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12 octobre 2011

Dexia et les sales habitudes : les villes et les contribuables mettent encore au pot

humeur_521Le nouveau sauvetage de la banque Dexia nous donne l’occasion de faire le point sur cet établissement qu’on ose encore appeler une banque. « Nouveau sauvetage », parce qu’en 2008 la Belgique a déjà du donner 3 milliards d’euros à Dexia, la banque qui est censée financer les communes. La France avait mis aussi 3 milliards, et le Luxembourg un peu moins de 400 millions. Au passage, plus de 2.000 emplois ont été supprimés, dont plus de la moitié en Belgique. Cette fois, la Belgique va verser 4 milliards  (soit 363  par habitant).

 

Reprenons rapidement l’histoire débile de cette banque qui vient de couler bien qu’elle ait toujours réussi les ‘stress tests’… En octobre 1996, pleine période des fusions et autres acquisitions délirantes, on décide de fusionner le Crédit Communal de Belgique, crée en 1860 pour financer les pouvoirs locaux à qui il appartient, et le Crédit local de France, créé en 1987 comme filiale de caisse des Dépôts et Consignations, et qui était le premier prêteur des collectivités locales en France. L’idée de génie était de créer un mastodonte des financements des communes.

Sauf qu’au lieu de se contenter de cette activité de prêt, les crânes d’œuf de Dexia ont décidé de spéculer pour gonfler leurs chiffres. Ils ont donc spéculé sur les crédits hypothécaires les plus pourris[1] –d’où le 1er plan de sauvetage-, puis les titres pourris de la Grèce –d’où le 2e plan de sauvetage.

Un an avant la chute, en août 2007, les chefs de Dexia affirmaient que la banque n’était exposée qu’à hauteur de 206 millions d’euros ! Sauf qu’en octobre 2008, Dexia a besoin en urgence de 260 milliards d’euros, et il ne reste que quatre jours de liquidités pour faire face aux engagements. On injecte donc 6,4 milliards d’argent public, et les Etats belge, français et luxembourgeois garantissent les émissions de Dexia. Depuis ce renflouement, les Etats ont demandé à Dexia de minimiser les risques et de revendre le plus possible d’actifs pourris, de prêts pourris et autres positions toxiques.

 

Bref, la lubie de créer Dexia vient largement d’un spécialiste du tourniquet (travailler dans la fonction publique, puis dans la banque, puis dans la fonction publique, puis de nouveau dans la banque) et des privatisations dénommé Pierre Richard[2], mais qui n’a rien de drôle, celui-là. En tant que chef chargé des prêts aux collectivités locales à la CDC (caisse des dépôts et consignations, un organisme public qui éponge les dettes des banques et qui a d’ailleurs versé 2 milliards pour Dexia en 2008), et chef du Crédit Local de France (CLF) qu’il remanie et dont il devient président lors de sa privatisation en 1993, il décide de créer son œuvre : Dexia. Dont il est évidemment co président en 1996. Au passage, il ne démissionne qu’en septembre 2008, avec l’autre numéro 2, quand laContrepoints-762-288x300 banque est littéralement dans les choux[3]. Et après avoir touché plusieurs millions d’euros à la tête de la banque, qu’ils touchaient toujours en partie en 2009[4]... Enfin, bref. A leur départ, Dexia est en faillite puisqu’elle ne peut assurer que 4 jours de paiement, ce qu’on a découvert à l’arrivée du nouveau patron de la banque, le directeur adjoint et accessoirement copain de sarko, Pierre Mariani[5], et du nouveau président belge l’ex ministre Jean-Luc Dehaene. 

On constate aussi que la comptabilité de la banque est des plus approximatives, et qu’il n’y avait pas de reporting financier (l’analyse des encours etc.).

En 2000, Dexia affichait un bilan de 245 milliards d’euros, et en 2010 de 723 milliards d’euros, après un recentrage sur les activités commerciales au détriment de la spéculation. Comme si tout allait bien.

C’est l’époque où les pontes de Dexia décident de racheter des filiales un peu partout dans le monde : Italie, Autriche, Solvaquie, Pologne, Israël, Etats Unis, Australie, Turquie… Filiales dont elle est en train de séparer aujourd’hui, pour bien moins cher que le prix de rachat.


Au milieu des années 2000, c’est le boom des produits dérivés de suprime, ces crédits hypothécaires octroyés à des américains de moins en moins solvables, que les banques et autres spéculateurs se sont allègrement revendus pendant qu’ils valaient encore quelque chose. Et qui ne valent plus rien depuis la chute de Lehmann Brothers et même avant. Dexia s’est beaucoup amusée avec ça, notamment via sa filiale FSA dont on a déjà parlé, et qui a fini par coûter 7 milliards de dollars à Dexia. Mais, la banque Dexia, qui voulait ses 16% de « rentabilité sur fonds propres » tous les ans, ne pouvait pas se contenter de faire comme les autres : prendre l’argent de la banque centrale européenne prêté à 1% pour le reprêter à 3%. Pas assez rentable. Donc on a beaucoup spéculé sur les produits dérivés, surtout les plus toxiques puisque ceux-ci sont censés être les plus rentables. Enfin, si le système financier ne s’écroule pas avant.

Surtout que, au lieu de s’inquiéter en voyant arriver la crise subprime déjà bien installée en 2007, Axel Miller, l’administrateur délégué de la banque, estimait que ladite crise constituait une « opportunité » pour faire grossir encore sa boîte. En août 2007, il déclarait d’ailleurs que FSA, qui cumulait donc déjà les pertes, allait faire « un excellent troisième trimestre ». Autre déclaration, sur « BFM la radio de l’économie » (sic.) en novembre 2007 : « une prime sera donnée aux acteurs de marché qui ont un modèle industriel classique avec des ressources de financement assurées et des liquidités importantes. Ce sont des facteurs qui sont présents chez Dexia et sur lesquels nous avons une exposition aux risques inexistante ». On aurait presque envie de rire si au final ce n’était pas à nous qu’on se préparait à présenter la note.

dexia_reduitOn l’aura compris, les pontes de Dexia étaient loin de remettre en cause leur business plan à la c.. D’ailleurs, depuis 2008 Dexia a du se séparer de 80 milliards d’actifs toxiques, et qu’il faudra rapidement en lâcher 20 milliards de plus.

 

Arriva la crise, le licenciement des pontes, la nomination de nouveaux, la perte de plus de 2.000 emplois et le « don » de 6,4 milliards d’euros[6]. Dans un monde avec des banquiers pas trop stupides, on aurait pu croire que la leçon allait être retenue, mais non. Au lieu de revenir à son activité de base qui est de prêter aux collectivités locales et aux ex services publics, Dexia s’est goinfrée de dérivés de dette grecque et  de titres grecs (octroyés contre des prêts à des taux d’intérêt de plus en plus délirants alors que Dexia empruntait à l’Europe à 1% voire moins).

Le truc, c’était d’emprunter à court terme, là où les taux sont bas, pour prêter à la Grèce et à d’autres pays risqués (car ça rapporte potentiellement plus) à long terme, à des taux d’usure. Aujourd’hui, Dexia a 2,5 fois plus de prêts en cours que de dépôts, ce qui n’est pas terrible. Et qui oblige à emprunter sur les marchés pour faire face.

A ce propos, je vous renvoie vers un papier récent qui raconte comment la BCE rachète aujourd’hui ces titres devenus pourris aux banques et autres spéculateurs, bien au-dessus de leur prix réel.

 

Bref, la banque s’est donc amusée avec les dérivés de dette grecque et autres. Il y a un an, on nous disait que l’exposition de dexia à la Grèce était « négligeable », au maximum de 4,9 milliards.

En novembre 2010, Dexia était la deuxième banque la plus exposée à la dette de la Grèce et consorts. Avec 7 milliards de dette souveraine dans les 10,6 milliards d’exposition au total, soit 119% de sa valeur. Pour la Grèce, Dexia aurait eu 3,7 milliards d’exposition mi 2010, et 2,8 milliards sur le Portugal. Le numéro un serait le crédit agricole (exposé à 123% de sa valeur), le numéro trois la Royal Bank of Scotland (exposée à 113% de sa valeur). En mai 2011, l’exposition de Dexia sur la Grèce était évaluée à 4,3 milliards d’euros. Le chiffre change tout le temps et est de toute manière invérifiable.

 

En juin 2010, la banque sort du mécanisme de garantie des Etats mis en place en octobre 2008, et la Commission européenne estime que la banque est viable sur le long terme : la banque a obtenu la norme ISO 9001, qui signifie qu’elle est performante, que sa direction est responsable, et que le système de contrôle est bon.

Dans le même temps, la banque Dexia diminuait ses prêts sur le long terme, de 44 milliards en 2008 à  7 milliards en 2009 et à 6,1 en 2010 ! Idem pour les collectivités, à qui la banque a baissé de 14,3% ses nouveaux prêts en 2010, à 4,7 milliards. Contre 5,5 en 2009. Toutefois, on va voir plus loin à quoi ressemblaient ces prêts. Idem pour les hôpitaux, que Dexia avait aussi gavés de prêts toxiques alignés sur des valeurs qui n’ont aucun sens, comme l’indexation du franc Suisse (censé être stable, mais qui prend beaucoup de valeur ces temps-ci).

Aujourd’hui le « leader mondial » du prêt aux collectivités, est le bec dans l’eau. On va, comme pour la Société générale par exemple, créer une bad bank qui regroupera les actifs toxiques à hauteur de … 80 milliards d’euros ! L’action Dexia, qui valait encore 17 euros en 2007, est passée à 3,2 euros  en 2008, et à 0,6 euro le 10 octobre… On plaint les salariés à qui la banque avait revendu des titres… Ce qui ne l’empêche pas d’afficher 13,1% de fonds propres (Tier I[7]), soit 19,1 milliards d’euros (au 31 décembre 2010). Pour un bénéfice  de 723 millions d’euros. Ce qui est inquiétant, car les clients de Dexia (banque de détail et banque commerciale) avaient alors déposé 136 milliards d’euros auprès de la banque…

 

Les prêts pourris aux collectivités locales

 

Dexia, donc, était le 1er organisme à financer les régions, départements, provinces et communes de France et de Belgique. Pour leur dexia-la-posteplus grand malheur, comme on va le voir.

Car, Dexia a « innové » en refourguant à ces collectivités des « produits structurés » indexés sur le yen, le franc Suisse ou d’autres valeurs hasardeuses.

D’après un rapport de la cour des Comptes sur la gestion de la dette publique locale, Dexia détenait pour 30 à 35 milliards d’euros de « crédits structurés » fin 2009, dont 10 à 12 milliards étaient jugés très risqués. Fin 2011, les trois quarts de ces prêts deviendront « structurés », c’est-à-dire avec des taux variables aux taux du marché, donc excessifs (souvent à deux chiffres).

Près de 5.500 collectivités locales françaises ont contracté des emprunts auprès de Dexia, et doivent aujourd’hui payer des taux d’intérêts hallucinants.

 

La Cour des Comptes cite le cas du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de l’Ain, avec son « emprunt structuré » au nom exotique d’Helvétix III[8] et basé sur la parité de 1,31 Franc suisse pour 1 euro, se retrouvera avec un taux d’intérêt annuel à 12,3% dès juin 2012, voir plus. Par chance, le prêteur qui est cette fois le Crédit mutuel a proposé de lui coller un taux fixe à 14,16% ou bien de rembourser directement 4,6 millions d’euros. Ce que, bien sûr, le SDIS a refusé. 

Le département de l’Ain, lui a contracté des prêts qu’il a fallu renégocier pour les étaler sur 15 à 34 ans auprès de Dexia. Le président du Conseil général de l’Ain explique ainsi que « Le prêt n° 286 renégocié auprès de Dexia en 2007, qui a permis au Département de bénéficier d’un taux fixe de 1,34 % jusqu’en 2009. Puis le prêt a été indexé sur le taux de change dollar/yen ».

Il y avait aussi des prêts revolving de Dexia (et des autres), comme Allegro : la ville prend un emprunt à long terme, tout en pouvant retirer des sommes quand elle veut. Si elle rembourse une partie, un crédit est aussitôt remis à la même somme. En général, comme avec les prêts subprime pourris, on propose de ne pas payer d’intérêts pendant 1 à 3 ans, si on ne retire rien, et puis les remboursement explosent. Comment Dexia a-t-elle fait pour refiler des prêts aussi toxiques à autant de villes ? De l’aveu d’un connaisseur, » Les commerciaux de Dexia sont plus mordants que les autres [car] ils relancent le sujet beaucoup plus ». Et évidemment, on se garde bien de préciser les risques de ces emprunts.

A Saint Etienne, Laval, Rouen, ou à la communauté urbaine de Lille, Dexia a proposé de ne pas payer les intérêts pendant trois ans, avant de mettre des taux d’usure –ou presque-, des taux variables qui peuvent monter jusqu’à 20%. A Saint Etienne, on a emprunté 380 millions d’euros, dont 70% sont liés à la fluctuation de la livre et du franc suisse. Et le taux d’intérêt  atteint 24% sur 13 ans. Mais, heureusement que la ville les a plafonnés, sinon ils seraient aujourd’hui autour de 35%.

La ville d’Antibes, pour emprunter 60 millions d’euros, devra en verser 21 millions de plus.

111005-dexia-failliteDu coup, certaines communes françaises contre attaquent, comme Rosny-sur-Seine qui s’est constituée partie civile en déposant plainte en septembre contre Dexia Credit local auprès du TGI de Versailles. Pour « escroquerie en bande organisée » et « tromperie ». Angoulème avait fait de même en août, afin d’obtenir l’annulation d’un emprunt hasardeux, ainsi que la Seine St Denis, qui a assigné trois banques en même temps : Depfa Bank (filiale pourrie de Hypo real Estate, elle-même nationalisée depuis la crise subprime) Dexia et une filiale du Crédit Agricole, pour lui avoir refilé des emprunts toxiques alignés sur le Franc Suisse etc.

 

La plupart des communes tente aussi de renégocier les prêts, histoire de limiter la casse et d’avoir des taux d’intérêt moins risqués. Ce département de Seine St Denis, qui avait 92% d’emprunts structurés (avec ces taux variables liés à des valeurs hasardeuses), les a ramenés à 68% du total. Difficile de faire mieux, semble-t-il, avec la technique de négociation de Dexia : comme l’écrit L’Express, la banque « n'a pas joué le jeu de la médiation. Elle a fait des propositions bidons, avec des taux de sortie de 30%", assure-t-on. "Il ne s'est rien passé pendant ces discussions, confirme Claude Bartolone. J'ai d'ailleurs reçu il y a peu, un nouveau courrier de Dexia. Il propose le rachat d'un contrat de 51 millions d'euros au prix de 33,5 millions. C'est une provocation ».

 

A ce sujet, Libération a publié récemment une superbe carte, qui reprend les emprunts toxiques – les « crédits structurés » - contractés par les villes françaises, auprès de Dexia et d’autres banques. Avec couleurs suivant les surcoûts. Au passage, nombre de banques ont été adeptes de ces machins[9]. Cela n’a pas plu du tout à Dexia...

Mais ce n’est pas tout. Parmi les actionnaires de Dexia[10], on a le holding communal, une sorte de fonds des communes Belges, actionnaire de Dexia à 14%, soit 2,1 milliards d’euros, et aujourd’hui au bord de la faillite… Bref. Il se trouve que la très grande majorité des communes Belges est cliente de Dexia. Alors quand il a fallu recapitaliser Dexia, on a demandé aux communes de mettre la main à la poche, tout en renonçant aux dividendes qui n’ont pas été versés depuis 2008. Maintenant, une question à dix mille : à qui les communes ont-elles emprunté –et doivent encore rembourser- à des taux certes relativement bas mais pas inexistants, pour recapitaliser la banque ? A Dexia, la plupart du temps. Et bien sûr, Dexia a restreint les conditions de ses prêts avec la crise. A ce tarif, on se demande s’il y a encore un intérêt à en être « client », et Les communes Belges sont donc littéralement coincées avec cette « banque ».

Dans l’une de ces villes, d’ailleurs, il existe aussi la CET, la Caisse d’Epargne de Tournai, une des dernières banques publiques, puisqu’elle appartient à la ville à qui elle rapporte autour d’un million d’euros par an. C’est aussi une banque qui a passé la crise sans aucun problème, au contraire, avec ses sept employés. Mais, selon les critères du moment, on l’oblige à s’adosser à une plus grande banque, ce qui revient à la privatiser. No comment.

Aujourd’hui, les belges considèrent à raison qu’ils se sont « fait plumer » par la France. Mais, c’est aussi parce que les gouvernants belges sont à la masse et n’ont rien exigé de la France de sarkoléon. Parce que Mariani est un ami Corse de Sarkoléon, qu’il a juste laissé couler la banque, et qu’aujourd’hui la Belgique doit racheter Dexia au prix fort.

Mais, on peut dire que l’ambiance était déjà délétère, chez Dexia : depuis quelques mois, les tensions se faisaient sentir au sujet de la gestion de Mariani, tant du point de vue des finances que de la « gestion du personnel », comme on dit.

 

Un média Belge n’a pas hésité à titrer en avril 2011 « Les Belges à l’esprit critique peu à peu écartés de Dexia ». De fait, il est écrit « Le combat pour la prise de pouvoir entre Français et Belges au sein du groupe Dexia a été marqué par un nouvel épisode ». Au moins les choses sont claires. Pourtant, c’est la Belgique qui va devoir embarquer la mariée, même si elle est peu reluisante.dyn009_original_709_1003_jpeg_2505418_c8223e025fe2cf9b222614e10a007195

Quant à sa gestion des finances, le quotidien national belge La Libre Belgique interrogeait l’économiste Eric De Keuleneer, qui expliquait que « Monsieur Mariani montre soit son manque de compréhension, soit sa mauvaise foi. Le portefeuille d’obligations souveraines couvertes par des swaps, qui nécessite aujourd’hui pour 45 milliards de collatéral et représente des risques souverains importants aurait pu être dénouée globalement avec bénéfice entre octobre 2008 et mars 2010. S’il n’avait pas remarqué les risques, le rapport de la Commission européenne du 26 février 2010 était très clair à ce sujet, et recommandait de dénouer cette position. Monsieur Mariani n’a pas obéi à cette recommandation très avisée, mais il obéissait quelques mois plus tard à Madame Lagarde. Il a donc des obéissances sélectives. Ses trois ans à la tète de Dexia ont aussi été marquées par de l’indélicatesse, puisqu’il a fait financer une grande part des problèmes de Dexia (dont il était incontestablement responsable) par les entités belges, rendant la position des négociateurs belges très difficile, ce qui explique probablement l’iniquité du poids des garanties. Il a au total été néfaste pour Dexia, pour la France et la Belgique, mais plus pour la Belgique que pour la France ». Mariani nous promettait il y a un an et demi que « en 2014 Dexia sera totalement transformée », et on dirait bien qu’il a déjà eu raison.

 

Et pendant ce temps là, les CDS censés « assurer » contre un défaut de paiement de la France et de la Belgique atteignent des sommets, au moment à la Belgique doit emprunter 3,5 milliards en émettant des obligations à 5, 10, 15 et 30 ans. E qui est mauvais signe pour les taux d’intérêt de nos emprunts. Surtout, si Dexia n’est pas la dernière banque qu’on doit renflouer.

Comme quoi, quand il faut trouver des milliards, même en pure perte, on sait où les trouver. Cela présage encore une belle cure d'austérité.



[1] Notamment via sa filiale US Financial Security Assurance (FSA) rachetée en 2000 pour 2,7 milliards d’euros, et qui était censée garantir des défauts de paiement des emprunteurs ! En 2008, Dexia a du allonger 5 milliards pour limiter la casse de FSA.

[2] Richard, polytechnicien dont les contribuables ont financé chèrement la formation, a commencé à Cergy Pontoise dans l’établissement public d’aménagement de la ville nouvelle. Il arrive ensuite au cabinet du secrétaire d’Etat au logement en 1972, puis il est chargé des collectivités locales auprès du président de la république (sous Giscard) puis au ministère de l’Intérieur. De 1983 à 1993 il est DG adjoint de la Caisse des Dépôts et Consignations, chargé du prêt aux collectivités locales. Il est aussi un lobbyiste acharné en faveur des banques : Président du Groupement des institutions financières spécialisées (GIFS) de février 1991 à mars 1993, Président du conseil d’administration du Monde Investisseurs, depuis 1995 ( qui finance Le Monde),  vice-président de l’Association française des banques depuis février 2004, membre du Comité Exécutif de la Fédération bancaire Française, membre du comité de pilotage de Paris Europlace, membre de l’Institut international d’études Bancaires, membre du Conseil d’orientation du très ultralibéral Institut de l’Entreprise, expert au Conseil d’administration de la banque européenne d’investissement et membre de plusieurs conseils d’administration.

[3] Notons que le départ de Richard et de son collègue belge Axel Miller avait beaucoup plus aux spéculateurs, puisque le cours de l’action avait bondi dans la journée.

[4] En 2009, Richard percevait toujours 583.000€ par an au titre de sa retraite complémentaire, prévue pour durer 20 ans, soit pour plus de 11 millions d’euros au total.

[5] Passé lui aussi du gouvernement à la banque, en l’occurrence BNP Paribas. Lui aussi était grassement rémunéré : 1 million par an en salaire fixe, et 600.000€ de bonus, on se demande pour quoi ?

[6] A perte puisqu’aujourd’hui, ces 6,4 milliards ont perdu 90% de leur valeur, ainsi que le rappelle l’hebdomadaire Marianne du 8 au 14 octobre 2011.

[7] C'est-à-dire les 4% de fonds propres qui permettent de garantir la spéculation de la banque. Dans ces 4% de fonds propres, on a quelques liquidités mais aussi des actifs plus ou moins hasardeux.

[8] Un prêt hautement toxique indexé sur le Franc Suisse, refourgué –également par le Credit Mutuel- à des villes un peu partout à travers l’Europe. Aujourd’hui, l’heure à renégocier ces prêts dont les taux d’intérêt flambent. Certaines communes le qualifient d’ « épée de Damoclès » sur les finances municipales.

[9] Un peu au hasard, la ville de Loos dans le Nord a contracté pour 9,6 millions d’euros d’emprunts toxiques auprès de trois banques, et se retrouve avec un surcoût de près de 2,8 millions, soit 29%. Abbeville a fait des emprunts toxiques pour près de 22 millions d’euros auprès de trois banques, pour un surcoût de 7,4 millions, soit près de 34%. Les surcoûts de 20, 30% et plus ne sont pas rares.

[10] L’actionnariat est composé du fonds Ethias à 5%, de la Belgique et de la France chacune à 5,7%, du groupe Arco à 13,8%, du Holding Communal 14,1%, de la caisse des Dépôts et Consignations à 17,6%, des actionnaires dits « institutionnels » et individuels à 28,2%, et des salariés à 1%.

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S
Malheureusement ce n'est pas 100 Milliards d'euros , mais beaucoup plus vraisemblablement .<br /> <br /> Quelques informations supplémentaires que nous essayons de regrouper : ici <br /> <br /> Sujet du message: Le Maelestrom Dexia <br /> <br /> Les swaps de Dexia<br /> <br /> <br /> <br /> http://fipcarolinep.xooit.fr/t63-Le-Maelestrom-Dexia.htm<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> EXPLICATIONS SUR LES SWAPS (page 18 du rapport sur le démantèlement) <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Concernant les swaps et comme préalablement mentionné, DEXIA couvre son portefeuille obligataire contre la hausse des taux d’intérêts via des swaps de taux d’intérêt. La contrepartie, en cas de baisse des taux, peut nécessiter le versement d’une garantie appelée collatéral. Hors, ce besoin en collatéral pèse sur la liquidité du groupe, liquidité qui avait déjà été fragilisée auparavant. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Un swap est un produit financier dérivé. Il consiste en un échange de flux ou d’actifs financiers entre deux entités pendant une certaine période de temps. Il existe plusieurs types de swaps, chacun ayant ses propres caractéristiques. Les produits utilisés par DEXIA, les swaps de taux d’intéret, consistent à échanger à dates fixes un flux d'intérêt basé sur un taux variable contre un flux d'intérêts basés sur un taux fixe. <br /> <br /> Prêtant des liquidités à long terme aux communes, aux localités et aux particuliers, le groupe franco-­‐belge se finançait au sein des marchés à court terme, le rendant ainsi tout particulièrement vulnérable à une hausse des taux courts. En cas de forte hausse de ce taux d’intérêt à court terme, DEXIA risquait donc de devoir payer plus pour se financer que ce qu’elle recevrait en intérêts de la part de ses clients. Le groupe bancaire s’est protégé contre ce risque en faisant appel à des swaps de taux d’intérêt. <br /> <br /> Concrètement, DEXIA échange avec d’autres banques les taux d’intérêt variables à court terme dont elle est redevable contre des taux d’intérêt fixes. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Le volume traité par ces swaps était énorme. Il représentait plus de trois fois la masse bilantaire, soit plus de 1500 milliards. La banque avec laquelle DEXIA traitait ces swaps était également en droit de demander du collatéral. En effet, la valeur du swap varie en fonction de la courbe des taux d’intérêt. Lorsque ceux-­‐ci diminuent, la valeur du swap diminue également, d’où l’exigence de la banque avec laquelle DEXIA traitait d’exiger du collatéral, des garanties. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ce sont ces fameux swaps qui vont générer 600 Millions de pertes du fait de la manipulation du LIBOR . <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Source <br /> <br /> Groupe Dexia : Un démantèlement <br /> <br /> Commission Spéciale HEC Université de Liège <br /> <br /> http://www.ulg.ac.be/upload/docs/application/pdf/2012-03/dexiarapportetudiants.pdf
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