Nouveau coup d'Etat à Madagascar
Madagascar semble être de nouveau en pleine crise. Son histoire, faite de coups d'Etat militaires ou "aristocratiques", se répète. On m'a fait parvenir ces nouvelles hier de là-bas.
"Un coup d'Etat s'est produit ce matin à Tananarive. Cela faisait une dizaine de jours que la pression montait...tout ça vient de péter...
Le maire de Tana (élu de l'opposition-63% !!! en dec 2007) a lancé une série de manifs ces derniers jours afin de contester le régime en place. Il accuse les dérives tyranniques et l'enrichissment scandaleux du président (1er fortune du pays). Il a eu pour tendance au cours de ces 7 derniéres années de mélanger un petit trop ouvertement ses intérêts privés et sa mission de service public...
Bref, des émeutes se sont produites et des pillages ont eu lieu (radio/tv nationale, réseau hertzien HS, toutes les grandes surfaces pillées et brulées).
Au moment où je vous écris, le calme revient progressivement. Des coups de feu ont été entendus et des maisons ont brulé sur Analakely (axe central de la ville).
Je suis cloitré chez moi avec mes colocs et nous sommes plutot bien informés. Des négociations sont prévues demain entre les 2 opposants sous la tutelle des différents corps diplomatiques et des bailleurs de fonds. On parle d'un régime militaire transitoire..."
Voilà une partie des photos qui m'ont été envoyées. Elles datent de ce lundi, 26 janvier, sauf la première qui date de samedi 24.
Entrepôts Tyko Food
Radio nationale
Radio nationale
Apparamment, les émeutes ont fait 34 morts depuis lundi.
Sont opposés dans ce conflit le président Ravalomanana, et Rajoelina le maire d'Antananarivo qui dénonce la "dictature" que subit le pays et accuse Ravalomanana de gaspiller l'argent public. Des magasins ont été pillés dès lundi, et parmi eux les magasins Magro et les entrepôts Tyko Food qui appartiennent au Président, celui-là même qui avait promis à l'instar d'un certain N.S d' "enrichir les pauvres" -tout en s'en mettant plein les poches évidemment.
Les principaux médias du pays ont été pillés et/ou incendiés également, après le grand rassemblement dans la capitale de lundi, à l'appel de Rajoelina (qui aurait suspendu le mouvement hier).
Les médias, justement, semblent être l'étincelle qui a allumé le feu: en décembre, Ravalomanana a fermé la station de télévision Viva qui appartient au maire Rajoelina, après la diffusion de l'interview d'un ancien président exilé en France depuis 2002, Ratsiraka. Il avait été président pendant 25 ans, puis avait du partir jusqu'à Neuilly quand l'armée de Ravalomanana s'est pointée dans la capitale.
A l'époque il avait dit qu'il allait "revenir", si bien que le camp et les médias du président le suspectent aujourd'hui de pousser Rajoelina vers l'affrontement.
Affaire à suivre, comme toujours là-bas. A chaque coup d'Etat une partie de la bourgeoisie locale doit déguerpir pour laisser la place à l'autre camp. Comme un culbutto, le pouvoir là-bas oscille entre olgarques et oligarques, dans une surprenante constance. Le peuple? C'est quoi, ça?