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5 octobre 2007

Chiapas et Plan Puebla Panama

(article de 2005)

 

La stratégie américaine visant à transformer le monde en arrière- cour des activités de ce pays est désormais connue de tous, mais la violence avec laquelle elle peut être mise en place est bien dissimulée et il est difficile d’accéder aux données précises.

 L’Amérique Latine et l’Amérique Centrale sont parmi les objectifs des Etats- Unis pour des raisons plus économiques qu’idéologiques. Les réserves pétrolières et de gaz naturel mises à jour régulièrement justifient l’ingérence américaine dans le continent, bien qu’il s’agisse là d’une habitude (on se rappelle de la mise en place de Pinochet, de l’ingérence à Cuba, ou plus récemment des deux tentatives de coup d’Etat au Venezuela et de la pression du FMI sur le Brésil, qui ne sont que des exemples parmi tant d’autres).

 La Colombie est victime de la politique américaine, qui au nom de la lutte contre le Terrorisme arme des paramilitaires en plus des Sociétés Militaires Privées (SMP comme Dyn Corp, Rendon, ACS Défense en Colombie…) afin de combattre les FARC , les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, qui s’en prennent aux compagnies pétrolières américaines et à leurs précieux pipe lines.

 

 Mais prenons l’exemple du Chiapas, au Mexique, qui illustre bien la stratégie américaine dans la région.

 

 La stratégie US

 

 Les Etats-Unis ont passé avec l’Amérique Latine des accords de libre échange. Avec l’aide du FMI et de ses politiques d’ajustement structurel, Bush a réussi à imposer aux gouvernements sud américains des lignes de conduite pour réformer l’économie dans le sens du libéralisme le plus extrême, en menaçant le cas échéant de suspendre l’aide économique. Il s’agit d’abord pour les Etats-Unis de pouvoir installer ses propres compagnies pétrolières dans la région, dans le but d’acquérir une indépendance énergétique nécessaire au vu de leur consommation et de la situation au Moyen Orient. Pour cela, les vielles techniques libérales sont mises en œuvre : libéralisation des marchés et privatisation des compagnies d’Etat, zones de libre- échange pour permettre les exportations américaines sont payer de taxes, austérité budgétaire et remboursement de la dette en priorité (sachant au passage que les Etats- Unis sont le pays le plus endetté au monde, avec 7 800 milliards de dollars de dette exterieure)…

 Ensuite, il leur faut absolument contrôler les mouvements insurrectionnels et sociaux qui secouent ces pays en crise économique (du fait, précisément, des politiques d’ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale initiés par les Etats- Unis) afin de pouvoir y mener leurs activités comme ils l’entendent.

 

 Divers accords ou conventions viennent appuyer cette stratégie inique.

Les accords de libre échange passés si possible de manière bilatérale afin de conserver toute marge de manœuvre et éviter que les pays d’Amérique du Sud ne fassent bloc contre ces mesures, ne sont qu’une partie d’une stratégie qui s’appuie sur de nombreux étais.

 

 Au Chiapas, une trentaine de villages indiens vont être déplacés dans ce que l’administration Bush a appelé un Centre Stratégique de Développement, en application du Plan Puebla Panama. Ce plan prévoit de créer une grande zone de libre-échange entre Puebla au Mexique et Panama, dans laquelle les transnationales pourront étendre leurs maquiladoras. Pour cela il faut de la main d’œuvre. Qu’à cela ne tienne, on va l’importer de la forêt lacandone, où se sont réfugiés les indiens qui avaient survécu à l’extrême pauvreté depuis un siècle, et aux bombardements de l’armée mexicaine (renforcée par des militaires et des avions américains) lorsque l’insurrection zapatiste a commencé, en 1994.

 Cette zone, hélas, contient des ressources naturelles qui intéressent beaucoup les américains, entre autres du pétrole et différents minerais, qu’il serait dommage de laisser inexploitées.

 

 Une menace pour le peuple indien

 

 Le PPP, par ailleurs, obéit à un autre objectif, qui est de couper l’armée zapatiste de libération nationale de Marcos (EZLN) de ses bases d’appui que sont les villages indiens. C’est aussi pour cela que des groupes de paramilitaires (d’extrême droite) ont été armés officieusement par le gouvernement mexicain et par les Etats-Unis, comme c’est le cas en Colombie avec les AUC, pour détruire la guérilla zapatiste, donc les indiens, qui se battent –rappelons-le- pour obtenir une reconnaissance de leurs droits les plus basiques.

 Le PPP se présente pourtant comme un plan à but écologique et humanitaire, dans le sens où il compte permettre le développement des populations grâce aux principes néo-libéraux (qui nous ont cruellement montré leur efficacité depuis quelques décennies). Ceci sous la caution morale des Nations- Unies.

 En effet, il y a bien un enjeu « écologique » au PPP. La zone PPP recouvre la grande « réserve naturelle » que les Etats- Unis ont réussi à faire élaborer par les gouvernements en 1993 : le Couloir Biologique Méso- Américain (CBM) qui est officiellement une réserve naturelle regroupant une trentaine d’écosystèmes différents ; mais en fait c’est un laboratoire géant, où les industriels peuvent chercher et répertorier les ressources biogénétiques dans le but de les privatiser pour les exploiter ensuite.

 La biodiversité de la zone PPP (plus de 16 000 variétés de plantes et d’arbres, sans compter les espèces animales) est menacée de pillage par les organismes américains cherchant à breveter les espèces végétales, qui appartiennent au patrimoine national. Pour exemple, parmi ces organismes, on a Conservation International, financée entre autres par Exxon, Ford ou Mac Donald, et fait des recherches sur le terrain ; ou l’International Cooperative Biodiversity Group, un consortium américain crée en 1992, et financé par différents lobbies et par la Banque Mondiale.

 

 Seulement, 14 millions d’Indiens appartenant à 68 groupes ethniques différents vivent sur cette zone PPP, et n’ont pas l’intention d’aller grossir les rangs de la main d’œuvre des maquiladoras. La pression est pourtant forte, puisque la partie mexicaine du PPP abrite 66% des hydrocarbures du pays et 94% de la production pétrolière, ainsi que 54% de la production gazière.

 Marcos a rappelé que l’EZLN continuerait à se battre pour que les indigènes puissent avoir en main leur avenir, et rester sur leurs terres. En effet, le PPP remet en cause la loi sur les droits et la culture des indigènes signée en avril 1996 entre l’EZLN et le gouvernement mexicain pour calmer la guérilla. Cette loi fait partie des accord de San Andrés, remis ensuite en cause par le gouvernement mais appliqués quand- même par les villages indigènes liés à la révolution zapatiste, qui reconnaissent le territoire indigène et le caractère commun de la propriété des terres et des ressources naturelles intrinsèque à la culture indigène, même si les ressources considérées comme stratégiques sont exclues de ces accord, à savoir les mines et le pétrole.

  

 L’objectif américain est bien de monopoliser les ressources naturelles, et d’utiliser une main d’œuvre à très bon marché (moins de 2 $ de l’heure) ; et le PPP n’est que l’introduction au ZLEA ( zone de libre- échange américaine) qui sera mis en place cette année. La pression économique des Etats- Unis sur les gouvernements –parfois corrompus, comme au Mexique ou en Colombie pour ne citer que ces deux pays- risque de rendre inexorable le processus PPP. Le gouvernement mexicain, par ailleurs, trop heureux de pouvoir éradiquer le rébellion zapatiste et son processus d’organisation sociale basé sur l’égalité, ne ratera sûrement pas une si belle occasion…

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