Léger conflit d’intérêts
avec l’Epad… Je ne parle pas de la nomination du fils sarko à la tête de cet
organisme l’an passé. Non, cette fois il s’agit de magouilles destinées à
profiter au groupe américain Carlyle spécialisé dans l’investissement dans
l’armement, dont le demi-frère de sarkoléon, Olivier ou Pierre Olivier de son
prénom, dirige
l’un des fonds d’investissements. Un mélange des genres
comme on les aime, à l’UMP…
Bizarrement,
on n’en parle pas trop dans les médias. Mais, pas loin des beaux quartiers de Neuilly,
à Nanterre, ledit groupe a des vues sur 9.700 m² de terrain à côté du quartier
de la Défense, où il veut construire une grosse tour de bureaux. Juste
à côté d’une petite école, d’où le refus de ce projet par la mairie de Nanterre,
qui est de gauche. L’urbanisme intelligent contre la spéculation immobilière
Cependant,
il semble que l’Epad soit en train de pousser de manière à ce que la promesse de
vente du terrain en question soit signée d’ici quelques semaines1].
Et pour simplifier la procédure, on a décrété la fusion de l’Epad, qui est
l’établissement public censé gérer la Défense, et l’Epasa,
celui qui gère les 320 hectares du quartier Seine-Arche à Nanterre. Au final,
on créé l’EPADESA (pour Etablissement Public d’Aménagement de la Défense Seine
Arche). Du coup, ce sont 600 hectares répartis sur les communes de Puteaux,
Courbevoie, Nanterre et la Garennes-Colombe qui se retrouvent sous la coupe de
cet organisme dont 12 des 16 membres du conseil d’administration sont de l’UMP.
Mais, il faut dire que l’Etat en nomme déjà sept, et que l’EPADESA est chapeautée par le ministère en charge de l’urbanisme.
Grâce
à deux décrets dont la légalité semble douteuse au spécialiste du droit
Philippe Terneyre, 46% de la commune de Nanterre sera gérée en partie par l’EPADESA.
En
outre, l’EPAD s’étant fait remonter les bretelles par la cour des comptes dans
les années 90, on avait décidé en 1998 de nommer à sa présidence un haut
fonctionnaire. Il a effectivement remis la comptabilité à flot, mais en 2005,
sarko prend sa place et rebelote
avec les « anomalies »
dans les comptes. D’ailleurs, l’Epad est actuellement en grande difficulté
financière et a du mal à financer l’entretien de base du site. Alors pour faire
rentrer de l’argent, on veut des bureaux.
Dans
le coin, l’ambiance est en effet aux tours de bureaux, comme à Puteaux où deux tours de 194 et 287 mètres sont
en projet à la Défense pour 2015. A Nanterre, Carlyle –en collaboration avec
Bouygues- a l’intention de construire la tour de bureaux Air 2, de 220 m de
haut.
A
côté deux « tours jumelles » de 323 mètres de hauteur dénommées
Hermitage, sont lancées par un fonds d’investissement Russe qui s’appelle,
justement, Hermitage. A l’intérieur : appartements de standing, hôtel 5
étoiles et bureaux, construits à la place de 250 logements sociaux. Sarko et Poutine se sont congratulés de ce formidable projet en juin, il a
été approuvé par l’EPAD en juillet et la première pierre devrait être posée dès
2011. Bref, au total cinq grandes tours favorisant tout sauf la vie sociale2]
vont prendre place à la Défense dans les prochaines années. C’est le « Grand Paris » de sarkoléon, qui a pour lubie de
transformer la Défense en une « cité
financière d’envergure mondiale »3].
Et c’est un machin appelé Paris Europlace4]
qui est chargé de vendre ce concept à l’international sous prétexte que la France
aurait mieux aurait mieux résisté que les autres places boursières…
Le
groupe Carlyle, qui veut construire sa tour Air2 à côté de l’école de Nanterre,
a eu l’honneur d’accueillir les pires néoconservateurs US, comme Frank Carlucci
ou Georges Bush 1er. C’est un dénommé David
Rubinstein qui a cofondé
cette boite en 1987, pour « gérer » les grosses fortunes5]
en investissant dans les marchés les plus juteux. Aujourd’hui, Carlyle se vante
de gérer plus de 90 milliards de dollars. Rubenstein est de cette catégorie d’
« élite » qui sait mélanger les boulots dans le privé avec la
fonction publique. Avocat dans un grand cabinet d’affaires, il collabore avec
le président de la politique intérieure à la Maison Blanche, puis fonde
Carlyle. Il est membre du Council on Foreign Relations (CFR) et du « Center for Strategic
and International Studies ».
Carlyle
a été dirigé il y a quelques années par Frank Carlucci,
qui a poussé pour la guerre en Irak, en Afghanistan etc. et a été sous
directeur de la CIA sous Carter, conseiller sécurité puis secrétaire à la
Défense de Reagan. Il est accessoirement présent aux conseils de surveillance
ou d’administrations de nombreuses boîtes, comme la Rand Corporation, très
proche du pentagone, et est lui aussi membre du CFR. Le groupe Carlyle a en effet pour
habitude de recruter des « conseillers » aussi proches du pouvoir que
grassement rémunérés, tel que John Major, George Bush (le 1 et le 2, d’ailleurs),
Arthur Levitt ou James Baker.
Un
de ses coups en France a été de racheter
à l’Etat les locaux de l’imprimerie nationale pour 85 millions d’euros,
pour les revendre quatre ans plus tard 376,5 millions d’euros à …l’Etat.
Olivier
Sarkozy est le fils de Pal Sarkozy et de Christine de Ganay, qui s’est remariée
avec Frank G Wisner, ancien diplomate US, membre du Council on Foreign relations, du conseil d’administration de la
fondation Rockefeller et de la Rand Corporation, ex patron d’AIG puis d’Enron.
Olivier
est quant à lui un banquier US réputé, qui a travaillé notamment pour UBS
(chef des fusions acquisitions), ABN Amro, Wachovia ou Credit Suisse à Boston.
Quelques mois après que Sarkoléon soit devenu Grand Chef, il a été nommé en
tant que co directeur des services financiers de Carlyle, afin de développer
cette activité grâce à son « réseau incroyable » dixit Rubenstein.
Un
journal Belge, Trends, s’est interrogé sur le lien entre les légions d’honneur attribuées
au très riche homme d’affaires Belge Albert Frère et à son partenaires
d’affaires6]
Paul Desmarais en mars 2008, et la nomination de Pierre
Olivier Sarkozy chez Carlyle quelques mois plus tôt. Car, quelle coïncidence !,
Desmarais, « l’homme le plus riche du Québec », travaille lui aussi pour Carlyle
en tant que conseiller. Et le magazine de souligner que Sarko s’est déjà rendu
dans la propriété du milliardaire au Canada. Sarko aurait d’ailleurs déclaré un jour: « Si je suis aujourd'hui président, je le dois en partie aux conseils, à
l'amitié et à la fidélité de Paul Desmarais », qu’il connait depuis
1995.
Mentionnons
aussi que Desmarais et Albert Frère étaient présents au Fouquet’s le soir de
l’élection de sarko.
Mais
pour en revenir à l’EPAD, Jean Sarkozy, avant d’avoir obtenu une dérogation
pour faire une troisième deuxième année de droit et d’avoir enfin un bac +2 à
24 ans (à peine), s’est retrouvé président du Conseil Général des Hauts de
Seines, le fief que papa a jadis piqué à Pasqua. Et à ce titre, il aura son mot
à dire sur le projet de tours supplémentaires à la Défense.
En
dehors de cela, même la Cour des comptes a pointé en 2007 de « nombreuses et graves anomalies comptables » dans la gestion de
l’EPAD et les « conflits permanents
avec les collectivités locales siégeant au conseil », de même que le Sénat. Cela date de la période où sarkoléon était chef du Conseil
Général des Hauts de Seine et de l’EPAD, quand il a lancé ce projet
poétiquement intitulé « plan renouveau » déguisé depuis peu en
« opération d’intérêt national » (OIN).
Bref,
le cirque continue.
[1] Cf Marianne
du 4 au 10 septembre 2010, p 33.
[2] Il y a actuellement 3 millions de mètres
carrés de bureaux mais seulement 600.000 m² de logements à la Défense, qui est
pourtant au cœur de Paris.
[3] L’une des tours est prévue pour abriter
cinq salles de marchés, et abritera en principe 3.500 traders de la Société
Générale.
[4] A la direction, on retrouve tout le gratin des PDG
français. Les membres,
évidemment, c’est tout le CAC 40, la plupart des banques installées en France.
[5] Parmi lesquelles celles de George Soros,
George Bush, ben Laden
[6] Ils ont par exemple collaboré dans la fusion GDF Suez, dont ils possèdent 9,5 % du capital mais 13,2 % des votes