Note de lecture : L'enfer de l'ASE, par Candide Persan
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L'enfer de l'ASE est un témoignage sur le parcours d'un père et de ses trois enfants dans les méandres de l'Aide Sociale à l'Enfance. Candide Persan, l'auteur, qui a vécu l'arbitraire jusqu'à la rupture avec ses enfants, raconte comment leur vie a été brisée par l'Etat et ses services depuis le jour où les forces de l'ordre sont venus saisir ses enfants dans les cris et la violence. Un témoignage à lire pour comprendre les dérives de la "protection de l'enfance".
"L'enfer de l'ASE" commence par le jour de 2017 "où tout a basculé", quand une équipe des services sociaux est venue au domicile familial pour enquêter sur les enfants à la suite d'une information préoccupante. A l'époque, la mère des enfants, n'allait pas bien psychologiquement et ce père devait protéger les enfants des négligences, et même de la violence de leur mère. Mais Candide Persan montait son entreprise de production et vente, ses enfants allaient bien : ils avaient l'école à la maison, vivaient au milieu de la nature, étaient équilibrés.
Les conflits devenant de moins en moins gérables, le couple s'est séparé de manière conflictuelle, laissant alors le champ libre à l'Etat d'autant plus que Candide Persan s'est retrouvé sans entreprise, sans argent et que la mère multipliait les plaintes.
L'auteur est un personnage peu classique surtout pour des institutions qui n'ont que leur grille de lecture pour comprendre l'humain. Méfiant envers les institutions, et pour de bonnes raisons, il a choisi d'élever ses enfants dans l'autonomie, la découverte, le libre-arbitre. Le livre raconte de son point de vue de père comment l'institution, d'abord plutôt bienveillante, a pu se transformer en arme pour briser sa famille et couper les liens avec ses enfants - tout en affirmant le contraire.
Candide Persan interroge sur cette machine infernale, sorte de broyeuse dans laquelle passent les parents récalcitrants, même si bien souvent ils n'ont à se reprocher que d'avoir l'école à la maison, d'être végétariens ou même d'être mère célibataire.
Lui a fini par refuser de rentrer dans les cases prévues par les procédures, parce qu'il pressentait que le faire lui coûterait trop cher, à lui mais surtout à sa famille. Radical, osant remettre en cause les vérités assénées en chœur par les services sociaux et la justice, il a du affronter un mur. "Je crois que ça ne va pas être possible. 32 ans, dont 25 à vouloir vivre en paix loin des pervers, menteurs, toxiques, qu’ils soient hommes ou femme. Je ne retourne pas dans la roue du hamster. C’est juste complètement intolérable ce qu’il m’arrive", écrit-il.
Dans ce livre, Candide Persan observe la déliquescence de ce qui fut un service public, transféré à des départements qui n'ont pas les moyens de les faire tourner., mais qui font la loi dans les familles.
De l'adaptation au refus
Comme presque tous les parents qui arrivent à leur première audience devant le Juge aux Affaire Familiales -les fameux JAF qui ont détruit tant de familles, Candide Persan ne savait pas à quel point la justice dysfonctionnait, à quel point les décisions étaient prises sur du vent, en fonction de scénarios pré-établis. Il s'est ainsi trouvé accusé par la mère des enfants, par sa propre mère (toxique, qu'il fuit), par les services sociaux et par la justice, et n'avait pas prévu de se défendre contre des mensonges et interprétations.
Rien de ce qu'il a pu dire n'a semblé peser. C'était le début de la fin, même si la conclusion de l'audience a été une garde partagée.
L'auteur a vu ses enfants dépérir, sans que ses demandes puis ses cris n'y changent rien. Leur comportement l'inquiète, d'autant qu'il sait par la mère des enfants que ses parents, avec lesquels les enfants sont souvent alors que leur mère avait coupé les ponts depuis des années, étaient incestueux.
Dès qu'il les a récupérés, après un premier long séjour avec leur mère, ce père a compris qu'il s'était passé quelque chose. Le plus jeune était dans un état ressemblant à du stress post-traumatique, les deux aînés n'avaient quasiment pas de souvenirs de cette période...
En filigrane, quand on connaît les réseaux pédocriminels, on ne peut que faire certains liens. La maman semble avoir été victime d'un père pervers avec la complicité de sa mère. Candide Persan lui aussi a grandi entre les mains d'une mère perverse. Dans les deux cas, l'inceste est intervenu très tôt, et le fait que la mère de l'auteur revienne dans l'entourage des enfants via leur mère est des plus inquiétants.
Ila obtenu la garde des enfants quelques mois plus tard, mais ce fut une pause, juste le temps de prendre une respiration et de se faire quelques souvenirs de plus.
Comment les aider alors que la justice a commencé à se mêler de leur vie ?
En parallèle, les employés des services sociaux et la justice ont clairement pris le parti de la mère des enfants : de convocations de l'ASE en audiences devant le JAF, de visites médiatisées en perquisitions, la situation n'a fait que se dégrader. Candide Persan raconte comment il a été sans cesse mis en accusation pour des motifs délirants ou montés en épingle.
S'extraire du "Mind Kontrol Républicain"
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Il a eu droit à quatre enquêtes sociales pendant que les enfants étaient chez lui, c'était à l'époque des "confinements" et "couvre-feu", comme si on voulait absolument le prendre en faute. A coups d'attaques coordonnées, d'imprécisions, d'interprétations, de mensonges distillés dans les rapports des services sociaux puis dans les jugements, ce père s'est trouvé désemparé "dans la cellule formée par l'autorité parentale de la mère de [leurs] enfants", sans aucun levier à actionner pour que lui et ses enfants soient entendus.
L'auteur interroge sur l'éducation des enfants, sur la famille et le rôle des parents, surtout quand l'Etat usurpe l'autorité parentale, sur la société de plus en plus folle dans laquelle nous vivons, et parle de la vie qu'il a construite, puis reconstruite, patiemment pour ses enfants. Ce sont des décisions judiciaires qui ont tout fait basculer. Après un refus de l'instruction en famille à la rentrée de septembre 2021, l'étau de la "justice" s'est resserré : les enfants ont été retirés à leur père dans la violence en mai 2022, puis il y a eu les "séances de redressement médiatisées" insupportables pour lui comme pour ses enfants -qu'il refuse, le placement des enfants, les deux ainés séparés du dernier, il y a eu les mesures de rétorsion administratives, dans un acharnement qui a été jusqu'à une accusation de terrorisme, la construction progressive d'un fossé, puis d'un ravin entre lui et ses enfants – et pour quoi au juste ?
Comment se passent les audiences ? La justice familiale est rendue à huis-clos, le plus souvent dans un bureau. Et le contradictoire n'est que pure forme : "Si un parent doit être maté, alors l’autre est utilisé. A tour de rôle. Quels que soient les signes de détresse et de souffrance que peuvent présenter les enfants ou les parents, l’ASE arrivera à ses fins. Ignorer, déformer, inverser. Syllogisme à tous les étages. Aucune éthique.
Mais surtout, aucune limite. Aucun rétrocontrôle. Aucun témoin n’est admis durant les audiences. Les avocats ne feront rien qui puisse contrarier l’ASE. Ils présenteront un dossier, au mieux. Mais ils laissent tout dire", écrit Candide Persan.
C'est ainsi qu'il a été "effacé" progressivement de la vie de ses enfants, que la justice a certes entendus, mais pas écoutés. Il a cependant eu la chance de trouver une avocate à l'écoute, ce qui est rare : Me Virginie de Araujo Recchia a réussi ces derniers mois à démêler certains fils et à obtenir des résultats.
Ce livre parle de notre justice, de notre système de protection de l'enfance, et on s'interroge avec l'auteur sur le sens de ce système : cette justice bourrée de préjugés écrase au lieu de protéger, en particulier lorsqu'elle est face à quelqu'un qui n'est pas dans le moule souhaité.
Le livre parle de la lutte d'un homme au quotidien, pour pouvoir élever ses enfants dans de bonnes conditions malgré les embûches administratives et judicaires et ne pas sombrer. Il parle du conditionnement des enfants, et aussi des parents, par l'Etat via l'ASE qui applique les principes kafkaïens d'un totalitarisme glissant, mou, non assumé, et pourtant palpable. Comme le résume Candide Persan : "l’état à forcément raison. C’est l’ASE qui décide. L’ASE dit la seule vérité. Vous n’avez pas le droit de dire que l’ASE ou l’état ment".
C'est le récit d'une plongée concomitante dans les affres de l'ASE et dans le monde du covid, c'est-à-dire dans l'arbitraire et le totalitaire, dans un système sur lequel il est impossible d'avoir prise. Un témoignage de notre époque, qui permet d'éclairer les citoyens sur la manière dont les choses de passent réellement dans les cours de "justice".
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Nous avions parlé de l'histoire de Candide Persan dans 2 articles, son avocate Me Virginie de Araujo-Recchia a accepté de répondre à mes questions dans celui dans janvier 2025 :
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Les interventions des services sociaux sont souvent hors sol : des enfants réellement en danger sont laissés dans leurs familles, pendant que des enfants dont les parents sont investis dans leur ...
https://dondevamos.canalblog.com/justice-enfants-instrument-de-reeducation
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