Droit de la famille : le Japon forcé de faire passer les droits des pères avant l'intérêt de l'enfant
Dans 3 mois, le Japon votera ou non la loi sur l'autorité parentale partagée "obligatoire", suite aux pressions occidentales. Aboutissement d'un lobbying qui selon moi vise in fine à donner tous les droits aux pères agresseurs, aux pères toxiques, surtout lorsqu'il est question d'inceste. Au Japon, des citoyens essaient de se mobiliser contre cette dérive.
L'autorité parentale partagée peut sembler une bonne idée, et elle l'est dans la plupart des cas, quand les parents se mettent d'accord sur le mode de garde. En france, on estime que dans environ 10% des cas, les parents n'arrivent pas à se mettre d'accord, et en général cela se produit dans les cas de séparation dite "conflictuelle", c'est-à-dire dans un contexte de violences.
Alignement du droit en faveur des pères agresseurs
Dans ce cas, que se passe-t-il ? Un parent protecteur, généralement la mère mais pas toujours, te,te d'éviter à son enfant d'être confronté aux agressions paternelles. Le géniteur, lui, veut avoir la garde exclusive, l'autorité parentale exclusive, et réduire à néant la mère de l'enfant (c'esr absolument classique dans ce type de séparation).
La procédure finit devant la justice. On a donc souvent deux procédures :
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Une procédure pour les violences. S'il s'agit d'une plainte pour des faits d'agressions ou de viol, elle sera classée dans environ 75% des cas avant d'être renvoyée devant un juge. L'affaire sera donc ensuite résumée à un "conflit parental" dont la mère est à l'origine avec ses "fausses accusations".
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Une procédure pour la garde de l'enfant, devant les tristement célèbres "juges aux affaires familiales". Cette procédure ne tient aucun compte de la procédure pour les violences, surtout si elle est déjà classée. Ce juge mal formé et souvent de parti pris verra donc d'un coté un père innocent accusé des pires choses, et de l'autre une mère qui porte d'horribles accusations contre un brave papa qui n'a rien à se reprocher. L'affaire est vite pliée : la garde est confiée à l'agresseur.
Cela permet au système de violences de perdurer. En france, on voit toutes les semaines des enfants envoyés vivre chez leur agresseur deux semaines, un mois après que la plainte pour viols ait été classée sans suite. Je connais des mères qui n'ont plus vu leur enfant pendant des années, et qui ont dû se battre pour avoir 1 h par mois en point rencontre, sous la surveillance d'éducateurs délirants.
La logique est la suivante : c'est le parent protecteur qui fait monter le conflit. C'est le parent protecteur qui cherche à écarter l'autre parent de la vie de l'enfant : c'est donc lui qui se comporte mal et nuit à l'enfant.
En parallèle, nous avons une "justice" indigente et incapable de traiter correctement les affaires de pédocriminalité ou même les cas de pères pervers. On estime qu'un enfant victime de viol a 1 chance sur 12 ou 14, selon les années, de voir son agresseur condamné.
Je connais des enfants qui ont été envoyés vivre chez leur agresseur, qui sont brisés. Qui n'ont plus de contact avec leur mère et qui ont oublié les viols, du moins pour le moment. Ou pas.
Et combien de femmes ont -elles été assassinées par leur ex à l'occasion des prises de garde alternée ? Selon la députée Marie Tamarelle-Verhaeghe qui a fait un rapport à ce sujet en 2022, "Deux tiers des féminicides et des tentatives de féminicides se font lors de la passation de l'enfant du parent violent sur le parent victime". Une paille.
Car la conséquence de ces dispositifs est que jusqu'à ce que l'enfant soit majeur, l'agresseur peut continuer à harceler et terroriser la mère et l'enfant, puisque du fait du « consentement des deux parents » pour tout ce qui relève de près ou de loin de la santé ou de l'éducation de l'enfant, les relations sont obligatoires et même forcées par la "justice". Même s'il n'est pas directement la cible des maltraitances, l'enfant peut facilement devenir l'instrument d'une vengeance, ou du harcèlement pour détruire la mère.
Voilà ce qu'est l'autorité parentale partagée obligatoire. Et la demande suivante sera la résidence alternée obligatoire. Avec d'autres outils qu'elle met à leur disposition comme l'aliénation parentale, désormais interdite dans les procédures en france tant elle était hors-sol et instrumentalisée par les agresseurs, pour être remplacée par l'accusation hallucinante de "mère trop fusionnelle", la justice est le premier allié des agresseurs.
C'est cela que veulent imposer la france, l'Australie, les Etats-Unis, chefs de file du front de pression que je qualifie de pro-agresseurs.
Harcèlement international sur les autorités japonaises
Au Japon, des mères qui ont fui des agresseurs français tentent d'alerter sur ces dérives, mais des groupes de "pères" harceleurs se sont formés comme le pendant de SOS Papas qui s'appelle SOS Parents Japan ou un groupe de pères français que notre cher président a rencontrés au Japon. Ils demandent que la loi japonaise s'aligne sur ce qui se fait chez nous.
Ils sont aidés par des députés, en france et au Japon, tels que Anne Genetet qui a déposé une proposition de résolution en 2022 sur "les enfants privés de tout lien avec leur parent européen à la suite d'un enlèvement (sic.) commis par leur parent japonais". Elle aurait pu copier- coller le texte d'un tract des groupes de pères, le texte eût été le même. Pourquoi cette députée macroniste de Neuilly parle-t-elle d' "enlèvement" alors qu'elle sait très bien que ce n'est pas le cas puisque, comme elle l'écrit plus loin, ces situations "découlent de l’application de la législation nippone en matière de droit de la famille, qui ne reconnaît ni le partage de l’autorité parentale, ni la garde alternée".
Même le Sénat, actif à ce sujet depuis 2011 alors que la protection des femmes et des enfants reste un angle mort législatif, y est allé de son "alerte enlèvement". Le sénateur macroniste Richard Young s'est longtemps fait le porte-voix de ces pères passés spécialistes dans l'art du harcèlement institutionnel. Car, comment appeler autrement cet activisme qui ne tient compte que d'un point de vue, celui de pères dont les mères ont choisi d'éloigner les enfants ?
Ces élus du peuple français, uniquement informés par les lobbyistes pro-pères, ont une vision biaisée des lois japonaises et ignorent complètement les situations familiales derrière ces ruptures de contact. Quand on mesure les attaques que subissent les mères, on comprend qu'elles ne font pas cela par légèreté ou par simple égoïsme, et qu'il s'agit réellement de préserver leurs enfants d'une relation toxique.
Et ces pères sont aussi beaucoup aidés par nos ambassades et consulats, qui avec l'argent de nos impôts mènent le lobbying pro-pères auprès des autorités japonaises. Et défendent les pères nationaux, comme le fait le consulat de France par exemple, qui essaie de se faire auxiliaire de justice en faisant pression sur des mères japonaises afin qu'elles cèdent aux injonctions de pères français.
Pères qui, eux-mêmes, n'hésitent pas à écrire plusieurs fois par semaine au consulat, en mettant de nombreuses personnes en copie, dans le cadre de leur harcèlement de la maman. On connaît leurs méthodes : la pression sans cesse, les menaces, les insultes, le dénigrement. Mais on aurait pu espérer qu'au consulat, ils seraient capables de prendre un peu de recul.
En 2018, 28 ambassadeurs européens ont écrit au ministre de la justice japonais pour faire pression en faveur des pères occidentaux. Depuis, ces interventions n'ont pas cessé.
Jusqu'à présent au Japon, après une séparation l'enfant reste avec un parent, l'autre peut le voir s'il le demande. Des mères japonaises qui cherchent à protéger leur enfant de pères toxiques pour différentes raisons, mais toujours harceleurs, sont allées vivre au Japon et bénéficient de la loi japonaise.
Avec le sens de la mesure qu'on leur connaît, les pères occidentaux qualifient cette situation de "kidnapping" ou "enlèvement". Ils font des grèves de la faim, des conférences de presse, des opérations commando au Japon, harcèlent les consulats pour qu'il intercèdent en leur faveur (hors de tout cadre légal évidemment), et là ils vont nous sortir un film larmoyant avec Romain Duris dans le rôle d'un gentil papa privé de ses enfants par une vilaine mère japonaise.
Enfin, au Japon ces pères ont évidemment obtenu l'appui d'une association pro-pères très agressive appelée Okayo-net, qui organise la lutte pour faire passer l'autorité et la garde alternées. L'Okayo-net s'appuie encore sur le concept d'aliénation parentale, que nous avons mis plus de 15 ans à supprimer chez nous. Il rencontre les députés japonais mais aussi français, les pères français et ceux d'autres pays, pour défendre leur point de vue.
Des voix au Japon demandent une loi équilibrée
Au Japon, certains essaient de se mobiliser et d'ouvrir un débat, alors que tout semble être fait pour que ce débat n'ait pas lieu. Il y a quelques journalistes qui soulèvent la question, il y a quelques voix comme le groupe "Arrêtez l'autorité parentale imposée" (Chotto Matte Kyodoshinkén) sur Twitter, mais il est difficile de porter la voix de mères qui sont toujours harcelées par les "pères" et souvent aussi par la justice française, et qui sont encore en train d'essayer de protéger leurs enfants. Ces mères ne peuvent pas s'exprimer en public, car cela alimenterait encore le moulin du harcèlement et de la destruction.
Une pétition pour stopper la législation sur l'autorité parentale conjointe imposée, qui sera donc discutée en juin 2024, a été lancée et a déjà recueilli près de 59.000 signatures : il faut aussi la faire circuler en france où on mesure parfaitement les dégâts de cette législation qui fait passer l'intérêt de l'enfant après les "droits du père".
Cette pétition demande d'annuler la révision législative pour l'introduction de l'autorité parentale conjointe après le divorce.
Elle rappelle que "Les délibérations n'ont pas été achevées au sein du Conseil législatif. De plus, les grandes lignes ont été décidées avant qu'environ 8 000 commentaires publics, dont environ deux tiers étaient des opinions opposées, n'aient été rendus publics, ce qui indique des problèmes dans la manière dont les délibérations se déroulent".
On reconnaît bien les méthodes de ce lobby, qui avance tel un bulldozer, sans débat public, sans étude d'impact, sans aucune réflexion sur les retours d'expériences des pays anglo-saxons où ce système est imposé depuis des années.
Les auteurs de la pétition demandent de :
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Préciser que l'AP conjointe n'est pas la norme et prendre des mesures pour prévenir la coercition.
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Développer de manière significative les mesures de prévention de la violence domestique et des abus, ainsi que l'aide aux victimes.
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Mettre en place un système permettant de révoquer rapidement l'autorité parentale conjointe en cas de risque de "désavantage" pour l'enfant ou l'un des parents.
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Renforcer les fonctions des tribunaux de la famille en améliorant la formation, la structure du personnel et en garantissant les ressources financières.
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Mettre en place des mécanismes garantissant le paiement fiable des pensions alimentaires pour enfants, tels que des systèmes publics de recouvrement et des programmes d'exécution.
Autant de demandes qui semblent être des évidences mais qui évidemment n'ont jamais été imposées ni même envisagées, dans ce principe d'autorité conjointe obligatoire après la séparation est masculiniste et n'a pas pour objectif d'assurer l'intérêt de l'enfant, mais les sacro-saints « droits des pères ». Sauf s'il s'agit de pères protecteurs, auquel cas, évidemment, ils se retrouvent dans la même situation que les mères protectrices, c'est-à-dire persécutés par l'autre partie avec l'aide de la "justice".
En france, les rapports se succèdent sur les conflits liés à l'autorité parentale conjointe obligatoire après les séparations. Le défenseur des droits en est à réclamer la mise en place d'un dispositif de "médiation familiale" pour se mettre d'accord sur un "projet de vie pour l'enfant", tant ces affaires remplissent les tribunaux. Puisque tout doit passer par cette espèce de justice bas de gamme à l'anglo saxonne.
Le défenseur des droits insiste aussi lourdement sur le fait que le juge aux affaires familiales doit entendre l'enfant qui le demande, à partir du moment où il a du "discernement", certainement parce que cela n'est toujours pas entré dans la pratique. Et cela montre encore une fois qu'il ne s'agit pas de l'intérêt de l'enfant, mais des "droits du père".
De manière consternante, le défenseur des droits demande aussi une évaluation de ces politiques de garde partagée obligatoire, parce que cela non plus n'a pas été fait. A mon avis, les résultats ne sont pas bons dans les cas de violences familiales. Et il demande que les juges aux affaires familiales soient enfin formés à gérer ces dossiers.
Précisons aussi qu'en france, un père violent ou même incestueux ne perd pas automatiquement l'autorité parentale1. En france les juges considèrent qu'un père violent qui frappe la mère de ses enfants peut aussi être un "bon père". Idem s'il terrorise toute la famille.
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Est-ce cela que les occidentaux veulent imposer au Japon ? Faut-il vraiment s'inscrire dans le discours délirant des pères harceleurs ? Le pire est que l'argument du bien-être des enfants n'est quasiment pas évoqué par ces lobbys, dont le discours est centré uniquement sur les droits des pères. Ils instrumentalisent un concept qui n'a rien à voir, celui de l' "enlèvement", pour imposer un système qui ne profite qu'aux agresseurs, puisque dans la très grande majorité des cas les parents arrivent à s'arranger sans faire intervenir un juge aux affaires familiales.
Dans les cas où les parents ne sont pas d'accord, combien sont la conséquence d'une situation de violences ?
Bref, il faut un peu de discernement dans ces affaires. Ne surtout pas copier bêtement un modèle occidental dont on mesure chaque jour la perversion dans les tribunaux. Ouvrir un débat, écouter toutes les parties, y compris les enfants qui ont pu échapper ou qui ont eu à subir un père toxique et violent.
1Des lois sont en cours pour retirer l'autorité parentale de manière systématique aux pères agresseurs, mais elles peinent à aller au bout de leur objectif. Le juge pourra toujours en décider autrement, et il faut que l'agresseur ait été condamné. Le texte n'est toujours pas adopté en mars 2024.