Reprenons notre affaire en détail. Pour partie, nous reprendrons les mots de Sandrine, qui a rédigé une synthèse de son histoire et de celle de ses enfants. Dans cette affaire, deux petites filles dénoncent les mêmes faits commis par la même personne, mais la Justice n’en tient pas compte, et cela pendant dix ans. A tel point que Sandrine décide d’éloigner autant que possible les deux petits de leur père, qui veut en avoir la garde. Récit d’une affaire où une fois de plus, la Justice marche sur la tête.
Sandrine est une jeune mère célibataire, qui cherche un travail après un DEUG de biologie. Julie a trois ans fin 1999, quand sa mère est engagée dans un magasin d’articles sportifs, et c’est Jean-Claude D. qui la recrute et devient son supérieur. Elle apprendra plus tard qu’il l’a embauchée surtout pour qu’une autre responsable de rayon ne la prenne pas.
Bref, Sandrine a un emploi et commence à nouer des relations avec des collègues, dont Wolfgang L. et Valérie M., mais aussi Jean-Claude. Très vite, les relations avec ce dernier deviennent plus intimes, et Sandrine s’installe dans son petit appartement. A cette époque, Julie vit chez la mère et la sœur de Sandrine, où elle est scolarisée. Jean-Claude a déjà été marié avec une femme d’une dizaine d’années de plus que lui mère d’une petite fille et auparavant mariée, qui a demandé le divorce au bout de deux ans. La mésentente avec sa belle-famille y a probablement été pour quelque chose. Après ce divorce, Jean-Claude a vécu en collocation avec des collègues avant de se trouver ce F1.
Début mai 2000 a lieu un conflit important entre la mère et la fille, et Sandrine fait appel à la gendarmerie pour récupérer sa fille début juin 2000. La Justice s’abritera ensuite derrière ce conflit pour estimer que Julie est l’enjeu d’un conflit familial, et nier sa parole.
A ce moment, Sandrine est déjà sous l’emprise de Jean-Claude, qui nie les faits dont parle Julie. C’est d’ailleurs avec lui et leur ami Wolfgang qu’elle vient chercher Julie en ce début juin. Sandrine écrira plus tard : « J'ai enlevé ma propre enfant, qui était heureuse et en sécurité, menant une vie harmonieuse et comblée, sans manque d'affection, pour la livrer au pire danger que je ne réalise pas ».
Comme Sandrine et Jean-Claude travaillent, la grand-mère continue à s’occuper de la petite certains jours. Auprès d’elle, Julie se plaint de douleurs dans le courant du mois du juin, et la grand-mère fait venir le médecin de famille à deux reprises. Julie refuse d’être examinée et se recroqueville sur elle-même, mais le médecin parvient à détecter des rougeurs inhabituelles au niveau du sexe, un état de fatigue anormal et la présence d’herpès au visage.
Le 25 juillet, la grand-mère emmène Julie chez un pédopsychiatre fait un certificat et fait un signalement auprès du Procureur et conseille à la grand-mère de porter plainte. Le lendemain, Julie parle encore à sa grand-mère, évoquant des abus sexuels commis par Jean-Claude. Une fois de plus, la grand-mère emmène Julie chez le médecin du village, le Dr. E, qui ne parvient pas à examiner la petite mais la fait dessiner et parler. Il écrit dans son certificat qu’elle le fait « sans hésitation » et dessine « un cadre sur la feuille de papier disant très clairement que c’est le lit, puis y ajoute deux personnages, d’abord un grand qu’elle nomme [Jean-Claude] en y ajoutant une excroissance couverte de gribouillages qu’elle dit être les poils, elle ne nomme pas cette excroissance de suite. Quand je lui demande si c’est une jambe, elle répond non, si c’est un bras elle répond non, je lui demande si elle sait ce que c’est, elle répond ‘oui c’est un zizi’. Puis [Julie] ajoute ‘que le zizi ça fait mal au cucu’ et elle répètera plusieurs fois en portant sa main droite vers ses fesses puis sa vulve. Je lui demande si ça l’a fait pleurer et me répond que ‘oui’ et rajoute qu’elle n’ ‘aime pas la colle qui est sur son cucu’ ». Puis la petite décrit la couleur de la colle, « sans hésitation elle répond blanc ».
Le Dr E conseille lui aussi à la grand-mère de porter plainte. Elle va donc signaler les faits auprès des substituts des procureurs de Tarascon et d’Avignon.
Le 27 juillet la grand-mère est auditionnée par la gendarmerie sur requête du substitut du procureur de Tarascon. A cette occasion, elle montre aux gendarmes une culotte tâchée de sang appartenant à Julie, mais cette pièce n’est pas mentionnée dans le rapport d’audition, et on n’en entendra jamais reparler par la suite. Sandrine apprendra plus tard l’existence de ce signalement, quand le procureur B. lui demande de confier sa fille à sa grand-mère pendant l’enquête.
Le 1er août, Sandrine est entendue à son tour par la brigade des mœurs d’Avignon avec Julie. Le policier qui l’interroge sous-entend que le signalement de la grand-mère est le fruit d’une manipulation car celle-ci ne veut pas lui rendre la petite. Sandrine ne se pose pas plus de questions à ce moment, mais demande une expertise médico légale de Julie, mais on la lui refuse au motif que ce serait trop traumatisant pour la petite. Accessoirement, la grand-mère a elle aussi demandé une expertise médico légale, mais on la lui refuse au motif que Sandrine aurait posé son veto. Julie est entendue également, mais elle ne semble pas parler, d’après le PV d’audition.
Trois jours plus tard, Julie est placée en famille d’accueil. Même si elle n’y reste que quelques jours, la petite ne peut qu’associer son éloignement de sa grand-mère des révélations qu’elle lui a faites. Pendant ce temps, l’enquête se focalise sur le conflit familial entre Sandrine et sa mère. Jean-Claude, qui nie les faits en bloc, consulte quand-même un avocat.
Julie et Sandrine sont également entendues par la psychologue G. qui estime que Julie « ne manifeste aucun des signes habituels d’abus et ne montre aucune souffrance ni psychique ni physique ni relationnelle », et que Julie est l’enjeu d’un conflit entre sa mère et sa grand-mère. A cette époque, mais Sandrine ne le sait pas encore, Jean-Claude menace Julie, de même que son ami Wolfgang, qui a dit à la petite « si tu parles je te jette dans le puits ». Le même n’a de cesse de défendre Jean-Claude auprès de Sandrine. Jean-Claude vire de plus en plus au tyran domestique, exigeant de Sandrine, qui gagne deux fois moins que lui, de participer presque exclusivement aux frais de la vie familiale. Quand Sandrine se retrouve alitée, ayant presque perdu l’usage de ses jambes, il l’oblige à aller travailler, gavée de corticoïdes. A côté de cela, il l’isole, s’arrange pour l’éloigner de tout le monde.
Toujours en ce mois d’août 2000, un élu du Conseil Général auquel s’est adressée la grand-mère, lui répond qu’il croit la petite mais qu’elle devrait rester éloignée de cette affaire, car « une personne haut placée » pourrait « se retourner » contre elle.
Jean-Claude trouve alors un poste de professeur d’éducation physique quelques heures par semaines dans un lycée privé, grâce à sa sœur aînée dont il est très proche, qu’on appellera Antoinette. Ce lycée a l’avantage d’être proche de Montpellier, là où réside sa famille. Mais, comme le salaire est insuffisant, Jea,-Claude travaille également dans une grande surface du coin. Il impose à Sandrine de démissionner du magasin de sport, pendant que lui s’absente beaucoup pour trouver –en vain- un logement pour trois, ce que Sandrine parvient à faire en une journée.
Jean-Claude est auditionné début septembre, pour la seule et unique fois concernant les accusations de Julie. Sa famille, son ex femme, son ami Wolfgang, ne seront jamais entendus dans cette affaire.
Il nie les faits et dit qu’il « ne comprend pas pourquoi [Julie] a fait une déclaration pareille ». Il déclare qu’il s’occupait de Julie comme de sa fille. « Je n’arrive pas à comprendre comment [Julie] peut faire des dessins pareils, car je ne me suis jamais présenté nu devant elle ». Il dit qu’elle a dormi deux fois dans leur lit, « mais du côté de sa mère ». Selon Jean-Claude, la grand-mère de Julie l’insultait au téléphone, fin mai, quand Sandrine a récupéré la petite, lors d’une conversation avec sa fille qu’il était en train d’écouter. Il parle aussi de coups de téléphone anonymes en juillet, où personne ne parlait.
Dans le courant du mois de septembre, Sandrine vient récupérer Julie dans la famille d’accueil. La Justice ne lui en tient pas rigueur, et se contente d’envoyer une assistante sociale sans qu’il n’y ait de suites. Et cela malgré que la grand-mère ait produit trois attestations de personnes qui ont été témoins des propos de Julie, qui expliquait que Jean-Claude lui mettait de la « colle » dans les fesses et que ça lui faisait mal. Malgré, également, l’expertise d’une psychanalyste, Mme E et les signalements des médecins généralistes consultés au début de l’été.
Sur ces entrefaites, la Justice classe sans suite la plainte de la grand-mère, faute d’éléments suffisants. Le 6 novembre 2000, elle donne aux gendarmes la cassette audio d’une discussion avec Julie, au cours de laquelle la petite a dit qu’elle ne voulait pas retourner chez sa mère car elle a peur de Jean-Claude, qui lui met de la colle dans les fesses. On n’entend jamais parler de cette cassette dans les différents jugements rendus pour cette affaire.
Quand Sandrine rencontre la famille de Jean-Claude, elle est surprise d’apprendre qu’il n’a pas qu’une seule sœur, mais deux. Elle rencontre le mari de celle-ci, qui se plaindra ensuite de l’immixtion permanente de sa belle famille dans leur vie, et qui d’ailleurs va demander le divorce quelques années plus tard. Jean-Claude est très proche de sa sœur Antoinette, qui a une dizaine d’années de plus que lui. Ils s’appellent tous les jours discrètement, et celle-ci ne supporte pas Sandrine. La famille de Jean-Claude a quitté le Nord de la France quelques années plus tôt, pour des raisons qu’ils ne veulent pas donner. Le sujet semble vite tabou à Sandrine.
La grand-mère est inquiète pour sa petite fille. Elle porte à nouveau plainte à la brigade de prévention de la délinquance juvénile et signale la situation de Julie à la directrice de l’école, qui demande à un médecin de voir la petite. La directrice prévient Sandrine et Jean-Claude de ces investigations, et la maitresse signale que Julie est très renfermée.
Sandrine et Julie sont ensuite entendues par la gendarmerie. On lui demande de ne pas en parler à Jean-Claude, mais il se doute de quelque chose et la questionne, si bien que Sandrine finit par lui dire qu’elle a vu un gendarme. Celui-ci a ensuite appelé la directrice de l’école pour lui demander d’arrêter les recherches concernant Julie car une enquête est en cours. Mais l’affaire est encore classée sans suite très rapidement.
Sandrine achète un téléphone portable à Julie, en cas de problème quand elle est au travail mais aussi pour qu’elle puisse parler à sa grand-mère. C’est ainsi que la grand-mère apprend que Jean-Claude laisse la petite toute seule pendant des heures, qu’il la maltraite, lui crie dessus, menace d’envoyer sa mère et sa grand-mère en prison... Cette fois, la grand-mère signale les faits au Conseil Général, qui convoque Sandrine en 2002. Deux assistantes sociales se présentent chez Sandrine et Jean-Claude, mais ce dernier parvient à éluder le problème. Il n’y aura aucune suite.
La grand-mère demande aussi à voir sa petite fille et à pouvoir l’héberger. Elle n’obtient qu’un droit de visite médiatisée, c’est-à-dire dans un point rencontre et en présence d’un tiers. Le tiers en question étant une assistante sociale, qui écrira dans son rapport que Julie « a toujours nié avoir été victime d’attouchements sexuels de la part de l’ami de sa mère », bien que la petite ait à nouveau parlé d’abus sexuels à sa grand-mère. L’assistante sociale refuse absolument de relater cela dans son rapport et dit même à Julie, devant sa grand-mère, qu’ « on va dire qu’il l’a fait et que maintenant il ne le fait plus », ou qu’il « s’agit d’un mauvais rêve »… Son rapport a servi à justifier qu’on refuse le droit d’hébergement à la grand-mère.
Toujours aveuglée par les belles paroles de Jean-Claude, Sandrine préfère croire ce que dit la Justice, qui refuse que Julie voie librement sa grand-mère, et qui ne tient pas compte des propos de l’enfant. Depuis cette période, Julie a des symptômes qu’on ne relie à aucun problème physique, comme des saignements de nez ou une toux chronique. Des années plus tard, Julie expliquera à sa mère que quand elle se trouvait seule avec Jean-Claude à cette époque, il la frappait, lui criait dans les oreilles, ne lui donnait rien à manger ou à boire, la laisse seule durant des heures, pendant qu’il va manger chez sa mère… Tout cela s’accompagnant de menaces d’envoyer sa mère et sa grand-mère en prison, si bien que Julie préfère se taire.
Les relations entre Sandrine et Jean Claude se détériorent à mesure que son comportement empire. Elle refuse de voir ses beaux-parents et sa belle-sœur, trop envahissants. Pourtant Sandrine finit par tomber enceinte fin 2002, à la demande pressante de Jean-Claude. Il s’agit de triplés, mais cette grossesse s’avère dangereuse et Sandrine doit avorter de l’un des enfants. Elle aurait pu tenter de garder les trois jusqu’au terme, en restant au repos, mais Jean-Claude décide qu’il faut avorter d’un des trois. Au sujet de l’opération, Sandrine écrit plus tard : « Dans la minute, la réduction embryonnaire est décidée, la date est programmée, la visite chez l'anesthésiste immédiate. A ce jour, je n'ai plus le souvenir du nom du chirurgien, ni le nom de la clinique, je n'ai aucune trace de cette opération dans mes papiers CPAM. Craignant que je ne me rende pas à la clinique pour l'opération, il posera sa journée pour m'accompagner ce 02 janvier 2003, à la clinique de Nîmes. A mon arrivée, on ne trouve pas mon nom au service administratif. Nous nous rendons directement à l'étage du service du chirurgien qui doit faire l'intervention, où je suis attendue. [Jean-Claude]attendra pour s'assurer que l'opération a bien eu lieu et partira sans attendre mon réveil. Le chirurgien ne me donne pas de précisions sur l'opération pour m'épargner la douleur, mais évoque pourtant le fait que ce devait être un garçon. Cependant, de son côté, [Jean-Claude] prétend avoir obtenu tous les détails et me révèle d'emblée les détails tels que « ils ont du piquer à deux reprises pour être sûr de l'avoir! »
Pendant sa grossesse, Sandrine doit tout faire seule, Jean-Claude étant absent pour diverses bonnes raisons. Julie est gardée par une amie de Sandrine pendant son hospitalisation. Une amie qu’elle ne reverra bientôt plus, à partir du moment où elle trouve un job dans un magasin situé face à celui de Jean-Claude. Cette amie quitte la région peu après, et ne donnera plus jamais de nouvelles à Sandrine.
Aude et Romain naissent en juin 2003, mais la belle famille est focalisée sur le petit garçon. A la maison (un F2 de 47m²), Sandrine doit s’occuper seule des trois enfants et de la maison, Jean-Claude ne revenant que le week-end, furtivement.
Pendant ce temps-là, Julie ne voit sa mère qu’en présence de la même assistante sociale, qui écrira dans son rapport de novembre 2003 que Julie s’entend très bien avec sa grand-mère, mais que Julie « voudrait que sa grand-mère accorde enfin un peu de confiance à l’ami de sa mère », et qu’on puisse l’appeler « papa » sans que ca ne gêne sa grand-mère. Elle précise encore que Julie « souhaite que nous restions présente durant toute la rencontre et exprime sa crainte de ‘débordements verbaux’ de la part de sa grand-mère. Elle ne se sent pas prête à rencontrer seule sa grand-mère, elle voudrait avoir la garantie que [la grand-mère] ne l’interroge plus sur ‘ce dont elle a rêvé’, c’est avec ces mots que [Julie] parle de la plainte de la grand-mère, relative aux supposés agissements de l’ami de la mère sur la fillette ».
En septembre 2004, la famille s’installe dans le Tarn. Sandrine s’inscrit à des cours par correspondance, et le couple fait construire une maison, avec un prêt que Jean-Claude a pris à taux variable, sans l’avouer à Sandrine qui a du continuer à payer ledit prêt jusqu’en 2011. Pour simplifier les choses, Sandrine et Jean-Claude se marient en mai 2005, sans la présence de la famille de Sandrine.
En mars 2006, la famille emménage dans la maison près de Castres, et Jean-Claude frappe Sandrine pour la première fois ce jour-là, la rouant de coups alors qu’elle se trouve à terre. Rien ne lui va : Sandrine est trop proche de ses enfants, ses relations amicales le dérangent, il critique tous les travaux intérieurs de la maison que fait elle-même Sandrine… Il ne veut pas qu’elle travaille, si bien que Sandrine doit s’inscrire au Pôle Emploi sans le lui dire.
Quand Sandrine demande à Jean-Claude de faire un tour avec les enfants le dimanche, ils reviennent en pleurs après quelques heures avec lui et se jettent dans les bras de leur mère. Mais, Sandrine ne parvient pas à avoir d’explications. La nuit, Aude se réveille en pleurs, le bras ankylosé, et quand Sandrine arrive dans la chambre de la petite, Jean-Claude se tient debout devant sa fille, sans réagir. Puis, fin 2007, Sandrine remarque que pendant qu’elle dort, Aude tient solidement son doudou au niveau de son sexe, comme pour se protéger. Si elle n’a pas le doudou, elle le remplace par ses mains, serrées très fort durant son sommeil.
Puis, Jean-Claude commence à s’intéresser à leurs biens communs, qui se résument à rien puisque c’est Sandrine qui a acheté les meubles, dont certains avec l’aide de sa mère.
Quand l’histoire se répète
C’est à ce moment là, en septembre 2007, qu’Aude parle à sa mère. Un soir après la douche, Sandrine remarque que sa fille se touche le sexe d’une manière bizarre. La petite explique que son père lui fait cela. Julie et Romain arrivaient pour demander quelque chose à Sandrine, et ont entendu ce que disait leur sœur. La première replonge sept ans en arrière, et va se planquer dans sa chambre, Romain confirme les propos d’Aude. Romain raconte à sa mère qu’il a entendu Aude pleurer, et qu’il a vu son père par la porte de la chambre faire mal à Aude, en lui touchant le sexe.
Sandrine a les idées mises brutalement en place. Elle se rend compte qu’elle n’a pas écouté son aînée, et que le scénario se répète. Qu’elle est manipulée par Jean-Claude, aveuglée au point de ne pas écouter le mal être de sa propre fille, et cela pendant toutes ces années. Julie, elle, se replie à nouveau sur elle-même, pendant que ses résultats scolaires sont en chute libre. Elle a les idées loin de l’école, du haut de ses dix ans.
Le lendemain, Sandrine se rend chez le médecin sans Aude, mais celui-ci lui conseille quand-même de consulter un avocat.
Résolue à protéger ses enfants, Sandrine veut se séparer définitivement de Jean-Claude et demande le divorce. L’avocat qu’elle consulte à cette occasion lui conseille de faire un signalement à la gendarmerie, ce qu’elle fait. Il n’y aura pas de trace de ce signalement. Elle ne dit rien à Jean-Claude qui rentre toujours le week-end, car elle ne veut pas que la Justice suive le même processus que lorsque sa mère a porté plainte pour Julie sept ans plus tôt.
Un soir à table, Aude dit à son père « tu es méchant toi, tu fais mal », et le dimanche soir il part en vidant son armoire et en prenant ses papiers avec lui. Il frappe Sandrine au passage, et quitte définitivement le domicile. Aude parle aussi à sa grand-mère, dessine pour exprimer son malaise.
Suite à la requête en divorce de Sandrine, Jean-Claude a un droit de visite médiatisé et doit verser 300 euros de pension pour les deux enfants. Cela ne l’empêche de venir faire des scandales chez ses Sandrine, la menaçant de lui enlever les enfants.
Quand Sandrine veut porter plainte à la gendarmerie du coin pour Aude, les gendarmes mettent tellement de mauvaise volonté que la tâche s’avère impossible, il faudra qu’elle revienne plus tard. Jean-Claude sera entendu une fois, et nie les faits, y compris d’avoir frappé Sandrine. Il remet même des attestations bidons de sa famille et d’une amie qui témoignent, en gros, que Sandrine est une mauvaise mère. Il a aussi cherché à obtenir des attestations de la part des écoles de ses enfants. Accessoirement, il s’arrange pour que Sandrine ne reçoive pas sa feuille d’impôts de 2007 alors qu’elle avait rempli la déclaration au centre des impôts, ni sa feuille d’impôts locaux, ou pour lui faire couper le téléphone fixe, et Julie reçoit des appels anonymes où elle se fait insulter…
Aude est soumise à divers examens médicaux où, comme souvent, on ne trouve aucune trace d’abus. Pire, elle est systématiquement discréditée par l’expert qui est présent lors des entretiens, car « son discours manquait de consistance ». Bien qu’elle répète les faits, certes de manière évasive, on fait comme si elle s’était rétractée et on commence à se focaliser sur le « contexte familial » en regardant uniquement du côté de Sandrine, accusée d’avoir été « suggestive » envers sa fille. Cet expert a permis de classer la plainte pour les faits sur Aude sans problème en mai 2008.
Pour montrer à quel point le rapport de l’expert a été biaisé, il faut lire le PV, où l’on remarque que les questions posées aux enfants sont tout aussi biaisées : Aude dit, juste après une phrase anodine selon le PV, que « papa m’a touché ma foufounette ». Elle le répète quand on lui demande pourquoi Jean-Claude n’est pas gentil. Puis, elle dit qu’elle ne sait pas ce qu’est « la foufounette ». On lui demande « C’est maman qui t’as appris ce mot ? »
R : « Oui. Mais c’est pas maman c’est papa ».
Q : « C’est qui qui t’as appris ce mot, maman ou papa ? »
R : « C’est papa »
Q : « C’est papa aussi ? »
R : « Oui ».
Q : « Et tu dis que papa qui t’as touché la foufounette aussi ? Et comment il a fait ça ? »
Aude ne donne pas de précisions, elle dit qu’elle ne se rappelle pas. Puis :
Q : « Et quand papa t’as touché la foufounette, tu as eu mal ? »
R : « Oui »
Puis elle bloque, on lui demande si elle a « pleuré très fort », elle répond « oui ». Montre l’endroit où il l’a touchée sur une poupée. Aude explique que son père l’a touchée plusieurs fois, y compris en présence de son frère.
Suite à cette audition, l’expert écrira pourtant qu’Aude dit que c’est sa mère qui lui a montré et expliqué ce qu’est « la foufounette », histoire de braquer les projecteurs sur Sandrine et pas sur Jean-Claude. La plainte sera donc classée sans suite, et Sandrine décidera de se constituer partie civile pour sa fille en août 2008.
La première expertise psychiatrique des enfants conclut qu’ils ne présentent aucun signe d’abus. Mieux, encore une fois c’est Sandrine qui est visée, car elle refuserait que les enfants voient leur père. En réalité, si les visites médiatisées se sont avérées compliquées, c’est parce que les enfants, surtout Romain, ne veulent pas voir Jean-Claude et refusent de sortir de la voiture pour se rendre au point rencontre. Cela n’empêche pas Jean-Claude de demander en avril 2008 à héberger les jumeaux un week-end sur deux.
Il se plaint au passage que Sandrine veut le détruire et ruiner son « image de père »…
Mi 2008, Sandrine entre en contact avec une assistante sociale, Myriam F, qui parvient à mettre Julie en confiance, si bien que la petite se confie à elle. C’est ainsi que Sandrine apprend que Julie n’a pas seulement subi des attouchements, mais aussi des viols par sodomie, de la part de Jean-Claude.
L’assistante sociale fait un signalement à la cellule Enfance en danger, en mai 2008. Elle explique la situation, dit qu’Aude ne veut pas voir son père au point rencontre, rappelle les faits dénoncés par Julie, que Sandrine n’avait pas pris au sérieux à l’époque. L’assistante sociale précise que la Justice dissocie les faits révélés par Aude de ceux qui ont été révélés par Julie, et elle demande qu’on fasse des recherches sur l’ensemble des faits.
En juillet, Julie, qui a peur qu’on ne prenne pas sa sœur au sérieux davantage que ce ne fut le cas pour elle, écrit à son tour pour raconter les faits. Sa lettre est jointe au signalement de Myriam F. Elle y écrit « je me souviens que mon beau-père après les douches, me disait d’enlever mon short pour qu’il me touche la foufounette. Je me souviens que sa zézette était marron. Je pleurais et je criais « mamie », et il me disait de me taire. Il me menaçait que je le disait à ma mère ou à ma mamie, elles iraient en prison. Son copain [Wolfgang] me menaçait de me jeter dans le puits si je le disais »
Elle dit aussi qu’à Montpellier, Jean-Claude la frappait et lui criait dessus, qu’elle a saigné du nez et qu’elle pleurait. Elle écrit « Aujourd’hui je suis en colère car personne n’a crue ma sœur et ni moi ni ma mamie il y a 8 ans en arrière. Et j’en veux beaucoup à ma mère car elle ne m’a pas crue, et a fait du mal à ma mamie ».
Sandrine se porte donc partie civile pour les faits commis sur Aude et aussi sur Julie. Elle dépose également plainte auprès d’un gendarme, qui écrira dans un rapport : « nous remarquons que cette personne est prête à tout pour nuire à son mari et qu’elle dégage un climat délétère au sein de sa famille et de ses enfants dont elle a la garde ». La plainte pour Aude sera classée sans suite deux semaines plus tard, et le juge A, saisi par Jean-Claude, classe le dossier concernant Julie.
Le 16 juillet 2008, Julie est convoquée à la gendarmerie, et l’expert qui a discrédité sa sœur quelques mois plus tôt fait le même travail avec elle. Pourtant, l’officier qui l’auditionne estime qu’il y a matière à ouvrir une enquête.
Le 28 août 2008, le juge A. décide de maintenir le droit de visite médiatisé de Jean-Claude, mais les deux enfants ne sont pas plus enthousiastes qu’auparavant, refusant même les cadeaux de leur père. A travers une porte, elle entendra même ce juge crier à ses enfants : « Quoi que vous ait fait votre père, votre devoir est d’aller le voir ! C’est moi le juge ici, c’est moi qui commande, pas votre père ni votre mère ! ». Etat forcés de revoir leur père, Sandrine constate que des symptômes psychosomatiques apparaissent chez les jumeaux : Romain se remet à faire pipi au lit et Aude a des nausées et des vomissements régulièrement, et ils font des cauchemars.
En septembre, Sandrine décide de scolariser Aude chez sa grand-mère, où elle reste dans le but de l’éloigner des tracas causés par l’affaire, et parce que la Justice commence à reprocher à Julie de manipuler sa sœur. Et cela devrait aussi aider Julie, pense Sandrine. La scolarité d’Aude s’est améliorée hors du contexte stressant de l’affaire. Pour les mêmes raisons, son frère la rejoindra quelques semaines plus tard. De plus en plus, les enquêteurs accusent Julie de manipuler sa sœur, qui n’aurait jamais été victime de rien. Mais, la Justice ordonne rapidement à Sandrine de faire revenir les enfants avec elle, pour « réinvestir » son « rôle de mère ».
Le mois suivant, Sandrine trouve un poste en CDI en tant qu’aide documentaliste dans le collège de sa ville, ce qui lui permet de s’occuper de ses enfants et d’avoir les mêmes vacances qu’eux.
Comme les enfants refusent de descendre de voiture lors des visites avec leur père, Jean-Claude décide de porter plainte contre Sandrine pour non présentation d’enfants. Il porte également plainte pour dénonciation calomnieuse, tout cela en une semaine de temps, du 15 au 22 octobre 2008. Ses parents s’y mettent aussi, lançant une procédure afin d’obtenir un droit de visite et d’hébergement des jumeaux, ce qu’ils obtiennent dès novembre 2009.
Le 8 décembre, Sandrine porte à nouveau plainte pour Aude, à la suite du signalement effectué par l’institutrice de la petite, car Jean-Claude est venu accompagné d’une femme présentée ultérieurement à la PJJ comme étant sa sœur à l’école de sa fille, ce qui lui est formellement interdit puisqu’il ne peut voir les enfants qu’en point rencontre et en présence de tiers. Mais, il n’y aura aucune suite et la plainte est classée sans suite, pour « absence » d’infraction, le 12 janvier 2009.
Le 19 décembre, le juge A réclame une expertise psychiatrique de Sandrine par le Dr R, expert auprès de la Cour d’Appel de Toulouse. Le but est de déterminer si Sandrine a des « sur son comportement et, si ces troubles ou déficiences constatés rendent nécessaire une mesure de protection pour elle-même ou pour ses enfants, de sauvegarde ou de rééducation particulière, ou s’ils entraînent des contre-indications professionnelles ou autres ». Le Dr R doit examiner sa personnalité mais surtout décrire « la relation mère enfant », « dire s’il est de l’intérêt des enfants d’avoir des rapports réguliers avec leur mère », si elle peut « assumer » la garde à temps complet « en l’état ou dans l’avenir », si elle pourrait avoir des droits de visite de ses enfants ou même une AEMO…
Autrement dit, le juge A.met lui aussi Sandrine sous les projecteurs de la Justice. C’est elle qui se retrouve en position de suspecte. On considère qu’elle manipule ses enfants, qu’elle cherche à nuire par tous les moyens à Jean-Claude, quitte à priver ce bon père de ses enfants. Un autre examen par le même médecin est encore réclamé pour Julie, afin de savoir pourquoi elle manipule sa sœur, mais surtout de savoir « à quelles conditions et par quels moyens il serait possible de mettre cette mineure en situation de ne plus manifester dans l’avenir de comportements antisociaux ».
Le 2 janvier 2009, Jean-Claude réclame auprès du juge l’autorité parentale et l’hébergement exclusifs sur les jumeaux.
Le 11 mars 2009, le juge pour enfants reçoit le rapport de la Sauvegarde de l’Enfance au sujet d’Aude. La petite, encore une fois, a été relativement mutique devant le médecin, le psychologue H. Celui-ci estime que « le milieu familial est fermé, soumis à l’autorité de [la grand-mère maternelle], qui est seule à décider, à fournir des explications ou pas », que Aude « ne sait rien de son père si ce n’est qu’il ‘est méchant’, ajoutant ‘j’en ai peur’ mais aussi ‘je ne sais pas pourquoi’ ». Pour lui, la petite est « éteinte » en présence de sa grand-mère, qui parle des faits devant Aude, ce qui semble inquiéter le psy, comme si la petite ne savait pas de quoi il s’agissait…
Un psychiatre, le Dr B., examine à son tour Aude, et considère quant à lui que les propos d’Aude au sujet de son père sont « le résultat d’une induction de son entourage familial maternel », et il sous-entend même que la petite est perturbée du fait de l’absence de son père.
Histoire de bien enfoncer le clou, une assistante sociale déclare ensuite que Aude n’est qu’un « enfant objet », qu’elle n’est pas épanouie, et qu’elle est « otage au sein d’un système familial complexe et perturbé ». Cette assistante sociale évoque un « clan de femmes » duquel « les hommes sont exclus ». Elle conclut qu’il n’est pas dans l’intérêt des enfants de rester chez leur grand-mère et recommande une mesure éducative.
Quant à Romain, le rapport conjoint d’un psychologue et d’un éducateur explique que Sandrine aurait dit qu’Aude a été envoyée chez sa grand-mère pour la sortir de l’influence de Julie, ce qui est faux. Les deux estiment que les propos de Romain ne sont qu’un mélange de « parole personnelle et parole rapportée pour rester solidaire de la lutte que mène sa mère ». On ajoute encore que Sandrine a crié « dans les oreilles de son fils » que le service protégeait les pédophiles et ne voulait pas croire que sa sœur a été violée, mais à ce moment Sandrine était au téléphone. Encore une fois, c’est une interprétation libre des faits : à ce moment-là, Sandrine était au téléphone et c’est à quelqu’un d’autre qu’elle parlait.
Julie, pour sa part, est davantage questionnée sur son quotidien que sur le fond de l’affaire, bien qu’elle ait été convoquée suite au signalement de son avocat. Julie dit que la vie à la maison s’est améliorée depuis que Jean-Claude n’est plus là, et qu’elle faisait office de souffre douleur depuis la plainte pour les abus sexuels. Elle doit aussi s’entendre dire qu’Aude est partie vivre chez sa grand-mère en raison de « l’influence négative » qu’elle pouvait avoir sur sa sœur. Julie dénoncera plus tard cet entretien, car on ne l’a pas écoutée.
Quand tout bascule
La conclusion de ce rapport est d’une logique implacable : Sandrine « met les enfants en danger », et on évoque un « bourrage de crane » sur les enfants « qui constitue le véritable syndrome d’aliénation parentale ». On estime qu’ « elle invente des attouchements, dépose plaintes sur plaintes », déplace les enfants chez la grand-mère, fait obstacle à la présence du père. Les deux rapports de l’IOE refusent que les enfants soient chez leur mère ou leur grand-mère. Car Sandrine « va même jusqu’à inventer que [Romain] a assisté aux attouchements qui ne sont que dans son imagination ». L’IOE est donc d’accord pour un placement des enfants et demande un droit de visite médiatisé… pour leur mère !
Cela se traduit par un jugement du juge A. le 24 mars 2009, au sujet de la garde des enfants. On considère le « milieu maternel malsain pour les enfants », qui « sont en souffrance » et sont « les objets d’un conflit entre adultes ». On ajoute que « les reproches qu’ils font à leur père ne sont étayés par aucun fondement », qu’une « mesure de placement est envisagée » en raison de l’ « influence néfaste de la grand-mère maternelle ». Mais, on décide quand-même de confier les enfants à leur mère, à la condition qu’elle favorise la reprise de contact des enfants avec leur père et qu’elle « restaure » le « rôle paternel ».
A la demande de Sandrine, une psychiatre reçoit Julie, et conclut en avril 2009 à « l’existence d’un syndrome pysho traumatique très sévère », et que « l’état de santé de [Julie] nécessite une prise en charge spécialisée, sur le plan psycho sensoriel ». Le médecin remet à Sandrine un certificat dans lequel elle mentionne que Julie lui a dit « être victime d’attouchements sexuels et de viol digital à plusieurs reprises » quand elle avait 3 et 4 ans. Selon cette psychiatre, les symptômes qu’elle décèle chez Julie « sont quant à leur nature et à leur intensité tout à fait compatibles avec les dires » de Julie « à savoir : des sévices sexuels à types d’attouchements et de viols dans une situation de dépendances-soumission ». Comme de bien entendu, la Justice ne tiendra pas compte de ce rapport.
En juillet 2009, le psychiatre R. rend son rapport concernant Sandrine et les trois enfants. Il conclut à l’absence de mécanisme délirant chez Sandrine, qui n’a aucun trouble de la personnalité. Pour lui, Sandrine est « à même d’assumer à temps complet la garde de ses enfants ». Concernant Romain, d’abord vu avec sa mère et Aude puis seul, le médecin ne décèle pas de trouble anxieux, l’enfant est jugé « gai et spontané ». Pour le médecin, il peut rester avec sa mère, mais il est influencé par le discours de sa mère.
Aude dit spontanément au cours de l’entretien qu’elle veut retourner chez sa tante et sa grand-mère. Le médecin considère cependant qu’elle doit se sentir coupable de la situation de conflit familial. Il ne décèle pas de troubles psychopathologiques chez elle.
Enfin, Julie se montre très réservée durant l’entretien, lassée de ne jamais être prise au sérieux. Elle non plus ne présenterait aucun trouble psychopathologique, « rien ne permet de mettre en question, a priori, ou d’interpréter les comportements ou paroles » de Julie.
Jean-Claude, lui, ne passera cet examen qu’en septembre, avec un autre médecin. Le rapport est d’une complaisance rare avec cet homme accusé d’abus sexuels par sa fille et sa belle-fille… Il est écrit dans ledit rapport que la mère de Jean-Claude n’a pas de problème de santé (bien qu’elle soit alcoolique et en sevrage depuis des années), qu’il « a grandi dans le Nord de la France avec ses deux sœurs » alors qu’Antoinette a passé ses six premières années chez ses grands parents pour une raison absolument taboue dans la famille. Jean-Claude explique qu’en 2000, il « répondit à une proposition pour devenir professeur d’éducation physique, le métier qu’il voulait exercer au départ », dans un « lycée privé bilangue », mais il part au bout de trois ans parce que ça ne lui plaisait plus. Il survole le sujet de son absence du foyer (pas de vacances en famille), dénonce la présence de la grand-mère, parle d’un « monde d’où les hommes étaient exclus », reprenant les mots de certains rapports. Il sous entend en outre que Sandrine l’a trompé et qu’elle voulait l’éloigner d’elle et des enfants.
Le médecin estime que Jean-Claude a « un ton apparemment sincère », des « propos cohérents ». Il explique en effet avec le plus grand calme, semble-t-il, que Sandrine l’accuse d’attouchements sur sa fille, et que la mère de Sandrine l’avait déjà accusé de cela auparavant. Pour Jean-Claude, « avec le recul, à l’évidence, la grand-mère agissait pour récupérer sa fille », et aujourd’hui Sandrine copie sa mère. Il ajoute que c’est « normal » car elle a évolué « dans un climat d’hostilité envers la figure paternelle ». Au final, pour le médecin, Jean-Claude « est apparu comme un homme en phase avec la réalité, soucieux » de l’intérêt de ses enfants, et est capable de les accueillir chez lui…
Le 19 octobre 2009, les grands-parents paternels obtiennent le droit de rendre visite aux jumeaux deux jours par mois, d’abord le samedi, puis du vendredi 10h au mardi 18h pour les petites vacances, et enfin deux week-ends par mois dès Pâques 2009. Cela, sous réserve de la décision du juge des enfants.
Le 2 novembre 2009, la juge F, qui remplace le juge A, muté ailleurs, donne à Jean-Claude un droit de visite évolutif : d’abord deux samedis par mois pendant 3 heures en point rencontre, puis dès février 2010, il pourra les accueillir chez lui de 10h à 17h deux samedis par mois. Enfin, dès avril 2010, Jean-Claude aura le droit d’héberger ses enfants un week-end par mois ainsi que la moitié des vacances scolaires.
Nouvelle expertise d’Aude par le Dr P, également expert à la Cour d’Appel de Toulouse. Il estime qu’Aude « n’exprime pas de détails spécifiques, d’éléments chronologiques ». Si la petite est en effet très laconique, elle répète pourtant que Jean-Claude lui a « touché la foufounette ». Conclusion de ce médecin : Aude ne présente aucun « syndrome psycho traumatique »…
Le 28 novembre, les grands parents paternels, qui ont un droit d’hébergement des enfants, viennent chercher Aude et Romain chez Sandrine, accompagnés de la compagne de Jean-Claude qu’ils présentent à Sandrine comme étant assistance sociale, et d’Antoinette. La famille de Jean-Claude se montrant très agressive, la rencontre tourne vite à l’altercation et Sandrine doit faire appel à la gendarmerie du coin. En effet, Antoinette et la mère de Jean-Claude n’ont pas hésité à frapper Sandrine, à l’insulter en pleine rue ainsi que Julie et une voisine qui a assisté à la scène, et la sœur de Jean-Claude hurle à Sandrine qu’elle va lui « faire la peau », la « tuer », et la mère menace qu’elle et les enfants vont « le payer ». Sandrine porte plainte pour cette agression, mais la plainte est classée le 27 mars 2010.
A la suite de cette crise, Sandrine est véritablement inquiète pour la sécurité de ses trois enfants. Le lendemain, elle quitte la maison avec eux. Elle les retire aussi de l’école, autour de laquelle Jean-Claude et sa famille avaient la fâcheuse manie de rôder et leur fait cours elle-même (elle a obtenu une autorisation de l’inspecteur d’académie à cet effet), quitte son emploi et décide qu’elle coupe les contacts avec Jean-Claude. Lorsqu’elle va porter plainte pour l’agression du 28 novembre, Sandrine précise bien aux gendarmes qu’elle va quitter les lieux car ses enfants ont été menacés de mort par sa belle-famille, et qu’elle prend ces menaces très au sérieux.
Julie est à nouveau séparée de sa mère, et est confiée à sa tante, la sœur de Sandrine. Elle est scolarisée dans un collège privé, où ses résultats scolaires remontent.
Sandrine vit donc avec les jumeaux, en profite pour les faire sortir, les faire bien travailler. Elle croise les gendarmes à de multiples reprises, et ne fuit pas, ne se cache pas. Elle vit seulement ailleurs que chez elle, et tente d’éviter que les enfants ne risquent quoi que ce soit.
Au départ, elle garde même son numéro de portable, puisque Jean-Claude ou ses proches font des appels anonymes, ou pas… Pendant ce temps-là, il fracture régulièrement la boîte à lettres de Sandrine pour lui subtiliser du courrier, histoire de lui compliquer la vie mais aussi pour tenter de savoir où elle se trouve. Quand elle change de numéro, il parvient à obtenir le nouveau. Une fois, il lui demande si elle a « bientôt fini » de se « promener », une autre il affirme qu’il l’a localisée...
En l’absence de Sandrine à l’audience (puisque Jean-Claude a certainement du intercepter la convocation), la juge F. décide le 05 février de placer provisoirement Aude et Romain auprès de l’aide sociale à l’enfance (ASE) du Tarn, pour 6 mois, car ils seraient face à un « danger psychologique ». Jean-Claude obtient un droit de visite médiatisé de deux heures par mois, de même que Sandrine.
Deux jours plus tard, la juge B. rend un non lieu concernant la plainte pour l’agression sexuelle sur Aude. Dans le jugement il est écrit que « Entendue à deux reprises, [Aude] déclare que son père lui avait touché le sexe (D35). Toutefois, le psychologue clinicien qui avait assisté à l’audition indiquait que la pauvreté du discours, les imprécisions, l’incohérence parfois, rendaient l’analyse du contenu peu exploitable. Il soulignait que la probabilité d’un récit véridique s’avérait mince de sorte qu’il fallait s’interroger sur le contexte familial (D17) », puis que « Plus tard, assistée d’un administrateur ad hoc, [Aude] disait n’avoir « rien fait » avec son père (D142).
La juge se base encore sur l’expertise psychiatrique du Dr P, sur le dossier d’assistance éducative du juge des enfants de Castres, qui pointe « le caractère délétère de l’environnement familial d’[Aude], sa position d’ ‘otage au sein d’un système familial complexe et perturbé’, ‘subissant un enfermement dans un univers où tous les hommes sont exclus’ », sur l’audition par le JDE.
Le jugement mentionne également une entrevue d’Aude et Romain avec le juge des enfants, au cours de laquelle Aude aurait déclaré « maman a dit qu’il ne fallait pas aller voir papa car il est méchant », ainsi qu’une conclusion du juge aux affaires familiales soulignant « l’attitude de la mère visant à faire obstacle aux relations père-enfant », les auditions d’enseignants qui n’auraient pas constaté de changement d’attitude chez Aude, les déclarations de Jean-Claude expliquant qu’il ne s’est jamais rien passé et qu’il n’a pas vu les enfants depuis le 29 octobre 2007.
Quant à la première plainte concernant les attouchements sur Julie, l’expertise psychologique la balaie car Julie serait « influencée par un environnement familial très conflictuel où, à travers elle, mère et grand-mère règlent leurs comptes mais aussi aux pères et hommes en général ». Ainsi, la famille de Sandrine ne serait qu’un bastion intégriste du MLF, ce qui discréditerait totalement les accusations des enfants…
Bref, finalement la juge B. conclut qu’ « aucun élément matériel ne permet d’établir l’existence de charges suffisantes contre » Jean-Claude. Surtout que, précise la juge, « Les examens psychiatrique et psychologique de l’enfant concluent à l’absence de retentissement émotionnel en lien avec les faits. Le Dr V. qui a assisté aux deux auditions de l’enfant par les enquêteurs, souligne également le caractère rigide des déclarations de l’enfant, le décrochage dans le discours, c’est-à-dire un passage brutal des faits neutres aux faits incriminés, autant d’indicateurs qui penchent en faveur d’un discours induit, suggéré ».
En mai 2010, Jean-Claude, qui a obtenu le nouveau numéro de Sandrine, lui dit qu’il a le bras long et lui demande s’il fait beau à Bordeaux, histoire de lui montrer qu’il sait quand-même où elle est. Quelques jours plus tard, Sandrine décide de porter plainte contre Jean-Claude pour harcèlement moral, menaces, injures et diffamation, vol avec effraction pour le courrier et non paiement de la pension alimentaire. Mais elle porte aussi plainte contre les parents de Jean-Claude et Antoinette pour diffamation, injures, menaces, et contre la compagne de Jean-Claude, pour usurpation d’identité, incitation à la menace et non assistance à personne en danger.
Il n’y aura aucune trace de cette plainte pendant des mois, selon l’avocat commis d’office de Sandrine. Elle a pourtant été envoyée au tribunal de grande instance avec accusé de réception. Jusqu’en novembre 2011, quand Sandrine se rend au TGI de Castres et qu’elle obtient après moult tergiversations à obtenir une copie du classement sans suite de ladite plainte. Classement en date du 29 septembre 2011, comme par hasard quelques semaines avant l’audience déplacée au 16 novembre, peut-être parce que l’avocat de Sandrine comptait la mentionner durant les débats ? Accessoirement, la plainte a été classée avec l’adresse du lieu des faits, pas avec celle de Sandrine à l’époque, mentionnée dans la lettre avec accusé de réception envoyée pour la plainte auprès du procureur.
Nouveau jugement le 9 juin 2010, toujours en l’absence de Sandrine, pour non présentation d’enfants. Jean-Claude s’est porté partie civile, et Sandrine est condamnée à faire six mois de prison fermes.
L’enlisement
Le 7 juillet 2010, le juge aux affaires familiales remet l’autorité parentale exclusive à Jean-Claude, qui a aussi le droit d’hébergement exclusif. Le juge ne manque pas de relever « l’acharnement » de Sandrine contre Jean-Claude et son refus « d’exécuter les décisions de justice (…) sans essayer de chercher à comprendre et de connaitre la vérité, persuadée qu’il était coupable, est constitutif d’un comportement malveillant à l’encontre de son conjoint. Ainsi [Sandrine] a fait preuve d’un irrespect total à l’égard du père de ses enfants qu’elle n’a pas hésité à atteindre dans sa dignité ». On estime que Sandrine n’apporte pas de preuve des violences conjugales en 2006 et on rejette sa demande de divorce, finalement prononcé à ses torts exclusifs. Bien que Jean-Claude vivait avec une femme dont il a eu un enfant, mais ce n’est surement qu’un détail…
Sandrine n’a plus qu’un droit de visite médiatisé, mais celui-ci est suspendu car elle n’a pas donné de nouvelles au Juge des Affaires Familiales. Elle doit également verser 3.000€ de dommages et intérêts à Jean-Claude et payer les frais de procédure. Et la maison dont elle paie seule les traites doit être revendue.
On constate par ailleurs la célérité de la justice, qui expédie toutes les procédures lancées par Jean-Claude en l’espace de quelques mois, pile durant l’absence de Sandrine et des enfants. Comme si tout était prévu d’avance, comme si son départ avec les enfants était prévu, devenant l’élément déclencheur de la traque de Sandrine et des enfants. En outre, en se basant sur l’adresse de la maison familiale qui n’est plus valable depuis novembre 2009, le tribunal de Castres se déclare compétent pour toutes les affaires concernant Sandrine. Sur les actes judiciaires qui suivent, on ne mentionne que le nom de leur père quand Aude et Romain portent aussi le nom de leur mère.
Le lendemain, la juge F. prolonge le placement des enfants à l’ASE pour 12 mois supplémentaires. Les deux parents se voient gratifiés d’un droit de visite médiatisé de deux heures par mois.
Sandrine n’est pas au courant de ces décisions de justice. Le 7 décembre 2010, elle vient voir Julie qui fête son anniversaire trois jours plus tard, et la dépose à son collège accompagnée de sa mère, avec qui elle allait acheter le sapin de Noël. Deux gendarmes bloquent la rue, aidés par la police municipale. Officiellement, il s’agit d’un banal contrôle de la circulation, mais bizarrement le seul véhicule à être intercepté est celui de Sandrine. Julie, qui se doutait que les flics n’étaient pas là pour rien, attend devant l’entrée et assiste à l’arrestation de sa mère, quelques mètres plus loin.
L’un des gendarmes annonce directement à Sandrine qu’elle passera les fêtes derrière les barreaux. Elle part immédiatement en garde à vue, puis rencontre la juge B. le lendemain matin, qui l’envoie en maison d’arrêt jusqu’au 27 janvier. C’est cette même juge qui avait déjà prononcé le non lieu pour la plainte concernant Aude… Elle comme le juge des libertés qu’elle verra également, veulent absolument savoir où sont les enfants, mais Sandrine refuse obstinément de leur répondre à ce sujet. On lui reproche la non présentation d’enfants, mais aussi la non communication d’un changement d’adresse. Ce qui ne manque pas de sel, Jean-Claude ayant changé moult fois d’adresse, en ayant même falsifié pour ne pas avoir l’air de vivre avec sa nouvelle compagne…
La juge B dit à Sandrine que les enfants seront placés et qu’ils n’iront pas avec leur père, mais Sandrine répond qu’elle sait très bien que Jean-Claude réussira encore à séduire tout le monde et obtiendra les droits sur les enfants. Sandrine est très claire : elle préfère aller en prison plutôt que de dire où se trouvent ses enfants.
Dès son incarcération, Sandrine prévient qu’elle entame une grève de la faim et de la soif, mais les gardiens mettront plusieurs jours à s’en apercevoir. Les médecins de la prison, quant à eux, veulent la gaver de médicaments car elle pleure beaucoup. Elle doit voir un expert psychiatre, qui conclut que son « cas n’est pas psychiatrique mais judiciaire », ce qui encourage Sandrine à se réhydrater de nouveau.
Le 25 janvier, des gendarmes de trois brigades différentes (Graveson, Arles, Castres), déboulent chez la mère et la sœur de Sandrine où sont hébergés les enfants. Ils retournent tout, et finissent par trouver les gamins, qui se sont cachés dès qu’ils ont entendu les sirènes. Pour les faire sortir, les flics ont menacé de mettre en prison leur tante et leur grand-mère. Les enfants iront dans un foyer avant d’être placés quelques jours plus tard dans une famille d’accueil. Les services sociaux estiment que les enfants ne sont pas en forme, ils auraient même des « problèmes moteurs », marchant « difficilement », Aude ne saurait pas lire, mais tout serait rentré dans l’ordre depuis qu’ils sont séparés de leur mère. Preuve du traumatisme subi, le rapport de l’ASE mentionne même que « « les enfants ne semblent pas vraiment mesurer l’anomalie de ce qu’ils ont vécu »…
Le 27, Sandrine est libérée sous conditions et placée sous contrôle judiciaire avec l’interdiction de voir les jumeaux. Le juge R., bien connu pour avoir prononcé moult non lieux dans l’affaire Patrice Alègre, remplace la juge B., il est le troisième intervenant. Sandrine doit retourner vivre dans la maison familiale, où il n’y a plus d’eau ni d’électricité.
Sandrine s’aperçoit aussi rapidement que l’avocate censée défendre les jumeaux, Me M., est de moins en moins impliquée dans son job, et qu’elle parle beaucoup aux éducatrices de l’ASE. C’est ainsi que la juge F. pourra empêcher Aude et Romain de voir leur sœur.
Julie, écœurée par les réactions de la Justice face aux dénonciations d’Aude, décide de se porter partie civile. Et la Justice décidera de ne pas plus l’écouter, de bafouer une fois sa parole. Elle a vu sa mère se faire embarquer par les flics devant son école, en présence de ses camarades, ses frère et sœur ont été embarqués à leur tour d’une manière extrêmement violente pour des gamins de sept ans… Quand les gendarmes lui disent qu’ils ont pris les jumeaux, elle demande s’ils vont devoir retourner chez leur père, ce à quoi on lui a répondu par la négative, ce qui est un mensonge puisqu’à terme, c’est bien Jean-Claude qui devrait en avoir la garde exclusive.
Pendant ce temps-là, la juge F. repousse le droit de visite de Sandrine auprès de ses enfants au motif qu’elle persévère dans ses accusations contre Jean-Claude. La juge décide que les enfants ne pourront voir leur mère qu’après que les liens père-enfants soient rétablis ! Et elle demande de nouvelles expertises psychiatriques des jumeaux, ainsi que de Sandrine et Jean-Claude.
Sandrine doit être jugée pour la non présentation d’enfants par le juge R. à la mi juin, mais l’audience sera décalée au 16 novembre 2011, pour regrouper toutes les affaires et les juger en même temps. La mère et la sœur de Sandrine sont également placées sous contrôle judiciaire et ne peuvent pas voir les enfants. Elles ne peuvent même pas entrer dans le département du Tarn. Elles sont soupçonnées par la Justice d’avoir aidé Sandrine à cacher les enfants depuis novembre 2009.
Le 22 juin, c’est la première fois que Sandrine peut revoir ses enfants depuis son incarcération, dans un point rencontre de Castres, pendant une heure et demie. Les enfants sont très lointains, n’osent pas la regarder dans les yeux. Ils ne parlent que très peu, et Sandrine a l’impression qu’ils sont « conditionnés, robotisés ». Elle constate en outre que leur hygiène laisse à désirer et en fait part aux éducatrices présentes.
Sandrine ne sait toujours pas où et dans quelles conditions les enfants sont hébergés. Et on se permettra de lui reprocher de ne pas s’inquiéter de ce qu’ils deviennent !
Mi juillet, l’ASE remet son rapport au sujet de la première rencontre entre Sandrine et ses enfants. On trouve que Sandrine pose beaucoup de questions aux éducatrices au sujet de ses enfants, ce qui les mettrait mal à l’aise, on écrit que « les enfants se sont tendus au fur et à mesure de la visite », on fait de Sandrine une maniaque de l’hygiène et on ne manque pas de souligner le contraste entre les visites du père (qui se déroulent évidemment à merveille) et celle de la mère.
La juge M. qui remplace la juge F. décide le 22 juillet de poursuivre le placement des enfants. Jean-Claude a le droit de les voir durant une journée entière, une ou deux fois par semaine ainsi que quatre jours en août, et Sandrine n’a le droit qu’à des visites médiatisées une fois par mois. Pour la juge, les enfants ont « pu renouer avec leur papa une simplicité, un naturel et un bonheur partagé presque déconcertants après cette longue séparation si dramatisée, et ils restent dans l’attente de leurs prochaines rencontres ». Dans le jugement, il est écrit que « s’il est prématuré, avant le retour de l’éclairage psychiatrique demandé et d’une enquête sociale dans le foyer du père, de programmer une installation des enfants chez leur père, il est en revanche possible et souhaitable d’accroitre les temps passés ensemble ». Accessoirement, la juge M. est la juge d’application des peines qui avait mis Sandrine en prison en décembre 2010. Quand elle reçoit Sandrine, elle lui demande carrément : « Comment allez-vous depuis la dernière fois qu’on s’est vues ? ». Rappelons qu’un même juge n’a en principe pas le droit de juger deux fois la même personne dans des instances différentes, mais un tel vice de procédure ne semble pas gêner la Justice…
De son côté, Jean-Claude s’attache soudain à revendre la maison dont il a fait changer les serrures, à regrouper les comptes bancaires, y compris celui de Julie, sous son autorité. Question à dix mille : pourquoi ne s’occupe-t-il de cette maison qu’à ce moment-là, et pas dès le départ de Sandrine ? Pour que la Justice puisse continuer à faire comme si elle habitait toujours à Payrin et conserver la même clique judiciaire à ses trousses ?
Aujourd’hui, Sandrine doit encore affronter différentes procédures, et vit dans l’incertitude la plus totale concernant l’avenir d’Aude et Romain. Elle-même risque aussi de repartir en prison, pendant que les enfants risquent de devoir vivre chez leur père.
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Dans cette affaire, on peut se demander ce qu’est censée faire une mère dont les enfants parlent d’abus sexuels commis par leur père. Si elle dénonce les faits à la police mais qu’au final, la Justice estime qu’il ne s’est rien passé, elle risque d’être poursuivie pour dénonciation calomnieuse. Si elle ne dénonce pas les faits, c’est la non dénonciation d‘un crime et non assistance à personne en danger, et c’est puni par la loi. Que la Justice soit claire, qu’elle donne la marche à suivre.
Dans le cas de Sandrine, Julie, Aude et Romain, tout s’est passé comme si Sandrine avait eu tort de finir par écouter ses filles. Les choses n’auraient pas pu se dérouler d’une manière plus compliquée si elle avait continué à se voiler la face.
Cette affaire pose aussi la question de la place qui est accordée à la parole des enfants dans un système judiciaire où les magistrats sont tout puissants. Leur « pouvoir d’appréciation » fait qu’ils peuvent retenir les éléments qu’ils veulent dans une affaire, et rejeter ceux qui les dérangent ou qui ne collent pas avec la « vérité judiciaire ». Une « vérité » que les médias ont l’interdiction absolue de remettre en cause, preuve que la liberté d’expression et la démocratie ne sont que des vœux pieux.
On n’a pas écouté Julie, et sept ans plus tard on n’a pas plus écouté Aude. Au final, deux gamins sont séparés de leur mère et de leur sœur, simplement parce qu’ils ont parlé. Et Julie doit grandir avec l’idée que sa famille a explosé à la suite de sa dénonciation. Ce n’est pas de sa faute, non, tout cela survient parce qu’on vit dans un pays où, comme l’a expliqué un rapport de l’ONU il y a quelques années, la défense des réseaux pédo criminels est institutionnalisée.
Après une telle affaire, l’expression « déni de justice » prend tout son sens.
Source: http://pedophilie-castres.over-blog.com/article-l-affaire-de-castres-en-detail-89589862.html