Encore
une fois, l’Europe et ses technocrates prouvent à quelle point ils respectent
les valeurs démocratiques qu’ils disent prôner en Iran ou en Irak. Encore une
fois, on ne compte pas « s’arrêter » juste parce qu’un peuple a
refusé d’entériner les derniers délires de Bruxelles. On a l’habitude, mais
quand même…
A lire la publicité de la Commission sur ce traité, on se croirait dans un cours de marketing moderne: on retrouve les fameux "défis", mais aussi des "méthodes de travail optimisées", etc. Enfin bref, la langue de bois qu'on connaît si bien depuis plus de 60 ans, et qui hélas pour les fans de l'Euope libérale, nous endort de moins en moins.
Les
Irlandais ont donc dit « NO » à 53% au traité de Lisbonne, alias
« Constitution Européenne ». Pour Sarko, ce n’est qu’un « incident »,
d’ailleurs on ne va pas stopper le processus de ratification juste parce qu’un
peuple a voté contre. Pour Jean Pierre Jouyet, son secrétaire d’Etat au
Affaires européennes, pseudo transfuge de gauche présent au Bilderberg
le 7 et le 8 juin, eh bien « il n’y a pas
d’autre solution » (on retrouve la le fameux TINA : there’s no
alternative…) que de les faire revoter
pour qu’ils votent oui.
Cette
année, au Bilderberg, Jouyet est venu
avec Manuel Valls, Christine Ockrent, François Pérol, Nicolas Baverez, Henri
de Castries, Bertand Collomb, Jean Claude Trichet, Thierry de Montbrial (de
grands habitués), Bassma
Kodmani, Hubert Védrine, Christophe de Margerie (Total), ainsi que les
huiles traditionnelles comme Rockefeller, Davignon, Richard Perle, Henri
Kissinger, Paul Wolfowitz, Robert Zoellick, James Wolfensohn, Bernabé, Joshka
Fisher (ex ministre allemand des Affaires étrangères, très actif pour
l’indépendance du Kosovo), Jaap de Hoop Scheffer (secrétaire général de l’OTAN)
et tant d’autres.
Mais
revenons à ce traité. Les Irlandais ont eu droit au même déploiement
propagandesque que nous à l’époque où on nous demandait encore notre avis. Pas
de plan B, la catastrophe, la paix dans le monde etc.
Aujourd’hui,
on sait qu’il y aura de sombres tractations, des négociations pour que ce
traité passe, quoi qu’il advienne. Quitte à renégocier un ou deux articles
dudit texte. Et puis, puisqu’ils n’ont « pas compris » (eh oui c’est
forcément pour ça qu’ils ont dit « non »,
comme nous d’ailleurs, pauvres peuples ignares), eh bien on va leur expliquer
les bienfaits
de l’Europe pendant un an ou deux, sur toutes les chaînes, dans tous les
médias, dans la bouche de tous les partis politiques. En plus, la dernière fois
ça avait marché, on leur a refourgué le même texte 2 ans après ! (c’était
le traité de
Nice, rejeté en 2001 par plus de 53% des électeurs, qu’on leur a fait
accepter en
2003… C’est marrant, aujourd’hui, ceux-là même qui nous ont vendu ce texte
nous disent –et une fois n’est pas coutume,c’est vrai- que le
traité de Nice n’est vraiment
pas la panacée, alors on doit dire amen à Lisbonne, n’est-ce pas)
Comme un seul homme, nos élites nationales et européennes sont d’accord sur le fait qu’il faut absolument s’asseoir sur le vote des irlandais, comme ils ont pris l’habitude de le faire depuis quelques années. Et, on sait bien que quand ils sont tous d’accord, c’est toujours dans notre intérêt !
Et puis, y'a un plan B ou pas? Selon Jouyet et ses acolytes, c'est clair: y'en a pas. Mais peut-être que si... Soyons lucides, si l'Europe continue comme elle est partie, le processus de "construction" risque d'être fort cahotique. Alors oui, il faut un plan B, qui soit finalement un grand tournant dans la politique européenne, qui mène à la démocratie, qui permette aux citoyens de vive décemment, qui propose des alternatives au lieu de nous enfoncer toujours plus dans le marasmse du libre marché et de cette fameuse "mondialisation" à laquelle il-n'y-a-pas-d'alternative.
De toute manière, la Commission continue son train train habituel, avec ses "sommets" où on parle économie et politique étrangère avec les Etats-Unis, et ses "rapports" pour aller encore plus loin dans "la mondialisation" et ses corollaires. Idem pour Sarko, dans son show avec son "ami" Bush... On est au manège enchanté, où quoi qu'il se passe le manège continue à tourner.