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24 février 2011

Rafle dans les milieux de gauche à Lille: 53 arrestations

logoNouveau récit d'une stratégie de terreur policière contre les milieux gauchistes. A Lille, 53 personnes présentes à une soirée de soutien au journal alternatif La Brique ont été arrêtées sous un prétexte ahurissant, mises en garde à vue pendant des heures, insultées et malmenées par une bande de débiles armés. Un scénario qui commence à devenir banal dans la france de sarkoléon.

Ambiance, en sarkoland. Depuis que l'excité à talonnettes squatte l'Intérieur, puis l'Elysée, on sent la pression policière monter dans les milieux gauchistes: les rafles, puisqu'il faut appeler un chat un chat, les matraquages organisés et autres joyeusetés vichystes refont surface.

Une violence d'Etat

En 2004 déjà et jusqu'en 2007, à Rennes, ville étudiante (plus de 60.000 étudiants à l'époque dont 16.000 dans le bastion gauchiste de Rennes II) et festive, les flics organisaient des bastonnades toutes les semaines, voire plusieurs fois par semaine (jeudi obligatoire, vendredi et parfois samedi). La préfète aujourd'hui candidate UMP expliquait que c'était dans le cadre de la "lutte contre les pratiques addictives des jeunes Bretons". Du coup, les bars de la "rue de la soif" ont eu l'obligation de fermer à  une heure du matin. Évidemment,  les jeunes restaient un peu discuter devant les bars, et cela faisait du bruit mais il fut un temps où ces bars étaient pleins et fermaient à 4 heures dans cette rue.

Bref, parfois dix minutes seulement après la fermeture, les flics ont sorti le canon à eau, les matraques et les lacrymos pour virer tout ce petit monde. Dans les médias, ça donnait des trucs du genre "A l'automne dernier, passé l'heure où les bars se délestent de leur clientèle, la mobilisation massive de CRS pour évacuer les lieux avait transformé le quartier en champ d'affrontements rituels entre étudiants et policiers. Avec échange de gaz lacrymogène et de canettes de bière, courses-poursuites et dégradations diverses. Fin novembre, les policiers avaient même fait venir un canon à eau de la capitale pour doucher la fièvre rennaise du jeudi soir. Sans résultat flagrant" (Libération).

Apothéose lors des Transmusicales, quand la teuf (free party) qui devait se faire comme d'habitude en même temps a été RE_18_dessinannulée au dernier moment, et que les jeunes se sont retrouvés dans le centre ville de Rennes pour manifester contre cette interdiction. Bref, au bout de quelques mois, beaucoup avaient été fichés, matraqués et gazés à l'occasion. Pour avoir assisté plusieurs fois à ces scènes, j'ai été impressionnée de la froideur des interventions policières: la rue était littéralement prise en tenailles, les lacrymos volaient et les flics tapaient. On retrouvait des gens en sang un peu partout, à moitié hallucinés de la scène. D'autres finissaient au poste ou aux urgences. Pour quoi?
Rennes II, d'où vient une bonne partie de la clientèle de cette rue, est une université qui démarre souvent les grèves étudiantes,  dans ce pays et les termine souvent. Avec succès par le passé, avant que l'Europe n'impose sa loi sans discussion. On était juste avant les élections de 2007 (où le PS a obtenu 62% des voix au deuxième tour), et la pression montait dans la rue comme dans les manifs.

En quelques années, arrêté préfectoral après arrêté municipal, le centre ville est devenu un sanctuaire à bourgeois. Sans vie nocturne, sans bruit, sans alcool non plus ou presque. La moitié des bars sont devenus des kebabs, des restos ou même un commissariat (qui ferme à 18h), et à minuit et demi les terrasses sont rentrées. Les magasins du centre ville ne peuvent plus vendre d'alcool après 20heures, il est interdit de se promener en ville avec une cannatte ou une bouteille à la main dans un périmètre de plus en plus large en centre ville. Une nouvelle brigade de 100 hommes a été créée à Rennes il y a un an, ainsi qu'une espèce d'unité de 21 hommes: l'Unité territoriale de Quartier, censée mater les quartiers chauds et les "émeutes urbaines". Mais, à Rennes, c'est essentiellement pour le centre ville et les étudiants.

Parallèlement, le quotidien local Ouest France diffusait des articles de la préfecture au sujet de "la Bretagne face à ses démons", c'est-à-dire les jeunes et leur consommation de cannabis, alcool et autres drogues certes élevée en Bretagne. Aucun média n'a rien trouvé à redire à ces méthodes policières massives, au contraire tout le monde trouvait cela normal. Mais, c'étaient ces alcooliques de Bretons...

Puis, ce sont les manifs et autres actions ou soirées étudiantes qui ont été ciblées de cette manière, à Rennes et ailleurs, jusque dans les universités.
Aujourd'hui, les flics s'occupent toujours des gauchistes, mais de manière plus ciblée. Une soirée dans un bar fréquenté par des jeunes proches des milieux associatifs et paf, descente massive de flics, matraquages, lacrymos, arrestations.

 

violences_police_mykaiaSales habitudes

A Limoges en janvier 2009, les flics ont débarqué de cette manière dans un petit bar où se déroulait une soirée de soutien à des supporters de foot emprisonnés. En gros, les gens se sont retrouvés enfermés dans une pièce consciencieusement gazée par les flics, qui ont frappé un par un tous ceux qui sortaient. Impossible de porter plainte vu le comité d'accueil au commissariat, évidemment. Apparemment, les flics étaient là pour arrêter un type, mais des gens présents à la soirée ont commencé à poser des questions et les flics se sont énervés.
Suite à des plaintes déposées ensuite, une enquête judiciaire a été menée. Les flics, évidemment, ont déclaré qu' "aucune faute n'a été commise". On ne connaît pas la suite de l'affaire, si suite il y a.

A Lille, la même scène s'est produite en janvier 2011, sauf qu'au lieu de cinq arrestations, ce sont 53 personnes qui ont été arrêtées lors d'une soirée de soutien au Centre Culturel Libertaire, pour le journal La Brique. Les médias commerciaux, évidemment, ont relayé la version des flics, c'est-à-dire que ces arrestation
s (pour aller dégrisement) faisaient suite à "l'agression d'un policier en contrôle devant le CCL". 51 personnes ont été relâchées le lendemain, mais deux hommes doivent devront comparaître pour (attention c'est un peu long) "violences ayant été suivies d'une incapacité de travail inférieure à huit jours, commises en réunion, en état d'ivresse et contre une personne dépositaire de l'autorité publique". On appris plus tard que le flic en question 'nétait même pas égratigné, juste "choqué"...

Le NPA et les Verts ont immédiatement dénoncé "une rafle policière scandaleuse ", de même que le PC et la ligue des droits de l'homme, qui a mené une enquête sur cette affaire et estime que "ce sont des faits inadmissibles, très graves, dans un régime républicain". Certes. d'ailleurs, la police de Lille a déjà été rappelée à l'ordre par la Commission européenndes droits de l'homme suite à l'interrogatoire musclé de la déléguée de l'Observatoire International des Prisons en 2007.

Apparemment, rien n'a changé depuis. Morceaux choisis de cette formidable soirée au CCL:

"Entre 3 et 4 heures du matin, la police intervient aux portes du CCL. Avant qu’elles ne soient fermées et barricadées par nos soins, un policier réussit à décharger une grosse dose de lacrymogène poivrée à l’intérieur (...) les policiers brisent sa vitre donnant sur la rue et gazent massivement, dans le but d’étouffer ses occupants. La situation est intenable, et l’on se décide à sortir.

L’ouverture des portes permet aux agents de gazer davantage ce véritable piège qu’est devenu le CCL. Certaines personnes le sont au visage, comme celle qui tente d’expliquer à la police qu’« on va sortir ». Une fois dehors, nous sommes reçus à coups de matraques, bousculés, molestés, jetés au sol. Et, progressivement, nous nous retrouvons à terre, soit sur les trottoirs, soit sur la chaussée. Un mot de trop, un geste – comme lever la tête pour observer la scène –, et les policiers insultent – les hommes en particulier sont traités de « pédale », « tarlouze » – ou frappent – coups de pieds dans les bras, les côtes. Certains sont matraqués à la tête (...)

Dans un des camions, un policier déclare à des « raflés » qu’ils sont interpellés parce que, ce soir, ils n’étaient « pas sortis au bon arretez_la_violenceendroit ». D’autres apprennent de la police qu’ils ne sont que de « sales gauchistes » (...)

Au commissariat, les hommes sont parqués dans une seule cellule, les femmes dans une salle, toujours entravé-es. Nous sommes bientôt 53, et étouffons entre ces murs (...)

L’un après l’autre, nous passons un test d’alcoolémie. Les hommes sont déplacés, toujours les mains dans le dos, dans une autre cellule, un peu plus grande. Les femmes sont les premières à être fouillées, mises à nu une par une, puis déplacées dans les geôles de garde à vue (...)

une jeune femme perd connaissance, juste devant la cellule. Elle s’écroule sans provoquer la moindre réaction des policiers. Ceux-ci la laissent au sol, inconsciente, durant au moins quinze minutes (...)

Un flic au crâne rasé perd son sang froid, ouvre la cellule des hommes et en frappe un durement au ventre. Il referme la porte. Quelques minutes après, il réitère dans la salle des femmes en infligeant plusieurs coups dans le tas, à l’aveugle. Ses collègues lui demandent manifestement d’aller voir ailleurs, car il vient de commettre, devant tout le monde, une bavure en bonne et due forme (...)

En guise de repas, vers 10h30, un des policiers dépose une brique de jus de pomme et deux biscuits secs. Quand on leur demandera plus tard à manger, ce qui est un droit des plus élémentaires, ceux-ci hausseront les épaules et diront que les réserves de repas sont vides (...)

Les femmes, toujours à seize dans leur cellule exiguë, doivent subir les regards pervers et rigolards des policiers. On ne leur donne pas de biscuits avant plusieurs heures. Et quand elles demandent, à maintes reprises, de pouvoir accéder aux toilettes, on les ignore. Elles réclament alors du papier toilette, et un jeune agent tout juste pubère répond, en cherchant du regard la complicité de son collègue : « Vous avez un petit problème, c’est ça ? C’est pas de chance. » Il continue de rigoler, tourne le dos (...)

Les notifications tardent à venir pour certains interpellés, les dernières d’entre elles arriveront aux alentours de 16 heures, avec pour heure officielle du début de la garde à vue 4h30… D’ailleurs certaines personnes refusent de les signer, choquées d’apprendre à leur lecture qu’elles sont gardées à vue pour « violence collective à agents des forces de police ». Environ la moitié des 53 interpellés demandent à consulter une avocate commise d’office. Rares sont ceux qui la verront avant leur interrogatoire (...)

LUZ__tache_flics_0001Autre témoignage:

(...) À l’extérieur, une banale embrouille comme on en voit tous les week-ends dans n’importe quel bar ou discothèque débouche sur l’arrivée de deux flics qui, comme à leur habitude, font dégénérer la situation en voulant embarquer des gens au hasard. La lacrymo est utilisée une première fois. Tout le monde se retranche dans le CCL. En bas, la fête continue. Certains ne sont toujours pas au courant de ce qui se passe en haut.

Avec une étonnante rapidité, les flics se jettent comme des enragés sur les lieux et assiègent le local fébrilement barricadé. Pour nous faire sortir, ils envoient du gaz lacrymogène par les extrémités de la porte d’entrée et par une fenêtre qu’ils ont cassée. L’atmosphère devient irrespirable. Asphyxiées, les premières personnes tentent de sortir mais sont directement frappées à coups de tonfa, jetées à terre, insultées, menottées. Les flics regazent un coup alors que l’on continue de sortir".

Dans cette histoire, les garde à vue auraient été ordonnées par le procureur de garde, selon un des flics, pas content d'avoir été mis d'astreinte ce samedi là. Mais, il a probablement été motivé en cela par le commissaire, qui l'aime pas les gauchistes. Bref, 53 personnes ont fait entre 15 et 17h de garde à vue pour rien. 33 ont été fichés en plus, mais bizarrement tout le monde n'a pas été auditionné par les flics, qui semblaient pressés d'en finir avec cette histoire.

 

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Pour conclure, il faut rappeler ce que signifie la notion d'Etat de droit. Il ne faut jamais oublier, nous rappelait un prof de droit international, "que le IIIè Reich était un parfait Etat de droit": il appliquait seulement des lois iniques, mais qui avaient bel et bien été votées selon un processus légal lui aussi. Il s'agissait donc bien d'un Etat de droit. Ce qui amène à nous demander l'Etat de quel droit nous voulons. 

On se souvient des affreux terroristes de l'affaire Tarnac, où certains ont fait des mois de prison sans qu'aucune preuve n'ait été avancée malgré les reconstitutions. Mais cela a permis aux flics de mener des arrestations un peu partout en france dans les milieux gauchistes, de saisir les disques durs et de ficher à qui mieux mieux depuis plus de deux ans. A l'époque, on parlait d' "anarcho autonomes"...

Parallèlement, les fachos ont la paix, eux, et leur présence accrue dans le centre de Lille ces derniers temps ne semble pas déranger les flics.

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