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17 septembre 2009

Encore 5 ans d’ultra libéralisme pour l’Europe

 

C’est passé comme une lettre à la poste : Barroso remet ça pour encore cinq ans, sans que personne n’y trouve à redire, bien au contraire. Même si le bilan économique, social et politique dudit Barroso est lamentable, l’ensemble des chefs d’Etat soutenait monsieur le président, et le Parlement, malgré quelques remous, a suivi hier. Et les « socialistes » avec, d’ailleurs.

 

Bien qu’en principe, l’Europe ne soit pas encore complètement devenue un groupe de Républiques bananières, Durao_Barroso_cartoonl’ami des multis régulièrement présent (entre autres) au Bilderberg a surtout été reconduit parce qu’il était le seul candidat à sa propre succession. Interdit de glousser, tout est démocratique, on vous dit !

L’ancien maoïste devenu chantre de la « concurrence libre et non faussée » qui a toujours une oreille attentive pour les lobbyistes des banques et des multinationales pourra donc continuer à libéraliser autant qu’il peut. Le libéralisme décomplexé a encore de beaux jours devant lui en Europe.


Le silence sur les enjeux de cette nomination révèle l’ampleur du désastre démocratique qu’est devenue l’Europe : il s’agit en effet du poste le plus important en Europe et donc pour les Etats. L’absence de campagne expliquant les enjeux montre bien que le but n’est pas de « rapprocher l’Europe des citoyens », comme on nous le dit quand on doit voter, mais bien d’assurer la pérennité d’un système qui n’a décidément rien de démocratique. Car c’est bien Barroso qui va nommer les commissaires européens, et il faut également rappeler au passage les –très- larges compétences de ces gugusses non élus qui forment la sacro sainte commission européenne, celle qui dicte une majorité des lois votées en France comme dans l’ensemble des pays européens.

Une fois plus, le citoyen a comme l’étrange impression que l’Europe se fait sans lui. Et même, que l’Europe n’a rien à faire de son avis, un peu comme ce fut le cas quand nous avons refusé le traité constitutionnel que sarkoléon nous a refourgué un an après.

 

La commission a seule l’initiative des lois et de la rédaction des textes législatifs dans les matières suivantes, c’est-à-dire pour à peu près tout :

· Union douanière et marché unique

· Politique agricole commune (du moins ce qu il en reste) et politique commune de la pêche

· Protection de la sacro sainte concurrence, ce qui permet de regarder de près les « barrières » qui existent un peu partout comme les services publics, les subventions publiques, les normes sanitaires etc

· Union économique et monétaire

· Citoyenneté de l’Union ( Tiens, nous aurions déjà une « citoyenneté » européenne, au-delà peut-être de nos nationalités ?)

· Education (à ce propos je vous suggère de lire ce papier un peu long certes sur la collusion entre la commission européenne et les multinationales en ce qui concerne les grands réformes de l’éducation, initiées par la commission contrairement à ce que les gens pensent) et culture

· Transports, et toujours n’est-ce pas avec en tête l’impératif écologique.

· « Protection des consommateurs », mais pas des OGM, ni des produits chimiques, ni des vaccins, ni des téléphones portables, ni du poulet hormoné US, ni contre les compagnies d’assurance qui tondent leurs clients, ni les banques qui tondent leurs clients, ni les pétrolières qui… bref, la liste est longue

· Santé (ça c’est l’humour de la commission européenne, il n’y a qu’à voir ce qu’est le contrôle européen des médocs et autres substances toxiques…)

· Recherche (évidemment, on sait au profit de qui, d’où les réformes de l’université etc)

· Protection de l’environnement (là, on est franchement plié de rire)

· Et la meilleure : la Politique sociale (no comment)

· Une autre, pas mal aussi, si c’est du douzième degré : l’espace de liberté de sécurité et de justice européen, ce qui permet à la commission de décider en matière de défense et de sécurité de l’Europe. L’immigration est donc de son seul ressort, ainsi que les normes en matière de frontières.

 

Autant de domaines pour lesquels le Parlement est réduit au simple rôle d’une chambre d’enregistrement. Bien sur, les commissaires (grassement rémunérés au demeurant : 240.000 euros par an !!!), avant de prendre des décisions, savent s’informer auprès des multinationales et de leurs représentants sur les sujets qui les préoccupent.

Pour le reste (droits de l’homme, terrorisme et quelques chimères du même genre) les Etats membres peuvent aussi avoir l’initiative des lois. Mais en aucun cas le Parlement, qui pourtant est le seul organe élu par la population en Europe. Mais enfin, tout le monde sait qu’on peut passer outre l’avis des parlementaires européens si le Conseil suit.

La commission, donc, concentre presque tous les pouvoirs, sur presque toutes les matières. Et celui qui impulse la « dynamique », comme on dit, c’est Barroso.


Il est donc très inquiétant qu’il n’y ait pas eu de campagne officielle, au moins pour que les gens connaissent son programme et sachent pourquoi tout le monde semble lui faire confiance malgré les dérives ultra libérales de ladite commission.

Il est également très inquiétant qu’il y ait un consensus des élites européanistes pour reconduire ce type. A droite comme à gauche, tout le monde est d’accord, et tout va bien.

 

Certes, Blair ou Fillon, c’était pareil. Le pantin ne change rien à l’orientation de l’Europe : depuis 60 ans elle fonctionne contre les peuples, et tout va bien !

chers_messieurs_barroso_et_ver

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