Un retour au XIXe siècle en matière de droits des femmes et des enfants?
On parle beaucoup des enfants ici, car ils n'ont pas de voix malgré le nombre de groupes qui revendiquent leur défense, y compris les masculinistes. Depuis peu je me revendique féministe, parce que j'ai compris que les droits des unes et des autres régressaient en même temps. Et je sais que si les choses sont ainsi corrélées, c'est parce qu'il y a un système derrière. Lequel? Ca va faire vieille furie soixante huitarde, mais tant pis, je le dis: notre ennemi commun est le système patriarcal.
En période de recul économique et de régressions sociales, la loi du plus fort revient par la fenêtre. Évidemment, ce sont les plus faibles qui en pâtissent. Les pauvres, les handicapés, les vieux, les étrangers, les femmes, les enfants, en prennent ces dernières années plein la figure. Et en ce qui nous concerne ici, on va voir que si les femmes et les mères perdent des droits, automatiquement les droits des enfants sont aussi menacés.
Ce qui m'intéresse ici, c'est de faire appel à celles qui se revendiquent féministes, pour qu'elles englobent dans leurs revendications la question des droits des enfants victimes, dont la parole est encore plus bafouée que celle des femmes adultes.
A première vue, si on se contente de croire les auto-congratulations de nos dirigeants qui se vantent de mener un "combat pour l'égalité", et de réussir, on pourrait croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, et que les femmes sont désormais à égalité avec les hommes.
Il en va tout autrement, que ce soit en France et partout dans le monde.
La garde alternée
Si on écoute les associations comme SOS Papas, on dirait que la majorité des femmes sont des furies qui veulent à tout prix et sans raison éloigner leur enfant de leur père adoré. Ils ont réussi, à force de grimper sur des grues et de faire de bruit, à imposer la garde alternée comme principe de base en matière de séparation parentale.
Sauf qu'en réalité, on ne mettra la garde alternée en place QUE SI monsieur la demande. S'il ne la demande pas, ce sera à la mère de s'en occuper à temps complet. En effet dans 90% des cas, les parents se mettent d'accord, et en général la mère a la résidence principale sans que cela ne pose problème. Dans 10% des cas seulement il y a conflit, souvent parce que le père était violent, pédophile ou juste complètement con, et ce sont généralement ceux-là les "pères perchés". Cela peut aussi être, évidemment, parce que la mère a ses défauts.
C'est pour ceux-là que le gouvernement a cédé et veut imposer une garde alternée aux mère, jusqu'à la majorité des enfants. Et si elle refuse pour protéger son enfant, c'est tout simple: à terme elle perdra l'autorité parentale. Cela s'est déjà vu. Et cela ira d'autant plus vite qu'on va ressortir la théorie fumeuse de "l'aliénation parentale".
Là encore, on impose une pseudo "égalité" alors qu'avant cela, le traitement des femmes et des enfants victimes reste déplorable, que l'égalité économique n'est qu'un leurre, et que la justice n'est que trop rarement rendue en matière de violences familiales. Un groupe de père perchés a ainsi déclaré que "comme ça, elles y réfléchiront à deux fois avant de rompre avec le papa". Génial, donc être père donne des droits sur la mère jusqu'à la majorité de l'enfant?
En fait c'est cela, le système patriarcal. Même avec la novlangue, les stratégie des communication, les panégyriques dans les médias, le fond de la "pensée" de ces messieurs est digne de l'époque des cavernes.
Et derrière la revendication de la garde alternée, il y a surtout la volonté de ne pas payer les pensions alimentaires des enfants.
Si Le Monde nous dit que la plupart du temps, les mères sont "avantagées" lors des séparations, c'est absolument faux: d'un commun accord, la garde principale leur est confiée la plupart du temps. Elles ne sont donc pas "avantagées" surtout quant on sait que beaucoup de pensions alimentaires ne sont jamais payées (40 à 50 % des pensions ne sont pas payées, 98% du temps c'est le père qui refuse de payer). Et pourquoi les hommes préfèrent-ils la plupart du temps laisser la mère gérer les enfants au quotidien? Mais tout simplement parce qu'ils considèrent qu'ils ont autre chose à faire, comme faire avancer leur carrière, ou avoir une vie sociale, par exemple.
Ainsi, SOS les mamans rappelle que "ces familles s’accordent dans 80 % des cas sur les modalités de l’après séparation avec des enfants. Pères et Mères choisissent à 71 % une résidence auprès de la mère, 12% auprès du père, et 17% de résidences alternées volontaires. Rappelons ici que 93 % des demandes des pères sont satisfaites". Les pères perchés ont évidemment menti sur la réalité de ces chiffres pour obtenir gain de cause.
On nous dit que la garde alternée est "dans l'intérêt de l'enfant", parce qu'un enfant "a droit à ses deux parents". Déjà, certaines études montrent que les enfants ayant subi la garde alternée ne sont pas forcément super épanouis, et que cela entraine pas mal de difficultés logistiques pour la mère et l'enfant, et ensuite est-ce vraiment un "droit" pour un enfant d'être ballotté à droite et à gauche au nom de l'intérêt de son père à voir son enfant une semaine sur deux?
Quant à la mère, forcément elle ne pourra pas déménager à 300 kilomètres, et cela jusqu'à la majorité de l'enfant, même si elle a fait le choix de ne pas vivre avec le père. Si la mère veut quand-même déménager sans l'accord du père, ce sera très simple: le père réclamera et obtiendra la garde exclusive, encore une fois grâce à l'aliénation parentale. Il n'est pas du tout sûr que dans le cas contraire, si le père déménage, on applique les mêmes principes.
Et où l'enfant ira-t-il à l'école? Entre les deux, ou près de chez sa mère?
Ajoutons que telle que la loi est concue, un père violent peut obtenir la garde alternée. S'il a frappé la mère aussi, évidemment, car tout cela n'en fait pas un mauvais père, selon cette loi machiste.
N'oublions pas non plus que les femmes gagnent encore beaucoup moins que les hommes et sont plus souvent cantonnées à des emplois partiels, si bien que sans la pension, elles ne pourront souvent pas payer un logement assez grand pour que chaque enfant ait sa chambre. Alors que va-t-il se passer? On peut parier qu'elle perdra la résidence des enfants au profit du père, s'il gagne un peu plus qu'elle. Et elle devra lui payer une pension alimentaire.
Dans le cas où une femme tombe enceinte après une courte relation avec un homme qui reconnait l'enfant (même si elle ne le veut pas), elle sera obligée de subir la garde alternée, et l'enfant aussi. En réalité, la femme devient simplement la pondeuse de Monsieur et l'enfant n'a rien à dire non plus, et certaines féministes parlent de "GPA forcée", ce qui est hélas déjà une réalité.
C'est cela que les pères perchés qui n'aiment rien tant que de se faire passer pour des victimes appellent "l'égalité parentale" [1]. La députée écolo Barbara Pompili, qui a défendu cette loi incohérente et machiste, a aussi filé 2000 euros à SOS Papas avec sa réserve parlementaire, donc avec nos impôts. Elle a aussi signé une pétition émanant de soi-disant "femmes en faveur de la garde alternée", qui doivent être en réalité un front masculiniste.
Pour terminer sur la résidence alternée, il faut rappeler que de nombreuses femmes ont été frappées par le "père" ou même tuées lors des remises d'enfants hebdomadaires [2], y compris devant des commissariats. On peut aussi parler de toutes ces femmes tuées après la séparation, et des enfants tués pour détruire les mères. A chaque fois, il s'agit de types qui n'ont "pas supporté la séparation", et qui y ont été un peu plus fort que d'habitude, juste pour avoir le dernier mot, pour dominer [3]. Un cas symptomatique est celui de Fabrice Devaux, membre de SOS Papas qui avait planqué de la drogue dans la voiture de son ex pour la faire accuser de trafic de drogue, et il avait aussi préparé son assassinat avec d'autres membres de SOS Papas tout cela pour, dit-il, la convaincre "d'accepter la garde alternée". On imagine l'ambiance si la garde alternée avait été imposée dans ce cas précis.
Quant à cette garde alternée qu'ils réclament tant, certains admettent eux-mêmes qu'en réalité, les baby sitters et leurs propres mères peuvent intervenir plus qu'à leur tour pour les aider à garder les enfants, alors que leurs ex s'organisent davantage autour des enfants.
La Gestation Pour Autrui (GPA), c'est un peu comme la question de l'avortement, de l'accouchement sous X, de la prostitution etc. Et finalement elle est très simple cette question: est-ce que le corps d'une femme lui appartient? Si oui, on ne peut pas le commercialiser. On ne peut pas non plus commercialiser un être humain, le bébé, cela semble évident. Sauf pour quelques lobbys gays [4] qui sont bien trop bruyants.
D'ailleurs cela pose la question du service après-vente, dont on a déjà eu quelques échos consternants ces derniers temps. Sera-t-il possible de rendre un enfant né handicapé, et qu'adviendra-t-il de lui? Un pédophile aura-t-il le droit d'acheter un enfant via une GPA?
Selon moi, si on considère que le corps d'une femme est une marchandise comme une autre, c'est l'aboutissement de centaines d'années de domination des plus forts (les hommes) sur les plus faibles (les femmes). Comment peut-on considérer la prostitution comme normale? Aucune des prostituées que j'ai interrogées ne veut que sa fille fasse ce métier. Personne ne veut cela, parce que c'est ce réflexe qui est naturel.
Quant à la GPA, quelle femme ferait cela si elle n'avait pas besoin d'argent? Ce n'est pas pour rien que les Indiennes ou les Thaïlandaises sont sollicitées en masse pour servir de mères porteuses. On peut aussi en trouver aux Etats-Unis pour environ 100.000$, en Grèce pour 40.000 € ou même en Belgique pour 15 ou 20.000€. Mais il est illégal d'acheter un enfant à l'étranger, fort heureusement.
Derrière la GPA et la propagande pour la GPA, il y a un business. Au nom de ce business, on va prendre le risque de toutes les dérives, la première étant la marchandisation du corps de la femme, et de l'enfant qui en sort. Je ne crois pas du tout à la "GPA éthique" d'Elisabeth Badinter.
En revanche, si les femmes célibataires ont le droit d'avoir recours à la Procréation Médicalement Assistée, les couples de femmes n'y ont pas le droit. Cherchez l'erreur. A Nantes, une lesbienne (qui vivait en couple) a même été obligée par un tribunal français à reconnaître le "statut de père" et des droits de visite au donneur de sperme. Encore une fois, les droits des hommes et ceux des femmes sont à géométrie variable!
La "liberté" de vendre son corps serait donc sans retour pour les mères porteuses, mais pas pour les donneurs de sperme? porter un enfant pendant 9 mois ne ferait pas une mère, mais donner son sperme, en 5 minutes, dans une éprouvette, donnerait automatiquement le "statut" de père? Avec ce genre de délire, qui peut encore croire qu'on est dans un système égalitaire?
Le discours concernant la GPA est d'une absurdité totale: l'association CLARA qu'on entend beaucoup trop dans ce débat, explique par exemple que "interdire les mères porteuses incite à commettre des infractions". Interdire le cannabis et l'héroïne aussi, interdire le viol aussi. Est-ce pour cela qu'on légalise le viol, l'héroïne, le cannabis? Non évidemment. La même asso déclare même que "C'est par solidarité que les femmes décident d'être mères porteuses". Ben tiens: bientôt elles le feront gratuitement, c'est ça? Juste pour faire plaisir à des gens qui veulent absolument que leur enfant ait une partie de leurs gênes?
Il est amusant de constater que des gens qui se veulent des gens très bien tiennent ce discours digne d'une petite frappe de banlieue. Si la loi interdit cela pour l'instant, c'est parce qu'il y a une réflexion derrière, des choix éthiques. Dont certains couples gays, manifestement, refusent de tenir compte.
On a aussi vu récemment une juge aux affaire familiales, à Brives, déclarer que comme les femmes portent l'enfant pendant 9 mois et qu'elles peuvent ainsi avoir avec lui une relation privilégiée, il est normal de confier la garde au père (s'il la demande, bien-sûr, autrement on laisse la mère se débrouiller), afin de "contrebalancer" ce lien. Ajoutons qu'en l'occurrence, cette femme avait quitté le père suite à des violences. Là aussi, on tombe dans la GPA forcée, une sorte de "prise en otage" des utérus.
Une ex féministe devenue masculiniste en vieillissant, Elisabeth Badinter, défend ouvertement la GPA: selon elle, "il va falloir un jour légaliser la GPA". Quel progrès! Pourquoi plaider une chose pareille ouvertement, comme si cette légalisation était inévitable? Y aurait-il une campagne obscure destinée à déposséder les femmes de leur maternité? Elle le dit elle-même: "La GPA est une pratique reconnue comme partie intégrante de la PMA par l'organisation mondiale de la santé". Or, la PMA c'est la procréation médicalement assistée, qui n'a rien à voir avec le fait d'acheter un bébé porté par quelqu'un d'autre. Avec la PMA, une femme ou couple stérile a recours à des méthodes pour avoir un enfant qui grandit dans le ventre de la femme de cce couple. Badinter réclame même une GPA bénévole, une "GPA gratuite".
Les femmes, entre les machos hétéros, les femmes machos et les machos gays, sont réellement prises en tenailles et leurs enfants avec. Et si la justice s'en rend complice, c'est parce qu'elle est conseillée par des experts partisans, et parce que les politiques sont sous l'influence des lobbys les plus remuants et les plus voyants.
Bientôt, au nom de la "liberté de disposer de son corps", de la "liberté d'avoir des enfants", des femmes pourront donner des bébés à qui elles veulent.
Ou bien, n'importe qui pourra acheter un bébé, le plus souvent à des femmes ayant besoin d'argent sinon elles ne le feraient pas. Alors qu'on a fait un grand débat des enfants nés sous X, qui ne peuvent pas connaitre leurs origines, on ne se demande pas ce que va ressentir un enfent vendu par sa mère biologique. Et ce n'est pas mieux pour la mère, surtout si elle fait ça pour l'argent: en Inde, on organise des thérapies pour les mères porteuses afin qu'elles ne s'attachent pas à l'enfant [5]. Quelque part, cela revient à de la "prostitution de la reproduction", comme le dit un expert hollandais.
Et puis, qu'est-ce qui interdira alors à un pédophile de commander un bébé pour en faire ce qu'il veut, sachant qu'il sera vite rentabilisé? Y aura-t-il un suivi de ces enfants, du milieu dans lequel ils atterrissent?
En Suisse, un enfant né de père inconnu était considéré comme étant en danger et pouvait être mis sous tutelle de l'Etat, jusqu'à un changement législatif intervenu en juillet 2014. La mère ne servant à rien, elle pouvait aussi perdre son autorité parentale et l'enfant risquait un placement.
Il y avait donc d'énormes pressions pour qu'elles donnent le nom du père biologique de l'enfant, si elles n'étaient pas mariées (en cas de mariage la mari est considéré comme le père). La mère célibataire elle-même pouvait être mise sous tutelle par l'Etat, si elle ne voulait pas donner le nom du père.
Cette loi est très étrange, car un célibataire, lui, peut adopter seul un enfant. Cela intéresse surtout les hommes, qui n'ont pas d'autres moyens d'avoir des enfants que d'en acheter ou d'en adopter.
Que ce soit en France, ou en Belgique, quand une femme battue quitte le domicile "familial" sans prendre ses enfants avec elle, elle a énormément de mal à la récupérer puisqu'on lui reproche un "abandon de famille".
J'ai parlé récemment à une association qui vient en aide à ces femmes, en Belgique, et on m'a dit que trop souvent, on doit leur conseiller de retourner au domicile. Parce qu'il n'y a pas assez de foyers d'hébergement pour femmes et enfants, et parce qu'encore aujourd'hui, c'est la femme battue qui doit partir, pas le mari violent. En outre, elles risquent de perdre la garde de leurs enfants.
Il y a une autre ancienne féministe dont les positions actuelles sont assez révélatrices. Evelyne Sullerot a ajourd'hui 90 ans, et cela se ressent. Cette ancienne résistante a été l'une des initiatrices du planning familial, promotrice de la contraception, puis elle vire sa cuti dans les années 2000 et prend position pour les pères, contre les mères, et cela au nom des "droits des enfants" qui selon elle sont trop souvent "privés" de leurs pères.
En 2005 elle devient la marraine de l'associatio SOS Papa, et en 2006 elle publie "Pilule, sexe et ADN, trois révolutions qui ont bouleversé la famille", dans lequel elle dénonce le planning familial, l'avortement, la libération sexuelle (qui est certes loin d'être la panacée mais a quand-même permis qu'on commence à parler de sexualité féminine). Pour elle, la justice favorise les femmes, et les pères sont négligés. Elle ose même parler de "suprématie de la femme dans la famille" à cause de la contraception, du divorce et de la libération sexuelle, ce qui relève de la pure manipulation. Elle estime même qu'avant les années 70, il n'y avait pas de "forte rivalité sexuelle homme/femme".
Bref, cette féministe devenue une masculiniste dogmatique veut clairement revenir sur des acquis essentiels pour les femmes. Dans quelque temps, elle demandera peut-être la fin du droit de vote pour les femmes? Après tout leur rôle c'est kinder küche kirche, pas de se préoccuper de politique.
"Toutefois le droit français permet toujours à une femme d’être mère sans le dire au père et de priver son enfant de père. L’opinion continue de penser qu’une femme a "bien le droit" de se faire un enfant pour elle seule. Comme l’a écrit SOS Papa dans un de ses bulletins, ce devrait être considéré comme une forme de maltraitance -si on se met du point de vue de l’enfant", dit-elle devant un parterre de membres de SOS Papa.
Alors voilà donc le fond de sa pensée? Obliger toute mère à vivre sous la coupe du géniteur? Voilà où SOS Papa veut en venir: transformer les femmes en simples pondeuses. Car derrière, il y a la garde alternée, le syndrome d'aliénation parentale, et tout un arsenal pour dégager les mères de la vie de leur enfant. Et quel est le prétexte pour en arriver là? Mais le "droit de l'enfant" tout simplement!
Le lobbying pour la théorie pédophile de l'aliénation parentale est mené par des groupes masculinistes. Il n'y a rien d'étonnant à cela: cette théorie a été conçue par des pédophiles pour protéger leurs congénères masculins, en attaquant les mères protectrices [6]. Aujourd'hui en France, il suffit qu'un "expert" dénonce une mère "aliénante" pour qu'elle perde la garde de ses enfants au profit du père, qui lui passe pour une victime.
Le fondement de la théorie du SAP (Syndrome d'Aliénation Parentale) est que lors d'une séparation, une très grande partie des accusations faites contre les pères sont fausses. Il n'y a aucune étude sérieuse pour confirmer cela, bien au contraire. "Une étude canadienne (Trocmé et Bala, 2005) a analysé 7 672 cas de maltraitance sur enfants signalés aux services sociaux : dans 4 % de ces cas seulement, les dénonciations étaient fausses. En cas de conflits pour la garde des enfants après une séparation, cette proportion apparaissait plus élevée : 12 % ; les fausses dénonciations concernaient plutôt la négligence (neglect) que la violence sexuelle. De plus, les fausses dénonciations étaient formulées plus souvent par les parents n’ayant pas la garde, en général les pères (15 %), que par l’autre parent, en général les mères (2 %). Sur 7 672 cas de maltraitance, il y avait seulement 2 fausses dénonciations contre un père n’ayant pas la garde", expliquent Patrizia Romito et Micaela Crisma dans un article intitulé "Les violences masculines occultées: le syndrome d'aliénation parentale".
Si une mère dénonce des violences sexuelles contre l'enfant et que la justice classe l'affaire sans suite, et si cette mère maintient ses accusations, on va systématiquement lui reprocher de vouloir éloigner l'enfant de son père et de faire de l'aliénation parentale [7].
Il y a quelque temps en Charente, une mère a, par exemple, perdu le droit de garde de son fils de 8 ans, confié à son père condamné déjà sept fois, juste parce qu'un psy l'a jugée "aliénante". Pourtant, au bout de 6 mois chez son père qui vit des minima sociaux, l'enfant avait déjà fait l'objet d'un signalement auprès des sévices sociaux. Le père a été condamné pour plusieurs délits routiers, pour stupéfiants, et pour avoir frappé sa dernière compagne. En outre, il confie l'enfant à ses propres parents car il est dépassé.
Dans cette histoire, l'expert a carrément sous-entendu que la mère aurait pu être victime de viol dans son enfance, ce qui en ferait une mauvaise mère. On voit ce genre de choses dans beaucoup d'expertises contre des mères qu'on veut faire passer pour "aliénantes".
Car, si l'on veut laminer la mère et l'écarter défnitivement de la vie de l'enfant, dans de nombreux cas il faut commencer par nier les violences subies par cet enfant, et dénoncées par le parent protecteur, qui, le plus souvent, est la mère. Il faut aussi décrédibiliser la mère.
Selon Richard Gardner, qui a inventé le syndrome d'aliénation parentale et était toujours prompt à défendre les pédophiles devant les tribunaux, quand une mère sait que son enfant est victime d'abus sexuels, il faut d'abord calmer son "hystérie", parce que finalement, tout cela n'est pas bien grave comparé au traumatisme de la dénonciation.
Dans les tribunaux de notre pays, des cas effrayants montrent que la justice fait généralement plus attention aux "droits des pères" qu'à l'intérêt de l'enfant. Quant aux droits des mères, c'est simple: on n'en parle jamais, on ne parle que de leurs devoirs.
D'ailleurs, on note que tous ces pères qui se disent lésés par des femmes manipulatrices ne revendiquent l'égalité parentale que dans le contexte d'une séparation, et il n'est pas du tout question de prendre en charge 50% des tâches ménagères, de s'occuper à 50% des enfants etc.
Les dérives à venir: pilule et avortement
Evidemment, au train où vont les choses, dans 5 ans les femmes devront, comme c'est le cas en Espagne, se battre pour conserver le droit à l'avortement. Soit on va carrément l'interdire, soit on obligera les femmes à avoir l'accord du "père" de l'enfant qu'elles ne veulent pas.
Rappelons qu'une femme a encore le droit, puisqu'il s'agit de son corps, de faire un enfant toute seule, et de ne pas vivre avec un homme qu'elle n'aime pas, ou dont elle ne supporte pas les défauts. D'ailleurs, depuis la nuit des temps des femmes élèvent seules des enfants. Mais si elles ne peuvent pas avorter, ce sera la garde alternée pendant 18 ans. Il y a de quoi faire réfléchir beaucoup de femmes quant au fait d'avoir un enfant dans ces conditions.
En france, une femme a plus de risques d'être tuée par son compagnon que sur la route [8]. Pourtant, c'est bien contre les délits routiers que le gouvernement investit massivement, mène des campagnes de propagande, mobilise la police. Pas sur les violences conjugales.
Le blog Guillaume Leroy relate un article du New York Times dans lequel une histoire assez hallucinante est racontée: "une femme a perdu la garde de son nouveau-né parce qu’elle avait déménagé pendant qu’elle était enceinte. Un juge a considéré qu’elle avait fui avec son fœtus. Heureusement, une cour d'appel a redonné la garde du nouveau-né à la mère, déclarant que les droits fondamentaux de cette femme avaient été violés et que "les pères putatifs [supposés] n'ont ni le droit ni la possibilité de restreindre une femme enceinte de sa liberté protégée par la Constitution".
Il faudra peut-être aussi, d'ici peu, qu'une femme doive demander l'autorisation écrite de son conjoint pour prendre la pilule ou tout autre moyen de contraception. ce serait en tout cas dans la logique des choses.
On devra aussi subir d'autres régressions en matière de prise en charge des victimes, notamment de viols et agressions sexuelles; Déjà qu'à peine un viol sur 10 est dénoncé et que rares sont les condamnations, on pourra encore minimiser davantage l'ampleur de ce qui est en réalité une catastrophe sanitaire. Pourquoi le viol est-il un crime autant négligé en France, et particulièrement quand il touche des enfants? Serait-ce parce que les auteurs sont quasiment tous des hommes? Et les lois faites par des hommes? Rappelons aussi que la plupart des viols de mineurs et de femmes sdurviennent dans le cadre "familial", où finalement l'homme a tous les droits.
On est déjà bien plus préoccupé, semble-t-il, par les 2% de fausses allégations que par les 90% de viols non déclarés, ou par les procédures bâclées qui finissent par des classements sans suite, acquittements et non lieux.
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Sur tous les fronts, les attaques contre les droits des femmes et des enfants sont permanentes. En utilisant une sémantique précise et répétitive, le recours aux discours larmoyants, aux coups médiatiques et au lobbying, une certaine catégorie d'hommes, dans laquelle beaucoup ne se reconnaissent pas, portent des coups aux libertés des femmes et à la sécurité des enfants. Il serait bon de comprendre que ces régressions ne feront pas des hommes épanouis, pas plus, évidemment, que des femmes épanouies.
[1] On se rappelle du membre de SOS Papa Serge Charnay, l'un des premiers à être montés sur une grue, en 2013, et qui dénonçait les "bonens femmes" ministres qui ne 'lécoutaient pas, lui qui voulait revoir son fils. En effet, après un enlèvement d'enfant, il a perdu la garde. Il avait aussi été condamné pour violences conjugales, et avait refusé la médiation proposée par la mère.
[2] "Les violences contre la femme et les enfants peuvent continuer même après la séparation. Citons une étude menée en Grande-Bretagne, où 53 femmes séparées d’un mari violent ont été suivies pendant plusieurs années. Parmi elles, 50 ont été agressées à plusieurs reprises quand elles rencontraient leur ex pour "s’échanger" les enfants, et la moitié de ces derniers ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part du père pendant les visites (Radford et coll., 1997 ; Radford et Hester, 2006)", expliquent Micaela Crismadu et Patrizia Romitodu.
[3] Fabrice Devaux a été un des leaders de SOS Papa, ui avait un certain écho dans les médias en tant que "père en détresse". Il oubliait, comme il l'a fait sur le plateau de Jean-Luc Delarue, de préciser les actes violents et même illégaux qu'il avait pu commettre.
[4] Je parle bien des gays et pas des lesbiennes qui ont de nombreux autres moyens de concevoir un enfant sans avoir à l'acheter. Pierre Bergé, par exemple, a considéré que c'était un droit de la femme de "louer son ventre pour faire un enfant". En fait, les gays et l'industrie de la GPA sont les seuls à se battre pour pouvoir achetr des bébés qui ont leurs gènes. Ben oui, l'adoption ça ne leur va plus.
[5] Selon une pédopsychiatre et psychianaliste, le Dr. Myriam Szejer, les femmes qui parviennent à dire qu'elles n'ont aucune souffrance à abandonner l'enfant qu'elles portent le font parce qu'elles refoulent leurs sentiments et émotions indésirables, en étant dans le déni, tout comme les prostituées en exercice le font généralement. Elle explique que les promoteurs de la GPA nient la violence que constitue le système des mères porteuses.
[6] A ce stade, je dois préciser que bien sur, il y a des mères manipulatrices, horribles etc. Et qu'il y a aussi des pères protecteurs.
[7] Selon Micaela Crismadu et Patrizia Romitodu,"une étude du Collectif féministe contre le viol (1999), réalisée en collaboration avec la Délégation régionale aux droits des femmes d’Ile-de-France. En deux ans et demi (de 1996 à 1998), 67 cas d’« agression sexuelle incestueuse dans un contexte de séparation des parents » ont été constatés, au total 94 mineurs impliqués, surtout des petites filles, qui accusaient dans la majeure partie des cas leur père. Dans 77 % des cas, les enfants avaient clairement décrit les agressions subies, souvent très graves, et donné le nom de leur agresseur. En 1999, quand le rapport a été rédigé, 51 plaintes avaient été déposées. Néanmoins, dans plus de la moitié des cas les plaintes avaient été classées sans même une enquête préliminaire ; dans 22 % des cas, la mère, ne pouvant obtenir aucune information, ignorait ce qui se passait ; 9 % des cas s’étaient conclus par un non-lieu ; un seul agresseur avait été condamné ; dans d’autres cas l’enquête ou le procès étaient encore en cours. Même si les experts et les juges n’évoquaient pas de façon explicite le sap pour discréditer les mères et les enfants, celles-ci étaient quand même accusées de manipuler les enfants et étaient qualifiées par les experts de « névrosées, hystériques, vindicatives ». En outre, dans 20 % des cas, les mères, parent protecteur, avaient été dénoncées à leur tour pour ne pas avoir voulu confier l’enfant au père lors de la visite décidée par le juge, un tiers d’entre elles avaient été condamnées".
[8] En Europe, "La violence domestique est la première cause de mortalité chez les femmes âgées de 19 à 44 ans dans le monde, devant la guerre, le cancer et les accidents de la route", selon Sandra Barnes, Rapporteur du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe sur la violence à l'égard des femmes, lors de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 25 novembre.