Encore 5 ans d’ultra libéralisme pour l’Europe
C’est
passé comme une lettre à la poste : Barroso
remet ça pour encore cinq ans, sans que personne n’y trouve à redire, bien au contraire. Même si le bilan économique,
social et politique
dudit Barroso est lamentable, l’ensemble des chefs d’Etat soutenait monsieur le
président, et le Parlement, malgré quelques remous, a suivi hier. Et les
« socialistes » avec, d’ailleurs.
Bien
qu’en principe, l’Europe ne soit pas encore complètement devenue un groupe de
Républiques bananières, l’ami des multis régulièrement présent (entre autres)
au Bilderberg a surtout été reconduit parce qu’il était le seul candidat à sa
propre succession. Interdit de glousser, tout est démocratique, on vous
dit !
L’ancien
maoïste devenu chantre de la « concurrence libre et non faussée »
qui a toujours une oreille attentive pour les lobbyistes
des banques et des multinationales pourra donc continuer à libéraliser autant
qu’il peut. Le libéralisme décomplexé a encore de beaux jours devant lui en
Europe.
Le silence sur les enjeux de cette nomination révèle l’ampleur du désastre
démocratique qu’est devenue l’Europe : il s’agit en effet du poste le plus
important en Europe et donc pour les Etats. L’absence de campagne expliquant
les enjeux montre bien que le but n’est pas de « rapprocher l’Europe des
citoyens », comme on nous le dit quand on doit voter, mais bien d’assurer
la pérennité d’un système qui n’a décidément rien de démocratique. Car c’est
bien Barroso qui va nommer les commissaires européens, et il faut également
rappeler au passage les –très- larges compétences de ces gugusses non élus qui
forment la sacro sainte commission européenne, celle qui dicte une majorité des
lois votées en France comme dans l’ensemble des pays européens.
Une
fois plus, le citoyen a comme l’étrange impression que l’Europe se fait sans
lui. Et même, que l’Europe n’a rien à faire de son avis, un peu comme ce fut le
cas quand nous avons refusé le traité constitutionnel que sarkoléon nous a
refourgué un an après.
La
commission a seule l’initiative des lois et de la rédaction des textes
législatifs dans les matières suivantes, c’est-à-dire pour à peu près tout :
· Union
douanière et marché unique
· Politique
agricole commune (du moins ce qu il en reste) et politique commune de la pêche
· Protection
de la sacro sainte concurrence, ce qui permet de regarder de près les
« barrières » qui existent un peu partout comme les services publics,
les subventions publiques, les normes sanitaires etc
· Union
économique et monétaire
· Citoyenneté
de l’Union ( Tiens, nous aurions déjà une « citoyenneté »
européenne, au-delà peut-être de nos nationalités ?)
· Education
(à ce propos je vous suggère de lire ce
papier un peu long certes sur la collusion entre la commission européenne
et les multinationales en ce qui concerne les grands réformes de l’éducation,
initiées par la commission contrairement à ce que les gens pensent) et culture
· Transports,
et toujours n’est-ce pas avec en tête l’impératif écologique.
· « Protection
des consommateurs », mais pas des OGM, ni des produits chimiques, ni des vaccins,
ni des téléphones portables, ni du poulet hormoné US, ni contre les compagnies
d’assurance qui tondent leurs clients, ni les banques qui tondent leurs
clients, ni les pétrolières qui… bref, la liste est longue
· Santé
(ça c’est l’humour de la commission européenne, il n’y a qu’à voir ce qu’est le
contrôle européen des médocs et autres substances toxiques…)
· Recherche
(évidemment, on sait au profit de qui, d’où les réformes de l’université etc)
· Protection
de l’environnement (là, on est franchement plié de rire)
· Et
la meilleure : la Politique sociale (no comment)
· Une
autre, pas mal aussi, si c’est du douzième degré : l’espace de liberté de
sécurité et de justice européen, ce qui permet à la commission de décider en
matière de défense et de sécurité de l’Europe. L’immigration est donc de son
seul ressort, ainsi que les normes en matière de frontières.
Autant
de domaines pour lesquels le Parlement est réduit au simple rôle d’une chambre
d’enregistrement. Bien sur, les commissaires
(grassement
rémunérés au demeurant : 240.000 euros par an !!!), avant de
prendre des décisions, savent s’informer auprès des multinationales et de
leurs représentants sur les sujets qui les préoccupent.
Pour
le reste (droits de l’homme, terrorisme et quelques chimères du même genre) les
Etats membres peuvent aussi avoir l’initiative des lois. Mais en aucun cas le Parlement,
qui pourtant est le seul organe élu par la population en Europe. Mais enfin,
tout le monde sait qu’on peut
passer outre l’avis des parlementaires européens si le Conseil suit.
La
commission, donc, concentre presque tous les pouvoirs, sur presque toutes les
matières. Et celui qui impulse la « dynamique », comme on dit, c’est
Barroso.
Il est donc très inquiétant qu’il n’y ait pas eu de campagne officielle, au
moins pour que les gens connaissent son programme et sachent pourquoi tout le
monde semble lui faire confiance malgré les dérives ultra libérales de ladite
commission.
Il
est également très inquiétant qu’il y ait un consensus des élites européanistes
pour reconduire ce type. A droite comme
à gauche, tout le monde est d’accord, et tout va bien.
Certes, Blair ou Fillon, c’était pareil. Le pantin ne change rien à l’orientation de l’Europe : depuis 60 ans elle fonctionne contre les peuples, et tout va bien !