Quelle surprise! Alors que le G20 se congratule régulièrement de sa grande réforme du système financier -mais bien sur ni sœur Anne ni personne ne voit rien venir- le Financial Times vient de publier la liste quasi officielle des banques qu'il conviendrait de sauver lors de la prochaine crise. Sans rire: c'est une idée géniale du Conseil de stabilité financière (FSB pour Financial Stability Board in engliche), reprise allègrement par le G20.
Le G20, donc, va s'ouvrir à Séoul en fin de semaine, mais déjà on apprend que "les chefs d'Etat et de gouvernement s'apprêtent à publier une liste sur laquelle figurent une vingtaine d'institutions financières "too big to fail"", nous apprend le Figaro: trop grosses pour faire faillite. 30 établissements étaient sur la liste au départ, mais après deux ou trois semaines de lobbying elles ne sont plus que 20.
On a dit après la crise subprime qu'il fallait réduire la taille des grandes banques, car elles nous condamnent à les renflouer pour éviter un krach mondial. C'est ce qui se passe d'ailleurs partout, avec le système des bad bank. Mais, au lieu de contenir lesdites banques, on va leur donner une immunité complète. Continuez à spéculer sur les dérivés les plus pourris du marché, à octroyer des crédits à des gens insolvables, pas de problème: vous êtes tellement obèses que les contribuables viendront toujours vous renflouer.
Qui est concerné? En France, BNP Paribas et la Société Générale sont dans la liste. rappelons au passage que ces banques sont bien plus endettées que la france: 1.940 milliards de dette pour BNP (pour 60 milliards de fonds propres), et 1.054 milliards pour la Société Générale (avec 43 milliards de fonds propres). Car, une grande partie des "actifs" de ces banques sont en réalité du "passif": de simples dettes dont personne ne veut, planquées dans les paradis fiscaux.
Autres banques concernées: Deutsche Bank, Barclays, HSBC,
Royal Bank of Scotland (quasi nationalisée suite à des pertes abyssales), Standard Chartered, Banca
Intesa, UniCredit, Santander et BBVA( Espagne),
Credit Suisse et UBS, ING, RBC (Canada), pour les Etats-Unis: Bank of America-Merrill Lynch, Citigroup,
Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley. Et au Japon :
Mitsubishi UFJ, Mizuho, Nomura et Sumitomo Mitsui.
Il est temps, en effet, de se préoccuper de la prochaine crise: le foreclosure gate (scandale des saisies immobilières) ne va pas tarder à exploser aux Etats-Unis, montrant une partie du gouffre financier créé par les subprimes et les produits dérivés spéculatifs qui en sont issus.
Bref, le G 20 prend ses précautions: il est évident que les contribuables des différents pays n'apprécieront que très moyennement de se faire enfler une deuxième fois en si peu de temps. Donc, on créé un cadre légal, aussi discrètement que possible, pour avoir les mains libres le prochain coup.
Au lieu de réguler (cf. les deux années de G20 depuis la crise n'ont débouché sur rien à part le renforcement du FMI) et de fixer des contraintes à peu près sérieuses aux banques, on leur ouvre un boulevard. Même si on nous dit qu'il est question de renforcer les règles de prudence pour ces établissements et qu'on va les "surveiller" de près, il serait très étonnant que pour une fois depuis 30 ans, on tente de restreindre leur liberté.
C'est un banquier anonyme qui le dit très clairement à l'AFP: "Désigner très clairement des établissements comme systémiques laisse entendre qu'ils seront sauvés".
On évoque aussi de baisser la pression des agences de notation, mais sans proposer d'alternatives, ce qui risque de poser problème.
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Retour rapide sur le Foreclosure gate dont on en parle pas beaucoup hélas.
Trois banques américaines (Bank of America, JP Morgan Chase et Ally bank) ont suspendu les saisies immobilières en octobre, à la suite de nombreuses plaintes concernant les manquements à la procédure. Mais les manquement ont pris une telle ampleur qu'ils ont révélé un véritable système frauduleux autour des hypothèques octroyées aux américains, et surtout autour des produits dérivés issus de ces hypothèques, produits que les banques et établissements financiers se sont revendus sans trop vérifier de quoi ils 'agissait. Bref, au final plusieurs banques déclarent détenir le même tutre de propriété, d'où quelques couacs lors des saisies.
Goldman Sachs ne semblait pas concernée par ce délire, ce qui était étonnant vu que cette banque s'est beaucoup amusée avec les subprime. Voilà que cette semaine, une de ses filiales, Litton Loan Servicing, a elle aussi suspendu ses saisies à la suite de plaintes.
La banque PNC Financial Services Group, la 6è banque US, a elle aussi suspendu ses saisies dans 23 Etats US (où lesdites procédures sont réglementées) début octobre.
Mi octobre, comme pour tenter de minimiser la crise, JP Morgan et Bank of America ont déclaré qu'elles allaient reprendre leurs saisies, car toutes seraient légales. De même, la Maison Blanche a déclaré qu'il n'était pas question de suspendre les saisies: ben oui, comment feraient les banques pour afficher des bénéfices si on les empêche de mettre la main sur le grisbi au simple motif qu'elles ont enfreint les règles? Impossible. A qui les gens paieront leur hypothèque? A la banque qui en est propriétaire? Difficile: elles sont souvent plusieurs à se déclarer propriétaires? A la première banque sur le coup?
Bank of America, elle, a reconnu "quelques erreurs" dans ses procédures, mais si peu: de 10 à 25 pour 102.000 dossiers...
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Zéro règle pour les fonds spéculatifs a dit la Commission européenne
Une fois de plus, c'est le Corporate Europe Observatory, une ONG qui s'attaque au problème du lobbying auprès des institutions européennes, qui a soulevé le lièvre: La directive sur les gestionnaires de fonds alternatifs, comme les hedge funds (fonds spéculatifs, quasiment tous anglais et américains), qui sera adoptée demain/jeudi par le Parlement européen, marque "le triomphe du lobby financier". L'ONG vient de publier un rapport qui explique comment le lobbying de ces machins a porté ses fruits en un temps record.
Aucune mesure n'est prise contre l'évasion fiscale, nombreuses exemptions fiscales et réglementaires au cas où ça ne suffirait pas.
Rappelons que ces mêmes hedge funds sont responsables de la spéculation sur les dettes grecque, espagnole et portugaise, mais aussi sur les matières premières alimentaires, sur les crédits hypothécaires etc. Tout y passe, surtout les dettes, hautement spéculatives. L'argent qu'ils jouent en bourse vient uniquement des "institutionnels", c'est-à-dire les banques, les fonds de pension, les assureurs, les entreprises et les spéculateurs très très riches.
Ils utilisent beaucoup les LBO, qui permettent d'acheter avec "effet de levier". Traduit en français: on achète un produit en mettant sur la table 10% de sa valeur, on attend que le prix monte en compressant les couts de l'entreprise achetée au maximum, et on revend tout. Entre les deux opérations quelques millions de dollars de bénéfice. En 2006, ces fonds auraient officiellement levé plus de 400 milliards de dollars pour leurs investissements.
Mais, la directive sera votée par la chambre d'enregistrement que constitue le Parlement européen, y compris par le groupe des députés socialistes. Toutefois, il faut dire que le lobbying du secteur a été efficace, depuis que la directive est sur les rails (début 2009) comme toujours avec la finance. Les hedge funds n'ont cessé depuis quelques mois de crier au loup en disant qu'ils seraient obligés de s'abriter dans les places off shore (les paradis fiscaux) si jamais l'Europe régulait un peu trop leurs activités. Comme les banques qui disent qu'elles vont couler si la régulation de Bâle III se faisait comme il en a vaguement été question en plein milieu de la crise subprime.
Soi on regarde le texte d'origine de ladite directive (qui n'était déjà pas très ambitieux), et celui qui va êtr voté, on voit à quel point il a été vidé de sa substance. Pour cela, le lobby des hedge funds (et notamment l'AIMA -Alternative Investment Management Association), qui sont bien implantés à La City et dans les paradis fiscaux anglais, ont fait campagne: ils ont mis dans leur poche Gordon Brown et le gouvernement anglais. Ils ont aussi travaillé les médias au corps, signifiant qu'une régulation et plus de transparence les mènerait à leur perte. Ils ont aussi dit que les retraités des fonds de pension (essentiellement des anglais) se retrouveraient sur la paille, que le marché de l'immobilier allait s'effondrer, de même que les supermarchés etc. car les hedge funds ne pourront plus "investir".
Durant les six premiers mois de 2010, il y a eu 46 réunions entre lobbyistes des hedge funds et parlementaires conservateurs au sujet de la directive. Résultat: lorsque le comité des affaires économiques et monétaires du Parlement (dont est membre un conservateur bien de chez nous, Jean Paul Gauzès, rapporteur de la directive qui a rédigé un rapport très favorable aux hedge funds) a étudié la question en mai 2010, il y avait déjà 1.600 propositions d'amendements à étudier en même temps, dont certains rejetaient carrément la directive! La moitié de ces propositions émanaient du lobby financier.
Problème de vocabulaire: les hedge funds n'investissent pas, ils spéculent toujours à très court terme en espérant dégager 15% de bénef' tous les ans. Quand ça ne rapporte plus assez, ils revendent et l'entreprise n'est plus q'une coquille vide.
Bref, il s'agit bien d'un nouveau succès du lobby financier.
LES « DITS »
Toute personne s’intéressant aux opportunités qu’offre l’immobilier aux États-Unis a obligatoirement parcouru des revues européennes étalant, comme bateleurs en jour de foire, quelques embarras qui résultèrent ces mois derniers de ventes sur saisie bancaire (« foreclosures ») aux USA.
Ces faits sont réels. Une nébuleuse issue du consortium des banques, le MERS [« Mortgage Electronic Registration System » : Système Électronique d’Enregistrement Hypothécaire], a effectivement procédé informatiquement à la saisie de titres de propriété au préjudice d’emprunteurs défaillants. Des irrégularités de forme avaient été commises, plus particulièrement dans ceux des États dont la législation stipule que toute saisie doit être entérinée par décision judiciaire. C’est le cas en Floride. Ça n’est pas le cas au Nevada.
Les avocats – qui en doute ? – se sont jetés sur ce nouveau marché. Marché tout à leur profit s’entend, eu égard aux honoraires astronomiques qu’ils réclament [Leurs émoluments sont beaucoup plus élevés qu’en France… Sans commentaire].
Autorisés à faire paraître de la publicité commerciale [Pratique fort heureusement interdite en France], des Cabinets en mal de dossiers se sont érigés en défenseurs de la veuve et de l’orphelin, jouant sur le velours des « élections de la mi-mandat » qui se sont déroulées il y a peu. Forte du succès de peu d’entre eux – où le MERS avait objectivement commis des erreurs matérielles – la presse à scandale fut la première à saisir au bond cette nouvelle série TV : Les Zoros de la Foreclosure.
LES « NON-DITS »
• Un emprunteur qui ne rembourse pas son crédit (immobilier ou autre) se trouve en défaut. Peu importe qu’il se soit laissé convaincre par des publicités alléchantes voire même qu’il se soit laissé abuser : qui achète un appartement à crédit et ne rembourse pas son emprunt voit son bien saisi. Ceci est valable aux USA comme en France. Et même au Tadjikistan !
• Des propriétaires défaillants ont donc voulu surfer sur cette nouvelle vague pour tenter de s’opposer à la saisie de leur bien. Humainement, c’est compréhensible. Juridiquement c’est une action dilatoire. Aux USA, les problèmes ne traînent pas. Ainsi, les tribunaux ont embauché quantité de nouveaux juges et traiter tous les dossiers en attente. En FLORIDE (depuis le 1er juillet) sur 65.830 cas réexaminés seules 23 saisies ainsi opérées ont été annulées.
QUOI QU’IL EN SOIT…
L’acheteur n’est inquiété d’aucune manière : son titre de propriété lui a été délivré par une « Title Company » [Équivalant aux Offices Notariaux français] qui, aux USA comme en France, garantit l’inaliénabilité du bien : en droit anglo-saxon comme en droit romain, la sacrosainte théorie des droits acquis est d’ordre public.
NOVEMBRE 2010 : L’EUROPE EN CRISE
Que l’on soit allergique aux actualités télévisées ou aux titres des journaux, nul ne peut ignorer que nos pays de la Zone Euro entrent de plain pied dans une crise sociale, économique et monétaire sans précédent. Se profile à l’horizon la ribambelle morbide de l’AUGMENTATION DU COÛT DE LA VIE ET DE L’IMPÔT, du nombre des IMPAYÉS, des DÉPÔTS DE BILAN, du CHÔMAGE, etc. Autant de spectres peu rassurants pour l’investisseur.
Les plus éminents spécialistes mondiaux de l’économie comme Joseph Stieglitz, Prix Nobel d’économie, évoquent de plus en plus l’éclatement possible de notre monnaie dont les fondements ont été conçus sur des législations nationales par trop dissemblables. On ne parle plus de la « crise grecque » sans évoquer la « crise espagnole », la « crise irlandaise », la « crise italienne » – que dire encore ? – et les mouvements de mécontentement alarmants en Grande Bretagne ou encore en France avec le problème des retraites : les politiques s’en inquiètent – normal – les politiciens s’en emparent – démagogique !
Apprécié sur le Dollar américain, l’Euro est très (trop) fort. Nous avons franchi le taux de 1,40$ pour 1€ la semaine dernière ! Cette cherté de l’Euro préjudicie à nos exportations, donc à notre économie, donc à notre emploi, etc.
La situation internationale est de plus en plus tendue. La probable GUERRE D’IRAN (qui ne profitera en rien aux Pays d’Europe, loin s’en faut) est motivée par 4 raisons majeures :
1. L’IRAN ne peut se laisser imposer de frein à son économie ni à sa défense sous peine d’être écrasé,
2. ISRAËL craint très logiquement de perdre son hégémonie régionale et de subir des dommages considérables,
3. Les USA savent que cette guerre est le moyen le plus rapide de revigorer leur économie (voir la vente fabuleuse d’avions de combat à l’Arabie Saoudite et d’autres contrats d’armement en cours aux Émirats, en Inde et en Jordanie entre autres) : pour cette raison ils MAINTIENNENT UN DOLLAR BAS,
4. La RUSSIE y voit le moyen le plus efficace de contrôler l’économie européenne par le gaz et les hydrocarbures, puisque les marchés traditionnels d’approvisionnement du Golfe Persique seraient en ce cas fermés.
Signal symptomatique : L’OR VIENT DE FRANCHIR LA BARRE DES 1.400$...
CORRÉLATIVEMENT…
Le taux de change €/$ avantageux (pour le moment) nous semblait favorable aux investisseurs. Nous avons très fortement invité certaines personnes quelque peu hésitantes à se positionner. D’aucunes se sont laissé convaincre et ont franchi le pas – a priori, elles ne nous ont pas donné tort…
Des analystes ont rapidement estimé que nous nous dirigeons à nouveau vers les sommets de juillet 2008 mais les conditions cambistes étaient favorables À CETTE ÉPOQUE.
Il est loin d’être sûr qu’une situation aussi favorable pour l’investisseur dans la pierre aux États-Unis perdure très longtemps.