Plans de relance (bis)
Presque tous les Etats sont en train, ô surprise !, de préparer ou de lancer un deuxième « plan de relance ». Evidemment, il ne s’agit pas de soutenir la consommation, ni les salaires d’ailleurs, mais les banques et les grosses entreprises. A quand le troisième plan de relance ?
L’Allemagne, la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la France n’ont pas hésiter à filer des milliards au banques, en
août 2007, puis en août, septembre et octobre 2008. Les banques, on le sait bien aujourd’hui, se sont contentées d’empocher l’oseille sans faciliter pour autant l’accès au crédit des ménages et des PME, bien au contraire.
Alors forcément, ça coince.
Si bien qu’aujourd’hui, les deuxièmes « plans de relance » sont sur les rails. Sans surprise, il n’est jamais question de réévaluer les salaires en général, ni même les salaires les plus bas. Normal, les entreprises, comme la BCE, le FMI et consorts cherchent surtout à compresser lesdits salaires (ou ce qu’il en reste).
En Allemagne, où la récession est bien installée, on table sur des baisses d’impôts et de cotisations, ce qui fait autant de marge en manœuvre en moins pour l’Etat, qui perd des recettes fiscales conséquentes. L’Etat s’endette donc (50 milliards d’euros cette fois-ci, amenant le déficit à 4% du PIB), pour le plus grand profit des banques actionnaires de la Deutsche Bank, privée comme toutes les banques centrales.
En Angleterre, idem : après 37 milliards de livres injectées dans les banques, le gouvernement espère « renforcer la stabilité du système financier, accroître la confiance et la capacité à prêter et enfin soutenir la reprise de l'économie ». Rien pour les salariés, donc, mais a priori ledit plan visera aussi à garantir les actifs pourris de certaines banques, soi-disant pour assurer les emprunts de la population, comme d’habitude. La BBC parle de 100 milliards d’euros d’actifs pourris, d’autres experts évoquent le double, ce qui promet quelques déficits pour l’Etat anglais en 2009.
L’Etat a l’intention de monter dans le capital de la banque RBS en partie publique désormais, passant de 58 à 70%. Il va même garantir les produits ABS, issus de ce qu’on appelle la titrisation des crédits subprime. Pour un pays qui a connu Thatcher, Major et Blair, ce virage vers l’interventionnisme est tout de même à noter.
Obama lui aussi prépare un deuxième plan de relance, avec déjà 20 milliards de dollars pour la Bank of America, en grande partie nationalisée elle aussi, ses actifs étant quant à eux garantis pour 118 milliards par l’Etat. Le nouveau plan pourrait s’élever à 825 milliards de dollars, rien de moins, dont 275 millions de baisses d’impôts (ou 310 milliards selon les sources) pour la classe moyenne et les entreprises essentiellement. Pour les pauvres, rien apparemment.
En France, Sarko est lui aussi obligé, après un premier plan aussi « massif » qu’inefficace, de penser à en lancer un second. D’ailleurs, le premier n’était même pas lancé qu’on planchait déjà sur le suivant, preuve que la confiance était loin de régner déjà à l’époque. Et il veut tellement qu’on relance l’économie qu’il a crée un « ministre de la relance » doté d’un budget dérisoire de 26 milliards d’euros, dont on espère qu’il sera plus efficace que la secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, autre poste fantoche avec la prospective etc.
Par exemple, l’Etat avait prévu 22 milliards pour faciliter l’accès des PME au crédit, mais les PME n’en ont toujours pas vu la couleur… Normal, les banques ont encaissé, et utilisé le pognon pour compenser les pertes gigantesques qu’elles cherchent à dissimuler. Et puis il ne faut pas oublier les multinationales de l'automobile, pour lesquelles Sarko prévoit rien de moins que des Etats Généraux pour "sauver" le secteur: d'après le Figaro, Sarko veut même que les contribuables entrent dans le capital des multis en difficulté. Comme aux Etats Unis avec le plan Bush, après les banques, place à l'automobile. Malgré le fait que les syndicats dénoncent les plans de restructuration entrepris par le secteur automobile bien avant la crise, restructurations cautionnées de fait par l'Etat.
Et on recommence : Sarko l’a dit pour lui la relance ne passe pas par la consommation mais par l’investissement, alors on va encore aligner pour les banques puisque ce sont elles, n’est-ce-pas, qui sont censées soutenir ledit investissement. CQFD.
Mais pour ne pas affoler le chaland, on ne veut pas parler d’un deuxième plan même si on sait que le premier ne servira à rien.
Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui. Après deux ans à s’enfoncer dans la crise, des plan de replâtrage
décidés extrêmement tardivement n’ont servi à rien, si ce n’ets éviter que certaines banques coulent trop vite.
Dans les années 30, qui ont suivi le krach de 1929, les gouvernements ont alterné (même à la fin du Front Populaire) les mesures d’austérité, les mesures déflationnistes et la pression sur les salaires, ce qui n’a pas suffi à remettre les économies dans le vert. Les gouvernements ont « valsé » pendant deux décennies, mettant à mal la IIIème République, et le fascisme remontait en même temps que le chômage explosait. Rien n’a pu enrayer le marasme. A tel point qu’il a fallu une guerre pour que les industriels et les banques parviennent à se renflouer. Qu’en sera-t-il à l’aube du XXIème siècle ?