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28 mai 2010

2e Bilderberg 1957: vive l'OTAN, vive l'Europe

capitalismePuisque j’ai commencé, on va continuer avec les réunions Bilderberg. Aujourd’hui, on va regarder de quoi ces messieurs ont parlé durant la réunion de 1957 à Fiuggi en Italie, la deuxième de l’année. Où l'on parle de l'OTAN et de la manière dont "l'Ouest" peut faire avancer ses intérêts.

bilderberg_meeting_report_1957

 

Il s’agit de la sixième conférence du Bilderberg, une « réunion privée et non officielle » qui se déroule du 4 au 6 octobre, avec 45 invités venus des Etats-Unis, de 11 pays européens et du Canada. Ils sont tous là, nous dit-on, « à titre personnel et non officiel ». Pourtant, ils sont tous des politiciens, PDG ou membres éminents de syndicats. La réunion est présidée par le prince Bernhard des Pays-Bas, patron de Shell et co-fondateur du Bilderberg avec Rockefeller, et elle est secrète.

Voici quelques uns des participants à la réunion précédente, en février 1957, que je présente très rapidement. De « droite » et de « gauche », ils sont tous des défenseurs de l’Europe fédérale et atlantiste. Pour la réunion d’octobre, je n’ai pas trouvé la liste mais nous avons le rapport. En octobre 1957, une partie des invités n’ont pas pu venir à cause d’une grippe asiatique.

Pour la France :

  • Raymond Aron, grand historien anti communiste financé largement par la CIA dans ses divers groupuscules européanistes et atlantistes[1].
  • Pierre Commin, un proche de Guy Mollet (un des premiers fans du Bilderberg), dirigeant de la SFIO, il est mort en 1958 sinon on aurait probablement davantage entendu parler de lui. Mais bon, il a quand même défendu l’unification de l’Allemagne te la Communauté Européenne de Défense chère aux Bilderbergers, mais qui a raté à l’époque.

Pour les Etats-Unis :

  • Georges Ball[2], Eugene Black de la banque Mondiale (1949 – 1962) qui est ensuite allé (quel hasard) à la vice présidence de la Chase Manhattan Bank de Rockefeller (co fondateur du Bilderberg) puis de la réserve fédérale, à la présidence de la Brookings Institution de 1962 à 1968 et au CFR avant d’être conseiller de Johnson lui aussi ; 
  • Mc George Bundy, un ex membre de Skull & Bones semble-t-il, qui a été lui aussi conseiller de Kennedy puis Johnson, fonctions au cours desquelles il a fortement défendu les intérêts du « complexe militaro industriel », ledit Bundy a aussi été président de la Fondation Ford et a (au moins) travaillé pour le CFR 
  • Walker Cisler, qui a travaillé aux côtés du général Eisenhower pendant la guerre, du coup ça lui a permis d’aller un peu partout en Europe. Ce fut aussi un fervent défenseur de l’industrie nuclaire dans des institutions US et internationales, et il est présent depuis le premier Bilderberg.
  • Lincoln Gordon, ex ambassadeur US au Brésil qui a fortement contribué au coup d’Etat contre le leader de gauche Joao Goulart en mars 1964, il a aussi conseillé Johnson. 
  • Henry J Heinz II, de chez Heinz, il semble que lui aussi était membre de Skull & Bones, et il était déjà au Bilderberg de 1954. 
  • Brooks Hays, un fervent baptiste qui a aussi servi Kennedy et aupravant le New Deal de Roosevelt
  • Paul G Hoffman, « self made American businessman » de Chicago[3] et ex raciste de la confrérie Delta Tau Delta, il a administré le plan Marshall puis a présidé la fondation Ford. Pour lui, les PDG sont là pour réaliser du profit et la guerre est une bonne occasion de le faire. Lui aussi a contribué à l’élaboration du plan Marshall auprès de Averell Harriman puis en a été administrateur, et bien entendu il s’agissait surtout de poser les première pierres d’une Europe libérale où le commerce est sans entraves. Il était aussi ami d’Henry Luce, de Skull & Bones, qui a crée les magazines Life et Time aux Etats-Unis. Hoffman est ensuite passé, comme c’est étrange, par la direction des études de la Fondation Ford en 1951 puis par la présidence de ladite fondation qui, on le rappelle, était partenaire de la CIA pour lutter en Europe contre le communisme en finançant des tas de paravents et d’universités. Il a aussi succédé à William Donovan à la tête du Comité Américain pour les Etats-Unis d’Europe. A ce titre, il passé beaucoup de temps en Europe en 1957. Il a encore été représentant des Etats-Unis aux Nations Unies à la fin des années 50 puis a dirigé le programme des Nations Unies pour le développement économique.
  • George Kennan, un anticommuniste complaisant avec les fascistes (d’ailleurs il a été ambassadeur US en Allemagne au début de la deuxième guerre puis au Portugal quand Salazar a pris le pouvoir) qui a été parmi les architectes du plan Marshall (1ère étape de la construction européenne avec la création de la CECA et l’obligation de libéraliser les échanges)
  • Henry Kissinger, ce proche de Nelson Rockefeller était lui aussi en Allemagne à la fin de la guerre, et a ensuite été un conseiller incontournable dans tous les domaines liés à la politique étrangère US. Il a été conseiller d’Eisenhower, de Kennedy, de Reagan, secrétaire d’Etat sous Nixon en matière de politique étrangère et à ce titre il a beaucoup contribué à la politique agressive US faite de coups d’Etat et d’exactions diverses et variées[4]. Il est membre du Council on Foreign Relations, de la Trilatérale et du Bilderberg auquel il va presque tous les ans depuis 60 ans, entre autres, mais aussi de l’Institut Aspen, du Centre for Strategic and International Studies, du center for Democracy. Il a beaucoup travaillé avec la fondation Rockefeller et est aussi le patron de Kissinger Associates, un cabinet de lobbying qui conseille plein de multinationales comme Coca-Cola, Fiat, IBM ou Lockheed Martin mais aussi des gouvernements étrangers, comme l’Irak de Saddam Hussein. Il a aussi été aux conseils d’administration d’AIG, JP Morgan Chase, American Express et tant d’autres.
  • John McCloy, qui a été assistant du secrétaire d’Etat à la Guerre de 1941 à 1945, puis président de la Banque Mondiale. En 1949 il débarque en Allemagne en tant chef de la commission alliée, et à ce poste il se montre lui aussi très compréhensif avec les anciens nazis. Ensuite il fait un tour à la Chase Manhattan Bank de Rockefeller, passe aussi par la direction de la fondation Rockefeller (qui était un peu sur le même créneau à l’époque que la fondation Ford). De 1954 à 1970 il est président du Council on Foreign Relations et laisse son poste à Rockefeller, son collègue de la Chase, tout en étant président de la fondation Ford de 1958 à 1965. Au passage, il a aussi conseillé différents présidents, comme Kennedy, Johnson et en a profité pour plancher ardemment avec la commission Warren qui enquêtait sur la mort de Kennedy, Nixon ou Reagan. Il a aussi fait partie de la conspiration du coup d’Etat au Brésil en 1964. En 1975 il crée le McCloy’s Fund, financé par les industriels allemands et destiné à promouvoir les relations Allemagne – Etats-Unis, ce qui lui a valu d’obtenir aussi la nationalité allemande.
  • David J McDonald, chef du parti Travailliste US et du syndicat de l’acier. Il a aussi été membre du comité exécutif du CIO (Congrès des Organisations Industrielles), un paravent de la CIA pour fédérer à travers le monde des syndicats non communistes, et a contribué à la fusion AFL - CIO. L’année d’avant cette réunion, il a mené une grande grève des métallos, qu’il a évidemment coulée assez rapidement. Il a recommencé en 1959, pour demander des augmentations de salaires, mais Eisenhower l’a raisonné rapidement là encore, perdant sa crédibilité auprès de la base.
  • Robert Murphy, un diplomate US basé en Europe, puis à la politique étrangère US.
  • David Rockefeller

Norvège :

  • Per Jacobsson, chef du FMI depuis 1957 jusqu’à sa mort en 1963, dont il a contribué à renforcer les pouvoirs et l’influence. Il a aussi fait partie de la section financière de la SDN, a dirigé une section de la Banque des Règlements Internationaux à partir de 1931 puis a contribué à la création de la banque centrale irlandaise. Mais il a aussi beaucoup « aidé » la France, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume Uni en matière financière puisqu’il était un enseignant émérite. On lui dit merci.
  • Leif Hoegh, un grand armateur mais aussi banquier, grand habitué –comme son successeur- du Bilderberg.

Allemagne :

  • Kurt Georg Kiesinger, un ex nazi passé du côté des chrétiens démocrates dès 1947 pour mener une brillante carrière.

Belgique :

Paul-Henri Spaak, ex 1er ministre (ex communiste devenu « socialiste ») et ministre des affaires étrangères dès 1936, président de l’ONU après la guerre (en 1946 aussi), il occupe ensuite un poste clé à la CECA (fortement poussée par le Bilderberg) avant d’être le secrétaire de l’OTAN de 1957 à 1961. Faut-il le préciser, il a toujours été un européaniste forcené, prompt à défendre la technocratie européenne. Il a aussi été président du mouvement européen, financé largement par les Etats-Unis, et a défendu tous les délires européanistes, de la Communauté Européenne de Défense qui a échoué un peu plus tôt à la monnaie unique. Il a d’ailleurs été l’un des rédacteurs du traité instituant la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, premier organe supranational européen et non démocratique)

 

Contexte : en 1957, c’est l’année du traité de Rome qui instaure la Communauté Economique Européenne afin d’harmoniser les politiques économiques et fiscales des pays membres. Au cours des réunions précédentes, le consensus a fait rage sur un tas de sujets, de la monnaie unique européenne au marché commun en passant par le développement du nucléaire et la réunification de l’Allemagne.

C’est aussi l’année de la doctrine Eisenhower portée par Kissinger notamment, et qui visait à ramener le Moyen Orient dans le giron des Etats-Unis, loin du communisme,

On nous rappelle qu’il ne s’agit pas de « formuler des politiques », mais vu le tour que prennent les discussions on se demande, alors, de quoi il peut bien s’agir. Mais, on attend quand même un « résultat » de ces réunions où rien ne se décide, et notamment de « mieux équiper [les participants] à utiliser leur influences afin que l’Alliance atlantique fonctionne mieux ».

 

1. Bilan depuis les dernières réunions

Politique étrangère

Je passe sur l’union soviétique, dont les dernières évolutions politiques sont examinées. Certains participants se plaignent de 090223_capitalisme_500l’influence du parti communiste en Europe de l’Ouest et de l’Est. Le Moyen Orient est aussi jugé trop ouvert aux idées communistes, surtout la Syrie et la Turquie. Du coup, on estime qu’il faut clarifier une « ligne politique » pour cette région, notamment en imposant un embargo sur les armes aux pays communistes. D’ailleurs tout le monde a applaudi l’intervention US auprès de la Jordanie[5], afin de remettre le pays dans le droit chemin, et d’une manière plus générale la doctrine Eisenhower.

On se dit aussi que pour avoir prise sur ces pays il vaut mieux manipuler les tendances nationalistes et Pan Arabes des populations plutôt que de miser sur le patriotisme artificiel des familles royales. Pragmatiques, les élites du bilderberg concluent que le plus sage en l’état actuel des choses est de « coopérer avec n’importe quel groupe au pouvoir ».

Cependant, il semble que tous n’étaient pas d’accord sur la question de la politique à mener au Moyen Orient : à court-terme ou à long terme ? D’autres ont évoqué les manques de la propagande de l’Ouest envers « le monde Arabe ».

Pour ce qui est du conflit israélo palestinien, il se résume à la question des réfugiés palestiniens, qu’il faut gérer si l’on ne veut pas que la tension monte entre arabes et israéliens. Précisons, en effet, que la moitié des palestiniens se sont retrouvés en exil à la suite des attaques et des guerres israéliennes et que, effectivement, les palestiniens ont longtemps demandé un droit de retour sur leurs terres récupérées par Israël. Droit qu’ils ont dû, faut-il le préciser, laisser tomber. Bref, selon les Bilderbergers, le « principal obstacle à de meilleures relations entre les Etats Arabes et Israël » est cette question des réfugiés, pas la question des agressions israéliennes.

Inflation

Tous ces problèmes géopolitiques sont examinés à la lumière des conséquences économiques pour l’Ouest, et principalement les Etats-Unis. Car, « le problème essentiel est de maintenir la stabilité de la croissance économique ». Et pour cela, il faut limiter l’inflation.

En effet, ces messieurs craignent beaucoup, ou du moins font comme si ils craignaient une récession. D’où le champ lexical traditionnel de l’austérité : « contrôle de la dette », « flexibilité », « inflation », « restrictions » etc. Evidemment, le problème quand on limite l’inflation, car cela se fait toujours en limitant la demande donc les salaires, c’est qu’on arrive vite au sous emploi. Mais cela n’arrête pas le cours de la discussion, car l’inflation semble être la bête noire des participants, et on se dit que l’économie US est assez forte pour supporter un peu de « restrictions ».

Marché commun européen

C’est la grande marotte des premières réunions du Bilderberg. Des suivantes aussi, d’ailleurs. Lors des réunions précédentes, les élites du Bilderberg ont appelé de leurs vœux à la création d’un marché libre européen, sans barrière au commerce (entendre : droits de douane et autres taxes), pour la paix dans le monde. L’ « intégration économique européenne » était même le sujet phare de la première réunion du Bilderberg, à tel point qu’on peut se demander si ce n’était pas aussi le premier but des réunions Bilderberg.

Les américains se disent très contents du marché commun européen mais, disent-ils, sa santé économique dépendra de son ouverture à l’extérieur et non à l’intérieur. Ben oui, si le marché commun engendre « la création d’un bloc économique auto centré », cela pourrait nuire au développement du « monde libre » (comprendre : les Etats-Unis). Les US, en effet, craignent plus que tout des velléités protectionnistes de la part des européens. Bref, il faut rapidement mettre en place un « programme législatif » en matière de commerce international.

Parmi les bienfaits de cette intégration, « on s’attend à ce que le marché commun encourage la concentration industrielle en Europe et accélère la pénétration des marchés américains ».

 

histcapital3092. Les institutions de la « communauté occidentale » : l’OTAN

Avec le recul on le sait, et déjà à l’époque certains le savaient : Après l’intégration économique européenne,  le grand sujet de discussion est l’organisation du monde libre, ou du monde occidental, via des institutions spécialisées : OTAN pour l’armée, Banque Mondiale pour les prêts, ONU pour la façade politique etc. Car, il faut se « coordonner » et définir les « priorités de la politique occidentale ». Ah bon, parce qu’on doit tous être d’accord ?

Il s’agit essentiellement de freiner le communisme (écrit avec un grand « C » dans le texte) via une forte pression militaire et économique mais aussi en renforçant les liens avec tous les pays qui seraient susceptibles de céder aux sirènes communistes et qui pourraient mettre des bâtons dans les roues à la « politique occidentale » (comprenez : les lubies US).

Un participant a dit dans un parfait jargon internationaliste qu’il fallait renforcer nos positions militaires et économiques « puisque notre survie ainsi que la sécurité et la prospérité de nos amis en dépend ». Un autre a poursuivi en exaltant le « courage » et la « détermination » dont l’Occident allait devoir faire preuve pour cela.

Pour conclure sur le sujet, ces messieurs estiment que l’OTAN est le meilleur outil pour mener une politique occidentale active, sans toutefois se montrer trop imaginatifs en la matière même si on admet du bout des lèvres que ce n’est pas le système le plus représentatif et que, forcément, tous les pays ne parviennent pas à s’exprimer. Ce qui pourrait amener à certaines dissensions entre les Etats membres de ladite OTAN.

Quelques participants semblent reprocher à l’OTAN d’être menée par les gouvernements, et l’ « OTAN n’est que leur instrument », ce qui pourrait être réglé par « un transfert de souveraineté » dans un machin fédéraliste. D’ailleurs, l’OTAN doit aller vers une direction fédérale. L’argument avancé pour justifier cette idée est que « le Conseil de l’Europe et les autres institutions européennes dans lesquelles la règle de l’unanimité dans les Conseils des Ministres étaient lentement en train de s’éroder et de plus en plus de questions sont décidées à la majorité », et en plus certains pays sont exemptés de certains points. D’ailleurs, on se dit qu’on pourrait faire pareil à l’OTAN.

Accessoirement, on souligne que qu’un des plus gros problèmes était d’assurer une consultation adéquate entre les Etats-Unis et l’OTAN dès le départ quand ils sont en train de « formuler [leur] politique étrangère ».

Ensuite, on discute tranquillement du leadership du secrétaire de l’OTAN et du conseil des représentants permanents, dont les membres doivent tous être d’un haut standing et d’un haut rang « afin qu’ils puissent exercer une réelle influence sur leurs gouvernements respectifs ». Pourquoi ? Pas pour la propagande, voyons : pour «influencer les ‘faiseurs d’opinion’ des différents pays ».

Nous y voilà. Il faut savoir qu’à cette période, un dénommé Lazarsfeld, largement financé par les fondations Ford ou Rockefeller pour ses travaux essentiels, a étudié de près l’impact de la propagande médiatique sur les ’faiseurs d’opinion’ (en gros ceux qu’ils considèrent comme étant à peu près informés et qui sont les plus sensibles, justement, à la propagande), qui ensuite répercutent la pensée unique sur le bas peuple. On constate aujourd’hui l’efficacité de ses travaux.

Bref, on trouve que les décideurs de l’OTAN doivent avoir « plus d’indépendance » s’ils veulent faire carrière dans les institutions internationales. C’est-à-dire qu’ils doivent simplement être indépendants des représentants à peu près démocratiquement élus, mais pas des lobbies industriels et bancaires.

Un invité Italien a aussi déclaré qu’il fallait intégrer les intérêts économiques dans la stratégie de l’OTAN, notamment pour le pétrole, mais aussi renforcer « le potentiel économique des membres de l’OTAN ». visionnaire, il anticipait déjà le moment où « l’ère des nations » aura laissé place aux continents et peut-être à « l’ère des races », du coup « l’Ouest a besoin d’un centre de consultation et de contact » qui fonctionne sans « règles rigides ».

 

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Ces messieurs discutent ensuite de la question du nucléaire et des « armes modernes », mais je ne m’y attarde pas car le sujet est plus que connu.

Le bilan de la réunion, selon le rédacteur du rapport, c’est que tout le monde est décidé à « promouvoir une meilleure compréhension une coordination plus effective entre les nations de l’Ouest ».

On évoque aussi la création du groupe d’études sur le Moyen Orient, composé « d’industriels et de financiers » (mais les compagnies pétrolières étaient intéressées aussi), et duquel font partie certains membres du Bilderberg, qui serait un formidable moyen de faire du business entre l’Ouest et le Moyen Orient. Mais juste pour le « développement économique » de ces pays. Le groupe, nous explique-t-on, travaille en étroite collaboration avec la BIRD (banque internationale pour la reconstruction et le développement[6]) et un truc moins connu crée l’année d’avant, l’IFC pour International Finance Corporation[7]. Les deux, d’ailleurs, existent toujours. Et déjà, « les experts » servaient de caution pour faire ce qui est prévu depuis longtemps.

Le rédacteur du rapport conclut en encensant le « prestige du christianisme », qui est trop dispersé entre 170 « corps », ajoutant que « ces divergences entre les différents croyants de la même foi et de la même loi morale chrétienne nuisent à notre prestige ». D’ailleurs, et c’est très drôle a posteriori, il trouve que les chrétiens et les croyants en l’Islam ont une fructueuse collaboration en matière de lutte anti Communiste. Avec le « C » majuscule dans le texte…

 

http://publicintelligence.net/1957-bilderberg-meeting-participant-list/

 

 


[1] Il a notamment dirigé le « Congrès pour la liberté de la culture » (sic.), le pendant de l’American Committee for Cultural Freedom US. Anticommunistes, ces groupuscules regroupent des politiciens et intellectuels anti communistes. Une enquête du Congrès US a d’ailleurs prouvé que ledit congrès était financé par la CIA, afin de propager les idées atlantistes et libérales. Grâce à cela, mais aussi à des financements des fondations Ford ou Rockefeller, Aron met en place une sociologie universitaire absolument pas subversive, totalement empirique, qui est en outre fort complaisante avec l’orthodoxie ultralibérale. Ce grand propagandiste au service de Wall Street fait hélas encore figure de ponte de la sociologie et même de l’histoire récente.

[2] Cet américain, ex secrétaire d’Etat dans l’administration Kennedy puis Johnson et proche de Jean Monnet (le « père de l’Europe »), est resté en Europe après guerre en tant que conseiller à Euratom et à la Communauté Economique Européenne où il a œuvré pour le rapprochement avec les Etats-Unis (cf. plan Stevenson). Il est aussi membre du Council on Foreign Relations et a écrit pour Kennedy un mémo prônant une Europe économique intégrée dans un système multilatéral. Accessoirement, il a aussi travaillé pour différentes banques, comme Lehmann Brother et Kuhn & Loeb, entre deux fonctions officielles.

[3] Il a d’ailleurs fait une partie de ses études à l’Université de Chicago, en grande partie, à cette époque, financée par Rockefeller. Lobbyiste avant l’heure (il a fondé le Comité du Développement Economique après guerre pour peser sur les décisions du gouvernement, et la plupart des grands patrons l’y ont rejoint), il a fait fortune rapidement dans l’automobile (marque Studebaker) au début du XXè siècle. Il n’a d’ailleurs pas été parmi les patrons les plus progressistes. Pendant la guerre, il a été vice président du conseil automobile de la production de guerre, ce qui lui a permis de fournir des engins défectueux au gouvernement mais aussi plus de 65.000 avions à bas cout et 200.000 camions. Les ventes de Studebaker sont passées de 115 millions de dollars en 1941 à 415 millions de dollars en 1944.

[4] Un exemple est l’opération Condor qui visait à traquer et éliminer les opposants aux dictatures latino américaines installées par les Etats-Unis dans les années 60 et 70.

[5] La Syrie et la Jordanie évoquaient l’idée de se réunifier (rappelons que les frontières du moyen orient sont aussi stupides que celles de l’Afrique et qu’avant les deux pays étaient liés dans l’empire Ottoman), ce qui n’a pas plu aux US. A la suite de leur intervention, le roi Hussein de Jordanie a fini par mettre en place un gouvernement nationaliste qui ne voulait pas de cette réunification.

[6] Elle fait partie de la Banque Mondiale, créée pour financer la reconstruction après guerre. Elle est spécialisée dans les prêts aux pays endettés en empruntant cet argent aux banques et « sur les marchés de capitaux ». Evidemment, elle est indépendante des gouvernements, et évidemment elle demande des « garanties » contre ses prêts, c’est-à-dire libéraliser le commerce et les services, baisser les dépenses publiques, augmenter les impôts sur les plus pauvres etc.

[7] Rattachée au « groupe Banque Mondiale », l’IFC est chargée des opérations avec les entreprises et les banques mais vise surtout à « promouvoir les investissements privés dans les pays en développement » et pour ceux qui n’avaient pas compris, à « renforcer le secteur privé dans les pays en développement ».

 

DIO_bankers

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