On se rappelle de l’affaire David Hamilton, ce photographe qui aimait mettre des adolescentes prépubères dans des poses suggestives, et en agressait une partie. Les anglais ont eu le leur, Graham Ovenden, et il semble que les espagnols en aient un aussi, qui serait même selon plusieurs victimes, au cœur d’un réseau de production de pédopornographie. Dans lequel on retrouverait aussi des politiques, des entrepreneurs et autres membres du gratin local.
Une instruction a démarré il y a 5 ans, mais elle semble au point mort.
Ledit Kote Cabezudo, spécialisé dans les photos « érotiques », est accusé par plusieurs de ses anciens modèles de les avoir violées. Il est sous le coup d’une investigation depuis 2012, suite aux dénonciations de neuf femmes qui l’accusent notamment d’abus sexuels, de pédophilie et de production de pédopornographie. C’est grâce à une enquête menée durant 18 mois par une équipe de journalistes que l’affaire a pu enfin être prise au sérieux par la justice.
Il aurait donc commis ces viols en Espagne et au Sénégal, où plusieurs autres victimes évoquent les mêmes faits. Des vidéos de lui en train de violer des filles, dont des mineures, seraient accessibles sur le net pour la modique somme de 14, 95 €. Etrangement, la justice refuse de faire retirer ces vidéos.
Aujourd’hui, le type serait accusé par 13 femmes, dont huit ont pris le même avocat, Mario Diez, qui a diffusé le 8 mars une vidéo expliquant l’affaire et les cinq longues années d’instruction. 11 fois de suite, la justice a refusé de le mettre en prison le temps d’instruire. D’ailleurs, plusieurs plaintes ont été déposées contre la magistrate chargée de l’affaire.
Une des victimes, surnommée Nahia, déclare que Kote Cabezudo l’a violée de ses 15 à ses 18 ans. Il l’a menacée de diffuser les photos de nu qu’il avait faites d’elle si elle refusait de céder. Il a filmé les viols et certaines vidéos circulent sur le web.
Une autre serait tombée entre les mains de Kote Cabezudo à l’âge de 12 ans, et les viols auraient duré des années, souvent filmés et diffusés.
Certains, dont l’avocat Mario Diez et des journalistes qui ont travaillé sur cette affaire, pensent que l’impunité de fait dont bénéficie Kote Cabezudo est liée à l’existence d’un réseau d’abus de mineurs à San Sebastian, la capitale du Pays Basque, où vit le photographe. Melchor Miralles, un journaliste, a même déclaré que des politiques, des entrepreneurs, des banquiers, des juges, des journalistes et des avocats étaient impliqués dans ce réseau, citant même parmi les coupables l’ex maire de San Sebastian de 1991 à 2011, le socialiste Odon Elorza. Il a publiquement nié en bloc et réclame 100.000 € de dommages et intérêts.
Kote Cabezudo serait donc un membre du réseau, probablement spécialisé dans la production et la diffusion de pédopornographie. Un réseau actif dans toute la province du Guipúzcoa au Pays Basque, resté impuni à ce jour. On ne parle pas que des 40 types attrapés en février pour avoir téléchargé de la porno infantile, mais bien d’un réseau avec des gens de pouvoir.
Miralles cite également les noms du patron de l’antenne locale de l’agence de mannequins First Models, Iñigo O. (qui a démenti), et du journaliste basque Ignacio M.. Selon le journaliste, c’était Kote Cabezudo qui était à la tête du réseau, l’organisateur du système qui visait à capter des proies, filles ou garçons, dans les mailles du réseau. L’agence de mannequins servait de vivier dans lequel Kote Cabezudo pouvait puiser.
Des dirigeants des deux grands partis locaux, l’incontournable Parti Populaire (très à droite, ultralibéral) et le Parti National Basque, un magistrat et plusieurs grands patrons d’entreprises de la région de San Sebastian sont impliqués.
Sur Twitter, on entend parler d’un notaire de la ville, Eduardo C.
La liste des membres de ce réseau est entre les mains de la justice depuis un moment, selon Mario Diez.
Caso Kote Cabezudo: Mario Díez le acusa de abusar de 13 jóvenes en San Sebastián
Par ailleurs…
Indépendemment de cette histoire, le juge anticorruption de San Sabstien José Grinda Gonzalez est accusé par un autre juge, Ignacio Pelaez, d’actes pédophiles. Il aurait ainsi envoyé un contenu porno sur Twitter à une mineure, la mère a porté plainte, la plainte a été classée sans suite. Et ce juge était aussi l’un des types impliqués dans les échanges de contenus pédopornos, dont 40 ont été interpellés en février 2018.
En ce qui concerne l’Espagne, on a déjà parlé de l’affaire Alcacer (quatre adolescentes massacrées, soi-disant par deux petits délinquants toxicos, l’enquête a été totalement bidonnée, et moult pistes remontent vers du gratin local), de l’affaire du Bar Espana dans laquelle des pontes de la politique Catalans sont impliqués dans un réseau de pédopornographie, de pédophilie et même de snuff movies, et dans lequel les témoignages de victimes et de repentis du réseau se recoupent.
Récemment, une jeune femme a publié une vidéo dans laquelle elle dit avoir vu l’actuel 1er ministre, du parti ultra corrompu de droite (Parti Populaire) violer devant elle une fillette de 11 ans, alors qu'elle même était mineure. Cette jeune femme a été placée dans une famille où l’on a abusé d’elle. Elle dit à Rajoy qu’il n’a qu’à porter plainte contre elle et les autres filles qui étaient présentes ce jour-là s’il veut nier les faits.
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Il est assez clair qu’il se passe la même chose en Espagne qu’en Belgique, en Angleterre, au Pays-Bas, en France et ailleurs, c’est-à-dire qu’il y a bien des groupes de pédophiles qui s’organisent, et constituent donc des « réseaux », et que parmi ces groupes, certains sont composés de personnages en vue, au moins au niveau local. Il se passe également, comme toujours, que les victimes n’ont d’autre moyen de se faire entendre que de passer par la voie médiatique ou désormais par le web.
La justice traîne lourdement du pied, en tout cas, et il est normal de se demander pourquoi cette instruction dure aussi longtemps, et pourquoi Kote Cabezudo a été relâché après quelques jours de préventive.
Il y a cependant fort à parier que rien ne se passera, et que si condamnation il y a, elle sera minime et ne concernera que ce photographe et pas ses amis.