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5 octobre 2008

Crise: qui profite, qui paie?

Comme lors de chaque crise, le désastre profite à quelques uns pendant que les contribuables doivent éponger les dettes. Ce sont toujours les mêmes qui tirent bénéfice de ces crises, d'ailleurs: les plus grosses banques, celles qui ont survécu aux crises successives et qui aujourd'hui rachètent les concurrents à bas prix.

Aujourd'hui, scandale: on soupçonne la banque JP Morgan d'avoir précipité par le fond la banque Lehman Brothers. subprimeaDepuis quelques mois, le FBI enquête sur certaines faillites jugées un peu rapides. 26 entreprises US de Wall Street sont donc passées au crible, à l'instar de Fannie Mae, Freddie Mac, Lehman Brothers et AIG,ces banques qui, à cause de leur faillite, ont entraîné le fameux plan de 700 milliards de dollars pour racheter les actions les plus pourries de ces "grandes" banques d'affaires. Que recherche t-on? Des fraudes, pardi. Des dissimulations comptables, des comptes off shore, les mics-macs habituels en somme.
La Securities and Exchange Commission (censée surveiller la bourse US)
se demande par exemple si certains fonds spéculatifs n'auraient pas manipulé à la baisse le cours des "credit default swaps" (des actions portant sur des sortes d'assurances sur les crédits hypthécaires, que l' "acheteur" n'est pas obligé de payer intégralement, mais sur lesquels il peut toucher des bénéfices quand même!), notemment les actions de banques comme Lehman Brothers, Merryl Lynch, Morgan Stanley ou l'assureur AIG.

On se demande aussi, par exemple, si JP Morgan n'aurait pas gelé 17 milliards de dollars de liquidités appartenant à Lehman Brothers, qui a -forcément- coulé deux jours plus tard. C'est du moins ce que mentionnent des documents remis au tribunal des faillites par les plus gros créanciers de Lehman, qui accusent JP Morgan d'avoir coulé Lehman.
Le Sunday Times, qui a sorti l'info, considère que la chute de Lehman a été la conséquence la plus importante de la crise financière, et qu'elle a engendré des "effets inattendus" car la plupart des grandes entreprises de Wall Street ainsi que les poids lourds de la finance mondiale sont d'importants créditeurs de Lehman. Par effet de dominos, beaucoup de banques ont ensuite été davantage fragilisées.

Noton au passage que JP Morgan avait déjà racheté en mars Bear Stearns (ex 5ème banque d'investissement US), pour un montant dérisoire: 236 millions de dollars
et l'équivalent de 2 dollars paraction , alors que le dernier cours connu était à 30 dollars. Elle récemment racheté Washington Mutuals (première caisse d'épargne US) pour 1,9 milliard de dollars...

BNP Paribas aussi surfe sur la vague, en venant de s'offrir les activités belges et luxembourgeoises de Fortis pour 14,5 milliards d'euros. Comme ça, BNP devient rien moins que la première banque de dépôt de la zone euro!

A côté de cela, d'autres alignent les euros (ou les dollars), puisqu'une partie des banques (celles dont les comptes sont les plus plombés) ont été simplement nationalisées, en vertu du vieil adage libéral: privatisons les profits, nationalisons les pertes! La Northern Bank anglaise, par exemple, qui a refourgué ses actions pourries aux contribuables, ce qui a occasionné la première nationalisation en Angleterre depuis l'ère Thatcher. Evidemment: ceux qui voulaient reprendre, comme Virgin, ne proposaient pas assez! Les banques belges Fortis et Dexia ont failli y passer complètement. Mais déjà, Dexia n'est sauvée que grâce à l'apport de 3 milliards d'euros par les contribuables français, 2 milliards de la Caisse des dépôts et consignations et encore d'autres milliards des contribuables belges. Et encore, si les clients de Dexia continuent à retirer leurs économies (ils ont retiré 100 millions d'euros en une semaine, mais chut!), la banque risque de n'être pas sortie d'affaire avant un moment.

sub_prime_mortgages_2Même scénario pour Fennie Mae et Freddie Mac, qui devaient (en principe) garantir à elles deux plus de la moitié des prêts hypothécaires américains, soit autour de 5.000 milliards de dollars. Autrement dit, pour assurer les créances douteuses de ces banques, il faudrait aligner quelques centaines de milliards. Surtout qu'à l'heure actuelle, 9% des propriétaires endettés n'arrivent plus à rembourser leur emprunt. Alors ce sont les américains qui vont payer, pour environ 100 milliards de dollars par banque, et qui devront éponger les 1000 et quelque milliards de dettes desdites banques.

Pendant ce temps, des pays comme l'Angleterre, ont déjà plafonné l'épargne garantie en cas de faillite d'une banque. Ainsi, celui qui a épargné dans une banque en faillite pourra récupérer au maximum 50.000€ (au lieu de 35.000€ il y a encore une semaine), et les Etats Unis débloquent royalement 700 milliards de dollars pour renflouer les caisses de banques qui avaient juste beaucoup déliré avec leurs actions pourries.

Et c'est fort probablement à perte, car si on veut assainir le marché, comme ils disent, il faudra liquider les actions pourries que l'Etat a achetées. Ou alors, l'Etat essaie de les revendre et on continue à faire circuler desdites actions pourries sur les marchés, avec les conséquences qu'on connaît.

La crise, donc, comme chaque fois, va engendrer davantage de concentration dans le monde de la finance et de la grande banque. Les plus gros mangeront les plus petits, même si à la fin on retrouve le système économique mondial entre les mains de quelques banques quasi monopolistiques, avec les conséquences habituelles sur la régulation. Car, il s'agira alors d'autorégulation bien plus que de régulation, n'est-ce-pas...



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