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1 mars 2023

Note de lecture: Le parcours du cœur battant de Marie-Lise Peyrache

Marie Lise Peyrache livre

C'est un livre qui raconte un chemin de croix, celui d'une femme à qui une fillette de 5 ans s'est confiée sur les violences sexuelles qu'elle subissait, et qui a tenté pendant des années de faire entendre cette enfant par les autorités. Un combat de 20 ans, et aucune vérité judiciaire puisque l'affaire a été classée sans suite. 

 

Marie-Lise Peyrache était une musicienne reconnue quand cette affaire lui est littéralement tombée dessus. Mais il y a des gens qui, face à l'horreur, ne peuvent pas faire comme s'ils n'avaient rien entendu. Le père légal de la fillette avait appelé à l'aide parce que personne ne voulait entendre sa fille dont il avait la garde pour les vacances, Marie-Lise Peyrache a rencontré la famille et S. a raconté par bribes une partie de ce qu'elle vivait chez sa mère. 

 

Un appel au secours d’une fillette de 5 ans

L'auteure s'est alors totalement investie dans un combat pour protéger cette enfant, un combat qui sera long, violent sur tous les plans.

Ce livre raconte les tentatives, parfois désespérées, pour que les souffrances de la petite S. soient comprises et qu'elle soit protégée. Quitte à faire des erreurs qui ont coûté cher face à la justice, comme emmener l'enfant à l'étranger pour passer des examens médicaux au lieu de la ramener chez sa mère où tout semblait pouvoir arriver. Parce que comme tout le monde, elle croyait que la justice allait tout faire pour mettre l'enfant à l'abri de ses agresseurs, qu'il suffisait de présenter des preuves.

Les cauchemars de la fillette, sa peur panique de retourner chez sa mère, son traumatisme ont marqué à jamais Marie-Lise Peyrache : 20 ans après, elle en parle comme si c'était hier. Cette enfant avait parlé des violences et des viols commis par sa mère, son compagnon et apparemment plusieurs autres adultes. Il était question d'autres enfants victimes du compagnon en question, enseignant. La petite avait demandé à Marie-Lise Peyrache de la "sauver", des mots qui sont toujours restés gravés dans l'esprit de la musicienne.

Pendant des mois avec le père légal de S., elle a tout tenté pour faire des examens et porter plainte devant la justice française, en vain malgfré plusieurs signalements à la justice effectués par des professionnels. Les faits se produisaient à Paris, des gens influents semblaient présents dans l'entourage de la mère.

Même en Suisse, en Allemagne ou encore au niveau de la Cour européenne des droits de l'homme, aucune aide n'a été apportée: personne ne voulait de problèmes avec la France, dixt un médecin allemand. Nous étions dans cette période, au début des années 2000, où tant de mamans ont essayé de fuir en Suisse et où elles ont été lâchées par l'association qui était censée les aider. L'époque du rapport de Juan-Miguel Petit sur l'omerta au sujet des réseaux pédocriminels totalement protégés par la "justice".

 

Un rapport de l'ONU sur les dérives de la Justice en matière de pédophilie - donde vamos

Pour les fêtes, revenons encore sur ce sujet préoccupant : les réseaux pédophiles en France. Et ailleurs aussi, mais d'abord en France. Sur ce blog, j'ai repris un texte sur une affaire de pédophilie à Castres, dans laquelle on observe ce que l'on appelle un " déni de justice ", répété même.

http://dondevamos.canalblog.com

 

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Des moyens considérables ont été déployés pour retrouver la fillette. En l'espace de quelques heures la police a perquisitionné chez toutes les personnes ayant fait une attestation pour S., son père légal a été envoyé en hôpital psychiatrique, les avocats ont été en-dessous de tout comme c'est généralement le cas dans ces dossiers, la fillette a été rendue très rapidement à sa mère, par la police, après une audience devant le juge des enfants, et Marie-Lise Peyrache a été mise en garde à vue puis en examen pour enlèvement d'enfant (durant moins de 5 jours, pourtant).

Les signalements des parents des autres enfants victimes à l'école n'ont pas eu plus de succès.

Il y a eu des trahisons, des lâchetés, mais Marie-Lise Peyrache a toujours continué ce combat. Sa foi inébranlable a certainement joué... Aucune institution, et aucune association n'a voulu l'aider, l'affaire était manifestement trop grosse.

 

Une chaîne d’impunité qui perdure

Il y a aussi eu des pressions: contrôles de la sécu, de l'URSSAF, des impôts, contrôle judiciaire, expertise psychiatrique, menaces de mort, filatures... Un individu aujourd'hui sous les verrous pour plusieurs meurtres a tenté de l'impressionner: Daniel Beaulieu, impliqué dans l'affaire des barbouzes francs-maçons assassins de la loge Athanor, s'est présenté à elle comme un membre des renseignements, ce qu'il était encore puisqu'il n'a pris sa retraite qu'en 2009 et n'avait pas encore lancé son officine de "sécurité", pour lui dire que l'affaire était "classée secret défense" et de ne pas y toucher. A ce moment, il travaillait probablement sur ordre de sa hiérarchie, d'autant qu'un ministre encore en poste quelques années plus tôt semblait se mêler de l'affaire, mais il a aussi pu agir à la marge. Il est aussi intervenu comme témoin de moralité pour la mère de la fillette.

Marie-Lise Peyrache n'a pas cédé, et le type est reparti comme il était venu. Il lui a été présenté par une femme qui dirigeait une association connue de l'époque. Quant à Beaulieu, il a admis avoir organisé 5 assassinats maximum, mais il est très probable que ses victimes sont plus nombreuses. Le "secret défense" qu'il a évoqué pouvait être un mensonge, ou lié à la présence du ministre dans le dossier. Un ministre dont le garde du corps a plus tard confirmé à Marie-Lise Peyrache les visites dans un hôtel pour des partouzes avec des mineurs.

La mère de S. était très active pour étouffer cette affaire, et beaucoup de monde s'est activé avec elle pour tenter de faire taire Marie-Lise Peyrache.. Elle a même créé une association contre la maltraitance des enfants. Il est question d'un ancien ministre d'un parti de droite, intervenu pour assurer l'omerta.

Les procédures se sont succédé contre cette femme qui n'a pas voulu ignorer S. et ses paroles: 13 procès en 8 ans, souligne l'auteure. Et une nouvelle procédure pour atteinte à la vie privée a été entreprise par la mère de S., et par S. qui niait avoir subi quelque maltraitance que ce soit, en 2017. Nous en avions parlé il y a quelques années:

 

Pédocriminalité: 15 ans de procédure contre une lanceuse d'alerte - donde vamos

On a souvent parlé ici de ces parents qui perdent tous leurs droits sur leurs enfants parce qu'ils cherchent à les protéger contre des agressions sexuelles ou des viols commis par l'autre parent. Aujourd'hui, on va évoquer le cas d'une femme, Marie-Lise Peyrache.

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Et elles se sont mal passées : alors que la justice a soigneusement évité d'étudier les faits concernant les violences sexuelles, ceux qui avaient tenté de l'aider ont été poursuivis pour différents motifs, et Marie-Lise Peyrache a été condamnée à différentes reprises dans cette affaire.

Les anomalies dans la procédure étaient monnaie courante, avec notamment des faux en écriture destinés à accabler Marie-Lise Peyrache, une plainte contre la mère de S. pour dénonciation calomnieuse perdue, une citation directe sans cesse repoussée, un jugement jamais rédigé... Une psychologue qui en 2001 recommandait le placement de S. pour l'éloigner de sa mère a soudain changé d'avis, estimant un an plus tard que S. avait été traumatisée par le voyage en Allemagne et pas du tout par des violences sexuelles répétées. Les avocats refusaient de prendre son dossier dès qu'ils entendaient le nom de l'association créée par la mère de la fillette.

"Je lance ici un appel à tous mes frères et sœurs humains: Levons-nous pour les enfants que nous avons mission d'élever!

Mêlons-nous de ce qui nous regarde, c'est à dire de tous ces enfants qui seront les adultes de demain !

Crions STOP à tous ceux qui les abusent et à ceux qui les maintiennent dans leur souffrance!

C'est à nous de les écouter et de les protéger pour qu'à leur tour ils puissent créer des liens de solidarité et construire une société saine!", écrit-elle.

Marie-Lise Peyrache a créé son association pour aider d'autres enfants, dont certains étaient dans la même situation que S. Là aussi l'omerta s'est souvent imposée, les défaillances de la justice dans ces affaires sont apparues systématiques.

 

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Je recommande ce livre à ceux qui cherchent à comprendre comment les choses se déroulent quand on dénonce des violences sexuelles contre des enfants, en particulier quand l'obstruction vient du haut de la hiérarchie. C'est un témoignage qui compte, parce qu'il raconte de l'intérieur les obstacles innombrables qui peuvent être mis sur le long et périlleux chemin judiciaire, et même en-dehors.

Aujourd'hui S. a une vingtaine d'années et dit qu'il ne s'ets rien passé, même si elle avait parlé à l'époque, à plusieurs personnes, et ces éléments sont dans le dossier. 

Marie-Lise Peyrache n'est plus sous contrôle judiciaire depuis novembre 2022. 

 

 

Le livre est en vente ici.

 

 

Les tableaux sont l'oeuvre de l'artiste Kim Noble.

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