Aujourd'hui, on va rapidement aborder deux cas qui me semblent très symbolique: celui de Graham Ovenden, un pédophile qui se revendique artiste. Sauf que pendant des années, il a réussi à se faire passer pour un artiste. Et celui de Klaus Kinski, cet acteur expiosé aujourd'hui par ses propres filles.
Graham Ovenden a fait parler de lui début mars dans la presse anglaise, quand on a appris que deux de ses victimes l'ont poursuivi pour des viols commis alors qu'elles avaient entre 6 et 14 ans, l'âge qui semble le plus intéresser ce vieux pervers. Selon certains, il faisait les "plus beaux portraits d'enfants réalisés depuis 200 ans".
Ovenden s'était "spécialisé" dans les photos suggestives de gamines à moitié nues. Ce qui pouvait encore passer pour de l'art dans les années 70 est devenu indiffusable aujourd'hui, surtout après sa condamnation. C'est ainsi qu'enfin, une galerie a retiré ses "oeuvres", la célèbre galerie Tate à Londres.
Il a fallu attendre les 70 ans de "l'artiste" pour le voir enfin condamné, mais comme toujours c'est a minima: on ne parle que d'agressions sexuelles et de photos "offensantes"! Quatre femmes aujourd'hui adultes ont porté plainte contre lui, des années après les faits, à la fin des années 2000. Les faits se seraient produits entre 1972 et 1985. En France, il y aurait donc prescription depuis belle lurette, et Ovenden pourrait encore se pavaner dans les coktails tout en violant des fillettes impunément.
Evidemment, il a nié les faits en bloc, si bien que le procès a duré 3 semaines. Il a dénoncé -comme c'est original!- une "chasse aux sorcières" contre lui.
L'une des victimes avait à l'époque parlé à sa mère, qui n'a pas voulu la croire. L'aura de "l'artiste" était probablement bien trop imposante.
Et voilà qu'on vient d'apprendre que les flics de la protection de l'enfance s'étaient déjà intéressés à Ovenden il y a 20 ans de cela. Ils avaient embarqué une quantité de photos jugées salaces. L'enquête aurait pu aboutir, s'il n'y avait eu une levée de boucliers du monde de l'art, pour défendre le vieux pédo. En effet, Ovenden avait été arrêté en 1994 pour les mêmes faits que ceux qui lui sont aujourd'hui reprochés, et tout un tas d'artistes tels que son mentor Sir Peter Blake se sont alors exprimés pour dire que les photos d'Ovenden n'étaient pas du porno.
On notera au passage que la femme d'Ovenden, Louella, était une ancienne haute magistrate de Cornouailles, et elle continue à le défendre.
Le cas Kinski
Je m'arrête aussi sur l'affaire Kinski, qui pose aussi question. En janvier, on apprenait qu'un de ses filles l'avait dénoncé comme étant un pervers, un violeur et un mégalo. Pola Kinski a en effet publié "Mots d'enfant", une biographie dans laquelle elle règle ses comptes avec son géniteur. Et si on l'écoute, son père, icôné médiatique, était un vrai pervers: "Les premiers attouchements ont eu lieu lorsque j’avais 5 ans. Le premier viol – dans ma robe de communiante – à 9 ans. Et ce jusqu’à ce que je rompe tout contact avec lui, à 19 ans". Apparemment, ce grand manipulateur donnait de l'argent à sa fille pour être son jouet sexuel.
Kinski est toujours passé pour un caractériel, parfois violent, souvent grossier, mais il est resté une icone, de ces personnalités intouchables. Même pour ses filles. Pola a expliqué au magazine Allemand Stern "Lorsqu’il me violait, il me disait "c’est la chose la plus naturelle du monde", puis qu’il irait en prison si j’en parlais… J’étais si seule que jamais je n’aurais eu l’idée de le dénoncer."
D'ailleurs, rien que de très normal pour Kinski, qui a déclaré publiquement en 1977 : "Ici, on vous met en prison si vous couchez avec une fille de 12 ans alors qu’en Orient, on vous marie avec une gamine de 11 ans. C’est incompréhensible!". Qu'il ne se plaigne pas, il 'na jamais fini en taule alors que c'était bien sa place.
Puis, la demi soeur de Pola, Nastasja Kinski, a accusé son père d'être un "tyran" qui a tenté d'abuser d'elle. Il n'y serait pas parvenu, mais c'est parce que la fillette a semble-t-il tout fait pour sortir de ses griffes: ""Il m'a toujours trop touchée, il m'attirait tellement contre lui que je pensais que je n'allais pas pouvoir me dégager. A l'époque, j'avais 4 ou 5 ans et nous vivions à Munich", raconte-t-elle.
Dans un livre autobiographique paru en 1975 et intitulé Ich bin so wild nach deinem Erdbeermund (Je suis tellement fou de ta bouche à la fraise), l'acteur qui se vantait d'avoir "fait l'amour à mille femmes", racontait ses préférences sexuelles pour les mineures, selon le quotidien Bild. Il y décrivait notamment le viol d'une adolescente de 15 ans, dont il a couvert les cris en mettant le son du téléviseur à fond.
Epuisé, l'ouvrage est ressorti en 1991, épuré et avec un nouveau titre, moins polémique:Ich brauche Liebe (J'ai besoin d'amour). Dans ses mémoires, ils racontait également une enfance misérable et une adolescence torturée, avec une initiation sexuelle incestueuse.
Les trois enfants de Kinski sont devenus acteurs. Quant à nastassja Kinski, c'est le pédophile bien connu Roman Polanski qui a eu une "relation" avec elle lorsqu'elle avait 15 ans...
Voilà, c'était juste pour rappeler que les pédophiles savent très bien éviter l'exposition, parfois durant toute une vie. Les exemples pleuvent, on pense à Jimmy Savile, à Cohn Bendit, Frédéric Mitterrand, et tant d'autres. Il ne faut pas croire que c'est parce que ces messieurs jouent les vierges effarouchées qu'ils sont innocents. Ce n'est pas parce qu'ils se drapent dans une vertu mitée qu'ils ne sont pas de sales pervers. Comme ils sont rarement jugés, ils peuvent être innocents, bien sûr. Mais, ils peuvent aussi être coupables et si on ferme les yeux, ce sont des enfants qui en pâtissent.
05 avr. 2013 Isabelle Cousturié
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© Nina MALYNA / SHUTTERSTOCK
L'association pédophile néerlandaise Martijn, qui plaidait en faveur de l' « acceptation dans la société » des relations sexuelles consenties entre enfants et adultes avant sa dissolution en juin, ne peut pas être interdite, a décidé la cour d’appel néerlandaise d'Arnhem-Leeuwarden chef lieu de la province de Frise, dans le nord des Pays-Bas.
« Les travaux de l'association sont contraires à l'ordre public mais il n'y a pas de menaces de dislocation de la société », souligne la cour dans un communiqué, expliquant que « les éléments de preuve de ce risque de troubles publics sont insuffisants » et qu’il n'y a donc pas lieu de « limiter la liberté d'expression de l'association ». (20minutes.fr)
La cour se dit toutefois d’accord avec le Ministère public que « l’association minore les dangers de contacts sexuels entre des adultes et des mineurs et que ses actions affectent gravement les principes du système judiciaire ».
Sur son site Web, l’association Martijin se décrit comme «une plate-forme de discussion sur la pédophilie» qui «se bat pour l’acceptation sociale et sociétale des relations adulte-enfant», et estime que «dans les relations consenties entre enfants et adultes, la possibilité d’une intimité physique ne devrait pas poser problème». Fondée en 1982, elle compte aujourd’hui une soixantaine de membres et édite un magazine publié à quelques centaines d’exemplaires, en plus de ses activités sur Internet.(20minutes.fr)
Le Ministère public envisage à présent d'aller en cassation, mais il sait que ses chances sont minces. Car, si l'association prône l'amour entre adultes et mineurs consentants, on n'a pas pu prouver à ce jour qu'elle avait incité qui que ce soit à commettre un acte illégal.
« Nulle part ailleurs qu'aux Pays-Bas, une telle association peut exister en Europe » commente le site d’information à dimension européenne myeurop.info qui, en 2011, avait déjà enquêté sur ce club pédophile dont le président, Ad van den Berg, était également le fondateur d’un parti politique pédophile, et avait été condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, pour la possession de photographies, films et magazines de pornographie infantile.
Les Pays-Bas, précise-t-il, ont signé le traité européen de Lanzarote sur la protection de l'enfance en 2007. Aux termes de ce traité, une association de promotion de la pédophilie pourrait être interdite partout en Europe.
Une nouvelle proposition de loi, présentée par les partis chrétiens CDA et Christen Unie, vise à intégrer cette législation européenne en droit néerlandais.
La loi européenne pourrait donc bien constituer la seule opportunité d'interdire ce genre d’association, mais le fera-t-elle ? C’est ce que se demande le père Fortunato di Noto, le fondateur de l’association Meter , organisme engagé depuis des années (1989) dans la lutte contre la pédophilie et contre toutes les violences subies par les enfants : « L’Europe n’a-t-elle rien à dire ? Ou n’y a-t-il que l’argent qui l’intéresse ? », s’est-il interrogé sur les ondes de Radio Vatican.
Invité à réagir à la décision que vient de prendre la cour d'Arnhem-Leeuwarden, le père Fortunato di Noto, estime que celle-ci va contre les droits fondamentaux des enfants et contre le traité européen de Lanzarote, au bénéfice d’un « phénomène en évolution » qui doit, selon lui, être affronté sérieusement et avec urgence.
Or, « le fait qu’il n’y ait pas de réaction de ‘l’intelligentsia culturelle’ et du monde politique » à cette nouvelle le préoccupe terriblement. « S’il avait été question d’un prêtre pédophile, bien sûr condamnable, ou d’un évêque impliqué, la presse internationale en aurait fait tout de suite une nouvelle à la Une, alors que devant ce genre de nouvelle, c’est le silence ! », déplore-t-il. Selon lui, ce fait est révélateur d’une grande « hypocrisie du monde culturel », finalement réticent à prendre sérieusement position contre un phénomène aussi destructeur que celui de la pédophilie.
« On ne saurait justifier, normaliser, tel phénomène », insiste-t-il dans cet entretien à Radio Vatican, en qualifiant « d’inhumains » le comportement pédophile et l’encouragement à la pédophilie.
Pour le père di Noto la sentence de la cour néerlandaise est à la fois « aberrante » et « terrifiante », dans la mesure où « rien ne saurait justifier le fait que des adultes puissent favoriser des comportements pédophiles à l’égard d’enfants ».
Ce fléau, conclut-il, demande à être combattu par des « armes culturelles » capables de transformer la société en une société où la réalité de l’enfant, sa reconnaissance comme étant un sujet de droit ayant besoin d’un accompagnement tout au long de sa croissance psychologique, culturelle et physique, serait en tête dans la liste des priorités.