On se souvient tous des fameuses "émeutes" de novembre et décembre 2005, du battage médiatique et des paroles sécuritaires du Chef, entrecoupées d'insultes aussi constructives que la fois où il avait traité les jeunes des quartiers de "racailles". Eh oui, si on veut les voix du FN, il faut ce qu'il faut. Et un an après, ça a recommencé, comme un ballet bien orchestré...
Ca avait commencé comment, déjà? On avait eu les émeutes de 2005, et tout avait flambé, des nuits durant. Mais pas à Neuilly, hein. Non, l'essentiel des voitures a cramé dans les cités, là où il n'y a que les prolos. Et puis de nouveau en 2006, des bus incendiés -on se souvient tous de la jeune femme brûlée à Marseille. Et rebelote avec le discours sécuritaire, le brassage de vent, les médias, les lois, les vilains délinquants. (Depuis l'élection, c'est marrant, on se garde bien de nous donner les chiffres, mais passons).
Donc un an après, des bandes "d'hommes cagoulés" s'attaquent à "au moins deux, peut-être trois, voire plus" de bus, dans des villes différentes. Quelle coordination pour des bandes de "racailles". Dans un premier temps, ce sont donc des hommes cagoulés ET armés (parfois une dizaine, d'après une dépêche AFP aujourd'hui miraculeusement disparue du net mais reprise ici), selon les médias, mais aussi les renseignements allemands et anglais, qui s'en prennent à des bus desquels ils ont pris soin de faire descendre tout le monde en pleine heure de pointe. Ou bien qui embarquent le bus, ce qui demande quand-même de savoir les manier. Et puis s'évanouissent dans la nature. 6 bus en 2 jours y passent ainsi.
Diantre, mais ce n'est pas à de simples "racailles", mais à de véritables commandos urbains, que nos bus ont eu à faire! Le Figaro nous livre une explication fort pertinente: "Une source policière estime que l’incendie du bus de Nanterre pourrait être le signe de représailles, après la mise en examen de deux jeunes de 13 et 18 ans pour un incendie similaire à Grigny". Bon, il n'y a pas eu que celui de Nanterre, mais les médias ne se sont pas posé trop de questions quant au déroulement des faits. Car, tout est apparu spontanément, de manière très organisée, dans des quartiers que la RATP n'identifiait pas comme "difficiles", et "sans signes précurseurs".
D'ailleurs, Sarko s'est vite insurgé, réclamant des renforts policiers, évoquant même d'envoyer l'armée dans les cités. Ou bien de mettre les jeunes des cités dans l'armée... Tel un cow boy des bacs à sable, Sarko a dit : "J'ai décidé de mobiliser la totalité des forces mobiles dont nous disposons au service de la sécurité de ceux qui prennent les transports en commun". Sécuritaire, donc, et ferme reprise en main du Chef.
Dans un deuxième temps, ça devient vraiment le bordel, et on identifie des "groupes de jeunes" en capuche. C'est là qu'arrive le cas de Mama Galledou, la victime de Marseille. Et quelques interpellations (grâce aussi à une campagne appelant à la délation) de "récidivistes", ou non, toujours accompagnées du tapage habituel de Sarkoléon-le-tout-petit. Les interpellés étaient d'ailleurs fort opportunément mineurs dans le cas de Marseille, pile au moment où Sarko commençait à vraiment insister avec sa loi contre les mineurs délinquants, qu'il faut envoyer au trou. Ils ont pris cher, mais c'étaient des "racailles", normal, hein.
Plus sérieusement, un journaliste US très bien informé et qui là-bas a pignon sur rue,Wayne Madsen, a écrit avoir été informé par des types des services allemands et anglais que certains "agents provocateurs" ont été payés, via une caisse noire de l'Intérieur ( sous Sarkoléon donc) pour mettre le feu aux bus. Un journaliste allemand, Udi Ulfkotte, ne dit pas autre chose dans son livre " La guerre dans l’ombre ".
Alors, ça continue ou pas? Tout ça rappelle furieusement l'incendie du Reichstag, Pearl Harbor ou le 11 septembre, toutes proportions gardées. Et le plus marquant, c'est le silence des médias à ce sujet. Cette manière de zapper l'évènement dès qu'il est passé, de ne surtout pas approfondir, surtout, bien rester en surface.
Et pour les émeutes, qui ont commencé par des échauffourées avec les flics, suite à la mort -"accidentelle" ont dit certains- de deux gamins ayant pris la fuite devant des flics probablement menaçants, le tout dans une ambiance très lourde dans les quartiers? Les émeutes de 2005, elles auraient été faciles à créer, comme aux Etats Unis jadis: il aurait suffi de quelques injustices, un peu plus criantes que d'habitude, de quelque insulte lancée publiquement, devant l'opinion, comme le fameux "racailles", pour littéralement mettre 'le feu aux poudres'.
A quand la prochaine? Mais nous y sommes déjà. De Strasbourg à Lyon, en passant par Rennes, Paris, Lille, les échos sont les mêmes: dans les manifs, aujourd'hui, c'est bourré de RG et flics infiltrés. Ils ne sont pas là que pour taper sur les manifestants: ils sortent les brassards qu'il faut pour l'occasion, foutent le bordel et énervent les manifestants. Ca s'est toujours fait, désormais c'est systématique, et dans des proportions impressionnantes. Et puis, il y a aussi tous les flics autour des manifs, déguisés en Robocop comme si c'était carnaval.
Dans toutes les villes, les syndicalistes et autres militants disent qu'ils n'ont jamais vu autant de flics pour de simples manifs. Jamais autant de flics, sauf depuis 1 an surtout. Mais c'est depuis qu'ils est à l'Intérieur qu'on sent la pression monter, toujours un peu plus. J'ai déjà connu ça dans ma jeunesse, dans les manifs contre le FN par exemple: les flics énervaient les manifestants de gauche les plus excités, et les lacrymos partaient direct. Seulement à l'époque, ils étaient habillés en flics (seuls les types d'extrême droite se déguisaient), pas en manifestants-casseurs. Même si ça se fait partout, c'est de la pure technique d'agitprop à la soviétique.
Plein de questions viennent alors. On sait ce qui s'est produit par le passé, comment certains ont allumé le feu pour justifier des pleins pouvoirs, une politique ultra sécuritaire et tout ce qui s'en est suivi. Aujourd'hui, la donne a t-elle changé?