Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
donde vamos
donde vamos
Publicité
donde vamos
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
31 octobre 2011

Nouvelle création de l’Europe : le « semestre européen »

66963102L’Europe et la doxa ultra libérale ne font qu’un, sauf quand il s’agit de sauver les banques, ça tout le monde le sait. Du coup, on a eu droit à l’aune de la crise, à moult mesures destinées à cadrer, voire à contrôler de manière bureaucratique les finances des Etats, car ils se gèrent mal tout seuls.
Bref, on a donc vu le Pacte de Compétitivité qui permet à l’Europe de prendre en main l’économie d’un pays. Et son corollaire, c’est ce machin, appelé « 
semestre européen », qui est en fait un système de suivi et de contrôle.

 

Ledit machin a démarré cette année, et pendant six mois les crânes d’œuf européen surveillent les finances des 27 avec leurs critères aussi obscurs qu’aberrants. Et au mois de mars qui suit, les crânes d’œuf remettent leur « avis », que les Etats doivent transcrire en « programme national » de révision des politiques budgétaires. C’est-à-dire que les Etats devront renforcer leurs politiques d’austérité.

En juin et en juillet, le Conseil Européen et les ministres des Finances rendent leur avis sur la réponse à leur avis du mois de mars. C’est dans la lignée du pacte « Europe 2020 », du pacte de compétitivité etc.

Qui a inventé ce machin ? Herman Van Rompuy, le président de l’Europe élu par le Bilderberg après avoir démissionné de son poste de 1er ministre de la Belgique. Enfin, bref.

Michel Barnier, commissaire au marché intérieur, s’est félicité que le calendrier soit calé sur celui des Etats Unis, car pour lui c’est mieux du point de vue de la concurrence…

Qui sera chargé de « superviser » les finances des Etats ? Le CERS, pour comité européen du risque systémique. Composé des gouverneurs des banques centrales, du président et du vice-président de la BCE, d'un membre de la Commission européenne et des présidents des trois autorités de surveillance européennes.  

Mais aussi et surtout, 60 « institutions » auront voix au chapitre, banques centrales nationales, experts etc. Tous des banquiers, adeptes du tourniquet, à commencer par le président de la BCE, Mario Draghi[1], qui a dirigé Goldman Sachs Europe. Remarque, il connaissait très bien les causes de la crise grecque, après tout.

L’Europe, finalement, ne fera qu’exiger une application stricte des textes européens fort nombreux en la matière, c’est-à-dire que les Etats devront contrôler leur dette tout en s’appauvrissant. Toute la pensée économique européenne se résume un seul principe : « réduction des déficits ». On avait eu le dogme de la concurrence libre et non faussée, puis celui de la « croissance », attendue comme le messie, et aujourd’hui nous voilà avec le dernier dogme à la mode, celui de la réduction des déficits. Cet enchaînement, hélas, montre bien qu’il y a comme un problème à la base dans les théories économiques qui nous servent de modèle…

Bref, c’est parce que tout un tas de règlements et autres mesures ont été mis en œuvre, qu’on a depuis quelques mois des injonctions de la commission européenne pour que la Belgique cesse d’indexer les salaires sur les prix, pour que la France diminue le salaire minium ou qu’elle révise son système de retraites et ses politiques de l’emploi (comprendre : gestion du chômage de masse).

 Car si un pays a un « déséquilibre excessif », il sera contraint de couper encore dans les dépenses et risquera des sanctions économiques.

Ledit « semestre européen » répond parfaitement aux attentes des groupes d’intérêt comme l’ERT, qui ne cesse de demander plus de coordination des politiques économiques européennes. L’ERT demandait déjà en 2002 que les Etats membres ne votent leurs budgets qu’après avoir été discutés au niveau Européen.

 

La panoplie austère66819452

Le 11 mars, le Conseil européen a aussi approuvé le « Pacte pour l’Euro », inspiré par Sarkoléon et Merkel, et dont les principes essentiels sont : austérité. En fait, il n’y a que ce principe, qui passe par le maintien de salaires bas, des négociations sociales décentralisées (défavorables aux travailleurs). On demande aussi aux Etats de faire encore pire que ce qui est déjà inscrit noir sur blanc dans les textes européens, et de se tenir à ces « engagements ».

Les Etats doivent donc « faire des progrès » dans la réduction des déficits, et l’un des pires aspects de ce texte est que lesdits progrès « seront évalués sur la base de l’évolution des salaires et de la productivité ainsi que des besoins d’ajustement en matière de compétitivité ». Le « coût de la main d’œuvre » (c’est-à-dire les salaires) sera suivi de près, et jaugé au regard de ce qui se fait dans les autres Etats, mais aussi en fonction de la compétitivité de chaque secteur économique. Finies, donc, les négociations salariales au niveau national, chaque branche négociera à part. On nous explique, au cas où on n’aurait pas compris, que « les augmentations significatives et durables [des salaires] pourraient provoquer une érosion de la compétitivité, notamment si elles viennent s’ajouter à un déficit croissant de la balance courante et à une diminution des pats de marché à l’exportation ». Si on suit leur logique, on travaillera bientôt gratis pendant que les bénéfices des entreprises continueront de dormir aux Bahamas.

On demande aussi de privatiser ce qui peut encore l’être, de « lever les restrictions » au commerce. Quant à la « préservation de l’emploi », pour les technocrates, elle consiste à « favoriser la flexisécurité »[2], et « la formation tout au long de la vie » (qui revient ni plus ni moins au carnet ouvrier du XIXe siècle »), mais surtout à réduire « les charges fiscales pesant sur le travail ».

Au passage, on n’oublie pas de taper sur les retraites qui ne sont pas « viables », et tout ceci doit être transcrit dans le droit national, d’une manière ou d’une autre. Ou quand les Parlements nationaux élus sont réduits au simple rôle de chambres d’enregistrement.

Pendant ce temps-là, le secteur financier peut continuer à spéculer et à refourguer ses titres pourris à la BCE et au FESF (fonds européen de stabilité financière qui rachète leurs titres grecs et autres aux spéculateurs).

Toujours dans cet arsenal d’austérité, on a le pacte dit « de stabilité et de croissance », instauré en 1999 à la demande des allemands, destiné à encadrer les budgets des pays de la zone euro, et qui impose d’avoir moins de 3% du PIB de déficit et 60% du PIB de dette publique. Irréaliste, il a été « assoupli » en mars 2005 et vient d’être à nouveau modifié, mais cette fois  « vers un durcissement »[3], nous dit-on. On  garde les mêmes critères, avec un peu plus de souplesse, n’est-ce-pas, tout en rappelant que le travail doit être plus « productif », c’est-à-dire moins cher et moins sûr, qu’on doit être toujours formé selon les besoins du marché du travail (« apprentissage tout au long de la vie », autre vieille marotte de l’ERT), qu’il faut allonger la vie active, qu’il faut que le travail ait un « attrait financier » (tout en limitant les salaires, cherchez l’erreur), etc.

Si un Etat ne respecte pas la règle, on lance la « procédure en déficit excessif » qui peut mener à des sanctions financières si aucune mesure d’austérité n’est prise.

5_NS03europelacordeAujourd’hui, ce pacte permet à l’Europe de sanctionner avant même qu’un Etat dépasse les 3% de déficit, via des sanctions financières comme un dépôt de fonds égal à 0,2% du PIB, ou des amendes si le pays ne fait pas d’austérité. Le fric ira au FESF puis au MES (mécanisme européen de stabilité financière) qui lui succédera. Et la France risque bien de tester prochainement ce nouveau mécanisme.

Bref, la « règle d’or » débile de sarko, qu’il prônait déjà lors de sa campagne en 2007 avant de la vendre à Merkel, est aujourd’hui gravée dans le marbre, et l’Europe pilote désormais notre gestion des finances, notre politique de l’emploi et des retraites, et les postes sur lesquels nous devons faire des économies. Question : quelle marge de manœuvre reste-t-il aux Etats ? Comment pourrait-on encore choisir d’investir dans l’éducation, par exemple, ou dans les travaux publics, si on doit toujours restreindre ces dépenses ?

On constatera également qu’à aucun moment, les citoyens n’ont été consultés à ce sujet.

 

Et comme d’habitude, il n’est pas question de remettre en cause la toute puissance des « Marchés », au contraire on se plie à leur exigence avant même qu’elles ne soient formulées.

 

Bientôt un gouvernement économique européen ?

Pour aller encore plus loin, certains réclament une « gouvernance économique » au niveau européen, comme Jean Arthuis, donc une sorte de ministère qui chapeaute le tout. Les pontes de la BCE et de la commission l’ont dit clairement.
A partir de là, comme ces nouveaux technocrates ne seront toujours pas élus, on n’aura même plus à aller voter puisque 100% des décisions seront en fait liées aux délires de l’Europe. Encore une fois, il s’agit d’une lubie lancée par sarko et Merkel depuis deux ou trois ans. Pour Trichet, ex parton de la BCE, il faut un « gouvernement confédéral avec un ministre des Finances confédéral qui pourrait assurer l'ensemble de la gouvernance au sein de la zone euro et imposer telle ou telle décision ».

Avec à la clé encore plus de centralisation des décisions, toujours prises par d’obscurs commissions et technocrates qui appliquent de manière stalinienne les principes ultra libéraux mis en place par les élites européennes.

 

 



[1] Après un passage au MIT, il dirige le ministère du Trésor italien dans les années de privatisations qu’il a finalement supervisées jusqu’en 2001. De 2002 à 2005 il est vice président de Goldman Sachs Europe. Accessoirement, il est administrateur de la Brookings Institution et a participé au Bilderberg en 2008 et en 2009.

[2] En cela, l’Europe rejoint comme toujours l’European Round  Table of Industrialist, le lobbie des 47  plus grosses multinationales européennes, qui a encore pondu un rapport intitulé « employabilité et flexibilité » en décembre 2010, afin de réclamer plus de flexibilité dans les politiques de l’emploi.

[3] Apparemment, les Etats devront combler leur déficit, s’il est supérieur à 3% du PIB, au rythme de 5% par an en trois ans. Et les sanctions pourront tomber également en fonction de nouveaux critères, tels que la dette privée, « les coûts du vieillissement », ou « le coût de la mise en œuvre de la réforme des retraites »…

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité