Financiarisation de l'économie
Au regard des déboires
économiques mondiaux récurrents, parfois, il arrive que l’on s’interroge :
mais pourquoi donc ce système pour le moins instable voire aléatoire perdure t’il ?
Et mieux, pourquoi accélère t’on le processus, en allant ainsi vers toujours
plus de libéralisation ?
Qui a oublié les crises en
Asie et en Amérique Latine pendant les années 90, l’explosion de la bulle
internet, ou plus loin, le « jeudi noir » de 1929 ? Aujourd’hui,
c’est donc la crise des emprunts hypothécaires US, qui a éclaboussé jusqu’aux
banques et investisseurs ayant spéculé sur ces hypothèques (crise des subprime).
Le système est simple :
les banques cherchent à faire entrer un maximum d’argent dans leurs caisses
pour rémunérer leurs clients, qui ont placé de l’argent chez elles.
De quoi parle t-on,
finalement ? De ce qu’on appelle la financiarisation de l’économie. C’est,
pour résumer avec des mots de non économiste, le fait qu’une grande partie de
la « Croissance » soit assurée par la spéculation.
Ce n’est plus la
production en elle-même et le travail des travailleurs qui créent de la « richesse »
(concept fort discutable puisque cette richesse reste largement virtuelle),
mais les placements les plus risqués, qui rapportent un maximum.
Les actionnaires réclament
15% de bénéfice par an, alors que le PIB mondial, lui, n’augmente que de 5 à
6%. Même sans être très bon en maths, on s’aperçoit que l’équation est
impossible.
C’est pour cela que depuis
quelque temps, les banques et autres courtiers ont inventé des actions qui
portent sur des prêts hypothécaires, ou prêts immobiliers (les subprime). C'est ce qu'on appelle la "titrisation des créances".
Ces placements peuvent s’avérer très rentables parce que très risqués.
Pourquoi son t-ils risqués ?
Parce que les banques et
autres organismes de crédit se sont mis à prêter des sommes considérables à des
gens dont la solvabilité était relativement douteuse.
La crise actuelle est due
au fait que la FED (la réserve fédérale US, dont le président est toujours convié aux réunions du Bilderberg) a en quelque sorte cessé de garantir ce type de placements,
et a restreint l’émission de monnaie. Les banques se sont donc rabattues sur
les hypothèques et ont commencé à saisir.
Parallèlement la FED a augmenté considérablement les
taux d’intérêt depuis 2002, et comme la plupart de ces emprunts étaient à taux variable (indexé sur celui de la Fed, justement),
les gens se retrouvent pris à la gorge. Certains ont vu leur taux d'intérêt doubler en trois ans, passant de 6 à 12%.
Comme beaucoup de ménages (on parle de 5% des ménages, ou 3 millions de
personnes) sont dans ce cas, la valeur des maisons et de l’immobilier a chuté,
les banques ne pouvant même plus se rembourser.
Du coup, certaines banques
ont coulé, ainsi que certaines autres qui avaient misé et spéculé sur ces prêts hasardeux. Mais tout le système des banques et de la spéculation semble fragilisé durablement, y compris en Europe (cf. le cas du BEL 20, l'équivalent du CAC 40 français).
Ajoutons à cela un
certain nombre de dysfonctionnements plus ou moins voulus du système financier,
et on obtient un système pourri jusque dans la structure.
Par exemple : les banques, lorsqu’elles revendent leurs crédits hasardeux sous forme d’actions, sortent ces débits de leur bilan. Leur santé financière semble donc stable, alors qu’elles sont incapables de recouvrir leurs créances. C’est pour cela que la Fed et la BCE ont du injecter plusieurs centaines de milliards d’euros dans le système financier. Les fonds spéculatifs (hedge funds) se sont rués sur les actions les plus risquées espérant un bénéfice record. De fait, certains ont également coulé, entraînant parfois les banques qui les prenaient en charge.
Un autre problème considérable est l'incurie des établissements de notation, qui n'ont pas pris en compte ce genre de pratiques pour évaluer la stabilité des établissements bancaires. Donc ceux qui ont misé sur ces banques et autres fond se retrouvent eux aussi le bec dans l'eau.
Le comportement des actionnaires, qui cherchent toujours plus de rentabilité, contribue fortement lui aussi à ces dérives de la financiarisation de l'économie. Aujourd'hui, même les placement les plus pourris (junk funds) trouvent preneur, au risque de voir le système se gripper régulièrement et créer des crises mondiales.
Cette manie de la spéculation et la course à la rentabilité sont donc également responsables des délocalisations, puisque pour rémunérer leurs actionnaires les entreprises compressent, outre les dépenses liées à l'investissement productif (pour améliorer les capacités de production), les "coûts salariaux", c'est-à-dire les salariés. Même une entreprise très rentable peut donc décider d'une restructuration et/ou d'une délocalisation, surtout si elle a des actionnaires aussi voraces qu'un fonds spéculatif.