence des communications stratégiques de l’OTAN en Estonie, et qui se revendique comme un « journal académique international revu par les pairs », ce qui rendait ses contenus sérieux. En tout cas il y a une volonté de légitimer la recherche dans ce domaine, en multipliant les études, conférences, symposiums et en finançant de nombreux lobbys et acteurs du domaine.
[2] « Disinformation and propaganda – impact on the functioning of the rule of law in the EU and its Member States », février 2019.
[3] Un concept en réalité apparu au début des années 2000 pour évoquer l’inflation d’information, que l’OMS s’est réapproprié début 2020 avant le covid pour désigner les « bonnes » et les mauvaises informations selon d’obscurs critères qui ne sont jamais débattus.
[4] Propaganda and Persuasion, Thousand Oaks, London and New Delhi : SAGE Publications, 2006
[5] La Rand Corporation permet à l’armée et à la CIA de ne pas se mouiller directement dans certains financements et certains projets mais la collaboration est très étroite depuis sa création à la fin de la guerre. Par exemple, la Rand Corporation avait envisagé dès 2019 le scénario de la guerre en Ukraine qui s’est déroulé depuis 2022 mais ça a aussi été le cas au Kazakhstan et dans d’autres pays. A son conseil d’administration on trouve d’anciens officiels US de la sécurité, l’ex Premier ministre suédois Carl Bidlt, Francis Fukuyama de Stanford, des banquiers et fonds spéculatifs US, quelques chercheurs. Son point de vue est donc non seulement partial, mais aussi intéressé.
[6] Ces principes sont au nombre de 10 :
- Nous ne voulons pas la guerre ;
- Le camp adverse est le seul responsable de la guerre ;
- Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l'affreux de service ») ;
- C’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers ;
- L’ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c'est involontairement ;
- L’ennemi utilise des armes non autorisées ;
- Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes ;
- Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause ;
- Notre cause a un caractère sacré ;
- Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.
Note de lecture: Le parcours du cœur battant de Marie-Lise Peyrache
C'est un livre qui raconte un chemin de croix, celui d'une femme à qui une fillette de 5 ans s'est confiée sur les violences sexuelles qu'elle subissait, et qui a tenté pendant des années de faire entendre cette enfant par les autorités. Un combat de 20 ans, et aucune vérité judiciaire puisque l'affaire a été classée sans suite.
Marie-Lise Peyrache était une musicienne reconnue quand cette affaire lui est littéralement tombée dessus. Mais il y a des gens qui, face à l'horreur, ne peuvent pas faire comme s'ils n'avaient rien entendu. Le père légal de la fillette avait appelé à l'aide parce que personne ne voulait entendre sa fille dont il avait la garde pour les vacances, Marie-Lise Peyrache a rencontré la famille et S. a raconté par bribes une partie de ce qu'elle vivait chez sa mère.
Un appel au secours d’une fillette de 5 ans
L'auteure s'est alors totalement investie dans un combat pour protéger cette enfant, un combat qui sera long, violent sur tous les plans.
Ce livre raconte les tentatives, parfois désespérées, pour que les souffrances de la petite S. soient comprises et qu'elle soit protégée. Quitte à faire des erreurs qui ont coûté cher face à la justice, comme emmener l'enfant à l'étranger pour passer des examens médicaux au lieu de la ramener chez sa mère où tout semblait pouvoir arriver. Parce que comme tout le monde, elle croyait que la justice allait tout faire pour mettre l'enfant à l'abri de ses agresseurs, qu'il suffisait de présenter des preuves.
Les cauchemars de la fillette, sa peur panique de retourner chez sa mère, son traumatisme ont marqué à jamais Marie-Lise Peyrache : 20 ans après, elle en parle comme si c'était hier. Cette enfant avait parlé des violences et des viols commis par sa mère, son compagnon et apparemment plusieurs autres adultes. Il était question d'autres enfants victimes du compagnon en question, enseignant. La petite avait demandé à Marie-Lise Peyrache de la "sauver", des mots qui sont toujours restés gravés dans l'esprit de la musicienne.
Pendant des mois avec le père légal de S., elle a tout tenté pour faire des examens et porter plainte devant la justice française, en vain malgfré plusieurs signalements à la justice effectués par des professionnels. Les faits se produisaient à Paris, des gens influents semblaient présents dans l'entourage de la mère.
Même en Suisse, en Allemagne ou encore au niveau de la Cour européenne des droits de l'homme, aucune aide n'a été apportée: personne ne voulait de problèmes avec la France, dixt un médecin allemand. Nous étions dans cette période, au début des années 2000, où tant de mamans ont essayé de fuir en Suisse et où elles ont été lâchées par l'association qui était censée les aider. L'époque du rapport de Juan-Miguel Petit sur l'omerta au sujet des réseaux pédocriminels totalement protégés par la "justice".
Pour les fêtes, revenons encore sur ce sujet préoccupant : les réseaux pédophiles en France. Et ailleurs aussi, mais d'abord en France. Sur ce blog, j'ai repris un texte sur une affaire de pédophilie à Castres, dans laquelle on observe ce que l'on appelle un " déni de justice ", répété même.
http://dondevamos.canalblog.com
Des moyens considérables ont été déployés pour retrouver la fillette. En l'espace de quelques heures la police a perquisitionné chez toutes les personnes ayant fait une attestation pour S., son père légal a été envoyé en hôpital psychiatrique, les avocats ont été en-dessous de tout comme c'est généralement le cas dans ces dossiers, la fillette a été rendue très rapidement à sa mère, par la police, après une audience devant le juge des enfants, et Marie-Lise Peyrache a été mise en garde à vue puis en examen pour enlèvement d'enfant (durant moins de 5 jours, pourtant).
Les signalements des parents des autres enfants victimes à l'école n'ont pas eu plus de succès.
Il y a eu des trahisons, des lâchetés, mais Marie-Lise Peyrache a toujours continué ce combat. Sa foi inébranlable a certainement joué... Aucune institution, et aucune association n'a voulu l'aider, l'affaire était manifestement trop grosse.
Une chaîne d’impunité qui perdure
Il y a aussi eu des pressions: contrôles de la sécu, de l'URSSAF, des impôts, contrôle judiciaire, expertise psychiatrique, menaces de mort, filatures... Un individu aujourd'hui sous les verrous pour plusieurs meurtres a tenté de l'impressionner: Daniel Beaulieu, impliqué dans l'affaire des barbouzes francs-maçons assassins de la loge Athanor, s'est présenté à elle comme un membre des renseignements, ce qu'il était encore puisqu'il n'a pris sa retraite qu'en 2009 et n'avait pas encore lancé son officine de "sécurité", pour lui dire que l'affaire était "classée secret défense" et de ne pas y toucher. A ce moment, il travaillait probablement sur ordre de sa hiérarchie, d'autant qu'un ministre encore en poste quelques années plus tôt semblait se mêler de l'affaire, mais il a aussi pu agir à la marge. Il est aussi intervenu comme témoin de moralité pour la mère de la fillette.
Marie-Lise Peyrache n'a pas cédé, et le type est reparti comme il était venu. Il lui a été présenté par une femme qui dirigeait une association connue de l'époque. Quant à Beaulieu, il a admis avoir organisé 5 assassinats maximum, mais il est très probable que ses victimes sont plus nombreuses. Le "secret défense" qu'il a évoqué pouvait être un mensonge, ou lié à la présence du ministre dans le dossier. Un ministre dont le garde du corps a plus tard confirmé à Marie-Lise Peyrache les visites dans un hôtel pour des partouzes avec des mineurs.
La mère de S. était très active pour étouffer cette affaire, et beaucoup de monde s'est activé avec elle pour tenter de faire taire Marie-Lise Peyrache.. Elle a même créé une association contre la maltraitance des enfants. Il est question d'un ancien ministre d'un parti de droite, intervenu pour assurer l'omerta.
Les procédures se sont succédé contre cette femme qui n'a pas voulu ignorer S. et ses paroles: 13 procès en 8 ans, souligne l'auteure. Et une nouvelle procédure pour atteinte à la vie privée a été entreprise par la mère de S., et par S. qui niait avoir subi quelque maltraitance que ce soit, en 2017. Nous en avions parlé il y a quelques années:
On a souvent parlé ici de ces parents qui perdent tous leurs droits sur leurs enfants parce qu'ils cherchent à les protéger contre des agressions sexuelles ou des viols commis par l'autre parent. Aujourd'hui, on va évoquer le cas d'une femme, Marie-Lise Peyrache.
http://dondevamos.canalblog.com
Et elles se sont mal passées : alors que la justice a soigneusement évité d'étudier les faits concernant les violences sexuelles, ceux qui avaient tenté de l'aider ont été poursuivis pour différents motifs, et Marie-Lise Peyrache a été condamnée à différentes reprises dans cette affaire.
Les anomalies dans la procédure étaient monnaie courante, avec notamment des faux en écriture destinés à accabler Marie-Lise Peyrache, une plainte contre la mère de S. pour dénonciation calomnieuse perdue, une citation directe sans cesse repoussée, un jugement jamais rédigé... Une psychologue qui en 2001 recommandait le placement de S. pour l'éloigner de sa mère a soudain changé d'avis, estimant un an plus tard que S. avait été traumatisée par le voyage en Allemagne et pas du tout par des violences sexuelles répétées. Les avocats refusaient de prendre son dossier dès qu'ils entendaient le nom de l'association créée par la mère de la fillette.
"Je lance ici un appel à tous mes frères et sœurs humains: Levons-nous pour les enfants que nous avons mission d'élever!
Mêlons-nous de ce qui nous regarde, c'est à dire de tous ces enfants qui seront les adultes de demain !
Crions STOP à tous ceux qui les abusent et à ceux qui les maintiennent dans leur souffrance!
C'est à nous de les écouter et de les protéger pour qu'à leur tour ils puissent créer des liens de solidarité et construire une société saine!", écrit-elle.
Marie-Lise Peyrache a créé son association pour aider d'autres enfants, dont certains étaient dans la même situation que S. Là aussi l'omerta s'est souvent imposée, les défaillances de la justice dans ces affaires sont apparues systématiques.
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Je recommande ce livre à ceux qui cherchent à comprendre comment les choses se déroulent quand on dénonce des violences sexuelles contre des enfants, en particulier quand l'obstruction vient du haut de la hiérarchie. C'est un témoignage qui compte, parce qu'il raconte de l'intérieur les obstacles innombrables qui peuvent être mis sur le long et périlleux chemin judiciaire, et même en-dehors.
Aujourd'hui S. a une vingtaine d'années et dit qu'il ne s'ets rien passé, même si elle avait parlé à l'époque, à plusieurs personnes, et ces éléments sont dans le dossier.
Marie-Lise Peyrache n'est plus sous contrôle judiciaire depuis novembre 2022.
Le livre est en vente ici.
Les tableaux sont l'oeuvre de l'artiste Kim Noble.
Podcast n°6 : Quel rôle de la police dans une démocratie défaillante ?
La police est-elle un symptôme du capitalisme? Son histoire et ses stratégies le montrent, et aujourd'hui c'est tout le système républicain qui est mis en cause par une large partie de la population.
Quelle est alors la légitimité de la police et de sa violence? Que vaut le concept de "violence légitime" ?
A qui est-elle vraiment utile ?
Une réflexion dans laquelle j'ai inclus des extraits d'interviews de l'économiste Paul Rocher, de l'historien Emmanuel Blanchard et du politologue Fabien Jobard, notamment.
Musique : Sobra - Background Village Marimba
Début de recadrage après la fiction de France 2 sur l'affaire d'Outreau : stop à la réécriture de l'histoire
Beaucoup a déjà été écrit –et effacé- sur l’affaire d’Outreau : pour les uns, un fiasco judiciaire avec de braves innocents poursuivis par un juge mégalomane et crédule, lui-même manipulé par une bande d’enfants de 2 à 8 ans, pour les autres un scandale absolu dans lequel la parole des enfants a été piétinée et leurs agresseurs laissés en liberté pour la très grande majorité.
Face aux offensives mensongères sur l'affaire dite d'Outreau, il est crucial de faire régulièrement de la pédagogie, de la réinformation sur cette affaire qui s'est conclue par deux vérités judiciaires contradictoires: celle d'un acquittement quasi général des adultes dénoncés par les enfants d'un côté, et de l'autre celle des 12 enfants reconnus victimes à l'issue du procès en appel.
Bizarrement, les médias mainstream et les autorités semblent n'en voir qu'une seule: il est donc crucial de rappeler l'autre vérité judiciaire, d'autant plus que depuis outreau le nombre de condamnations pour des faits de pédocriminalité ne cesse de baisser.
Une très brève chronologie de l’affaire d’Outreau - et ses suites
Pour rappeler brièvement ce qu’il s’est passé depuis 20 ans maintenant, voilà une chronologie rapide de l’affaire :
2001 : L’affaire éclate dans un quartier d’Outreau où plusieurs habitants, dont Thierry Delay et Myriam Badaoui, sont accusés par plusieurs enfants de violences sexuelles répétées et certains sont arrêtés. Les couples organisent des partouzes, s’échangent les enfants, d'après ce que les enfants ont dit alors qu'ils étaient placés.
On parle vite de plusieurs dizaines d’enfants et de plusieurs d’adultes concernés, dans toutes les catégories sociales. Assez vite il est question de voyages en Belgique pour des partouzes et de plusieurs meurtres d’enfants. Les faits auraient commencé en 1995.
Les médias commencent à s’en mêler, et soulignent l’horreur de la situation jusqu’à ce qu’il soit question de Belgique et de meurtres.
2004 : Procès en première instance en mai, avec 17 accusés seulement, dont 7 sont acquittés et 10 condamnés à des peines généralement modérées pour les faits reprochés. 16 enfants sont reconnus victimes.
Avant le procès les médias, derrière Florence Aubenas notamment, qui à peine revenue de sa prise d’otage a récupéré le dossier, dit-elle, l’aurait lu en deux ou trois mois à peine et a écrit un bouquin dans lequel elle défend les accusés et décrédibilise la parole des enfants, ont fermement défendu les accusés en donnant constamment la parole à leurs avocats.
On a vu des "documentaires", des dizaines d’articles, des livres, qui tous disaient qu’aucun réseau pédocriminel n’existait à Outreau, que les enfants disaient n'importe quoi.
L’élément clé du procès a été la rétractation aussi soudaine que médiatisée de Myriam Badaoui qui, après avoir parlé d’un réseau pédocriminel impliquant les acquittés, a décidé de nier en bloc et là elle a été immédiatement crue par tout le monde : juges, avocats, médias, autorités politiques.
En parallèle d’autres adultes du quartier ont été jugés dans des procédures séparées, et acquittés discrètement. Il s'agissait des mêmes faits, dans le même quartier, au même moment, avec des gens qui se connaissaient. A tel point qu'on s'est demandé combien de réseau pédocriminels se croisaient dans le secteur.
Wiel qui avait pris 7 ans a été libéré sous contrôle judiciaire dès le 20 juillet 2004, et Lavier qui avait pris 6 ans a été libéré le 22. Des détentions particulièrement courtes.
2005 : procès en appel en novembre, seulement 4 adultes sont condamnés, les 6 autres sont acquittés[1]. 12 enfants issus de 4 fratries différentes sont reconnus victimes.
L’ "expert" Paul Benussan, qui n’a jamais vu aucun des enfants, est venu expliquer à la barre, à la demande des avocats des accusés, que les enfants étaient des menteurs.
Le 6 décembre, juste après le verdict, les 13 acquittés ont été reçus en grande pompe à Matignon par Villepin. Ils recevront des indemnités records, du jamais vu dans l'histoire judiciaire française. Même ceux qui n'ont pas été en prison comme Karine D. ont touché une somme bien supérieure à ce que les enfants victimes ont obtenu.
2007 : Daniel Legrand est arrêté près de Dunkerque, au retour d’Ostende, par la douane. Il se balade avec 130 g d’héroïne qu’il avait avalée et cachée dans son slip. "Il s’agirait de son quatrième voyage d’approvisionnement en Belgique depuis octobre 2006. M. Legrand devait être remis en liberté sous contrôle judiciaire en attendant de comparaître devant le tribunal correctionnel".
Il a pris un an de prison dont 9 mois avec sursis pour "transport et importation" (pas la vente ni l’achat, donc), ce qui n’est pas cher payé du tout pour ce type de trafic.
2011 : Badaoui sort de prison, manifestement après un relooking et probablement de la chirurgie esthétique.
2012 : Les Lavier prennent 10 et 8 mois pour violences habituelles sur mineur. Grâce à leur avocat Dupont Moretti ils ont été relaxés des charges de corruption de mineur pour les (ou la) vidéos[2] dans lesquelles ils étaient à poil dans des positions suggestives devant leurs enfants. Selon France 3, "Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer a estimé que si ces derniers faits étaient moralement répréhensibles, l'infraction pénale n'était pas constituée, car la volonté de corrompre les mineurs n'était pas prouvée". Quatre de leurs proches, également poursuivis pour corruption de mineurs, ont été eux aussi relaxés par le tribunal.
Pourtant, il a été montré au procès que les enfants étaient gravement maltraités, que le couple les enfermait dans des chambres vides et les surveillait par caméra de vidéosurveillance. Deux de leurs enfants âgés de 3 et 6 ans s’étaient enfuis pour retourner chez l’assistante maternelle qui les avait gardés pendant le procès.
2015 : Procès à Rennes d’un des acquittés, Daniel Legrand fils, pour les faits commis lorsqu’il était mineur. Défendu pendant 3 semaines par plusieurs avocats médiatiques comme Dupont Moretti, Berton, Delarue fils, Vigier, il a été acquitté. Ses avocats n’ont même eu besoin de plaiser : l’avocat général l’a fait à leur place invoquant la théorie pédocriminelle des "faux souvenirs".
2016 : Franck Lavier, un des acquittés dont l’une des filles est reconnue victime en appel[3], est mis en examen pour viol et agressions sexuelles sur une autre de ses filles qui a porté plainte contre lui à 17 ans. Il n’a toujours pas été jugé parce que depuis 6 ans tout est fait pour minimiser les faits et on a appris en novembre 2022 qu’il était finalement renvoyé en correctionnelle et que les faits de viol ne sont pas retenus[4].
On note que les Lavier sont les grands absents de la fiction de France 2. c'est bien dommage, ils avaient beaucoup de choses à dire. Ont-ils refusé ou ne les a-t-on pas invités?
Voilà pour le bref résumé des faits.
Depuis 2001, on assiste régulièrement (en réalité à chaque fois qu'un procès lié à l'affaire va se dérouler) à des offensives médiatiques pour tenter de défendre la théorie de l’absence de réseau à Outreau, cela en général à coups de productions télévisuelles qui relèvent de la fiction larmoyante mais nous sont présentées comme des documentaires ou des faits réels. Aucune ne s'en approche, tant la partialité du propos est flagrante.
La fameuse fiction de l’acquitté Alain Marécaux, dans laquelle l’acteur Philippe Torreton incarne un personnage "innocent" confronté à un horrible juge qui lui en veut personnellement, n’en est qu’un exemple, tout comme cette fiction en 4 épisodes de Georges Huercano, responsable des co-productions de RTL Belgium, pourtant classée dans les "documentaires" sur le site de France 2.
Il faut noter que Jonathan Delay, qui témoigne dans le film, a porté plainte pour diffamation et abus de confiance contre la production qui apparemment n'avait pas prévenu de son parti pris.
Une opinion publique totalement manipulée
Aujourd’hui encore, beaucoup de gens croient de bonne foi que les victimes d’Outreau, ce sont les acquittés. Ils n'ont entendu parler que d'eux, et nombreux sont ceux qui ignorent même l'existence de victimes reconnues chez les enfants, ces enfants qui ont été systématiquement présentés comme des menteurs par la défense. Les enfants, dont 12 ont bien été reconnus victimes en appel, sont totalement oubliés depuis le début de cette affaire.
La série de France 2 - qu'ils ont encore osé classer dans la catégorie "documentaires"- ne déroge pas à cette règle.
Pour comprendre comment toute une partie de l'histoire peut être occultée, la partie immergée de l'iceberg, celle qui mène à des pistes glauques loin du narratif officiel bien rassurant sur les pauvres acquittés brisés par une bande d'enfents menteurs qui ont vilement manipulé le juge, plusieurs éléments sont à prendre en compte :
- Les enfants victimes étaient représentés par seulement 2 avocats payés par le conseil général, qui ne s’exprimaient quasiment pas dans les médias. Dont l'un a été appelé par Wiel pour le défendre.
- Chaque accusé avait un avocat, souvent une pointure locales comme Dupont-Moretti, Berton, Delarue père, Roy-Nansion, qui eux s’exprimaient en permanence dans les médias en attaquant les enfants et l'instruction.
- Le pouvoir politique voulait supprimer les juges d’instruction, il fallait donc taper sur le juge Burgaud et sa procédure. Il n’y avait aucune place pour la parole des enfants dans ce narratif.
- Le retournement médiatique a été flagrant dès qu’il a été question de réseau organisé vers la Belgique, de trafic de films pédopornos, et des meurtres de 4 à 6 enfants. A partir de là, l’objectif des médias jusque-là neutres et se limitant à du commentaire des évolutions de la procédure, était clairement d’étouffer l’affaire.
- On a vu s’activer tout le lobby pédocriminel français et même une partie de celui de Belgique pour faire taire les enfants, et cela dure encore. Puisque parmi les enfants victimes, deux ont eu le courage de dénoncer les faits même une fois adultes. Et ils ont eu face à eux une barrière de silence puis des attaques dont certaines ont été particulièrement violentes.
Le seul documentaire qui a défendu la parole des enfants, "Outreau, l’autre vérité", réalisé par Serge Garde, a été boycotté par la télé française, y compris la télé publique qui diffuse toutes les émissions défendant les acquittés. Il a été censure des dizaines de fois sur Youtube: c'est le documentaire interdit en france bien qu'il ait été diffusé sur la télé belge et la télé suisse, notamment. Nos voisins ont le droit de savoir, mais pas le citoyen français qui doit continuer à croire que les réseaux pédocriminels, à l'instar du fameux nuage de Tchernobyl, s'arrêtent à nos frontières.
Presque tous les livres qui défendent la parole des enfants, je pense à ceux de Jacques Thomet ("Retour à Outreau. Contre-enquête sur une manipulation pédocriminelle"), ou "Outreau, angles morts, ce que les Français n'ont pas pu savoir" de Jacques Delivré et Jacques Cuvillier (que je recommande chaudement pour mieux comprendre cette affaire), sont publiés par la bande.
Il est clair qu’au niveau des autorités, on ne veut pas entendre autre chose que l’innocence des adultes, condition sine qua non pour nier l’existence d’un réseau pédocriminel.
Pourquoi ont-ils presque tous nié en bloc ?
Si on reprend la suite des événements, le couple Delay-Badaoui était suivi par les services sociaux depuis 1992. En février 2000 elle a demandé le placement de ses enfants, et c’est là qu’ils ont commencé à parler en citant déjà plusieurs adultes, condamnés ou acquittés. Ils parlent de viols qui auraient commencé brutalement le 25 décembre 1995 quand les parents Delay ont « offert » des cassettes pornos à leurs fils avant de leur demander de faire pareil que sur la vidéo.
Une enquête a donc été ouverte, et dès le mois de décembre 2000, Delay était au courant. Et le 28 décembre 2000 ils ont carrément reçu une lettre du juge des enfants leur expliquant que les enfants leur ont été retirés pour des soupçons d’agressions sexuelles.
Que s’est-il passé ensuite ? Dans une audition Badaoui a expliqué : "lorsqu’on l’a su mon mari a même appelé Daniel Legrand père. J’ai même été frappée car mon mari disait que c’était de ma faute car s’ils n’avaient pas été placés, ils n’auraient pas parlé". Elle a redit plus tard que c'est legrand père qui a incité tout le monde à se taire et à ne pas parler de certains protagonistes.
Le jour où ils ont reçu cette lettre, elle dit que toutes les preuves ont été détruites, les objets sexuels compromettants ont été brûlés dans la baignoire et remplacés par des nouveaux sans ADN. Ce sont ceux-là qui ont été retrouvés par les enquêteurs, et dont l’analyse n’a logiquement rien donné. Dans une autre audition, Badaoui a dit aussi que "Les cassettes sont parties en Belgique, ils n’ont rien laissé chez moi. Quand j’ai eu la lettre du juge précisant que je n’avais plus le droit d’avoir les enfants, tout est parti".
Le couple n’a été arrêté que le 20 février 2001. Delay n’aura qu’une seule version : Il nie en bloc, déclare "je ne fréquente personne, personne ne vient chez moi", et c’est ce refrain qui a été repris par tous les accusés excepté Badaoui et couple Grenon-Delplanque.
Quand ils ont été arrêtés, les téléphones des accusés étaient neufs, ne comportaient que quelques numéros ou n'avaient pas servi depuis des mois.
Premiers commentaires sur la fiction de France 2
Dans la série de France 2, 92% du temps de parole est réservé aux acquittés et à leurs avocats. Cela montre le parti pris : celui de ne tenir compte que d’une partie de la vérité judiciaire, celle sur les acquittements, et d’oublier, celle des 12 enfants reconnus victimes.
Il y a deux victimes qui s'expriment, dont l'une est le fils de Marécaux et déclare qu'il ne s'est rien passé. L'autre est Jonathan Delay, à qui les réalisateurs avaient semble-t-il assuré que le "documentaire" serait équitable avec un temps de parole égal entre victimes et acquittés. Cela n'a pas été le cas, même si on sent bien que les auteurs ont essayé de laisser croire à une forme de neutralité derrière leur mise en scène.
Ce film avait pour conseiller technique Georges Huercano Hidalgo de la chaîne RTL TVI en Belgique, qui a fait partie de l’équipe de journalistes belges venus désamorcer l’affaire lorsqu'elle a commencé à partir sur un réseau en lien avec la Belgique.
Voyons ce qu’il en est sur ces près de 4 h de série présentée comme un "docu-fiction" mais qui n’a rien du documentaire tant il est scénarisé et tant les informations présentées ont été triées pour servir la thèse des avocats de la défense, qui ne correspond qu’à une partie de la vérité judiciaire. Quant à la vraie vérité, dans cette affaire personne ne l’a à part les organisateurs de ce réseau censé, donc, ne pas exister.
Pleurons avec les acquittés
1er épisode, premières secondes : on est déjà en train de pleurer sur le sort des acquittés. On a compris qu’encore une fois, les seules victimes prises en compte seront les adultes. En fait, les 4 épisodes sont à l'avenant.
2e minute : Le curé Wiel apparaît sur un plateau télé géant qui reproduit des appartements, et qui vient nous expliquer qu’il est innocent. A l’écouter, il fréquentait de très loin le couple Delay-Badaoui, mais il admet qu’il recevait des enfants chez lui tous les jours -ce qu'il continue à faire avec des migrants comme il l'a expliqué dans la presse.
Et il ne peut s’empêcher de dire que D., un des frères Delay, était menteur bien qu'il a été reconnu victime en appel, notamment de faits de proxénétisme. D'ailleurs il a carrément écrit un bouquin pour le dire haut et fort.
La caution morale de cette fiction est la présence de Jonathan Delay, victime reconnue comme telle à l’issue du procès. Sur les témoignages des enfants, on aura en tout et pour tout 5 minutes à peine. On n’aura donc pas l’essentiel, ni même la substance.
Quand vient le tour du couple Grenon –Delplanque, qui a quand-même eu le mérite d’avouer une partie des faits dénoncés par les enfants, et a été condamné à des peines dérisoires en appel, leur avocate de l’époque les présente comme un gentil petit couple. Le film montre leurs aveux, largement minimisés par leur avocate et par la mise en scène, qui balaie rapidement cette séquence.
Vient Thierry Dausque, qui continue à nier (évidemment puisqu’il a toujours nié, comme Delay et les autres). Il a pourtant été accusé par plusieurs enfants, pas seulement les Delay, par le couple Grenon-Delplanque et même Lavier a confirmé qu'il était souvent chez les Delay. Mais ce n'est aps dans le film, bien-sûr.
Les enfants de sa compagne Monique F. ont été placés en juin 2001.
Puis c'est le tour de Jean-Marc Couvelard, qui ne parle pas donc on passe sa mère qui explique qu’il n'a pas pu commettre des viols des enfants en raison de son handicap. Le film ne parle que des accusations des frères Delay mais dans la procédure Couvelard a été accusé par plusieurs enfants, de fratries différentes.
2 mn sont ensuite consacrées à la première audition de la quarantaine d’enfants cités par les frères Delay, principalement D., qui disent tous que leurs parents sont gentils, que les Delay sont gentils et qu’il ne leur est rien arrivé. On s'étend beaucoup sur cette première audition, les autres, dans elsquelles beaucoup d'enfants parlent, seront à peine évoquées en 4h.
Le film évoque ensuite les premiers aveux de Myriam Badaoui sur les films pédopornos, le sex shop, le réseau pédophile, et sa lettre écrite depuis la prison à Dominique Wiel qui, on le rappelle, dit qu’il ne les fréquentait pas. Elle raconte que des films étaient tournés avec les enfants.
Le film ne s'attarde pas sur les aveux et ne parle pas de la pétition lancée dans le quartier en février 2000 pour que les frères Delay reviennent chez leurs parents, signée par Wiel et Lavier notamment, ni de l'aide apportée par Wiel à Delay pour lui apprendre à jardiner, ni de cette voisine qui confirme qu'il allait chez les Delay.
C’est Badaoui en effet qui la première a parlé de la Belgique, témoignage confirmé par ses fils et les filles d’un couple d’acquittés. L’enquête sur les lieux, avec une reconnaissance des maisons par deux frères Delay, a été assez succinctes et n’a rien donné.
Daniel Legrand, stupidité machiavélique?
C’est ensuite l’affaire des Legrand, Daniel Legrand père et Daniel Legrand fils, qui seraient arrivés dans l’histoire par erreur, en raison d’une homonymie avec le propriétaire d’une des fermes où des films auraient été tournés. Bien que ne tenant pas debout, cette théorie a fait le tour des médias mainstream.
Daniel Legrand recommence son couplet sur sa carrière dans le foot prometteuse brisée par l’affaire Outreau, et son chèr père aimant. Qui, selon le couple Grenon Delplanque, les a menacés et a participé aux faits. Legrand fils explique qu'il ne connaît personne à Outreau (il a donc reconnu Wiel sur photo par erreur, selon lui).
Par exemple le 5 octobre 2001 A. Grenon, qui a reconnu Daniel Legrand fils sur photo, a déclaré : "La veille [des partouzes] Thierry Delay ou Myriam Delay nous disait que l’on pouvait passer le lendemain chez eux. Nous arrivons chez M et Mme Delay et nous payons la somme que Thierry Delay et Daniel Legrand nous demandaient. Nous nous déshabillons dans la chambre de M. et Mme Delay ou la chambre de leurs enfants (…) La télé est allumée et des films pornographiques passaient (…)
Là, les adultes pouvaient choisir les enfants parmi ceux qui étaient présents et nous pouvions aller dans un coin de la pièce sur un canapé, une chaise ou par terre et nous pouvions avoir des relations sexuelles avec les enfants". Des propos confirmés ensuite par Delplanque lors de son audition.
Et puis il y a le taxi Martel, un autre acquitté qui n'apparaît pas dans le film, qui selon plusieurs témoignages emmenait enfants et adultes en Belgique à l'occasion, et dit avoir pris Daniel legrand fils avec d'autres personnes dans le quartier de la Tout du Renard à Outreau où vivait tout le monde sauf les Legrand, qui vivaient dans une autre ville.
On évoque rapidement les aveux circonstanciés de Legrand, pour dire qu'il aurait tout inventé. Avant de parler du meurtre, il avait commencé à parler de son implication dans les viols contre rémunération en argent ou en cannabis, expliquant être allé 10 à 15 fois chez les Delay jsqu'au début de l'année 2000, quand le scandale a éclaté. Il a précisé que des films et des photos étaient faits. On reviendra plus tard sur le cas des Legrand.
Marecaux a son moment aussi, pour décrire sa merveilleuse situation avant l’affaire, et son fils François-Xavier confirme. Ils expliquent l’arrestation, le choc (on connait : il a écrit un bouquin et fait un film là-dessus), et le fiston raconte comment cette affaire l’a broyé. Il reviendra régulièrement au fil des épisodes, pour rappeler à quel point il a été maltraité et à quel point il a souffert. Le film ne parle pas de l'audition du 15 mai 2002 dans laquelle le fils Marécaux parle de faits bien plus précis et plus graves que la m"achine à bisous" dont il est question dans la fiction de France 2, ni du témoignage de sa soeur.
Et évidemment il ne parle pas des aveux de Marécaux en plein tribunal, admettant avoir dépassé les limites avec son fils. Mais le tribunal, bienveillant, a trouvé opportun de ne pas acter ces paroles.
Jamais on ne dira que parmi les dossiers de son étude il y en avait un concernant le couple Delay-Badaoui, dont l’ardoise a été miraculeusement effacée. Badaoui a expliqué que les viols des enfants ont commencé après qu’il soit venu chez eux pour réaliser l'inventaire des meubles (qui n'ont jamais été pris) et qu'il ait trouve un "arrangement" avec Thierry Delay.
On entend tout de même les témoignages de deux garçons qui ont confirmé les accusations concernant Dominique Wiel, d’un autre qui a confirmé les films tournés par Myriam Badaoui contre rémunération. Car Wiel a été accusé par Myriam Badoui et par ses enfants, ainsi que par le couple Grenon- Delplanque et par au moins trois garçons dont l'un a expliqé que déjà avant que l'affaire n'explose, les enfants parlaient entre eux des "manière" (les attouchements) de Wiel quand les enfants allaient chez lui. Un autre a raconté la participation du curé au partouzes, qui étaient filmées avec la caméra de Delay.
Même un adolescent de 18 ans est venu le dénoncer à la police quand il en a entendu parler dans la presse.
Les aveux de Daniel Legrand fils sont un grand moment du film, et on reprend la sa théorie comme quoi il a tout inventé pour sortir de prison puisque A. Grenon qui avait avoué venait d’obtenir une liberté conditionnelle.
Il n’avoue pas immédiatement sa présence lors d’un meurtre d’enfant, mais commence par son implication dans les partouzes des Delay. Il explique que comme il n’a pas été libéré il a voulu "faire éclater une bombe" en avouant avoir été présent lors du meurtre d'une fillette par Thierry Delay dans l’appartement familial. Il a écrit à France 3 et au juge pour expliquer la scène. Rappelons que ce même Daniel legrand se plaint encore d’avoir été aligné dans les médias.
Myriam Badaoui confirme, après, certes, lecture de la lettre d’aveux de Legrand fils. Ces aveux ont aussi été confirmés par Jonathan Delay, qui n’a pas eu lecture de la lettre et confirme le déroulé des faits ainsi que la plupart des détails donnés par Legrand et Badaoui. Et la fille d’un couple d’acquittés a aussi parlé du meurtre d’une petite fille belge de 5 ou 6 ans, qui a précisé "je sais que c’est une petite fille belge car ma mère m’a dit qu’une petite fille belge allait être violée ce soir".
De plus, Legrand a commencé à parler de ce meurtre lors d’une expertise psychiatrique au cours de laquelle il a aussi expliqué être accro au shit depuis ses 15 ans et à l’héroïne qu’il fume, depuis 2 ans ce qui entraînait des symptômes de manque. Il a même expliqué à l’expert qu’il participait aux partouzes chez les Delay pour l’argent. Mais ce n’est pas mentionné dans le film, qui préfère se concentrer sur les fouilles infructueuses pour trouver le corps de la fillette à l’endroit désigné par le fils Delay. Fouilles réalisées devant les caméras, comme il se doit, ce qui a permis de dénoncer une enquête coûteuse et inutile.
Là-dessus, le fils Legrand, qui n’est décidément pas une lumière, explique que ses aveux machiavéliques visaient à faire tomber l’enquête "comme un château de cartes" puisque d'après lui les enquêteurs ne trouveraient pas le corps. Pourtant le 19 février 2002 dans le bureau du juge Burgaud, qui lui lui demande pourquoi il a fait ça, Legrand a répondu sans hésiter : "Pour dire la vérité, pour que cela se sache. J’avais dans l’enveloppe mon mandat de dépôt pour pas que ça passe pour un canular".
Il dit que c’est lui seul qui a pris cette initiative, car il voulait "que les autres paient pour ce qu’ils ont fait", et qu’il n’a pas agi sous la contrainte. Il dit qu’il a menti lors de la confrontation quand il a innocenté Martel (qui n’apparaît pas dans le film de France 2) et Wiel : "ce n’est pas vrai Myriam et Thierry ne m’ont pas dit de dénoncer des gens. Au contraire ils m’ont dit qu’il ne fallait rien dire". Tout cela n’est pas dans cette fiction partisane, dont les auteurs soit n’ont pas lu le dossier, soit n’ont jamais cherché à faire la part des choses.
Il faut aussi souligner que dans ce film, la famille Legrand passe pour une famille modèle : rien sur les attouchements commis sur les petits cousins, les exhibitions sexuelles, les accusations de viols contre Legrand père et fils par un enfant de la famille. Pas un mot.
Au sujet de ces aveux, il y a eu un grand moment au procès de Daniel Legrand à Rennes, quand l’avocat de Jonathan lui a demandé comment il avait pu imaginer un scénario qui correspondait aussi bien aux déclarations de Badaoui et de Jonathan, et qu’il a répondu qu’il est "rentré dans la tête de Myriam Badaoui". Nous étions chez les extralucides, ce qui n'a pas du tout interpellé le tribunal.
Les propagandistes réécrivent l'histoire
Le film montre bien que ce sont les journalistes belges qui ont commencé à désamorcer l’affaire en 2001 avec des reportages et articles laissant entendre que toutes les accusations des enfants étaient surréalistes et surtout, que de réseau pédocriminel il n’y avait point. Car au début de l’affaire les médias français sont dans le sensationnel et relatent les arrestations, les accusations sans les remettre en cause, peut-être même avec une certaine complaisance.
Ce sont les journalistes belges qui ont marqué le virage à 180°, pour décrédibiliser les enfants. Puis des ténors du barreau du Nord : les Delarue père et fils, Roy-Nansion, Berton, Dupond Moretti, arrivent comme par magie dans le dossier, pour défendre des gens aux minimas sociaux et à l’aide juridictionnelle. Jamais on ne leur a demandé comment ils sont arrivés là.
De fait, après l’affaire Dutroux la Belgique maîtrise parfaitement l’étouffement des dossiers de réseaux pédocriminels, fussent-ils tentaculaires. Et les liens entre cette affaire Outreau et la Belgique ne devaient pas satisfaire ces pourfendeurs de théories sur les réseaux pédos.
On tape encore sur les expertises, sans s’étaler parce qu’elles sont bien embêtantes : 7 experts ont estimé que les propos des enfants tenaient la route. Mais dans les médias, les avocats des accusés, ducon, pardon Dupont Moretti le premier, les ont violemment attaqués, n’hésitant pas à propager une série de mensonges éhontés.
Enfin, le dernier épisode revient sur les deux procès, en 2004 et 2005. Là encore, on aura à 95% la version des acquittés. Au final il faut retenir que seuls ceux qui ont avoué ont été condamnés parce qu’à un moment Myriam Badaoui s’est rétractée en disant que les futurs acquittés étaient tous innocents, et là tout le monde a décidé de la croire. Ce revirement soudain n’était probablement pas le fruit du hasard, et on donnerait cher pour avoir savoir si un avocat des accusés est venu la voir la veille dans sa cellule. Ce que l’on sait, par contre, c’est qu’elle a bénéficié d’un traitement extrêmement favorable en prison, dont elle est sortie dès 2011 alors qu'elle avait pris 15 ans.
Badaoui a été jusqu’à dire à l’audience du procès en première instance qu’elle ne connaissait pas Marécaux, et c’est passé. Alors que les enfants avaient été clairs, elle a innocenté les futurs acquittés. Puis le couple Grenon Delplanque s’est aussi rétracté et a eu une peine minimale (4 et 6 ans) pour les faits dont il était question.
Quand le lendemain Badaoui a redit que les enfants disaient la vérité, là plus personne ne la croyait, évidemment. Les avocats de la défense ont tout fait pour que l’opinion publique en reste là.
Roy-Nansion admet qu’elle a forcé son client à dire qu’il avait menti en accusant les futurs acquittés. C’est intéressant, parce que jusque-là il confirmait les propos d’A Grenon, de Badaoui et des enfants.
On ne parle pas des 17 avocats des accusés qui défilaient pendant des heures pour interroger les enfants, les faire plier, les avocats expliquent qu’ils y ont peut-être été un peu fort, mais qu’il fallait le faire. On en parle pas des 16 enfants reconnus victimes à l’issue du procès en 1ère instance, ni du traitement des enfants victimes après le jugement.
Le film s’étend de longues minutes (au moins 15) sur la tristesse des condamnés en première instance, comme Wiel qui a pris 7 ans mais a été libéré juste après le procès, Marécaux qui a pris 18 mois pour attouchements sur son fils, Dausque et Legrand fils surtout, et la joie des acquittés.
Puis on passe au 2e procès, en appel qui a fini par 6 nouveaux acquittements, 1 an après le premier procès. Le seul objectif était d’amener les enfants à se rétracter, ce que trois enfants qui accusaient Wiel ont fait. Badaoui et A. Grenon ont dit que les autres étaient innocents, et qu’il n’y avait que 4 coupables, ce que Thierry Delay a confirmé. Bref, circulez y’a rien à voir, et surtout pas un réseau connecté à la Belgique.
Un procès où l’avocat général s’est excusé publiquement pour les acquittés AVANT que le jugement soit rendu, quand le jury partait délibérer.
Le film ne fait aucun commentaire sur les 12 enfants reconnus victimes à l’issue de ce procès à décharge. Le film ne parle pas d’un rapport très intéressant paru en 2007, après le procès en appel, mais il aurait dû amener les autorités à se poser des questions : le rapport de l’IGAS remis au ministre de la santé Philippe Bas sur l’historique médical de 14 des 17 enfants présentés au procès.
Ce document de l'Inspection générale des affaires sociales passé totalement inaperçu dans les médias sauf un, dit que "pour cinq d'entre eux, dont les parents ont été reconnus innocents, l'IGAS relève des "indices évocateurs d'abus sexuels". Il ne s'agit pas de preuves, cite encore le rapport, mais seulement de signaux d'alerte qui justifient d'être pris en compte au nom de la protection de l'enfance. Autre point qui sème le doute : l'IGAS précise que l'institution judiciaire, lors de l'instruction de l'affaire d'Outreau, n'aurait pas recueilli, dans son intégralité, les documents de la PMI. Le rapport conclut en tout cas qu'"une surveillance attentive et continue des enfants est préconisée". Ce ne sera évidemment pas fait.
On ne parle pas non plus des 5 lettres écrites par une des filles Lavier à une copine, dans lesquelles elle disait avoir assisté au meurtre d’un enfant, qui ont été envoyées au tribunal par les assistantes maternelles qui les gardaient début 2002 mais ne sont jamais arrivées dans le dossier en raison d’un "problème d’aiguillage" apparemment.
Rien non plus sur le procès de Daniel Legrand en 2015 ou sur les pérégrinations judiciaires du couple Lavier.
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Voilà pour les grandes lignes, les réactions à chaud après avoir supporté les 4 épisodes de la série. A la fin des 4 heures on s’interroge : quel était le but de cette série réalisée à grand frais ? On peut d’office éliminer la recherche de la vérité. Probablement, pour désamorcer certains points-clés qui commencent à interroger l’opinion publique : les aveux de certains accusés, le meurtre de la fillette, les 12 enfants victimes, les recoupements dans les témoignages des enfants et des adultes qui ont parlé…
Dans une prochaine partie, nous reviendrons plus en détail sur les accusations des enfants, caviardées dans cette fiction lamentable, sur ce délire selon lequel personne ne se connaît dans ce dossier, sur les meurtres d’enfants car dans la réalité il est question de plusieurs meurtres d’enfants dans ce dossier, sur la propagande du lobby pédocriminel à Outreau et depuis Outreau, et l’importance de l’opinion publique. Il est temps d’informer sérieusement sur cette affaire, car elle sert de chape de plomb pour enterrer la parole des enfants.
[1] Dominique Wiel, 67 ans, l'huissier de justice Alain Marécaux, 41 ans, Daniel Legrand, 24 ans, Franck et Sandrine Lavier, 27 et 28 ans, Thierry Dausque, 33 ans, qui avaient donc été condamnés en première instance.
[2] Un article du Point expliquait en 2011 : "En mai, le couple et quatre de ses proches avaient été placés en garde à vue, et leurs ordinateurs saisis. Ce matériel informatique, analysé par la direction interrégionale de la police judiciaire, a livré de nombreuses photos et vidéos qui font état d'autres faits s'apparentant à de la corruption de mineurs (...) Ces soirées festives ont eu lieu lors des deux ou trois dernières années. Selon nos informations, les photos et vidéos mettraient en scène Sandrine, Franck Lavier et leurs proches, à demi ou complètement nus, mimant des actes sexuels devant de jeunes enfants". Et les chambres toutes rangées et pleines de jouets qu'on voyait dans les reportages complaisants tournés chez les Lavier avant ce procès n'avaient rien à voir avec les "mouroirs" décrits lors de l'audience, équipés de caméras de vidéosurveillance.
En 2011 quand l'affaire des maltraitances / corruption de mineurs a été connue, la mère de Franck Lavier avait déclaré : "Moi je demande que la justice soit faite et qu'ils aillent en prison pour le mal qu'ils ont fait à mes petits enfants". Après le jugement elle a dit être "déçue" de cette "peine bien légère au regard des preuves et du résultat des examens médicaux". Elle avait même ajouté que "Depuis l'affaire d'Outreau, Sandrine et Franck sont de toutes façons protégés"
[3] En première instance les deux filles ainées du couple ont été reconnues victimes mais l’une s’est rétractée après avoir repris contact avec ses parents.
[4] En novembre 2021, pourtant, il était bien question, après moult tergiversations, de l’envoyer aux assises.
Note de lecture : L'internationale nazie d'Ariane Bilheran
C'est un des sujets dont on a beaucoup parlé ici : le recyclage des nazis dans les structures d'après-guerre. Ariane Bilheran y consacre un essai: "L'internationale nazie", qui présente la situation de manière à la fois synthétique et pédagogique.
Un petit pavé dans la mare : c'est ainsi qu'on pourrait qualifier ce livre d'une centaine de pages à peine. Pour ceux qui suivent ce blog, il confirme la logique derrière la permanence dans les structures de pouvoir d'une idéologie fasciste, eugéniste, qui s'est incarnée dans le nazisme comme elle semble s'incarner dans le covidisme, par exemple, ou dans le soutien aux néo-nazis dans la guerre en Ukraine, pour ne prendre que des exemples récents.
En Amérique latine non plus, tout cela n'est pas un scoop tant les populations ont subi et subissent encore cette caste bourgeoise fascisante européenne arrivée en masse dès 1944.
Mais pour la communauté "intellectuelle" en France, ce n'est pas un scoop: c'est inaudible. Si en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, des historiens et journalistes ont pu expliquer dans une certaine mesure en quoi les nazis n'avaient pas du tout été terrassés mais bien réintégrés dans les nouvelles structures, en France il s'agit d'un tabou absolu.
Dans "L'internationale nazie", Ariane Bilheran souligne la persistance des banquiers et industriels nazis, l'utilisation du trésor de guerre placé notamment en Suisse pour financer de nouvelles entreprises transnationales.
Davos est une des structures qui permettent à l'idéologie eugéniste -aujourd'hui teintée de transhumanisme, évidemment- de perdurer et se déployer sur le plan opérationnel. Davos, comme le Bilderberg il y a peu, sert à coordonner les mondes de la politique et du business derrière des objectifs qui, si l'on écoute le sbire de Schwab Yuval Noah Hariri, n'augurent rien de bon pour l'espèce humaine.
Ce "nouvel ordre mondial" invoqué par nos représentants soi-disant élus et par tant d'illuminés n'est rien d'autre que cette société supra nationale, pyramidale, destinée à créer le surhomme tout en écrasant les autres, considérés comme quantité négligeable.
Les eugénistes du XIXe siècle étaient des capitalistes. Logiquement, quand vint l'ère des nazis ces capitalistes ont financé les nazis. Et les mêmes ont créé l'Union Européenne, l'ONU et donc l'OMS, l'éducation sexuelle, le traçage des populations, la pharmacopée chimique et autres joyeusetés. Les mêmes nous parlent de démocratie et de libertés à coups d'ONG bidons tout en finançant les guerres, en truquant les élections, en préparant leur "nouvel ordre mondial".
Bref: un livre à faire circuler. Il est de salut public d'arrêter de se voiler la face sur cette histoire de nazis puisqu'ils sont là, ils appliquent leur programme et refuser de comprendre leur idéologie et leur histoire empêchera de trouver les bonnes solutions.