Sarko chanoine d'honneur du Vatican
Sarkoléon le tout petit sera au vatican jeudi, et recevra le titre -honorifique certes mais refusé par ses prédécesseurs- de "chanoine d'honneur" du Vatican. Il y a juste un problème: la France est toujours un pays laïque, même si Sarkoléon n'a pas encore compris ce concept...
Sarko, l'auteur (du moins il l'a signé) de La République, les religions, l'espérance, va taper la causette avec le très progressiste Benoît XVI, et compte lui rappeler son "attachement (...) à la question spirituelle", comme on avait pu le constater quand la rapporteuse l'ONU a sorti un rapport incendiaire sur le non respect des sectes et religions en France.
Le Vatican aussi aime bien Sarkoléon, comme l'a rappelé en mai le cardinal Tarcisio Bertone, se félicitant de "la position extraordinairement ouverte" du nabot national envers les religions. Effectivement, celui qui revient sur la loi de 1905 de séparation de l'Eglise et de l'Etat, cautionne les organisations islamiques et veut former les imams, reçoit un scientologue notoire dans les bureaux de l'Intérieur et nomme Christine Boutin l'égérie catholique intégriste, au Logement et à la Ville, est un des meilleurs atouts de l'Eglise catholique en France.
La laïcité n'a plus la côte au gouvernement (du moins ce qu'il en reste après 6 mois de Sarkoland). Alliot Marie, aujourd'hui à l'Intérieur, a bien enfoncé le clou elle aussi en juillet, à la conférence des Evêques de France. Pour elle, "Dans un monde qui a vu s'effondrer la plupart des repères idéologiques et moraux, les religions ont plus que jamais vocation à éclairer la société, qu'elle soit civile ou politique. Je remercie l'Eglise catholique de la contribution déterminante qu'elle apporte à ce débat" .
Sarko, qui est capable d'écrire que «Le droit de croire et de pratiquer une religion est aussi important que le droit de manifester», ne semble pas effrayé devant l'horrible contradiction suivante: un président français (le seul pays laïque au monde avec la Turquie) reçoit et accepte un titre honorifique du Vatican. Mais pourquoi se prendre la tête? Il suffit de redéfinir la laïcité, quitte à trahir le sens du texte de 1905, repris dans la constitution de 1958. Pour sarkoléon, "dans la laïcité à la française, le droit de croire et de pratiquer une religion est aussi important que le droit de manifester, de protester, de s'exprimer". Ainsi, la laïcité pour lui «garantit le droit de vivre sa religion comme un droit fondamental de la personne... C'est la garantie pour chacun de pouvoir croire et vivre sa foi». Il oublie juste un détail: la laïcité empêche de manifester publiquement sa dévotion à une religion, et les sectes sont interdites également. Le grand enjeu actuellement pour des sectes de type Témoins de Jéovah ou Scientologues, c'est de parvenir à se faire reconnaitre comme des courants philosphiques et/ou culturels (et bénéficier d'avantages fiscaux), et de manifester publiquement leur foi, ou leur "conviction" (ça passe mieux de dire "conviction"). Sarkoléon met donc les deux pieds dans le plat, en parfaite connaissance de cause, c'est ça la "rupture".
Sarko-la-Rupture, pour qui "la religion c'est la vie" et "la place de la religion dans la France de ce début de troisième millénaire est centrale", récidive à l'ONU (qui en ce moment s'agite ferme pour les Religions et veut en faire un instrument de coopération pour la paix dans le monde) en septembre, reprenant exactement les arguments de cette même ONU en faveur du respect des religions: "Je veux dire au nom de la France, qu’il n’y aura pas de paix dans le monde sans le respect de la diversité, sans le respect des identités nationales, sans le respect - j’ose le mot - des religions et des croyances ; sans le respect des cultures ; l’attachement à sa foi ; à son identité ; à sa langue ; à sa Culture. A une façon de vivre, de penser, de croire."
En faisant doucement glisser la laïcité vers l'acceptation des manifestations religieuses sur la voie publique et en impliquant l'Etat dans la gestion des religions, Sarloéon le tout petit est en accord avec son bouquin, dans lequel il explique que "Les hommes politiques, notamment ne doivent pas parler seulement d’économie, de social, d’environnement, de sécurité. Nous devons aussi aborder les questions spirituelles". Puis le futur présient tombe dans un mysticisme incompréhensible pour tout bon laïc: pour lui " la question religieuse est une question consubstantielle à l’homme, y compris à l’homme qui ne croit pas. C’est son choix d’espérer ou de ne pas espérer, mais c’est peut-être simplement une forme de salut que d’en parler… ". Où l'on est heureux d'apprendre que même nous, laïcs voire athées, la religion est une question consubstantielle à nous même. Etre athée, pour Sarko, ce n'est donc pas laisser de coté la question religieuse, au contraire. Tout comme être président d'un pays laïc ne revient certainement pas à confiner les relgions dans la sphère privée, au contraire pour lui ça veut dire mettre les relgions -et les sectes- sur la place publique, si possible en les légitimant. Et cela, malgré l'histoire française, qui a amené les républicains à se méfier comme de la peste des curés et autres défenseurs de l'Eglise et de valeurs obsolètes.