is Queen Cecilia gone?
S'il est un sujet secondaire en ce moment, au vu de la conjoncture politique, sociale et économique, c'est bien la présence ou non de la femme de Notre Très Cher Président à l'Elysée. Pourtant, les médias suivent assidument cette "affaire".
Tout cela est secondaire, parce que tout d'abord il ne s'agit que de rumeurs jusqu'à ce qu'elles soient confirmées. Certes, c'est logique mais il est bon de le rappeler. Ensuite, il s'agit de la "peopleisation" de la politique, qui n'a pour but que de détourner l'attention des vrais problèmes. Cela devient presque, même, de la "télé réalité" élyséenne. Or, la situation du pays est suffisamment préoccupante sur presque tous les plans pour que les médias aient d'autres sujets à traiter, de ces sujets certes plus compliqués, moins consensuels et moins faciles à expliquer en quelques lignes ou quelques secondes, mais autrement importants.
Ce genre de "sujets" reflète très bien l'état de délabrement des médias français. Même Le Monde et Le Figaro (qui font partie de la "presse quotidienne nationale" dite "de référence"), L'Express et d'autres jusqu'en Belgique en sont venus à répercuter une "rumeur" venue d'un blog ou de source non vérifiée ce qui revient au même, allant jusqu'à parler de divorce. Et quand bien même ce serait le cas, on s'en fiche. Malgré tout, sur Google actualités, on trouve 264 articles portant sur ce sujet aujourd'hui.
La presse étrangère, comme le remarque Le Nouvel Obs, n'est pas en reste, titrant elle aussi sur ce fameux divorce. The Telegraph, par exemple, a titré le 16 octobre : " Divorce pour les Sarkozy: Cecilia réecrit les règles".
On en est même à évoquer le choix qu'aurait Notre Très Cher Président en cas demande de divorce de la part de Cécilia, c'est-à-dire la possibilité de refuser le divorce, tout simplement.
D'autres médias plus circonspects dont l'AFP ou Libération, constatant qu'effectivement le sujet a été épuisé et qu'ils n'ont rien à se mettre sous la dent, titrent sur l'absence de commentaire de l'Elysée sur cette hypothétique mais probable séparation. Là, on tombe franchement dans la non information. Ou comment meubler avec du vide.
D'autres titrent carrément sur la "rumeur", ce qui d'un point de vue déontologique est discutable. Certains y vont franchement, et pronostiquent le divorce pour cette semaine, "annoncé partout" d'après le titre. L'article reprend donc encore une fois ceux de ses confrères.
Nous ne sommes pourtant pas en train de lire Gala ou Voici, des magazines dans lesquels on peut légitimement s'attendre à trouver ce genre d'article. Dans les médias qui se revendiquent sérieux, un tel sujet mériterait une brève tout au plus.
Le processus dans la propagation de ce type d'information est simple : chaque média reprend d'autres médias, qui eux même partent de sources relativement limites, voire d'un seul média qui lui même est parti d'une "rumeur". C'est ce qu'on appelle en journalisme le phénomène émulation: un journal balance une info, et tout le monde doit la reprendre pour vendre, ne pas être à la traine, sans prendre le temps de vérifier ladite info ou de recouper les sources.
Le problème, aujourd'hui, est que ce processus est systématique, et qu'il contamine une grande part des informations véhiculées dans les médias. C'est pour cela qu'à quelques exceptions près, les grands titres sont les mêmes. Il suffit d'assister à une conférence de rédaction pour voir qu'en grande partie on traite de sujets dont parlent les autres médias du jour.
Au final, on se retrouve avec une information très formatée. Si en plus on ajoute le fait que lesdites informations viennent des mêmes agences de presse appartenant à quelques groupes internationaux, il semble logique d'avoir l'impression de "connaitre l'actualité" si l'on est quelqu'un d'attentif aux informations qui viennent jusqu'à nous, puisqu'elles disent toutes à peu près la même chose.