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28 décembre 2022

Soutien à Priscilla Majani: Témoignage de Gladys sur le combat judiciaire des mamans pour protéger leur enfant

2022-12-28 13_15_42-#JauraisFaitCommeElle _ vague de soutien envers Priscilla Majani, jugée pour l'e

Priscilla Majani est cette maman condamnée à 5 ans de prison pour avoir fui avec sa fille de 5 ans parce que celle-ci avait dénoncé l'inceste et n'était pas entendue par la justice. Un important mouvement de soutien s'est développé, reprenant le slogan "j'aurais fait comme elle".

Beaucoup de mamans en france sont obligées de faire comme elle: des dizaines d'entre elles sont actuellement en fuite, d'autres en prison, condamnées ou en attente de leur procès. Les enfants, alors, sont confiés par la justice à celui qu'ils ont dénoncé.

L'une de ces mamans, Gladys, présente à Toulon lors du procès en première instance de Priscilla Majani, a accepté un entretien pour parler du traitement judiciaire de ces dossiers.

 

Pricilla Majani a expliqué lors de ses procès en première instance en septembre et en appel en novembre qu'elle s'est trouvée en état de nécessité et n'a pas trouvé d'autre alternative pour protéger sa fille de 5 ans, en 2011, que de s'enfuir. 

Elle a été arrêtée en février 2022 en Suisse, et Camille âgée de 17 ans maintenant soutient sa mère. Maintenant, on peut entendre leur voix, couverte pendant des années par celle d'un père très présent dans les médias pour donner sa version des faits et présenter une image de père parfait. 

Cette image a été sérieusement écornée par les témoignages des enfants et de l'ancienne épouse de la "victime" de cette affaire, ce père qui continue à dire que sa fille a été manipulée par une mère dérangée.

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Nous attendons la décision en appel le 4 janvier. Les soutiens de Priscilla et Camille espèrent encore que leur parole sera prise en compte. Et de nombreuses femmes, quelques hommes aussi, ont décidé d'afficher leur soutien avec le mot d'ordre "J'aurais fait comme elle".

Parce que la question à laquelle le pouvoir, qui tient la justice, va bien finir par devoir répondre, c'est : un parent doit-il croire son enfant qui dénonce des violences sexuelles? Pour l'instant la réponse semble être non.

Une pétition est aussi en ligne pour demander sa libération, avec plus de 10.000 signatures.

Je rappelle ce chiffre hallucinant: malgré plus de 6000 plaintes par an (environ) pour viol sur mineur, les derniers chiffres disponibles des condamnations pour viol sur mineur sont en baisse avec 382 condamnés en 2020. Dans ce pays, un enfant a donc à peu près 5% de chances de voir un pédo condamné pour viol.

C'est cela, la "vérité judiciaire" à laquelle nous sommes sommés de croire, dont nous avons l'injonction de nous satisfaire, en tant que citoyens mais aussi les enfants et les parents qui les protègent, la maman dans la quasi totalité des cas à notre connaissance.

Depuis plus de 10 ans que je suis ces dossiers, je ne vois aucune amélioration bien au contraire, malgré les envolées lyriques de nos dirigeants. Faut-il rappeler l'histoire du couple présidentiel? Faut-il rappeler ces soutiens publics honteux à Polanski? L'affaire Outreau? Les affaires Duhamel, Berry, Louvin, Matzneff? Epstein?

Au-delà de l'affaire de Priscilla qui est emblématique mais loin d'être exceptionnelle, il faut attirer l'attention du public sur ce qu'il se passe au quotidien dans les tribunaux français. Nous avons parlé ici de nombreuses mamans, à Thionville, à Strasbourg, à Toulouse, à Lyon, à Perpignan, à Marseille, à Rennes, à Montpellier, en Martinique... Cela se passe partout, loin du regard des citoyens. 

 

Pédocriminalité, impunité et manquements de la justice: récit d'une maman privée de son fils depuis 5 ans - donde vamos

Nous avions déjà parlé de Liam, qui a 10 ans maintenant et a été séparé brutalement de sa maman après avoir dénoncé des violences sexuelles commises par son père. Depuis, il a été confié par la justice à son père et ne voit quasiment plus sa mère (1 heure de visite médiatisée de temps en temps).

http://dondevamos.canalblog.com

 

La justice, victime ou complice des pères maltraitants et de leur harcèlement ? - donde vamos

Voici un cas d'école de la manière dont la "justice" peut considérer comme dangereuse une maman sans que rien ne vienne le démontrer, et comme parfait un père au comportement clairement abusif.

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Affaire Marie, 7 ans, confiée à son père qu'elle a accusé à plusieurs reprises de violences sexuelles: bientôt une mobilisation - donde vamos

Il y a un an, nous parlions de l'affaire de la petite "Marie", qui a donc 7 ans aujourd'hui et vit toujours chez un père qui, selon les propos et les dessins de l'enfant, exerce des violences sexuelles sur la fillette.

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Une autre histoire (même pseudo):

Papa m'a fait bobo: une fillette de 4 ans confiée à la garde exclusive de son père - donde vamos

Aujourd'hui, on va parler d'une affaire qui, bien qu'étonnante pour un néophyte en matière de violences sexuelles contre les enfants, est tristement classique pour ceux qui tentent de venir en aide à ces jeunes victimes. "Marie" est une fillette âgée de 6 ans aujourd'hui, qui ne peut plus voir sa mère depuis des mois.

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Rendez-vous le 18 juillet au TGI de Montpellier pour soutenir une maman en comparution immédiate - donde vamos

Le 18 juillet, une maman qui a dénoncé des abus sexuels commis par le père de son fils, passera devant le tribunal de grande instance de Montpellier pour ne pas avoir présenté son fils à celui qu'il avait dénoncé. Nous appelons à un rassemblement de soutien à 14 h devant la salle des comparutions immédiates.

http://dondevamos.canalblog.com

 

Affaire du Var: Compte-rendu de l'audience du 3 mars à la cour d'appel correctionnelle d'Aix-en-Provence - donde vamos

Je reprends ici le texte paru sur le site de Wanted Pedo, dont plusieurs membres étaient présents à l'audience du procès de Sophie et Jack, pour dénonciation calomnieuse. Comme d'habitude, les pièces et éléments permettant de penser que les viols des enfants sont réels ont été "oubliées" dans les débats.

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Gladys est une de ces mamans, qui est toujours en procédure et se démène contre la "justice" pour faire entendre sa fille et la protéger. Elle a décidé de parler de son affaire, est en contact avec d'autres mamans dans des situations similaires, et a accepté un entretien le mardi 27 décembre pour parler de cette justice défaillante quand il s'agit de proéteger les enfants contre les violences sexuelles.

 

Tu as suivi l’affaire de Priscilla Majani depuis qu’elle a été arrêtée en février. Est-ce tu peux nous expliquer en quoi son histoire a fait écho à la tienne ?

2022-12-28 18_11_13-vecu priscilla majani - Recherche Google - Opera

Il y a plusieurs raisons: parce qu’avant elle j’ai aussi été extradée, depuis l’Espagne, et envoyée au tribunal pour enlèvement d’enfant parce que je protège ma fille de 7 ans maintenant qui a dénoncé l’inceste quand elle en avait 3.

Comme Priscilla, ma plainte a été classée sans suite, ma fille n’a pas été entendue, comme Priscilla je n'ai pas été prise au sérieux et bien que j'ai engagé toutes les démarches je n'ai trouvé aucune aide et j'ai décidé de quitter la France pour mettre ma fille en sécurité. Prsicilla a la même histoire que moi, et ça m’a touchée.

Si je n’avais pas été arrêtée moi aussi et obligée de désobéir pour protéger ma fille, je ne me serais jamais penchée sur ces sujets. Quand j’ai entendu parler de Priscilla, je me suis dit qu’il fallait la soutenir parce qu’elle allait passer des moments très difficiles, que je connais, qui nous poussent au bout de nos forces. J’étais certaine que la justice n’irait pas dans son sens, même si je ne pensais pas que ce serait à ce point-là.

La prison est une épreuve, tu survis : il faut qu’elle sorte vite. Il faut qu’on parle de cette affaire pour que les gens sachent comment la justice "protège" les enfants en france et pour qu’elle et sa fille soient entendues. J’ai fait 6 mois, et heureusement que ça n’a pas duré plus longtemps car je commençais à trop être impactée.

 

Que penses-tu de la manière dont Priscilla est traitée par la justice ?

Priscilla soutien dessin

Je vois qu’on l’enfonce, qu’on ne l’écoute pas, et Camille non plus. Elle est isolée, elle n’a pas eu de visites pendant des mois, et elle croit encore à la justice. Mais j’ai envie de lui dire de suivre ses intuitions.
Dans mon cas, j’en avais eu des le début mais je n’en ai pas tenu compte.

Prsicilla a été vraiment maltraitée par la justice, elle a été séparée brutalement de sa fille, mise en garde-à-vue, en détention pendant 10 mois déjà, et il y a toutes les questions par rapport à sa procédure…

Il faut qu’elle fasse des demandes de mise en liberté même si les avocats ne veulent pas le faire : quand j’étais en prison j’ai dû les faire moi-même parce que les avocats ne voulaient pas le faire. Je me pose aussi des questions sur la stratégie de la défense.

 

Tu t’exprimes publiquement pour dénoncer le traitement judiciaire des affaires de pédocriminalité, notamment d’inceste, par les tribunaux français. Et tu l’as vécu ! Quelle est ton analyse, d’après cette expérience ?

Il y a vraiment des similitudes dans ces affaires, on voit que les choses se passent de la même manière alors qu’on a des situations professionnelles différentes, qu’on vit dans des régions différentes, que nos vies étaient différentes avant de porter plainte pour des violences sexuelles contre nos enfants.

Mais dès qu’on dépose plainte contre l’inceste il y a tout un système qui se déclenche pour nous faire taire, et faire taire les enfants.

Il est flagrant que ces plaintes sont l’élément déclencheur qui fait que la justice se retourne soudain contre nous, même si jusque-là tout se déroulait normalement pour la garde, la séparation…

2022-09-18 18_03_53-(15) Procès Capitaine Priscilla Majani au Tribunal de Toulon

Nos enfants ont aussi les mêmes symptômes, les mêmes difficultés.

Au début on se demande si on est folle, mais quand voit qu’il arrive la même chose aux autres, que c’est systématique, quand on entend ce que disent des professionnels comme Eugénie Izzard ou Muriel Salmona, on comprend que le problème n’est pas nous mais la justice.

On s’est toutes faites "avoir" au début parce qu’on a cru à deux choses : la justice et la protection de l’enfance. Mais les deux sont des leurres. Quand tu comprends comment les choses se passent dans la réalité, tu sais que le combat que tu vas mener n’est pas que contre l’agresseur, c’est contre tout un système.

Ce fléau perdure depuis plus de 30 et les associations internationales et subventionnées depuis toutes ces annees ne font rien pour nous accompagner ou nous aider.

 

Tu as été arrêtée en Espagne où tu étais avec ta fille qui s’y trouve toujours en juin 2021, et tu es encore en plein dans les procédures parce que la justice française veut apparemment la récupérer. Est-ce que tu peux nous dire quand, comment tu as compris que la procédure tournait contre toi ?

Gladys 1

J’ai mis du temps à comprendre... Mais comme je l’ai dit, j’avais des indices.
Lorsqu'en 2018 ma fille de 3 ans 1/2 a dénoncé des actes sexuels, je n’arrivais pas à trouver d’avocat. Au bout de 4 ans je pense avoir appelé quasiment tous les avocats de ma juridiction, et j’ai dû chercher dans d’autres régions.

Dès le début je n'ai pas été prise au sérieux par les gendarmes et j'ai été méprisée, intimidée et menacée. Ensuite j'ai eu de gros soucis avec les avocats qui nous demandent d'abord de l'argent mais ne nous répondent pas, ne nous conseillent pas et surtout nous parlent comme s'ils défendaient la partie adverse. On est en confiance dans aucun domaine. 

Mais j'ai surtout compris quand ils m'ont incarcérée pour me séparer de ma fille, de manière illégale. Seule la mise au plus bas était leur objectif pour que je cède : jusqu'à me proposer de ne pas faire de prison si je rendais ma fille à son "père".

J’ai fait des non-représentations d’enfant parce que le père avait encore la garde malgré la plainte. Les gendarmes m'ont dit "Mais vous savez, Monsieur a des droits"… Et les droits de ma fille ? J’ai vu que personne ne s’en préoccupait.

Gladys 2

Comme Priscilla je me suis sentie seule pour défendre ma fille. Je n’avais plus d’autre choix que de ne pas présenter ma fille, j’ai prévenu la police et on m’a menacée de garde-à-vue mais aussi de faire de la prison et de perdre l'autorité de ma fille.

J’ai donc déménagé tout en gardant contact avec les autorités, avec la justice.

Dès la plainte j’ai vu que les choses avaient changé. Ca a déclenché quelque chose. Dès le début, ça a été conflictuel.

Déjà, la révélation des faits est horrible, on a beaucoup de mal à digérer, on est sonné mais ce n’est que le début du cauchemar. Tu t’aperçois que ton enfant est plus en danger parce qu’il a parlé.

Tous les éléments qui confirmaient ce que ma fille avait dit ont été écartés d'un revers de main: l’information préoccupante de l’école, les retranscriptions écrites des enregistrements de ma fille, le rapport d’expertise psychologique ordonné par le Juge aux affaires familiales, les attestations de mon entourage mais aussi de personnes tierces et professionnelles de la santé, et aujourd’hui les attestations de l´Espagne comme pour la Suisse qui croît Camille

Maintenant je préviens les autres mamans que ça va se passer comme ça pour qu’elles gagnent du temps. Beaucoup espèrent que la justice va finir par reconnaître les faits, mais cela n’arrive jamais.

 

Penses-tu que tout cela, ce sont des dysfonctionnements comme le disent parfois les autorités, ou qu’il y a quelque chose de plus vicieux, plus complexe derrière ?

2022-11-25 18_29_02-Cinq ans de prison requis contre Priscilla Majani, accusée d'avoir enlevé sa fil

Il y a une volonté de nuire, on est dans un système patriarcal et il y a une vraie tolérance envers la pédocriminalité et les violences sexuelles en général. Mais il faut quand-même interpeller les politiciens sur ce qu’il se passe.

Et le changement brutal dans la manière dont la justice agit pour moi, montre qu’il y a une mentalité derrière. Pourquoi est-ce qu’on ne veut pas entendre parler d’inceste, de pédocriminalité? Et pourquoi essaie-t-on de détruire le parent qui parle, de faire taire les enfants ?

Aujourd’hui on doit se battre pour éduquer nos enfants comme on pense devoir le faire, leur éviter l’éducation sexuelle ou faire l’école à la maison, ne pas leur faire tous ces vaccins, finalement pour les protéger. On n’a pas le droit de s‘écarter de la ligne. C’est comme si on voulait des enfants soumis au système.

Comme dans le dossier de Priscilla, j'ai connu beaucoup de choses incroyables comme l'audition Mélanie non respectée et un classement sans suite car l'enquête a été bâclée. Ces procédures sont une succession de choses étonnantes, pas cohérentes par rapport à l’intérêt des enfants.

A aucun moment quelqu'un ne s'intéresse à l'intérêt supérieur de l'enfant car on l´oblige à voir un parent alors que l'enfant exprime son désir de ne plus le voir, car on l'enlève de matière totalement brutale et de façon traumatisante de son environnement familial,  qu'on ne le croit pas etc...

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Je pense que le problème est bien plus gros que ce que l’on voit à travers les procédures qu’on vit, et j’ai l’impression que c’est une problématique qui vient du haut parce que c’est trop systématique et violent. Les mamans qui parlent sont traitées comme des terroristes, traquées avec des moyens impressionnants…

J’ai eu deux jours de garde-à-vue pour être interrogée sur une autre maman qu’ils cherchaient alors que j'aurais pu être interrogée sans ça car j'étais déjà en détention provisoire, par exemple. Ils ont fait 8 mois d’enquête pour la retrouver avec sa petite fille. Tout ça pour souligner les moyens énormes qu'ils mettent en place contre des mamans qui portent plainte afin de les impressionner.

Je m’interroge aussi sur le rôle des avocats dans ces dossiers : pourquoi veulent-ils toujours que les mamans, ou les papas cela arrive aussi, se taisent ? Pourquoi des fois ne viennent-ils pas à des audiences cruciales, sans prévenir? Pourquoi nos avocats nous trahissent toujours ? J’en suis à plus de 20 avocats en 4 ans ! Alors qu’en face bizarrement ils gardent le même avocat tout au long des procédures…

Pourquoi ne veulent-ils jamais faire de requêtes en nullité ? Moi je n’ai jamais pu en faire ! Pourquoi ne veulent-ils jamais "embêter" les juges ? Pourquoi a-t-on cette impression que nos avocats sont contre nous ?

Dans le cas de Priscilla, j’ai l’impression que sa défense la freine, comme ils le font tous, et qu’on la laisse en prison bien trop longtemps: depuis 10 mois déjà! J’ai envie de lui dire "bats-toi, ne donnes pas une confiance totale à tes avocats" !

De mon côté, maintenant je me défends seule devant le juge aux affaires familiales même si ça dérange les magistrats.

 

Ils t’ont dit quoi exactement ?

La juge m’a dit "Si vous venez sans avocat je ferai comme si vous n’aviez pas comparu". 

 

Est-ce que tu peux donner des précisions, pour montrer ce qu’il peut se passer dans ces procédures ? Parce que c’est vrai que les gens ne se doutent pas de comment elles sont menées...

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Il y a eu tellement de choses. J’ai eu une enquête sociale de la protection de l’enfance qui m’a accablée. Je sentais bien que l’objectif était de minimiser les torts du père, d’adoucir son image, et de l’autre côté de me juger. Je n’ai pas eu le rapport de cette enquête sociale. Comme dans le dossier de Priscilla, on retrouve des vices de procédures, des violations de lois, des faux.

A la fin, en janvier 2020 les deux employées m’ont dit qu’elles allaient demander le placement de ma fille de 4 ans. Je les ai interrogées mais je n’ai pas vraiment eu d’explication, elles ont juste dit "oui mais l’enfant ne peut pas grandir sans son père".
Et sans sa mère ? Cela ne pose pas de problème apparemment.

Ma fille n’a jamais eu d’audition Mélanie. Comme pour Priscilla, ils ne veulent pas compter la détention faite en Espagne, ce qui est illégal [1], et ils ont triché pour mon extradition qui s’est faite très rapidement aussi, parce que les autorités espagnoles rappellent qu’elle a dénoncé des faits graves et souffre d’un choc post-traumatique. Je pourrais en parler pendant des heures parce que rien n’a été dans mon dossier. 

justice abus sexuels

J’ai fait un an et demi de non représentation d’enfant et j’ai eu le plus grand mal à défendre ma fille en justice. Je me suis dit "qu’est-ce que je fais ?". Je savais qu’ils allaient venir chercher ma fille ou que j’aurai une convocation du juge aux affaires familiales : c’est là que j’ai décidé de déménager.

Pour moi les audiences sont des mises en scène, les affaires sont jouées d’avance.

Dès lors qu'une femme dénonce des violences conjuguales, sexuelles ou incestueuses, elle n´est pas traitée comme une victime mais comme une menteuse. Comme Priscilla, même si on veut se justifier et apporter la preuve qu'on est quelqu'un de sensé, la justice nous empêche de nous exprimer, nous maltraite, nous deshumanise, cherche à nous faire perdre le contrôle de nos émotions...

Il faut être bien entouré et soutenu pour avoir la force de faire face à cette injustice.

Comme pour Priscilla, du moment où on porte plainte contre inceste, nous sommes acculées par la justice.

Nous sommes toutes accusées des mêmes mensonges diffamatoires : instrumentalisation, aliénantes, volonté de se venger de l´autre, folles et dangereuses etc...

 

Tu as choisi de parler de ton vécu avec la justice, de prendre la parole pour défendre ta fille : est-ce que tu estimes prendre des risques et pourquoi as-tu choisi cette stratégie ?

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Il est très difficile de parler publiquement car nous sommes censurées. Et nous sommes menacées de prison par les magistrats si nous parlons sur les réseaux sociaux. Alors oui il y a beaucoup de risques à s'exprimer.

En plus nous pouvons passer pour des complotistes et du coup sommes persécutées par les autorités comme beaucoup de lanceurs d'alerte ou de militants.

Je parle malgré ces risques parce que je pense que seule l’opinion publique peut faire pression pour que les choses changent, je veux inciter les gens à parler. On est encore loin de protéger les enfants : au contraire, on cherche à nous faire taire.

J’ai été en prison et je suis toujours obligée de vivre séparée de ma fille qui est en sécurité en Espagne, au moins pour l’instant parce que des procédures sont en cours, mais j’avais gagné sur un plan : l’opinion publique croit ma fille, me croit et ça donne beaucoup de force.

J’ai été contente d’avoir médiatisé mon affaire, d’avoir poussé ma famille à en parler alors que j’étais en prison et qu’ils avaient peur. Le soutien extérieur, les lettres des gens m’ont permis de tenir, c’est pour ça que j’incite les gens à écrire à Priscilla.

Je pense qu’il faut médiatiser ces procédures le plus possible parce qu’il n’y a que l’opinion publique qui peut faire bouger les choses, il faut que les gens regardent ce qu’il se passe dans les tribunaux. Les citoyens doivent connaître la vérité car ça peut arriver à n'importe qui

Les victimes doivent porter plainte contre les magistrats qui protègent les pédocriminels, il faut que les magistrats soient responsables de leurs décisions. 

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Dans le cas de Priscilla, beaucoup de gens la croient et croient sa fille : il faut en parler, manifester, dénoncer. Le mouvement lancé par Sophia Sept permet de faire bouger les choses. Elle m’avait donné de la visibilité aussi et c’est essentiel parce que nous sommes tellement censurées que sans ça personne ne pourrait nous entendre.

Les citoyens doivent se mêler de comment la justice est rendue parce que c’est incroyable. Je me souviens très bien quand j’ai raconté à ma famille et mon entourage comment se passaient les audiences: personne ne me croyait. Les gens ne nous croient pas tant qu’ils ne l’ont pas vu.

C’est pour cela que je recommande à tout le monde d’aller voir les audiences publiques pour se rendre compte.
Quand ma famille est venue me soutenir à une audience correctionnelle ils ont vraiment halluciné, d’ailleurs ils ne s’en sont toujours pas remis. C’est vrai qu’il faut le voir pour le croire…

Les juges, les avocats, tiennent les gens par la peur et la menace : ils veulent qu’il n’y ait pas de vagues. Quand j’étais en prison j’ai tout fait pour qu’on parle de mon affaire, parce que sinon personne n’aurait su où j’étais et si personne ne sait ce qu’il vous arrive, n’importe quoi peut se passer comme un internement psychiatrique… On ne sait jamais jusqu’à où ça peut aller.

 

Où en es-tu aujourd’hui dans ta procédure ?

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Ma fille est scolarisée en Espagne et a une vie stable là-bas avec sa grand-mère. La France sait où elle est ma fille mais comme Camille, elle est pour l'instant protégée par l'Espagne. Je pense qu’ils vont tout faire pour la ramener en France. Les juges me menacent, me font du chantage en me disant que si je rends ma fille je n’irai pas en prison.

J’ai fait opposition de ma condamnation pour soustraction d’enfant hors de france par la cour d'appel de Chambéry en juillet 2021, et je saurais seulement le 5 janvier 2023 si elle est recevable. Si oui, il faudra encore que j'attende plusieurs mois une nouvelle audience en cour d'appel pour récupérer l'autorité parentale de ma fille. 

En fonction des dossiers, les recours traînent en lenteur quand un parent protecteur fait des demandes ou sont ultra rapides si la justice veut s'acharner sur la personne. 

J’ai aussi deux contrôles judiciaires en ce moment.

 

Que veux-tu ajouter pour conclure ?

2022-11-26 20_13_34-11 ans après son enlèvement à Carqueiranne, Camille soutient sa mère et accable

Il y a d’autres mamans comme Priscilla, qui sont parties avec leur enfant pour le protéger parce que la justice ne l’a pas fait. Certaines sont arrêtées et automatiquement séparées de leur enfant, qui est souvent confié à celui qu’il avait dénoncé.

Je soutiens les mamans qui prennent ces décisions, même si c’est un choix que toutes ne peuvent pas faire et qui est particulièrement difficile.
Mais surtout il faut parler, il faut médiatiser ces affaires, donner la parole à ces parents protecteurs, ces mamans doivent parler même si elles ont peur. Il ne faut pas se faire d’illusion : même en se taisant ils finissent par prendre les enfants.

Je ne juge pas les mamans qui ne le font pas, mais j’incite vraiment à oser. Parfois, il faut déborder du cadre.

Il faut aussi qu’on attaque l’État sur ces procédures, en passant par l’extérieur, notamment l’ONU.

 

 

La page Facebook de Gladys.
Son canal Telegram.

 

 


 

[1] Dans le cas de Priscilla, la détention réalisée en Suisse entre février et août 2022 ne semble pas avoir été prise en compte par la justice française puisqu'elle est toujours en prison. 

 

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Commentaires
E
Merci pour ce témoignage très complet, un de plus et de trop, hélas. Pourtant, vu le nombre de gens qui prennent enfin conscience de ce "problème" (le mot est odieusement faible), on se prend enfin à nourrir des espoirs concrets de changement. La question des avocats est elle aussi très importante et moins souvent mise en avant. Je l'ai vécu aussi, à chaque fois mon avocat français a fait pschitt et en Suisse je n'y ai même pas eu droit. Sans parler de l'impossibilité de consulter notre dossier et savoir tout ce qui y a été mis contre nous.<br /> <br /> Plein de force et de soutien à toutes ces mamans et à leurs enfants.
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