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12 novembre 2008

"Anarcho-autonomes": un épouvantail de plus?


L'expression est apparue pour la première fois dans Le Figaro, durant la semaine qui a suivi l'élection de Sarko et où de nombreuses villes françaises ont connu des émeutes anti-Sarko. Le quotidien de Serge Dassaut disait alors que des groupes de jeunes "anarcho-autonomes" organisaient ces émeutes. Et que c'étaient les mêmes qui faisaient des manifestations (notamment anti CPE) dans des facs comme Rennes 2 par exemple. Aujourd'hui, les mêmes sont accusés de saboter les lignes de la SNCF...


Outre le fait que l'épisode des sabotages de la SNCF tombe extrêmement bien pour détourner l'attention des vrais arton592problèmes, comme le krach et la crise économique qui en découle ou bien la grève des cheminots, il est légitime de se demander où on veut en venir avec cette histoire.
En mai 2007, donc,le Figaro dénonçait "l'extrême gauche radicale", indiquant qu'elle était impliquée dans des évènements comme les manifs anti CPE ou "les évènements de la gare du Nord" [1]. Qui n'ont pourtant strictement rien à voir.
A l'époque, on pouvait se demander à quoi rimait l'expression d'"anarcho-autonomes", surtout pour désigner des groupes disparates et absolument pas coordonnés, qui avaient pour seul point commun de s'opposer avec plus ou moins de virulence aux derniers délires de nos gouvernants. Ou même de s'opposer au gouvernant en chef, crime de lèse majesté s'il en est dans notre République bananière.

Quoi qu'il en soit, lesdits "anarcho autonomes" sont "très violents", c'est bien la seule chose que répètent à l'envie MAM et ses copains dans les médias.

Depuis l'élection de Sarko, on a eu droit au fichier Edvige, transformé en EDVIRSP, à Christina etc. Autant de fichiers ayant pour but de fliquer absolument tous ceux qui pourraient troubler l'ordre public, homos et syndicalistes compris. Et c'est justement grâce à ce flicage que les flics ont pu tomber sur une dizaine de types de 25 à 35 ans qui vivaient tranquillement dans leur coin, mais avaient le tort de se mêler d'altermondialisme. Car, d'après le Figaro, c'est parce qu'ils ont été repérés par les RG dans des manifs altermondialistes qu'ils ont ensuite été pistés de près par les mêms RG. Vive les fichiers centralisés, donc!

Voilà qui légitimera sans problème le flicage généralisé de tout individu impliqué socialement, politiquement, civiquement ou autre. Car évidemment il s'agit de terroristes potentiels.

Aujourd'hui, les "anarcho-autonomes" s'attaquent donc aux lignes SNCF. Bon, les flics ne savent pas comment ils s'y sont pris avec le matériel qui a été retrouvé suite à une enquête éclair. Mais après 96 heures de garde à vue sans avocat avant la 72ème heure (eh oui avec les lois anti terroristes d'après le 11 septembre, c'est désormais possible), ce détail  sera certainement réglé.

Il est amusant de comparer la description des terroristes présumés par le Figaro et par exemple 20 minutes. Le Figaro parle donc de gens "appartenant à l'ultragauche, mouvance anarcho-autonome (...) en totale rupture de ban avec la société, [qui] vivaient en communauté. Leur vie autarcique, qui n'avait aucune connotation sectaire, garantissait leur clandestinité», précise un policier. Embarqués dans un mode de vie altermondialiste, vivotant pour certains du négoce de produits agricoles, fuyant le regard des rares riverains qui les entouraient, ces apprentis terroristes de la gauche ultra présentaient un profil bien particulier. Âgés de 25 à 35 ans pour le plus âgé, ces nihilistes considérés comme «potentiellement très violents» étaient articulés autour d'un petit «noyau dur» d'activistes déjà fichés pour divers actes de violences et de dégradation".
Pire que tout "aucun d'entre eux ne travaillait", nous dit-on, après avoir expliqué qu'ils cultivaient des légumes. mais ce n'est probablement pas un "travail" pour Le Figaro...

rue_des__meutesDeux d'entre eux auraient en plus participé à une manif devant un centre de recrutement de l'armée aux Etats Unis, et ensemble ils avaient participé aux manifestations lycéennes de 2007. On notera au passage que nos terroristes ont  fini le lycée depuis longtemps vu leur âge. Et pour avoir fait des manifs lycéennes, je sais que les étudiants font leurs manifs de leur coté, les lycéens du leur. Passons.

Du côté de 20 minutes, on brosse un portrait moins noir, évoquant des voisins "surpris" de ces arrestations, qui percevaient ces jeunes gens comme étant "très gentils et polis", qui avaient redonné vie au village.

Les flics du SDAT (Sous Direction Anti Terroriste) se demandent déjà si le groupe n'est pas lié à l'extrême gauche radicale allemande (le Fraction Armée Rouge, elle aussi noyautée par les renseignements allemands à l'époque, à l'instar de la Gauche Prolétarienne en France?), extrême gauche qui a tendance à attaquer les convois nucléaires...

Le décor était planté depuis l'accession au trône de Sarkoléon. Les lois liberticides, le flicage, la propagande, le repli  fascisant progressif, étaient déjà en place.  Aujourd'hui, le spectacle commence (Sarko n'a t-il pas demandé "la plus extrême sévérité" contre les terroristes présumés?)
Car, étrangement, en cette période dérive fasciste et de crise économique, à l'heure où les inégalités criantes deviennent insupportables, où le monde s'embrase doucement un peu partout, il n'y a rien de mieux qu'un ennemi intérieur pour rallier tout le monde derrière le Chef. Criminalisons les faucheurs d'OGM, les saboteurs de lignes SNCF, et même tous les "anarcho autonomes" et autres gauchistes et écolos, il est évident qu'ensuite la paix reviendra dans le pays!

Mettons en parallèle le cirque médiatique autour de ce groupuscule, avec les évolutions récentes des fichiers RG et desarkoland police. On remarque que les informations, de plus en plus précises (allant même jusqu'aux pratiques sexuelles), portent sur de plus en plus de monde. Mais est-ce que l'extrême droite ou le crime organisé, ou en col blanc, ont été pointés du doigt par un seul de ces fichiers? Certes non. Le but n'est pas de cibler les dangers réels, mais de fliquer au plus près tous ceux qui pourraient remettre en cause l'Ordre établi et la parole du Chef.

Au vu de ce qui s'est fait dans le passé, ledit groupuscule est très probablement manipulé de près ou de loin par la DST ou autre. Il serait très étonnant que les flics soient tombés sur ces gens aussi vite sans les avoir déjà bien ciblés auparavant. Or, avant ils n'avaient commis aucun sabotage, à peine une manif un peu sportive de l'autre côté de l'Atlantique.  Pas de quoi fouetter un chat.

On a déjà vu la DST retourner le numéro deux de la Gauche Prolétarienne, ou la mafia italienne faire de faux attentats de gauchistes pour favoriser la propagande des chrétiens démocrates, au pouvoir pendant des années là-bas. Les exemples sont très nombreux, à tel point qu'ils est légitime de se demander si un seul groupe "terroriste" ayant défrayé la chronique était totalement indépendant des flics.

Ce genre de manipulations a plusieurs intérêts, dont le moindre n'est pas de détourner l'attention de l'opinion, pour éviter une  crise sociale. Les "anarcho autonomes", de plus, font un peu catharsis, cristallisant le ressentiment des foules contre un système complètement branlant. Ca permet aussi à Sarko de se faire mousser (pas moins de 150 flics pour les arrestations, comme il aime tellement le faire), et de montrer du doigt tout ce qui sort un peu du rang, qui conteste et qui le critique ouvertement. Agiter un tel épouvantail justifie la répression, le flicage généralisé, les lois d'exception qui deviennent banales, en un mot la dérive fasciste.


[1] "Une mouvance particulièrement active ces dernières semaines. Qualifiés « d'anarcho-autonomes » par les services de police, ces militants sont plusieurs centaines en France dont une cinquantaine en Ile-de-France où ils occupent une demi-douzaine de squats « politiques ». S'y ajoute plus d'un millier de sympathisants actifs dont 150 à 200 à Paris. Leurs lieux d'implantation (Toulouse, Rennes, Nantes, universités parisiennes de Nanterre, de Tolbiac ou de Saint-Denis...) correspondent souvent à des bastions du mouvement anti-CPE au cours duquel ils ont commencé à faire parler d'eux", Le Figaro du 8 juin 2007.

 

 

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