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30 juin 2024

Vers la guerre cognitive totale 

Selon la doctrine militaire des États-Unis et de l’OTAN, donc la nôtre, les cerveaux sont l’un des trois champs de bataille interconnectés, avec le terrain physique et le domaine du virtuel. Une doctrine qui a évolué depuis le covid, pour intégrer le ciblage des populations civiles dans le but, nous dit-on, de réduire l’impact des attaques étrangères, russes et chinoises en l’occurrence, sur l'opinion publique.

Si au début il n’était question que de propagande, de guerre de l’information, on voit arriver dans certains documents l'évocation de moyens plus corrosifs.

 

 

Le narratif par lequel nos dirigeants présentent la réalité n’est plus crédible pour une grande partie de la population, probablement plus de la moitié depuis le covid. Mais les gens croient assez facilement aux récits "alternatifs", qui peuvent aussi servir la propagande. Par exemple en diffusant des théories fumeuses, en favorisant les divisions, en empêchant les gens de penser, en focalisant sur des sujets accessoires…

 

 

La guerre cognitive, c’est les autres

 

Le concept de guerre cognitive, qui se généralise dans la doctrine militaire en Occident et ailleurs[1], est comme le dit le spécialiste de la question Bernard Claverie, une "démarche agressive" à laquelle se livreraient des pays étrangers, principalement la Chine. Mais pas nous bien-sûr : pas encore, et pas autant. Or si la doctrine officielle tarde à venir, c’est certainement parce que son absence permet tout et n’importe quoi. Car si l’OTAN n’a pas à respecter les lois, qu’elles soient nationales ou internationales, ce n’est pas le cas des armées nationales. Quoi qu'il en soit, la guerre cognitive ou par moyens électroniques n’est quasiment pas réglementée.

 

Avec les nouveaux moyens technologiques, que tous les grands pays développent, nous entrons dans une nouvelle ère de la guerre. Il y aura toujours des conflits armés qui permettent de vendre des armes, de détruire et reconstruire. Mais en plus, il y aura la guerre contre nos cerveaux, contre notre pensée. Actuellement, l’occident dit que comme la Chine se prépare à cette guerre d’un nouveau genre, nous devons aussi y mettre les moyens.

 

Un document récent du Cognitive Security Institute avec la Norwegian University of Science and Technology et de l’Ostfold University College[2] présente différentes méthodes permettant d’atteindre les objectifs de la guerre cognitive (à savoir modeler l’opinion publique et la manière de penser des individus. Par exemple :

  • Interaction directe avec le système nerveux, avec le consentement de la cible. Les moyens : "médicaments/ virus/ stimulation cérébrale pour améliorer les performances". Usage d’enregistrements d'électrodes ou d'implants d'électrodes et métacognition pour diagnostiquer la cible. Ce type de technologie devrait arriver d'ici moins de 20 ans sur les champs de bataille. L'"amélioration neuronale directe", plus polémique, n'arriverait qu'ensuite selon le rapport Science & Technology Trends 2023-2043.
  • Interaction directe avec le système nerveux sans le consentement de la cible pour "tuer le cerveau" ou désorganiser, par exemple avec des virus altérant les fonctions cérébrales.
  • Des outils permettant de viser une cible en particulier basés "sur la connaissance du système neuronal". Il est possible de "débrancher" la cible, par exemple en utilisant le LLM (système d’analyse de langage et de conversation par intelligence artificielle) « pour identifier les cibles à risque de se suicider, puis les convaincre de se suicider ».
  • Des outils non conçus pour une cible spécifique qui permettent de corrompre et désorganiser des groupes ou populations, par exemple avec des "Applications addictives qui détournent la dopamine et détournent l'attention. [Et] Augmentent le bruit dans l'espace d'information."
  • On peut aussi adapter des campagnes de désinformation à des groupes spécifiques en s’appuyant sur "la connaissance du système neuronal".
  • Ou des campagnes globales sans public cible pour faire "proliférer un récit spécifique"

 

Dans "Cognitive Warfare. Une guerre invisible qui s’attaque à notre pensée" [3], Bernard Claverie explique que "La guerre cognitive intègre un "armement" (weaponization) de trois domaines : les neurosciences, la psychologie et l'ingénierie sociale.".

 

Avec ce nouveau champ de bataille qu’est notre cerveau, le spécialiste de psychologie cognitive qu’il appelle "cognitique", Bernard Claverie explique que "Ce ne sont alors plus le comportement des individus ou leurs outils et programmes qui deviennent le moyen et l’objectif des acteurs de la défense ou de l’attaque, mais directement la pensée, ses formes et ses moyens, ainsi que les conditions de l’esprit devenu ainsi la cible".

 

L’OTAN accélère les partenariats avec des entreprises pour innover dans le domaine de la guerre cognitive, considérée comme une priorité depuis 2020. Objectif (illusoire) : rétablir la "confiance" du public dans les institutions et l’ordre établi qu’ils appellent "démocratie". Car, selon l'European College of Defense and Security, la guerre cognitive "peut fracturer et fragmenter une société entière de sorte qu'elle n'a plus la volonté collective de résister aux intentions d'un adversaire. Les objectifs de la guerre cognitive peuvent être limités, avec des horizons temporels courts. Ils peuvent aussi être stratégiques, avec des campagnes lancées sur plusieurs décennies".
 

Les dirigeants ont toujours cherché à modeler la pensée des populations pour assurer l’ordre établi et faire passer les décisions qui vont à l’encontre de l’intérêt général. Ils diffusaient des mots d’ordre dans les villes et les groupes d’intérêts descendant dans toute la hiérarchie sociale, utilisaient les journaux, l’éducation des élites puis des classes moyennes puis de toute la population, puis les moyens de diffusion de masse sont apparus tout récemment avec la présence des postes de radio puis de la télévision et des ordinateurs dans chaque foyer. Au-delà de ces moyens, les connaissances dans les domaines de l’information, des neurosciences, des neurotechnologies, des sciences du comportement entre autres, ouvrent de nouvelles perspectives.

 

Il est désormais possible de pénétrer les cerveaux de manière précise, par la propagande ciblée, et aussi par des technologies qui sont en train de passer du domaine militaire au grand public.  C’est ainsi que la guerre cognitive se produit à la fois dans le domaine militaire et dans le domaine civil, pour altérer le processus de pensée, impacter la conscience de la situation et la capacité de décision, altérer ou annihiler l’intention, précise Bernard Claverie en soulignant les "redoutables problèmes du droit et de l’éthique". En effet, si de telles attaques existent, en principe la réponse est interdite "par les valeurs occidentales" dit-il. Les valeurs peut-être, mais pas le droit.

 

Il y a deux grands enjeux à la guerre cognitive : la distorsion cognitive qui amène la cible à prendre de mauvaises décisions, et l’inhibition qui l’amène à ne pas prendre de décision : "lorsqu’il y a surabondance d’informations, lorsqu’il n'y a pas assez de sens et que la compréhension est impossible, la réaction n’est ni suffisante, ni rapide, ni efficace voire erronée", explique Bernard Claverie.

Il y a deux grands enjeux à la guerre cognitive : la distorsion cognitive qui amène la cible à prendre de mauvaises décisions, et l’inhibition qui l’amène à ne pas prendre de décision : "lorsqu’il y a surabondance d’informations, lorsqu’il n'y a pas assez de sens et que la compréhension est impossible, la réaction n’est ni suffisante, ni rapide, ni efficace voire erronée", explique Bernard Claverie.

 

Les Chinois seraient en train de préparer la "guerre des cerveaux" et une arme capable de perturber le cerveau – ce qui est aussi l’objet d’une bonne partie des projets MK-Ultra débutés dans les années 50 par la CIA. Les médias craignent que cette arme chinoise, qui fonctionne au moyen de "micro-ondes ou d’autres armes à énergie dirigée sous forme de pistolets portables ou de plus grandes armes émettant des faisceaux électromagnétiques", ne perturbe le cerveau de nos dirigeants, car ces armes pourraient cibler un seul individu. Il faut lire entre les lignes : nous allons devoir le faire nous-mêmes pour ne pas nous faire écraser.

 

Les micro-ondes ont de nombreux impacts physiques démontrés sur l’humain[4], qui devraient être investigués en profondeur. Par exemple :

  • Elles peuvent modifier l'ADN,
  • Elles changent le métabolisme des molécules du corps.
  • Elles réduisent les mécanismes antioxydants.
  • Elles peuvent perturber le métabolisme métabolisme énergétique des cellules : « Les micro-ondes peuvent altérer la morphologie morphologie cellulaire, perturber la division cellulaire et la perméabilité de la membrane cellulaire, entraînant dégénérescence, l'apoptose ou la nécrose des cellules à différents stades » rappelle une étude chinoise.

 

Le sujet semble être placé dans l’actualité : on agite le chiffon rouge (c’est le cas de le dire) et on va mettre des milliards pour développer ces technologies afin de "protéger" les populations de toute pensée critique. Je résume mais in fine c’est probablement ce qu’il va se passer.

 

 

De quelles technologies parlent-ils ?

Selon divers rapports, la Chine disposerait de différents types de technologies dédiées à la guerre cognitive :

  • Les technologies d’influence cognitive, qui comprennent les technologies d’enquête cognitive qui collectent et analysent les signaux physiologiques du cerveau, pour pouvoir ensuite les modifier au moyen des technologies d’interférence cognitive. Celles-ci sont utilisées pour provoquer des interférences physiques ou des dommages au cerveau. Les ondes électromagnétiques et les micro-ondes peuvent provoquer "des dommages psychologiques, de la confusion et même des hallucinations, en modifiant la cognition de l'autre et en amenant finalement l'ennemi à agir contre son intérêt.
  • Les technologies d'influence cognitive subliminale qui préparent et distribuent un contenu favorable à la narration souhaitée. Il s’agit des technologies de traitement de l'information subliminale pour "collecter et prétraiter" le contenu ou des "technologies d'implantation d'informations subliminales" qui implantent des messages subliminaux dans le contenu et créent des "informations synthétiques". Il s’agit d’amplifier les messages favorables. Concernant le subliminal, on sait à quel point c'est efficace, même à faible dose : quel est l'impact des messages violents envoyés en permanence aux humains dès la petite enfance, via la télévision par exemple ?

 

Des centaines de brevets sur la lecture des signaux électriques du cerveau par exemple avec des capteurs portatifs développés par Apple, d'interfaces cerveau-ordinateur ou de micropuces capables d'émettre des signaux pour contrôler le cerveau sont déposés depuis les années 50. De quelles technologies disposent réellement les militaires, chinois ou US ? Impossible de le savoir précisément. Les "nouvelles" technologies comme les armes à énergie dirigée qu'on nous a présentées récemment sont déjà utilisées depuis des lustres, et la propagande actuelle sur les armes de guerre cognitive ne sont qu'un prétexte pour officialiser leur usage. 

 

En 2015 déjà, un article de la BBC pointait l'expansion hors de contrôle de ces technologies : "Le nombre de brevets technologiques déposés en rapport avec la lecture des ondes cérébrales a augmenté de façon spectaculaire", soulignait l'article d'entrée de jeu. "Selon la société de recherche SharpBrains, moins de 400 brevets de neurotechnologie ont été déposés chaque année entre 2000 et 2009. Ce chiffre a doublé en 2010 pour atteindre 800. En 2014, 1 600 brevets de ce type ont été déposés aux États-Unis. C'est la société de recherche Nielsen qui détient le plus grand nombre de brevets en neurotechnologie, avec 100 brevets. Microsoft détient 89 brevets pour des logiciels capables d'évaluer les états mentaux".

 

L'inquiétude venait des applications non médicales de ces technologies :"Selon Alvaro Fernandez, directeur général de SharpBrains, l'expansion des utilisations non médicales représente l'aube de "l'ère des neurotechnologies omniprésentes". "La neuro-technologie est allée bien au-delà de la médecine, avec des entreprises non médicales, souvent sous le radar, qui développent des neuro-technologies pour améliorer le travail et la vie", a-t-il ajouté. Le nombre d'entreprises telles que Thync, une start-up qui s'efforce de connecter au cerveau des capteurs capables de modifier l'humeur de la même manière qu'un café ou une boisson énergisante, a augmenté". Et ainsi de suite.

 

Proposition d'un système de régulation en amont du développement des technologies 

Une étude universitaire a compté qu'entre 2016 et 2020, près de 50 000 brevets publics concernant des technologies capables d'impacter le cerveau ont été déposés. Pendant qu'on tergiverse sur une éventuelle régulation, les entreprises innovent tranquillement. Il faut dire que c'est un filon énorme, capable de drainer énormément d'investissements aussi bien privés que publics. Les deux Etats les plus actifs dans ce domaine sont les Etats-Unis et la Chine, engagés l'un contre l'autre dans une course technologique (qui comprend la baisse des livraisons aux Etats-Unis de singes rhésus pour les expériences par la Chine). Les US ont lancé leur Brain initiative en 2013, la Chine son Brain project en 2016 (tout comme l'Europe en 2012 avec son Human Brain project) qui ont des volets militaires, pour mettre des milliards d'argent public dans la recherche dans ces domaines, sans bien-sûr aucun débat public car on sait que les populations sont très méfiantes vis-à-vis de ces technologies. 

Les armes biologiques des Chinois semblent aussi effrayer l’occident. Selon un rapport récent[5] du CCP Biothreat Initative, un think-tank proche de l’armée US qui essaie d’identifier les armes biologiques que prépare le Parti Communiste Chinois (PCC) , "l'armement biologique du PCC va bien au-delà des virus (tels que le SARSCoV-2), ainsi que de la portée et de la compréhension des armes biologiques classiques. Leur nouveau paysage de développement d'armes biologiques comprend tout le spectre de la biologie synthétique, de l'édition du génome humain des soldats à la manipulation génétique des bactéries, en passant par l'utilisation de l'interface homme-machine pour contrôler des populations entières."

Bref : l’heure est grave, nous dit ce petit institut américain. C’est l’heure du branle-bas de combat : "Toute percée dans ces recherches à double usage fournirait au PCC des outils sans précédent pour établir par la force un nouvel ordre mondial, qui est l'objectif de Xi Jinping depuis toujours", précise le rapport.

 

Le rapport "Science & Technology Trends 2023-2043. Across the Physical, Biological, and Information Domains" de la Science & Technology Organization de l'OTAN analyse les perspectives en matière d'armes conventionnelles ou non. Parmi les différents domaines abordés, qui vont de l'intelligence artificielle aux technologies quantiques, la génétique et les armes électromagnétiques sont mentionnées. Selon ce rapport, par exemple, les données génétiques seraient de plus en plus prises en compte dans les soins de santé des militaires. Il montre en tout cas que les technologies et leurs capacités se développent très rapidement pendant que leurs coûts baissent, ouvrant de nouvelles possibilités aussi bien en termes d'attaque que de défense, afin de maîtriser le spectre électromagnétique qui permet entre autres les communications (principalement 5G, 6G et autres G qui sont indispensables aux systèmes de communication militaires de l'OTAN).

 

 

Selon nos "stratèges", si les populations occidentales se montrent de plus en plus critiques vis-à-vis de leurs dirigeants et de leurs décisions, ce n’est pas parce qu’ils aspirent à un peu plus de démocratie, parce que leur système s’effondre ou parce que ces mêmes dirigeants se sont irréversiblement décrédibilisés, ce n’est pas non plus parce que les citoyens ont un esprit critique : c’est à cause de la guerre cognitive des ennemis de l’OTAN.

 

Il s’agirait de moyens à la fois civils et militaires, auxquels nous allons donc répondre par des moyens civils et militaires, sur les populations civiles occidentales comme sur les pays considérés comme hostiles.  Je note avec amusement que l’OCDE cherche à encadrer les neurotechnologies. Mais comment interdire aux autres ce qu’on fait soi-même ? Et comment continuer à avoir toute latitude dans l’action si on encadre ?

 

Les moyens seront également mis sur la détection des "attaques", c’est-à-dire in fine des informations gênantes et de ceux qui les émettent, et ne seront certainement pas utilisés que contre la propagande étrangère. Et tout cela se fera, comme c’est le cas jusqu’à présent, sans débat public. Sans informer les citoyens, sans les écouter, sans même s’interroger sur les aspects éthiques.

 

Côté chinois, la guerre cognitive est d’actualité aussi depuis plus de dix ans, en réaction aux attaques occidentales : les Chinois voient dans "La désintégration de l'Union soviétique, les bouleversements en Europe de l'Est et les "révolutions de couleur" dans de nombreuses régions du monde depuis les années 1990" la même "ombre au tableau" qui est celle des actions de guerre psychologique.

 

Un article du Réseau militaire chinois sur le Quotidien de l'Armée populaire de libération explique le concept de la guerre cognitive, qui serait mise en œuvre par l’occident : " Les armées étrangères ont utilisé des célébrités sur Internet, des comptes virtuels et des armées de zombies pour troubler la cognition, perturber l'opinion publique et s'écarter du rythme. En créant de l'insécurité et en exagérant l'incertitude au sein de l'ennemi, on intensifie les conflits de groupe ; en créant des fractures internes, on détruit l'unité et l'harmonie ; en amplifiant la méfiance et en augmentant les doutes en matière de prise de décision, on accroît les combats internes et les frictions internes. En fin de compte, grâce à l'implantation sans trace, à la connexion sans faille, au fonctionnement invisible et à la substitution insensée des émotions psychologiques, on parvient à "gagner sans combattre""

 

Les Chinois accusent l’OTAN d’avoir lancé le combat sur le "champ humain", alors que les technologies permettent de mener l’offensive.

 

Selon un article du Réseau chinois des sciences sociales de mai 2022, "Ces dernières années, avec le développement des technologies émergentes, l'OTAN a étendu le champ de bataille au sixième niveau, le "champ humain", afin de rivaliser pour le contrôle du cerveau, d'armer la science du cerveau et de lancer des actions offensives et défensives sur des éléments cognitifs tels que les croyances, les méthodes de pensée, la volonté spirituelle, les attitudes et les tendances comportementales de l'objet ciblé. Selon certaines informations, grâce aux résultats des recherches sur le cerveau et les sciences cognitives, les États-Unis tentent de contrôler psychologiquement l'ennemi en recueillant, en déchiffrant et en interférant avec les ondes cérébrales des cibles de combat". Exactement ce dont l’OTAN accuse la Chine.

 

Les Chinois parlent de « guerre de l’opinion publique », pour décrire les actions ciblant la formation de la pensée collective, en ciblant des groupes spécifiques. Et selon eux, l’occident s’y livre allègrement aussi bien sur les populations étrangères que sur les populations occidentales, pour servir le narratif de Washington.

 

Cet article poursuit : "L'attaque et la défense de l'opinion publique sont des moyens importants. La guerre dans le domaine cognitif est essentiellement une lutte pour gagner le cœur et l'esprit des gens. L'attaque et la défense de l'opinion publique dans la confrontation cognitive se manifestent principalement par le contrôle, la manipulation et l'utilisation de divers outils d'opinion publique pour supprimer les opposants et remporter la compétition dans le domaine cognitif du public. La guerre de l'opinion publique se concentre sur la modification des concepts, la conquête du cœur des gens et une plus grande attention à la conquête de l'esprit et de la volonté.

 

Avec l'aide des réseaux sociaux en constante évolution et des technologies des médias intégrés, la guerre de l'opinion publique peut briser le blocus et les restrictions des adversaires et atteindre l'intérieur du groupe cible. Ces dernières années, le statut de l'attaque et de la défense de l'opinion publique est devenu de plus en plus important dans les domaines de l'idéologie, du cyberespace, de la haute technologie, etc. et a attiré une grande attention. La guerre de l'opinion publique peut donner une image positive de soi-même, tout en diabolisant le pays cible, etc., afin de gagner des avantages moraux internationaux et le soutien du public.

Des "révolutions de couleur" aux conflits locaux, les pays occidentaux, sous la manipulation de la "rhétorique américaine", ont fabriqué des scénarios absurdes, tissé des récits absurdes, tiré des conclusions absurdes, exercé une pression constante et envahi le champ cognitif, posant de graves problèmes à la sécurité politique de nombreux pays."

 

Selon la nouvelle doctrine de guerre chinoise, il existe 5 "batailles de la cognition" :

 

  • Bataille de cognition préemptive : Il s'agit de façonner l'environnement cognitif avant que la guerre ne commence en influençant stratégiquement les facteurs cognitifs physiologiques, psychologiques et fondés sur les valeurs des des objets ciblés. L'objectif est de dominer efficacement l'espace cognitif et d'établir une position morale dominante.
  • Bataille de précision cognitive : Se concentre sur des opérations et des stratégies cognitives précises. Il s'agit d'identifier les lacunes cognitives, de l'utilisation de technologies avancées telles que le big data et l'IA, et du ciblage des informations clés des sujets cognitifs afin de parvenir à une pénétration efficace et à une dissuasion précoce.
  • Bataille de domination cognitive : Vise à pénétrer l'ensemble du territoire cognitif, y compris les méthodes physiques de "destruction dure" et les effets de "destruction douce" obtenus grâce au modelage cognitif, à l'induction, l'intervention et le contrôle cognitifs. L'objectif est de créer un puissant effet dissuasif et un avantage asymétrique.
  • Bataille de l'information cognitive : Reconnaît l'importance d'un soutien solide en matière d'information dans les guerres futures. Il s'agit de mettre en place des ressources pour les opérations cognitives offensives et défensives, d'intégration des médias et de développer des technologies de base pour la fusion d'informations cognitives.
  • La bataille de la coordination cognitive : Met l'accent sur les efforts multidimensionnels et la coordination des opérations conjointes dans différents domaines. Elle implique l'intégration du renseignement humain, du renseignement géographique et du renseignement de source ouverte afin de mettre en place une force interarmées couvrant tous les domaines et dotée d'une grande connectivité.

 

Une vision des choses bien différente de ce qu’on lit dans les rapports publics de l’OTAN. Depuis 2001 et les attaques du 11 septembre, les États-Unis déroulent un story-telling agressif : menace ⇒ Réaction. Menace ⇒ Réaction.  Menace ⇒ Réaction.

 

Parmi les "neuroarmes", les produits chimiques et pharmaceutiques suscitent pas mal d''inquiétudes [6] . Leur usage dans le contexte de la guerre n’est pas nouveau : la Guerre Froide a entraîné une guerre psychochimique pour modifier ou à altérer les fonctions cérébrales à l’aide de LSD, de méthédrine ou de BZ (benzilate de 3-quinuclidinyle. Le BZ est un agent psychotomimétique (imitant les symptômes de la psychose, y compris les hallucinations et le délire ), qui est devenu une arme standardisée peu utilisée car peu fiable. Plus récent, le fentanyl qui peut être létal a fait l’objet de recherches militaires depuis les années 70 selon la chercheuse Cassandra Granlund et a aussi été militarisé[7].  

 

Et il y a aussi les nouveaux produits psychoactifs qui ne sont pas réglementés et constituent des menaces de santé publique. Cassandra Granlund mentionne "les cannabinoïdes synthétiques/ cannabimimétiques, les nouveaux opioïdes synthétiques, les dissociatifs de type kétamine, les nouveaux stimulants et psychédéliques, ainsi que les médicaments délivrés sur ordonnance ou en vente libre" qui restent assez classique mais sont de plus en plus puissants sur le marché des stupéfiants. Le risque est que ces substances, tout comme les stimulants, "pourraient présenter un intérêt pour les attaques adverses en raison de leur innovation constante et de leur distribution non réglementée".

 

Dans le cadre des opérations de manipulation cognitive et des tactiques de guerre hybrides, les méthodes employées sont larges, de "l'exposition à des substances neurotoxiques, l'introduction de composés psychoactifs dans les aliments, en passant par l'utilisation de nanoparticules métalliques et de radiations", la diffusion par aérosols s’avérant semble-t-il la plus pratique. Cassandra Granlund souligne que "L'impact des attaques cognitives est considérable, car elles ont le potentiel d'influencer les capacités de prise de décision du personnel militaire et des dirigeants, ce qui peut entraîner des décisions incorrectes ou moins qu'idéales". Il y a aussi tout le volet qui consiste à "améliorer" les capacités des soldats, par la chimie ou les technologies.


Et contre les populations civiles, "Les progrès des neurosciences pourraient également ouvrir de nouvelles voies pour contrôler les populations et modifier temporairement les comportements, ce qui permettrait d'éviter les émeutes et d'assurer le respect des politiques de l'État".

 

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Le Pr Nita Farahany de la faculté de droit de la Duke University, qui développe la notion de "liberté cognitive", rappelle dans un courrier au conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les risques liés au déploiement des neurotechnologies :

  • Permettre une ingérence plus précise dans la vie privée mentale des individus en collectant, traitant ou divulguant des données sur le cerveau et les expériences mentales sans consentement ni transparence, le traitement ou la divulgation de données sur les cerveaux et les expériences mentales sans consentement, sans transparence ou responsabilité, ou en utilisant ces données à des fins incompatibles avec les droits de l'homme, comme la discrimination, l'exploitation ou la manipulation.
  • Violation de la liberté de pensée en accédant, en interférant ou en pénalisant les pensées, les croyances ou les valeurs d'une personne sans consentement, transparence ou responsabilité, ou en utilisant les neurotechnologies à des fins incompatibles avec les droits de l'homme, telles que l'endoctrinement, la surveillance ou la censure.
  • Saper l'autodétermination en empêchant l'accès à l'information sur son propre cerveau ou ses expériences mentales, ou en interdisant ou en limitant les changements qui pourraient améliorer ou modifier son propre cerveau ou ses expériences mentales, en influençant ou en contraignant ses choix, ses préférences ou ses actions sans consentement, sans transparence et sans obligation de rendre des comptes.

Selon la RAND Corporation[8], l'environnement technologique et informationnel va évoluer fortement, principalement dans dix domaines : l'intelligence artificielle (IA), la biotechnologie, la réalité étendue, les interfaces homme-machine, les technologies de l'information et de la communication (TIC), les matériaux avancés, les capteurs, la technologie spatiale, la technologie quantique et le cryptage, ainsi que les technologies de sécurité, de validation et d'amélioration de la vie privée. Cette évolution technologique qui s'impose au fil des innovations va influencer la culture et les habitudes de la prochaine génération, qui sera adulte en 2035. Quel sera leur "environnement" si jamais on ne prend pas le temps de s'interroger sur cette fuite en avant technologique qui se fait dans le dos des peuples ? De se demander ce que l'on veut ou pas pour nos enfants, ce qui est acceptable ou non, quelle société nous voulons.

 

 

[1]     Les US ont commencé à théoriser la guerre cognitive au début des années 2000.

[2]     « The UnCODE System: A Neurocentric Systems Approach », Torvald F. Ask, Ricardo G. Lugo, Stefan Sütterlin, Matthew Canham, Daniel Hermansen, Benjamin J. Knox, Nov. 14th 2023

[3]     Bernard Claverie. “Cognitive Warfare” – Une guerre invisible qui s’attaque à notre pensée. Jean-François Trinquecoste. Faut-il s’Inquiéter ?, Éditions de l’IAPTSEM, pp.89-115, 2024, ISBN 978 2487 388000. ffhal-04586061

[4]  X. Zhao, G. Dong, C. Wang, Department of Experimental Pathology, Beijing Institute of Radiation Medicine, Beijing, P. R. China. "The non -thermal biological effects and mechanisms of microwave exposure", Volume 19, No 3 International Journal of Radiation Research, July 2021.

[5] « Current State of Key Active Bioweapons Programs of the Chinese Communist Party and People’s Liberation Army », Ryan Clarke, Sean Lin, LJ Eads, January 2024

[6]     Chemicals in Cognitive Warfare: A Peek Inside the Mind-Modifying Arsenal. Cassandra Granlund, The Norwegian Defence Research Establishment.

[7]     Un produit similaire aurait été utilisé en 2002 par la Russie pour mettre fin à l’attaque d’un théâtre de Moscou avec prise d’otages, par des Tchétchènes islamistes, avec 120 morts à la clé.

[8] Cultural and technological change in the future information environment Linda Slapakova, Abby Fraser, Megan Hughes, Maria Chiara Aquilino, Kristin Thue, 2024, RAND Europe.

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