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5 janvier 2008

Bref état des lieux des inégalités en France

La France est heureuse: elle a élu "le Président du pouvoir d'achat", dixit Sarkoléon himself. Lui qui a participé aux anciens gouvernements, et est même passé par le Budget et l'Economie, persévère dans les politiques qui ont contribué à exclure toute une partie de la population de notre société. Autrefois on parlait du quart monde, maintenant on a même les "travailleurs pauvres". La redistribution selon Sarko: prendre aux pauvres pour donner aux riches... Rapide état des lieux.



Le seuil de pauvreté:


C'est le revenu en-dessous duquel on est considéré comme pauvre. En France, contrairement au reste de01besa11afilm02 l'Europe, ledit seuil correspond à 50% du revenu médian des français (quand 50% de la population gagne plus, et 50% gagne moins), et pas 60%. En 2005 il fallait donc gagner moins de 681 €. Au-dessus, on n'est plus pauvre.

Pour l'Europe, on doit calculer la pauvreté par rapport à 60% du revenu médian, ce qui fait 817€. Tout ça c'est pour une personne seule. Un couple avec enfants est considéré comme pauvre sous la barre de 1703€ (calcul sur les 50%), ou 2043€ (sur base de 60%).
Un fait marquant dans tout cela est l'importance du nombre de personnes qui deviennent pauvres si l'on calcule à 60% du revenu médian, et qui n'y sont pas si l'on compte par rapport à 50%. D'où l'intérêt de compter sur 50%... Car, si 3,7 millions de personnes sont sous le seuil de pauvreté calculé à partir des 50% (soit 6,4% de la population), ils deviennent 7, 13 millions avec le calcul sur les 60% (= 12,3% de la population).

Comme le souligne l'Observatoire des Inégalités, il y a un  très long délai avant de connaître la situation de la France quant à la pauvreté, puisqu'il faut 2 ans. Ca ne facilite donc pas l'évaluation des politiques mises en place (de plus en plus frénétiquement).

Inégalités en France

Il y a différents types d'inégalités. Economiques, sociales, culturelles. Là où ça cloche, c'est quand la même population cumule les différents types de pauvreté. On arrive alors à avoir des franges entières de la population qui sont exclues du monde du travail, exclues du système de soins (et le développement du tiers payant et des franchises n'arrangera rien), exclues des réseaux sociaux, exclues d'un logement décent (les plus pauvres payent le mètre carré + cher que les riches en location et sont exclus de la propriété), exclues du système éducatif (puisqu'il n'est plus à même de retenir les elèves les plus en difficulté et qu'au final il renforce les inégalités), exclues de l'accès à la justice. On a donc une reproduction sociale imparable, comme un cercle vicieux.

Car, celui qui n'a pas d'argent se nourrit moins bien, se loge moins bien, se chauffe moins, se soigne moins bien, se forme moins bien. Et pareil pour ses enfants. C'est d'ailleurs pour cela que l'obésité touche surtout les couches les plus pauvres de la population. L'age du décès est également plus précoce dans cette catégorie de la population, et la pénibilité du travail ajoute encore à ces inégalités. Quoi qu'il en soit, il n'est plus rare aujourd'hui de voir trois générations de la même famille assises à la même table aux Restos du Coeur. Et 4,7 millions de personnes bénéficient de la CMU en France, mais pour cela il faut avoir des revenus inférieurs à 587 € par mois, ce qui est très peu. Par ailleurs, 15% des bénéficiaires de la CMu affirment qu'un médecin a refusé de les revoir ou de les reçevoir car ils étaient sous le régime de la CMU.

200343_HIP_151551Le chômage en général augmente, le chômage de longue durée aussi. Et le nombre d'allocataires de minima sociaux, aussi. Selon le rapport 2006 de l'Observatoire National de la Pauvreté et de l'Exclusion Sociale (ONPES) en 2003, il y avait 998 000 personnes au RMI, 1 083 000 en 2004 (ça fait 8,5 % d'augmentation), et en novembre 2007 nous en étions à 1 194 000 environ (malgré une baisse à la rentré, que je soupçonne avoir été imposée et favorisée par les difficultés pour remplir un dossier à la rentrée). A noter: le RMI s'élève à 440€ pour une personne seule. En tout environ 3,2 millions de personnes, en France métropolitaine, vivent de minima sociaux.

Face à la pauvreté, il y a encore des inégalités. Les diplômés (au moins un bac) sont beaucoup moins nombreux à être sous le seuil de pauvreté: 5% contre 23% chez les non "diplômés". On note au passage que 30% des agriculteurs sont considérés comme pauvres, 2ème catégorie après les chômeurs. Viennent ensuite 20% des ouvriers non qualifiés. Et aussi, quand même, 1% des cadres.

Plus d' un enfant sur quatre vivrait sous le seuil de pauvreté en France s'il n'y avait pas les transferts sociaux. Actuellement, 7,5% des enfants français, soit 1 million, sont dans des familles pauvres.

Selon les uns, les inégalités diminuent, selon les autres elles augmentent (même si parfois c'est dit avec moult euphémismes). Ce n'est qu'une question de calculs, et de savoir ce qu'on prend en considération. Savoir aussi de quel type d'inégalité on parle. Selon le BIP, lesdites inégalités ont été les plus fortes depuis 20 ans en 2004 (nous n'avons pas encore les données 2007).

Ainsi, depuis 1998 les revenus des 10% des ménages les plus riches ont augmenté de 32%, alors que les revenus des 90 autres % n'augmentaient que de 4,6%. Mais ce n'est encore qu'un exemple...

Ce qui est en train de se passer...

01besa39film14En France , les inégalités de revenus sont très fortes si on compare aux autres pays européens. Mais en principe, les impôts et les services publics ont un fort effet redistributif, c'est-à-dire qu'ils atténuent ces inégalités. On appelle aussi ça les transferts sociaux.
Or, que se passe t-il depuis longtemps déjà mais qui s'accélère? On diminue les impôts tout en diminuant les dépenses sociales de l'Etat, et on vend les services publics au privé. Par conséquent on doit bien, aussi, baisser les différentes allocations et augmenter les taxes payées par le plus grand nombre. Sinon, de cadeaux fiscaux il n'y aura point.

L'ONPES écrit dans son rapport de 2006 qu'  "À l’effet peu favorable de la conjoncture économique sur le Rmi s’est ajoutée la réforme de l’assurance chômage décidée fin 2002. En application début 2003 pour toutes les personnes entrées au chômage à compter de cette date, elle s’est traduite par un durcissement des conditions d’accès au régime d’assurance chômage et par un raccourcissement des durées d’indemnisation dans les différentes filières.

En 2004, le nombre de demandeurs d’emploi non indemnisés a augmenté de 9,0 % (ensemble des catégories de demandeurs d’emploi en fin de mois : 1 à 3, 6 à 8 et dispensés de recherche d’emploi), et le taux de couverture par l’indemnisation a diminué de plus de deux points. En 2005, le nombre de demandeurs d’emploi non indemnisés continue de progresser, ce qui peut expliquer la poursuite de la hausse du nombre d’allocataires du Rmi malgré l’amélioration de la conjoncture sur le marché du travail.

La réforme de l’assurance chômage a ainsi contribué à un basculement plus fréquent ou plus précoce de demandeurs d’emploi vers le Rmi."

Et quand bien même, tant qu'on ne crée pas d'emplois, on peut toujours voir baisser le nombre de chômeurs et de RMistes, mais ce ne sera qu'un effet d'optique. Ou du recalculage, comme d'habitude.

Depuis 1998, les emplois aidés destinés aux populations non qualifiées et sorties du marché du travail depuis longtemps, n'ont cessé de diminuer malgré leur efficacité. Pourquoi fait-on cela? Pour remplacer ce types de contrats par ce que très hypocritement nos responsables politiques appellent "l'incitation financière au retour à l'emploi". On diminue les allocations, par conséquent même un emploi à mi temps au smic devient intéressant. Et ça fait des économies pour l'Etat.

Ainsi, l' "incitation" remplace la redistribution, alors que dans le même temps les revenus les plus faibles augmentent beaucoup moins que l'inflation. Car bien sûr, il faut absolument éviter une hausse des salaires, surtout les plus faibles. C'est un des grands principes néo libéraux. D'ailleurs, le nombre d'allocataires de minima a quand même augmenté malgré les politiques d' "incitation financière" à le reprise à d'emploi.

De toutes manières ce principe est stupide puisque diverses études ont montré que les chômeurs cherchent aussi activement un emploi quand ils ont une allocation que quand ils n'en ont pas. Et quand ils retrouvent un travail, c'est souvent précaire, aidé et mal payé.

Le mécanisme est simple: on diminue ou on maintient trop basses les ressources d'un service public comme la Sécurité200343_FBE_14146 sociale, phénomène à  mettre en parallèle avec l'intense lobbying à Bruxelles des assureurs et autres mutuelles pour privatiser la totalité du système de santé (mais ca peut être la Poste, la fac, l'hôpital, les autoroutes, EDF et GDF, la SNCF... il y avait encore de quoi faire il y a quelques années). A ce sujet, notons qu'en 2003 la Cour des Comptes a épinglé l'Etat pour avoir détourné plus de 13 milliards d'euros des caisses de la Sécu, dont presque 8 milliards issus des taxes sur les clopes qui devaient aller à la Sécu, 3,3 Md € des taxes sur l'alcool ou encore 2,5 Md de la taxe sur les industries polluantes qui devaient aller aux maladies professionnelles. Accessoirement, 13 milliards d'euros c'est le déficit de la Sécu...

Donc, on se retrouve avec un déficit en l'occurence "abyssal". Alors les libéraux (OCDE, OMC, Europe, UMP et autres) disent qu'il faut augmenter les contributions payées par tout le monde (on ne va quand même pas faire payer les riches), et à la fin du processus on nous dit qu'en libéralisant tout ira mieux.

Le problème est que ce processus vaut aussi pour l'éducation, pour les retraites, pour l'énergie... Les plus pauvres n'ont alors plus accès à ces systèmes, et de plus en plus de gens théoriquement de la classe moyenne voient leur accès restreint. Pendant ce temps là, des lois comme celles du fameux bouclier fiscal continuent d'enrichir les plus riches. Et la loi sur le pouvoir d'achat ne changera rien au processus, bien au contraire.

De plus, certains paradoxes apparaîssent: le PIB continue d'augmenter mais le niveau de vie de différentes catégories de la population ne cesse de se dégrader (eh oui c'était possible). Et aujourd'hui, après 8 mois de Sarkoland l'Etat a perdu toute marge de maneouvre. La conjoncture économique est très mauvaise, et comme d'habitude les adeptes du libéralisme vont en profiter pour prôner à nouveau des mesures d'austérité (qui ne concerneront pas les plus riches ni les multinationales, cela va de soi).

Même si l'exemple des Etats Unis est paroxystique, il révèle que les revenus des 10% des plus riches sont passés de 30,5% du revenu national en 1979, à 36,4 %  en 2002. Autrement dit, ils captent une plus grande part des ressources nationales sans être plus nombreux. Après impôts, l'écart est à peu près le même puisqu'ils sont passés de 27,6 % à 33,1 % du revenu national dans le même temps.
En France aussi on a un phénomène des "travailleurs pauvres" (phénomène flou s'il en est du poiint de vue des statistiques, mais qui parle à toute la classe moyenne), 1, 3 million de personnes , pendant que Bernard Arnault le PDG de LVMH (et pote de Sarko) encaissait en un an 27 000 années de smic net uniquement en dividendes (donc pas son salaire).

Critique des mesures

On critique  à la fois les mesures, mais aussi la manière dont sont faits les calculs et le type même des éléments pris en considération, qui faussent parfois dès l'origine les chiffres qu'on nous donne. En France, pour donner un exemple, on ne prend pas en compte l'immobilier, l'essence et les cigarettes dans le calcul du pouvoir d'achat. D'où sa -très- relative stabilité.

200343_LXT_143326Le PIB est critiqué parce qu'il ne tient pas compte d'un grand nombre de facteurs. Par exemple, la notion de PIB par habitant (le PIB divisé par le nombre d'habitants) ne révèle absolument pas l'ampleur des inégalités à l'intérieur d'un même pays. De plus, on a vu des pays dans lesquels le PIB a augmenté mais les ressources diminuaient.
Même l'Institut de l'Entreprise, think tank ultra libéral, a ses petites critiques du système. Mais pas dans l'objectif d'améliorer la situation des plus pauvres, évidemment.

Autre exemple: dans les pays anglo saxons on calcule la pauvreté à partir d'un panier de consommation. C'est-à-dire qu'on considère que quelqu'un est pauvre quand il ne peut s'offrir des biens de consommation de base. Ce type de calcul ne tient donc pas compte de la hausse de l'immobilier, du prix des études, ou des transports, par exemple. Ou on ajoute dans ce panier du matériel HI FI, seul cas de biens de consommation dont les prix baissent (puisque d'une année sur l'autre, pour le même prix on aura un matériel plus perfectionné, on considère que les prix baissent).

Il serait donc temps de trouver une panoplie d'indices permettant d'évaluer la totalité des aspects de la pauvreté.


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