Greek+Riots+Continue+Unions+Hold+General+Strike+KQaFn7N3VUglCa fait un moment qu'on n'a pas reparlé d'économie, mais il est temps de faire le point. Pendant que la Grèce s’embrase et que l’Espagne s’effondre à son tour, l’orchestre du Titanic qu’est devenue l’Europe continue à jouer. Pourquoi on en est arrivé là, pourquoi personne ne réagit, ce qui nous attend, voilà les questions qu’il est temps de se poser.

L’Europe est mal barrée, parce que la dette des Etats est le dernier gros potentiel de spéculation. La Grèce a été ruinée pour dégager des marges sur sa dette, titrisée et revendue par paquets. Très vite, le débat s’est carrément porté sur la viabilité de l’euro, si bien que d’autres pays européens ont été dans la ligne de mire des « économistes » à la solde des spéculateurs. Les réactions en chaîne font qu’aujourd’hui, la moitié de l’Europe est dans l’impasse.Etat des lieux de la situation en ce début 2013.

 

 1.     Pourquoi on en est là

Quelques éléments qui permettent de comprendre que l’Europe est une création américaine, destinée uniquement à ouvrir de nouveaux marchés aux banques et multinationales US :

    > Le 1er texte européen est le plan Marshall, qui imposait de créer l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique), avec une institution supra nationale à sa tête, à laquelle l’inénarrable Jean Monnet a été installé à sa création. Le Plan Marshall imposait aussi de créer un marché commun et de libéraliser le commerce entre les Etats membres.

     > Jean Monnet, qui importait du cognac aux Etats Unis en pleine prohibition, était très proche de la CIA, de Washington, et s’est retrouvé patron de la SDN âgé d’une vingtaine d’années seulement, alors qu’il n’avait aucun diplôme.

     > De nombreux agents US ont participé à la rédaction des premiers textes européens.

     > D’autres, comme le trop méconnu Jean Guyot, ont été la tête de pont des banques, en l’occurrence la banque Lazard.

     > Le Bilderberg a été créé en 1954 justement pour pousser la création européenne. En 1955 ou 1957, par exemple, la préoccupation du Bilderberg était déjà de mettre en place le « marché commun européen » et on invoquait déjà l’« intégration économique européenne », c’est-à-dire l’ouverture totale au marché US.

     > Aujourd’hui encore, les technocrates européens font allégeance au Bilderberg. La nomination du « président » Van Rompuy deux jours après avoir rencontré quelques membres dudit Bilderberg l’a montré encore récemment.

 2.     Les dégâts du lobbying

brussels-carrouselOn a vu aussi que les lobbies, spécialement les lobbies financiers, mènent la danse auprès de la commission européenne, mais aussi dans les groupes d’experts censés réguler les banques comme le comité de Bâle.

Goldman sachs, par exemple, a placé ses pions dans toutes les institutions : Mario Draghi qui est présent de la Banque centrale Européenne[1] qui pour certains est le « vrai président de l’Europe ». Pour Draghi aujourd’hui, il s’agit de racheter de « la dette souveraine », c’est-à-dire de la dette publique des Etats. Ben oui, plus personne ne veut acheter de titres de dette espagnole, grecque ou même italienne sur « les Marchés », ou alors à des taux d’usure.

Draghi est aussi membre du G30 ou « groupe des trente », un lobby bancaire qui veut agir sur les politiques. Pour cela, il est visé par une plainte du Corporate Europe Observatory (CEO), une ONG qui étudie le lobbying au niveau européen. Le groupe des 30, c’est un peu comme le Bilderberg : officiellement il ne s’y passe rien, mais tout le monde est pressé d’entrer dans le cénacle.  Ce machin a été créé en 1978 et planche sur les problématiques économiques et financières du moment, afin « d’examiner les choix disponibles pour les acteurs du marché et les décideurs politiques ».

Parmi les dirigeants du G30, on a l’indéboulonnable Paul Volcker, Jacob Frenkel, qui est aussi directeur de JP Morgan Chase,  après être passé par AIG jusqu’à la faillite en 2009, et pas Merrill Lynch de 2000 à 2004. De 1991 à 2000, Frenkel a été gouverneur de la banque d’Israël où il a réduit l’inflation c’est-à-dire les salaires. De 1987 à 1991, Frenkel a été conseiller économique au FMI, et encore avant il était prof à l’université de Chicago. Il y a aussi le président de la Réserver Fédérale de New York, William Dudley, Mario Draghi, Lawrence Summer, ex secrétaire US au Trésor, qui a permis la dérégulation totale, le directeur de la banque d’Espagne, le directeur de Goldman Sachs Gerald Corrigan, un patron de la banque du Canada, le gouverneur de la banque d’israel, l’ex directeur de la banque centrale du Brésil, le gouverneur de la banque d’Angleterre, celui de la banque du Mexique, celui de la banque du Japon le trop célèbre économiste Paul Krugman, ou Zedillo l’ex président mexicain.

Pour le CEO, cette appartenance à un groupuscule ultra libéral est un problème, mais pour la BCE tout va bien.

 

revolving-doorD’après le CEO, le G30 sert de plateforme entre les banques privées et les banques centrales. Récemment, Jacques de La rosière, qui fait aussi partie du comité de réforme bancaire Bâle III, et conseille la commission ou la BCE sur la manière de ne pas réguler le système financier, a rédigé un rapport destiné à imaginer ce que seront l’Europe et l’euro à long terme. Rien de neuf dans ce rapport : il faut plus de libéralisme, moins de règles etc.

Un autre pion de Goldman Sachs est Mario Monti président du conseil italien et ancien conseiller de Goldman Sachs. En France, on a l’indéboulonnable Michel Pébereau[2], ce président de BNP Paribas qui a conseillé Sarkoléon. Pébereau a créé en 2010 un « organisme indépendant » constitué de lui et de deux collègues, le « Conseil de régulation financière et du risque systémique » (Corefris), que d’aucuns appellent la « commission Pébereau », et qui a pour ambition de conseiller le ministre des Finances. Evidemment, pour ledit organisme, toute régulation de l’activité spéculative est à proscrire. Et Moscovici n’a rien trouvé de mieux à faire que de leur confier la réforme bancaire.

On a aussi eu l’éminent Georges Pompidou[3], ancien dirigeant de la banque Rothschild qui a fait passer en 1973 la « loi Rothschild », qui obligeait les Etats à emprunter sur les marchés financiers au lieu d’emprunter à la banque centrale à taux zéro.

Aux Etats Unis aussi, pour ne citer que quelques exemples : Robert Zoellick[4] qui a été président de la Banque Mondiale de 2007 à 2012, ou Robert Rubin qui a passé 26 ans chez Goldman Sachs, puis a été directeur du Trésor sous Clinton[5], puis a été diriger Citigroup, ou encore Henry Paulson qui a dirigé Goldman Sachs et a dirigé le Trésor US sous Bush.

La réforme bancaire dont on nous rebat les oreilles depuis maintenant quatre ans n’arrive pas, et pour cause : ce sont les types du secteur financier qui doivent fixer les lois pour se réguler.

Toutes ces connexions ont un but : obtenir des lois aussi favorables que possible au lobby spéculatif, autrement appelé « industrie financière ». On l’a vu en France avec les pitoyables réformes de flamby, qui finissent par ne taper que sur les pauvres, la classe moyenne et les PME à cause du lobbying des banques. Ainsi, Hollande vient de reculer sur le point crucial de la séparation des banques de dépôt et des banques d’investissement. C’est crucial, parce que quand les actifs des banques se transforment en dette, c’est l’épargne des gens et des entreprises qui est directement menacée, ce qui oblige les contribuables à renflouer les banques pour ne pas perdre leurs quelques milliers d’euros. Mais comme les « experts » du secteur bancaire consultés par flamby et sa clique a dit qu’il ne fallait rien changer, eh bien on ne change rien.

lobbyists21La même infiltration du milieu bancaire a lieu avec la réforme Bâle III censée réguler l’activité de toutes les banques, et qui n’arrive jamais pour la simple raison que ce sont les banques et autres fonds spéculatifs qui sont en train d’en discuter. Une des réforme phare de Bâle III devait exiger une augmentation des fonds propres : au lieu d’avoir en caisse 4 euros pour 100 euros de « prêts » ou d’ « actifs » virtuels, on demanderait 20%. Là, on n’est même pas à 8, ce qui promet de nouvelles réjouissances à la prochaine grosse crise.

L’Europe n’est pas épargnée par cette infiltration du « secteur financier » : Corporate Europe Observatory a publié une étude sur les derniers retournements de veste des députés européens. Il pointe le cas de l’ancien député conservateur anglais Jonh Purvis, qui a quitté le Parlement en 2009 et a rejoint un cabinet de lobbying où il est chargé du Forum sur l’avenir de la Finance. Un autre ex député conservateur, Christian Rovsing, a rejoint le même cabinet (Cabinet DN).

Dans ce cabinet, on trouve aussi un ex premier ministre irlandais (également ex ministre du commerce et de l’industrie), John Bruton, qui a aussi participé à la rédaction de la constitution européenne et a été ambassadeur de l’Europe à Washington. Ont également rejoint Cabinet DN un ex député européen danois, Christian Rovsing, et  un ex député vert des Pays Bas au Parlement européen, Alexander de Roo.

Un dénommé Glyn Ford, du labour, a rejoint le cabinet Gplus en 2009, où on trouve aussi un ancien porte-parole du commissaire à la compétitivité, Peter Guilford, qui a monté Gplus dès qu’il a quitté ses fonctions européennes (où il est resté 10 ans), en 2000. Sur sa page web on nous vante ses compétences acquises lors de son passage à Bruxelles, où il était en première ligne des négociations sur la compétitivité, les lois anti dumping (qui n’ont finalement jamais été votées) etc.

On a aussi l’ancien porte parole du conseil des ministres de l’Europe et de l’ancien commissaire européen à la Compétitivité Mario Monti, Michael Tscherny, qui a rejoint Gplus tout de suite après ce job qu’il a occupé de 1999 à 2002. le hollandais Hans Kribbe, qui a rejoint Gplus en octobre 2005, a auparavant aidé Nellie Kroes, ancienne commissaire à la compétitivité, et l’inénarrable Fritz Bolkestein quand il était commissaire au Marché Intérieur. Pendant ce temps, il a activement travaillé à la libéralisation du marché européen et aux négociations sur le traité européen. L’ancien porte parole de Jacques Delors quant il était président de la commission, Bruno Dethomas, a lui aussi rejoint Gplus.

 

masters eurozoneSharon Bowles, députée européenne pour la Grande Bretagne, travaille aussi pour le cabinet de son mari, spécialisé dans les licences pour les logiciels, le député allemand Elmar Brok est vice président de Bertelsmann pour le développement des médias, le maltais Edward Scicluna est président non exécutif pour deux fonds d’investissement liés à HSBC, et directeur non exécutif de trois autres entreprises maltaises.

Au sujet de Sharon Bowles, un autre article du Corporate Europe Observatory explique qu’elle a très certainement fait partie des députés qui ont proposé des amendement directement inspirés de l’industrie financière quand il s’est agi de tenter une vague régulation, en 2008. Au moins 38 amendements proposés par 15 députés européens sur les 977 amendements proposés au total étaient similaires, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas été directement imaginés par les députés qui les ont proposés. Quand le CEO leur a demandé comment leur était venue l’idée de ces amendements, l’Allemand Markus Ferber a répondu que son amendement sur les contrats d’assurances était du à une table ronde qu’il venait d’avoir avec des banques et des compagnies d’assurances, l’assistant d’un autre, le Finlandais Sari Essayah,  a répondu qu’il avait probablement été aidé par Assured Guranty, une holding financière basée aux Bermudes pour un amendement, par un lobbie financier finlandais pour un autre.

Mais, à ce petit jeu, il semble que la palme ait été détenue par Sharon Bowles, qui voulait absolument donner une « orientation sensiblement libérale » à la directive visée par ces amendements. A son cabinet personne ne se rappelait d’où venait l’inspiration de ces amendements, cependant le député Kay Swinburne, qui a déposé cinq amendements similaires à ceux de Bowles et a rencontré une vingtaine de lobbyistes du secteur financier pendant les débats, a admis avoir travaillé pour cela avec le l’Autorité anglaise des Services Financiers, très axée sur la politique du « laissez-faire ». L’un de ces amendements visait à ne pas réguler les produits dérivés, ceux-là même qui sont à l’origine de la crise subprime et qui représentent aujourd’hui des pertes abyssales.

Quant à réduire le nombre de membres des banques et autres institutions financières dans les « groupes d’experts » qui conseillent la commission européenne en matière de régulation financière, il faudra repasser.

Le Corporate Europe Observatory a calculé que 35 % des députés européens avaient ainsi un « deuxième job », notamment comme consultants, avocats, ou même membres du staff d’entreprises.

Et les propos de tous ces « spécialistes » de l’économie qui ont pignon sur rue, qui conseillent au travaillent au FMI, à la Banque Mondiale, à l’OMC et autres entités supranationales non élues, et se répandent dans les médias, sont parole d’évangile. Ils appliquent toujours les mêmes mesures à des pays en crise, qui voient systématiquement leur dette s’envoler avant de refuser de payer. La recette est : réduction des dépenses, privatisations, augmentation des taxes, baisse des salaires, ouverture totale à la sacro sainte « concurrence libre et non faussée ». En un mot ça s’appelle l’austérité.

82757304_oOr, il se trouve que récemment, des économistes du FMI ont dit que finalement, l’austérité était pire que mieux pourdes pays déjà surendettés, puisque ces politiques nuisent à la croissance et à l’emploi. En France où la consommation représente la moitié du PIB, il est évident que la chute du pouvoir d’achat chez les pauvres et les classes moyennes se traduit en une stagflation comme dans les années 30 : stagnation de la croissance et de la production, pendant que l’inflation des prix reste forte.

Ils se trompent presque toujours, ce qui n’empêche pas les gouvernements de continuer à les écouter.

 

 3.     Panique à bord

Aujourd’hui, c’est la panique. Les Etats Unis relancent leur planche à billets. C’est ce qu’ils appellent le quantitative easing, et c’est une augmentation des liquidités de la FED, afin qu’elle injecte des dollars dans le système financier. La FED est donc à nouveau (pour la troisième fois depuis novembre 2008[6]) occupée à racheter des titres pourris (comme les bons du Trésor US) dont personne ne veut.

Une étude de la FED, publiée il y a un an, montre qu’il a fallu injecter des milliers de milliards de dollars dans des dizaines de banques pour que le système financier ne s’écroule pas. Contrairement à la BCE, la FED, elle, a le droit de faire marcher sa planche à billets, tandis qu’en Europe nous devons emprunter sur les marchés.

Ce rapport de 266 pages est intitulé « Opportunities Exist toStrengthen Policiesand Processes forManaging Emergency Assistance » et a été rédigé par le Government Accountability Office (GAO).

Il s’agit en fait d’une analyse des mesures prises par la réserve fédérale US de 2007 à la mi 2010 pour pallier à la crise, qui tente également d’en évaluer les coûts. Dans ce laps de temps plus de 1.000 milliards de dollars ont été consacrés à des renflouements directs via des « prêts » au « secteur financier » qu’on pourrait vulgairement appeler le « gouffre à pognon ». De fait, l’institution « indépendante » est devenue prêteuse « en dernier ressort » pour les « établissements financiers » qui surendettés, afin qu’ils continuent à se prêter entre eux. Et de souligner qu’il s’agit souvent d’autres « établissements » que les banques, mais qui eux aussi finançaient de plus en plus les « consommateurs et les entreprises ».

Mais, tout cela est resté confidentiel. On ne savait pas, y compris le Congrès, combien avait été prêté ni à qui, et encore moins à quelles conditions. La FED n’a donné des informations détaillées sur les établissements ayant reçu une aide d’urgence qu’en décembre 2010.

 

goldmansachsEntre 2007 et mi 2010, donc, pas moins de 19 programmes d’urgence se sont succédé, l’un destiné à Citigroup, l’autre à Bank of America, pour Bear Stearns (qui a fait faillite et a été revendue ensuite à JP Morgan qui a obtenu un prêt de 30 milliards pour cela[7]), pour AIG[8], ou alors des programmes destinés à certains types d’établissements ou de dettes, avec des prêts à plus ou moins long terme.

On a par exemple :

- Le TARP (Troubled Asset Relief Program), lancé par Bush et voté on octobre 2008 pour « stabiliser le système financier » en permettant aux établissements financiers de continuer à spéculer sur les dettes. Ce programme aurait officiellement couté 800 milliards, mais Goldman Sachs à elle seule a touché 814 milliards

- TLGP (Temporary Liquidity Guarantee Program) qui date aussi d’octobre 2008 et complète deux programmes précédents de la FED, destiné aux assurances pour qu’elles continuent à faire des crédits hypothécaires.

- Term Asset-Backed Securities Loan Facility en novembre 2008, encore une fois pour faciliter les prêts aux consommateurs.

Au détour du rapport, on apprend aussi que la FED a continué sa gabegie même en pleine crise : ainsi, un plan d’aide pour AIG, qui consistait en des transactions de titres, a nécessité 19 vendeurs externes (souvent les institutions même qui ont été aidées), rémunérés 213 millions de dollars,  et deux d’entre eux coutaient 175 millions à eux seuls. Entre 2008 et 2010, les vendeurs de la FED ont été rémunérés 659,5 millions de dollars pour 103 contrats, dont les 2/3 étaient, semble-t-il, trop rémunérés.

 

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On lit donc dans ce tableau que CitiGroup a touché pas moins de 2.513.000.000.000 de dollars (2.500 milliards de dollars) entre le 1er décembre 2007 et le 21 juillet 2010, Morgan Stanley 2.041 milliards, Merrill Lynch 1.949 milliards, Bank of America a touché quant à elle 1.344 milliards… Des banques françaises ont aussi bénéficié des largesses de la FED, comme la Société Générale (124 milliards tout de même), ou BNP Paribas (175 milliards). La Deutsche Bank a eu droit à 354 milliards, les banques suisses UBS et Credit Suisse ont eu respectivement 287 et 262 milliards de dollars. Bref, il y en a eu pour tout le monde. En fait, les établissements US n’ont touché que 35% d’un programme, ou 41% d’un autre, et les banques anglaises 17 et 18%.

Mais ça ne coûte pas cher : alors que les européens doivent « emprunter sur les Marchés » pour s’endetter, la FED peut créer des dollars à l’envi.

Selon le GAO, les personnalités qui sont membres du conseil d’administration de la FED « sont généralement sujets aux mêmes conflits d’intérêt que les employés fédéraux ».

Les directeurs de la Réserve Fédérale sont répartis en trois catégories, avec quelques restrictions :

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  1. Classe A : ceux qui sont élus par les banques dans chacun des 12 bureaux régionaux de la FED.
  2. Classe B : ceux qui sont élus par les banques et représentent le public. Ils ne peuvent pas travailler pour les banques.
  3. Classe C : ceux qui sont nommés par la réserve fédérale pour représenter le public avec une attention particulière pour l’agriculture, le commerce, l’industrie, les services, les travailleurs et les consommateurs. Eux non plus ne peuvent pas travailler pour des banques et ne peuvent pas détenir d’actions d’une banque.

On apprend que les risques liés aux prêts de la FED étaient quasiment un monopole de la FED de New York, région dans laquelle sont, comme par hasard, basées la plupart des banques &Co, et le GAO s’interroge sur les liens quasiment consanguins entre les directeurs de la FED de New York et certains établissements financiers New Yorkais aidés, tels que JP Morgan Chase.

Car en effet, certains dirigeants de ladite JP Morgan ont aussi dirigé la FED de New York. Le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, est justement devenu l’un des directeurs (classe A) de la FED de New York tout en étant à la tête de JPMorgan, et a à ce titre participé aux décisions concernant le prêt de 55 milliards destiné à sa propre banque. Précisons que Dimon est toujours directeur à la FED de New York, et qu’il est évidemment toujours PDG de JP Morgan[9]. Mais, la FED a répondu que Dimon répondait aux critères pour entrer à la FED.

Parallèlement, elle a imposé des taux d’intérêt très bas, qui sont censés faciliter les prêts interbancaires, et qui devraient durer jusque fin 2015.

L’annonce a dopé « les Marchés », alléchés par l’odeur de l’argent qui ne tarderait plus à se déverser sur Wall Street. 40 milliards de dollars devraient servir à racheter des titres pourris

 

David-Simonds-moderate-bo-001Il s’agit d’une réaction hallucinante, qui montre à quel point les spéculateurs voient à court terme. Ces quantitative easing ne font que diminuer d’autant la valeur du dollar, qui n’est plus qu’une monnaie de singe. L’euro ne vaut plus grand-chose non plus, mais la situation est un peu différente. Le corollaire, c’est une inflation importante. Les américains n’en sont pas à aller acheter leur pain avec des brouettes de dollars, mais ils en prennent le chemin.

Précisons qu’officiellement, l’inflation US n’est qu’à 1,7% en septembre, mais ce chiffre est aussi peu crédible que les 2,5% d’inflation en Europe. Et cette inflation a tendance à augmenter au fil des mois, malgré les diverses manipulations comptables auxquelles elle est sujette.

En outre, la FED aura désormais un passif de 4.000 milliards de dollars, soit l’équivalent de 24% du PIB US. Et au lieu de liquider les actifs pourris en laissant couler les banques et autres établissements qui se trouvent aujourd’hui coincés avec, on les rachète. Quitte à demander à la population de payer les pots cassés, via un chômage massif, une perte importante de pouvoir d’achat, la destruction des rares services publics qu’il restait… Tout cela parce qu’on ne veut pas dicter la loi aux banques et aux spéculateurs, qui doivent continuer à s’amuser aussi longtemps qu’ils le demanderont.

On a donc à nouveau une bulle d’actifs pourris en train de se créer, puisque les anciens actifs sont rachetés par la FED, et que les spéculateurs continuent à en émettre de nouveaux, exactement du même type. Donc, comme le dit Myret Zaki, on constate que les banques n’utilisent pas les dollars de la FED pour les injecter dans l’économie réelle, mais pour spéculer. Vont-ils continuer à couler l’Europe, ou se remettre à jouer sur les matières premières ?

Peter Schiff, ex vice président de la bourse de New York, déclare quant à lui que l’économie US va s’effondrer d’ici fin 2014. Il dit que le dollar va s’effondrer, qu’il ne vaudra plus rien. On peut déjà prédire un nouveau couac avec le plafond de la dette, qu’il faudra bientôt réaugmenter.

Aujourd’hui, c’est pourtant la scène du Titanic qu’on nous joue. Les stress tests bidons ont fait mine de rassurer les inconscients qui spéculent, et personne ne regarde les indicateurs inquiétants.

plantuMyret Zaki dit aussi très bien que les Etats Unis ont besoin d’une crise en Europe pour détourner l’attention de leurs problèmes systémiques. S’ils nous font couler les premiers, les Etats Unis auront un répit.

C’est d’ailleurs pour cela qu’en février 2010, les patrons de fonds spéculatifs US se sont réunis autour de Georges Soros pour décider de spéculer sur les dettes souveraines européennes, et de faire couler l’euro. D’ailleurs, Soros annonce son programme depuis plus d’un an, expliquant qu’un pays devra bien sortir de la zone euro, et il remet ça aujourd’hui en visant l’Allemagne qui, selon lui, doit être plus ferme avec le reste de l’Europe ou bien sortir de la zone euro.

 

 4.     La santé des banques en question

Il est quasiment impossible de savoir comment vont vraiment les banques, et cela parce que les paradis fiscaux et leur comptabilité off shore permettent la pire opacité.

Goldman Sachs a annoncé une hausse de ses bénéfices de 191% en 2012 (2,5 milliards en 2011 contre 7,3 milliards en 2012) , surtout grâce aux « investissements », c’est-à-dire à la spéculation. Myret Zaki explique : « Goldman Sachs continue de poursuivre, aujourd’hui, les mêmes pratiques spéculatives pour propre compte, mises en cause dans la crise, et interdites désormais par la loi Volcker incluse dans le Dodd-Frank Act de 2010. Comme l’a révélé Bloomberg, la banque contourne aisément ces règles, et génère encore beaucoup d’argent sur le «proprietary trading», activité ultralucrative, qu’il serait dommage d’abandonner en si bon chemin, avec des taux d’intérêt zéro qui lui sont si favorables (…) Dans ses comptes 2012, on voit ainsi que près de 6 milliards de revenus proviennent de «principal transactions», c’est-à-dire de transactions pour propre compte. Tout comme UBS n’avait jamais publié le détail de ses activités menées sur le marché le plus lucratif du moment, celui du subprime entre 2004 et 2007, Goldman Sachs ne publie actuellement pas de détails au sujet de ces investissements «nostro», qui sont probablement les plus lucratifs de l’établissement ». Et parmi ces titres gérés pour son propre compte par Glodman Sachs, on retrouve justement des titres de dette souveraine, la dette des Etats. Cette activité est si importante pour Goldman Sachs qu’il y a un hedge fund interne à la banque qui spécule pour elle.

 

1766-GoldmanSachsMup_1Autrement dit, le moyen le plus efficace de faire du fric, pour les banques, ce n’est pas de financer l’économie réelle, mais de spéculer sur des titres, si possible risqués, ou que l’on met en risque. D’ailleurs, la Deutsche Bank s’est lancée à fond dans la spéculation sur les produits dérivés qui sont négociés par contrat et hors comptabilité, et qui ont causé la crise subprime et la crise de l’euro. Et parmi ces produits dérivés, certains sont des produits agricoles, ce qui avait créé des émeutes de la faim dans une trentaine de pays il y a deux ou trois ans.

Bank of America Merrill Lynch affiche 2,8 milliards de bénéfice net en 2012, après deux ans dans le rouge. Mais, les licenciements ont été nombreux, comme dans beaucoup de banques à travers le monde.

Les pertes accumulées par les banques lors de la crise des subprime de 2006 à aujourd’hui ont été en grande partie planquées dans les paradis fiscaux. Et ces pertes sont rapatriées petit à petit, d’où les résultats annoncés par le Credit Agricole, par exemple. En plus, ces pertes donnent droit à des crédits d’impôts payés par l’Etat, donc pourquoi se priver ?

D’autres banques comme BNP Paribas vont mieux, mais c’est surtout parce que l’Europe a racheté les titres pourris de dette grecque que détenaient les banques bien au-dessus de leur valeur. Et aussi parce que BNP Paribas, comme Goldman Sachs, a fait sa spécialité des fusions acquisitions, ces opérations purement spéculatives qui visent à regrouper des entreprises, un créneau aussi porteur que destructeur. Enfin, les bad bank créées pour y déposer les actifs pourris des banques ont fait leur effet: lesdits actifs pourris ont été transférés du moins en partie, et ne plombent plus les comptes des grands établissements bancaires.

On sait aussi que le scandale du Libor a montré que la santé des banques était toute relative : elles ont manipulé le taux auquel elles s’empruntent entre elles, en surévaluant leur solvabilité. En gros : tu peux me prêter à un taux faible parce que je suis solide. Alors que c’était faux. Et si les banques s’étaient emprunté de l’argent au taux qui aurait été normal, la panique n’aurait pas raté puisque tout le monde aurait compris que leur situation était critique. De nombreuses banques, comme Barclays, UBS, JP Morgan, Citigroup, HSBC, Credit Suisse, Deutsche Bank, BNP Paribas, Credit Agricole, Société Générale…

Depuis quelques semaines, la Deutsche Bank et trois autres banques sont sous le coup d’une enquête pour avoir manipulé l’Euribor, un autre taux interbancaire mais européen et pas anglais comme le Libor, qui a atteint un niveau historiquement bas

Toutes ces manipulations montrent que les banques sont obligées de mentir pour continuer à spéculer, ce qui laisse craindre une santé financière déplorable.  Sans les prêts à taux zéro de la BCE et les milliards de la FED, nombre de banques auraient coulé.

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Le bilan en ce début 2013 est assez inquiétant. Aucun indicateur n’est positif, ni en Europe ni aux Etats Unis, et les structures censées régler les problèmes sont tellement vérolées que rien ne peut changer. La spéculation est toujours préservée, et les risques sont toujours pour la population.

Il est très inquiétant de voir qu’aujourd’hui en France, le débat porte encore sur le coût du travail, alors qu’une crise bancaire grave se profile de nouveau.



[1] Il a dirigé la filiale internationale de Goldman à Londres et à ce titre a supervisé les magouilles sur la comptabilité de la Grèce, qui a été réalisée avec l’aide de la banque. Diplômé du MIT, il a été directeur du trésor italien sous huit gouvernements différents dans les années 90, et a dirigé le comité des privatisations. Juste après il arrive chez Goldman et travaille sur les dettes souveraines (2002-2005). Il quitte Goldman en 2006 pour gouverner la banque centrale italienne et arrive à la BCE en 2011.

[2] Il commence comme chargé de mission pour Giscard (Ecofi), passe par la direction du Trésor et par le cabinet de René Monory (Ecofi), puis arrive dans le privé à l’heure des privatisations. Président du Crédit Commercial de France en 1982, il le privatise en 1986 et reste à sa tête jusqu’en 1993, année où il privatise BNP et en prend la présidence. Il crée BNP Paribas, dont il est le PDG jusqu’en 2003 tout en étant administrateur ou au conseil de surveillance de moult multinationales comme Saint Gobain, AXA, EADS, Lafarge ou Total. Comme moult de ses petits copains, il est membre de la très mal nommée Académie des Sciences Morales et politiques (sic.).

[3] après des études de lettres, il entre au cabinet de De Gaulle à son retour de Londres, puis il est nommé maître des requêtes au Conseil d’Etat en 1946. En 1948, il est chef de cabinet de De Gaulle, puis devient commissaire adjoint au Tourisme. Il entre chez Rothschild en 1953, en devient directeur général en 1956, et administre différentes sociétés. D’après Robert Jablon, l’un de ses collègues, « avec ses relations dans l’administration publique, il était quelqu’un de très utile, selon René Fillon [le directeur de Rothschild à l’époque16]] ». Le même précise encore que Pompidou « n’avait pas de tâche définie, mais il était devenu le coordinateur de l’ensemble [la banque Rothschild en France] (…), il jouait un rôle très important dans les relations extérieures et dans la gestion des gens, éventuellement les recrutements », et qu’ « il participait aux décisions stratégiques très activement ». Ce collègue remercie d’ailleurs Pompidou de l’avoir aidé « à mobiliser des concours à la direction du Trésor » pour financer la Miferma, une société exploitant des mines de fer en Mauritanie, et il n’a d’ailleurs pas hésité à aller le voir une fois devenu 1er ministre en 1962, pour lui demander d’arranger « le régime fiscal des filiales en France », car « quelques semaines après, il y eut une loi, un décret etc. ». Efficace, n’est-ce pas ? En tout cas, Pompidou revient en tant directeur de cabinet de De Gaulle en 1958-59, puis retourne chez Rothschild en 1959 quand De Gaulle est à l’Elysée, tout en continuant à le conseiller. Il reste chez Rothschild jusqu’en 1962, quand il devient 1er ministre.

[4] Ex conseiller aux affaires internationales et vice président (2006-2007) de Goldman Sachs. Il est aussi membre du PNAC (Project for the New American Century), un lobby néo conservateur et ultra libéral. D 2001 à 2005 il a été membre de l’administration Bush, pour le commerce, puis il fait un bref passage chez Goldman, puis revient en 2005 chez Bush, puis repart chez Goldman. Il a aussi été à la direction de Fannie Mae, cet établissement de crédit qui a coulé pour avoir fait des crédits hypothécaires à n’importe qui, et a été conseiller d’Enron, cette boite qui a coulé suite à des détournements d’argent à grande échelle.

[5] A ce poste, il a supprimé le garde fou qui séparait les banques de dépôt (qui reçoivent l’épargne) et les banques d’investissement (qui spéculent à court terme), le glass steagall act.

[6] La FED avait alors racheté des produits subprime, liés à des crédits hypothécaires défaillants. Ceux qui nous ont amenés à la crise actuelle, d’ailleurs. En juin 2010, elle recommence à créer des dollars à partir de rien, et rachète encore pour quelques milliards de dollars de titres pourris.  

[7] Malgré le très bas prix de vente des titres Bear Stearns : 10$.A u départ, JP Morgan avait proposé 2$ par action !

[8] En septembre 2008 après la chute de Lehman Brothers, la FED et le Trésor US ont cherché à sauver l’assureur AIG, qui garantissait énormément de prêts hypothécaires et autres produits dérivés pourris, en lui prêtant 85 milliards de dollars en urgence. La FED a juté 37,8 milliards en octobre, puis en novembre 2008, la FED a fait cadeau de 40 milliards en restructurant la dette d’AIG (p 46 du rapport), et en mars 2009, on a recommencé pour 25 milliards.

[9] Evidemment, certains dénoncent ce système en général et Dimon en particulier, mais ils ne sont pas entendus.

 

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